- Accueil
- Editoriaux
- Ukraine : ne marchons pas derrière Biden et Macron
Editorial
Ukraine : ne marchons pas derrière Biden et Macron
Après plus de deux cents jours de combats, Poutine, à défaut de pouvoir enregistrer des victoires militaires, a mis en scène des référendums, puis l’annexion de quatre régions du sud-est de l’Ukraine. De Biden à Macron, les dirigeants impérialistes ont poussé des cris indignés et dénoncé « le cynisme » et « l’escalade » dont Poutine se rendait ainsi coupable.
Les puissances impérialistes n’ont pourtant rien à envier à Poutine en matière de cynisme. Elles pleurent sur les droits bafoués du peuple ukrainien, tout en continuant à piétiner allégrement ceux de nombreux peuples, de l’Irak à la Palestine, des pays du Sahel au Yemen.
Quant à l’escalade guerrière, elle n'est pas dans les rodomontades verbales de Poutine, mais dans les moyens oh combien matériels, armes, instructeurs, conseillers et autres satellites fournis par les pays impérialistes.
Le plus puissant, l’impérialisme américain, a une longue histoire sanglante dans ce domaine : appui direct ou indirect aux dictatures sud-américaines, financement de coups d’État, guerre du Vietnam, d’Afghanistan, d’Irak… Pour asseoir la domination de ses capitalistes et préserver leurs intérêts d’un bout à l’autre de la planète, l’État américain n’a jamais hésité à fouler au pied les droits des individus comme des peuples.
Les puissances de second rang agissent de même, et quand Macron se prétend protecteur des peuples, c’est toujours pour mieux préserver les profits des grands groupes tricolores, des TotalEnergie, Bolloré et autres Dassault.
Poutine, avec ses méthodes brutales et criminelles, prétend assurer la sécurité du peuple russe quand il protège en réalité les intérêts des sommets de la bureaucratie russe et des oligarques qui se sont enrichis en mettant la main sur des pans entiers de l’économie à la chute de l’URSS.
Même chose en face, où Zelensky, au nom des droits des Ukrainiens, sert une couche de privilégiés, bureaucrates et oligarques, issue de la même réalité.
Derrière lui, le camp impérialiste, États-Unis en tête, profite de l’occasion pour pousser ses pions. Il fait la guerre à la Russie par procuration, avec la peau des Ukrainiens, sans avoir à assumer la mort de soldats auprès de ses propres populations. Et cela fait aussi le bonheur de ses marchands de canons, qui peuvent tester leurs engins de mort sur le terrain.
Toute la propagande politique de ces dirigeants, de Biden à Macron, vise à nous faire accepter comme inévitables, non seulement la guerre, quelle que soit sa forme et son aggravation possible, mais aussi les sacrifices qui vont avec.
En août dernier, Macron affirmait qu’il fallait « accepter de payer le prix de la liberté ». Depuis, il présente la facture aux travailleurs ! Après les mesures contre les chômeurs, il s’attaque aux retraites. Avec l’aggravation de la crise, sous prétexte de financer les écoles et les hôpitaux, il faudrait accepter de travailler de plus en plus vieux, explique le ministre de l’Économie Le Maire. Pour l’instant, les travailleurs d’ici ne sont pas menacés de mourir sous les bombes, mais ils pourront crever au travail, ou crever de misère au chômage ou en retraite. Car beaucoup de travailleurs perdront leur emploi bien avant 64 ou 65 ans et seront poussés vers la pauvreté et les minimas sociaux.
Macron n’a qu’une feuille de route : aider les capitalistes à maintenir et aggraver l’exploitation, ici et partout sur la planète, pour qu’ils continuent à amasser les profits. Et c’est à son gouvernement qu’il faudrait faire confiance face à la guerre, quand les problèmes se posent en termes de vie ou de mort ? L’Impérialisme français, dont la sale guerre contre l’indépendance des Algériens faisait un million de morts il y a soixante ans, n’a jamais cessé d’intervenir militairement en Afrique. Il le fait au nom de la paix, de la sécurité ou de la lutte contre le terrorisme, alors que son objectif est de maintenir ces régions dans sa sphère d’influence. Et il faudrait croire Macron quand il prétend aujourd’hui parler au nom des droits du peuple ukrainien ?
Tant que les capitalistes garderont la main sur la société, tant que la loi du profit dominera, la barbarie, l’exploitation, les guerres seront à l’ordre du jour un peu partout sur la planète. Tant que la concurrence et la guerre économique capitaliste domineront, l’ensemble des travailleurs et des classes pauvres vivront sous la menace de voir un jour ces guerres économiques ou ces conflits localisés embraser le monde entier et les transformer en chair à canon.
Il faut refuser de laisser notre sort entre les mains de ces irresponsables, fauteurs de crise et profiteurs de guerre !
Nathalie Arthaud
Pièce-jointe | Taille |
---|---|
ed221003.doc | 29.00 KB |