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Editorial
Vive la lutte des travailleurs des raffineries !
Carrefour, Monoprix, Arkema, PSA Stellantis, sous-traitants de l’aéronautique ou de l’automobile…, les travailleurs qui contestent leurs salaires bloqués alors que les prix flambent sont nombreux. Et, comme tout le monde a pu le constater, la mobilisation touche désormais les raffineries.
Ces mouvements sont-ils les hirondelles qui annoncent le printemps ? Il faut le souhaiter, car la lutte collective est le seul moyen de préserver nos conditions d’existence face à la flambée des prix.
Dans les raffineries, le véritable bras de fer ne fait que commencer. Avec de plus en plus de stations-service à sec, l’impact de la grève grandit. Trouver de l’essence est devenu une véritable galère dans plusieurs départements. Des entreprises de transport n’ayant pas réussi à se réapprovisionner ont même été forcées de laisser bus ou camions au parking. Cette grève est donc devenue une affaire nationale et politique.
Jusque-là, le gouvernement faisait semblant de rester neutre dans le conflit qui oppose les salariés et la direction de TotalEnergies et d’ExxonMobil. Pour ne pas se couper des millions de travailleurs qui subissent la chute de leur pouvoir d’achat, il reconnaissait même, à demi-mot, la légitimité des revendications salariales.
Ce week-end, il a pris fait et cause pour les pétroliers contre les travailleurs et a lancé une campagne de dénigrement, gentiment relayée par Laurent Berger, le patron de la CFDT. D’une même voix, ils ont dénoncé une « grève préventive » et une « grève inutile » de la part de salariés qui ne seraient pas les plus à plaindre !
Les actionnaires de TotalEnergies viennent de toucher un acompte de 2,6 milliards sur des dividendes exceptionnels, quand les salariés, eux, ont eu 3,5 % d’augmentation salariale, c’est-à-dire ont perdu du pouvoir d’achat. Et ils devraient attendre, bras croisés, que ces seigneurs pensent à eux ?
Les groupes pétroliers ne rackettent pas seulement les automobilistes, mais aussi leurs salariés. Si TotalEnergies a réalisé 18,8 milliards de bénéfices au premier semestre 2022, le groupe ExxonMobil les a engrangés en un trimestre. Que ces salariés contestent l’augmentation de 5,5 % des salaires, parce qu’elle reste inférieure à l’inflation officielle, est, là aussi, mille fois légitime.
Dans les raffineries, les salaires et les primes sont souvent plus élevés qu’ailleurs. Mais ce n’est pas une raison pour que ces travailleurs acceptent que les actionnaires, qui ne font rien de leurs dix doigts, leur fassent les poches !
C’est en montant les corporations les unes contre les autres que le gouvernement et le patronat cherchent à diviser les travailleurs pour faire reculer l’ensemble du monde du travail. Et il y a toujours des directions syndicales pour jouer leur jeu. Eh bien, il ne faut pas marcher !
L’organisation, l’action collective et la grève sont les seuls moyens de se faire respecter. Le gouvernement, le patronat et, derrière eux toutes les chefferies syndicales, font croire au dialogue social. Mais qu’est-ce que ces parlottes apportent aux travailleurs ? Des augmentations ridicules de 2 ou 3 % et une prime de consolation. C’est précisément avec ce genre d’entourloupe que les salaires prennent du retard sur les prix depuis des années et que le pouvoir d’achat des travailleurs s’effondre. Et ce n’est pas avec des primes que les caisses de retraite se remplissent.
La politique des capitalistes est de ne rien lâcher. Face à la crise et à ses incertitudes, ils prennent de l’avance et engrangent tous les profits possibles. Non seulement ils ne veulent rien céder, mais, aidés du gouvernement, ils veulent que les travailleurs fassent les frais de la crise. Et au rythme où cela va, ils vont nous faire revenir une génération en arrière. On le voit avec les attaques contre les droits au chômage, le recul de l’âge de départ à la retraite, et les sacrifices qu’ils veulent nous imposer à cause de la crise énergétique.
Alors, oui, la lutte est difficile. C’est pourquoi il faut la préparer. Souvent, l’initiative des débrayages ou de la grève est prise par les syndicats. Parfois, cela part d’un service ou d’une équipe de travailleurs qui entraînent les autres. L’essentiel est que la lutte soit dirigée démocratiquement par les travailleurs qui veulent se battre.
C’est à ceux qui se mobilisent de décider de leurs revendications et de leurs modes d’action. C’est ainsi que la contestation peut s’élargir et gagner en détermination. S’organiser, contester, faire grève est le seul moyen de renverser le rapport des forces et ne pas reculer. Alors, vivent l’organisation et les luttes des travailleurs !
Nathalie Arthaud