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- Lutte ouvrière n°2952
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Article du journal
Attaque de Mulhouse
Retailleau choisit ses assassins
Les réactions politiques et médiatiques à l’attaque au couteau qui a fait un mort et sept blessés à Mulhouse samedi 22 février ont été rapides et quasi unanimes.
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Avant même de savoir quoi que ce soit, le ministre de l’Intérieur, le président et le Premier ministre ont déclaré qu’il s’agissait d’un attentat terroriste. Cette qualification a été reprise par tous les médias et délayée des heures durant par les tribunes de l’extrême droite, particulièrement la galaxie CNews-Bolloré. Et de ressasser encore et toujours l’assimilation sinistre et mensongère entre les immigrés, l’islam, le terrorisme, la criminalité avec une insistance particulière pour accuser l’Algérie.
Pour les besoins de leur propagande, ministres et responsables médiatiques choisissent leurs crimes et la façon de les raconter. Ainsi, l’auteur du crime de Mulhouse est reconnu comme schizophrène y compris par Retailleau lui- même. Mais qu’importe, son acte est tout de même qualifié d’attentat islamiste et utilisé pour stigmatiser une partie de la population. Or, la même semaine que cet assassinat, trois femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, deux au couteau, une par arme à feu. Cela n’a pas fait la une des journaux ni suscité de déclaration ministérielle alors même que des dizaines de crimes de ce type ont lieu chaque année.
Dans la rubrique des horreurs en première page, l’assassinat de Mulhouse a été concurrencé par le procès de Joël Le Scouarnec ouvert à Vannes le 24 février. Le prévenu est accusé d’avoir, dans l’exercice de ses fonctions médicales, violé 299 jeunes enfants. Cet homme, qui reconnaît les faits et était jusqu’à son arrestation un honorable chirurgien breton, ne subit pas le même traitement médiatique que le prétendu terroriste, quoique vrai fou dangereux. Il ne viendrait en effet à l’idée de personne, même pas d’un ministre de l’Intérieur en perpétuelle campagne d’autopromotion, de rendre responsable des viols l’ensemble des chirurgiens, voire de regretter le rattachement de la Bretagne à la France en 1532.
Le courageux passant qui est mort poignardé en tentant d’arrêter un malade dangereux et les sept autres blessés sont utilisés pour de basses raisons : une campagne perpétuelle visant à transformer l’ensemble des immigrés en responsables de tout ce qui ne va pas dans le pays ; à l’intérieur de cette campagne, la surenchère entre politiciens pour flatter des sentiments xénophobes qu’ils ont eux- mêmes cultivés en rajoute encore.