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Algérie
élection présidentielle sur fond de mécontentement social
En Algérie, à l’élection présidentielle du 7 septembre, alors que l’espace politique est verrouillé, Abdelmadjid Tebboune semble assuré de sa réélection. Pour les travailleurs et les classes populaires, préoccupés de la détérioration de leurs conditions d’existence, le scrutin apparaît sans enjeu.
Des candidats qui auraient pu cristalliser une critique du régime, même minime, ne seront pas sur la ligne de départ.
Louisa Hanoune, du Parti des Travailleurs, qui affirme avoir subi des entraves, et l’avocate Zoubida Assoul, connue pour la défense des détenus d’opinion, n’ont pas réussi à collecter les 600 signatures d’élus ou celles de 50 000 citoyens.
Trois autres candidats, qui disent avoir déposé des dossiers complets sont accusés d’avoir acheté des parrainages d’élus et ont été placés sous contrôle judiciaire. Parmi eux, Saida Neghza, dirigeante de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA). Ancien soutien de Tebboune, elle semble payer sa critique publique de la politique du gouvernement à l’égard des patrons. Elle dénonce le harcèlement fiscal dont ils seraient victimes et se plaint qu’ils ne puissent pas acheter de biens immobiliers à l’étranger.
Face au président sortant, seuls deux candidats ont été validés, l’islamiste Abdelali Hassani Cherif du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et Youcef Aouchiche pour le Front des forces socialistes (FFS). Leur présence permet à Abdelmadjid Tebboune de présenter cette élection comme « démocratique, loyale et ouverte ». Le président dispose du soutien de l’armée, des confréries religieuses, des grands partis (FLN, RND), de l’organisation patronale CREA (Conseil du renouveau économique algérien) et de celui de l’Union générale des travailleurs algériens qui, à l’occasion du 1er mai, a qualifié Tebboune de premier syndicaliste du pays.
Bien des travailleurs font le constat que dans l’Algérie nouvelle que Tebboune prétend bâtir, la vie est plus difficile et qu’il y a encore moins de liberté que sous Bouteflika, l’ancien président chassé par le Hirak, le long mouvement de protestation et de manifestations hebdomadaires des années 2019-2021. Les libertés d’expression, de réunion et de manifestation ont été muselées, le droit de grève et le droit syndical ont été attaqués.
Tebboune se vante d’avoir augmenté le salaire minimum à 20 000 dinars (130 euros), mais avec un tel salaire, pour acheter un peu plus d’un kilo de poulet et un kilo de haricots, il faut une journée de travail ! Il se réjouit que le pays n’ait pas de dette, mais pour soigner un de leurs proches de nombreuses familles n’ont pas d’autre choix que de s’endetter.
En 2023, le pouvoir a préféré consacrer 22,5 milliards de dollars au budget militaire, au détriment des écoles, des hôpitaux qui manquent cruellement de personnel et de moyens. Les travailleurs n’ont pas profité de l’embellie financière consécutive à la hausse des prix du gaz. Leur niveau de vie s’est effondré à cause de l’inflation. Condamnée à un chômage de masse, une fraction de la jeunesse ne songe qu’à quitter le pays par tous les moyens.
Les trois candidats, qui promettent la justice sociale, en appellent à l’unité nationale derrière le futur gouvernement, mais leur patriotisme économique et leur nationalisme visent à mettre au pas les travailleurs pour mieux les exploiter. Les travailleurs n’ont rien à attendre de cette élection jouée d’avance. Pour améliorer leur sort, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, leur conscience, leur organisation et leur mobilisation.