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Editorial
Il n'y aura pas de bon gouvernement pour les travailleurs !
Est-ce que ce sera Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand ou la surprise du chef ? Après 50 jours sans gouvernement, et après avoir claqué la porte sur les doigts d’un gouvernement NFP mené par Lucie Castets, Macron serait sur le point de trancher. Mais cela ne sonnera pas la fin de la crise politique.
En effet, le problème de Macron n’est pas tant de dégoter un Premier ministre que de trouver une majorité à sa botte, qui ne sera pas renversée par l’opposition. Comment parvenir à détacher une partie des socialistes du NFP et obtenir, en même temps, l’appui de la droite pour former une majorité ? Et si une telle majorité existe, combien de temps tiendra-t-elle ? Le problème est loin d’être résolu et il commence même à tourner à la farce.
Car ce n’est tout de même pas un problème très compliqué. Il ne s’agit pas de mettre fin à la guerre en Ukraine ou à Gaza, ni de sauver la planète du réchauffement climatique ou d’une crise financière ! Il s’agit de former un gouvernement de coalition, ce qui ne dépend que des politiciens eux-mêmes et qui est chose courante dans de nombreux pays.
Et qu’est-ce qui sépare un Wauquiez d’un Macron ou d’un Hollande ? Beaucoup ont gouverné ensemble ou, alors, ils se sont passé le relais, les uns commençant une réforme entérinée et prolongée par les autres. Ce fut le cas des réformes successives de la retraite, aggravées à tour de rôle par la droite et par la gauche.
De fait, tous les partis, y compris La France insoumise et le Rassemblement national, sont déjà associés à la gestion de l’État. Ils se partagent les responsabilités, les uns à la tête du gouvernement, les autres dans les régions, les départements et les grandes villes. Et ils travaillent tous en gestionnaires loyaux des intérêts du grand patronat qui domine toute la société.
La seule chose qui les oppose vraiment est la lutte acharnée pour le pouvoir. Tous sont obnubilés par leur carrière personnelle. Les chefs de parti veulent être Jupiter à la place de Jupiter. Quant aux seconds couteaux, ils n’ont guère envie de monter dans un navire voué à sombrer.
La poursuite de leur guéguerre politicienne est irresponsable pour les affaires de la bourgeoisie. Car cette crise politique ajoute de l’instabilité à une situation économique et sociale déjà explosive. C’est ainsi : la classe politique que la bourgeoisie s’est donnée est un ramassis de politiciens à la petite semaine, inconséquents, même pour la gestion de leur propre système. Mais les travailleurs n’ont sûrement pas à le regretter !
Le monde du travail n’a à prendre parti pour aucune combinaison gouvernementale. Qu’elle se fasse autour de la gauche, du centre, de la droite, voire de l’extrême droite, le gouvernement s’en prendra aux travailleurs comme le grand patronat le lui demandera dans cette période de crise du capitalisme.
Derrière la comédie politicienne et les différences cultivées par les uns et les autres, se cache une seule et même politique anti-ouvrière. Derrière chaque écurie politicienne, se cachent les ennemis passés, présents et futurs des travailleurs. Et il ne peut en être autrement, car on ne peut pas être au service de la bourgeoisie et de son système sans être un ennemi féroce du monde du travail.
Les macronistes, la droite et l’extrême droite l’assument parfaitement, en épousant la propagande patronale. Dernièrement, ils ont repris sa rengaine contre le Smic à 1600 €, qui serait dangereux pour l’économie. Pour eux, il faut que l’argent s’accumule dans les caisses du patronat, même s’il faut écraser les salaires et condamner les travailleurs à la misère, même s’il faut démolir les retraites et sacrifier les services publics et l’environnement.
La gauche se distingue par ses promesses aux travailleurs. Mais c’est pour les abandonner aussitôt arrivée au pouvoir, sous la pression patronale. Au final, et on l’a vu sous Mitterrand, Jospin et Hollande, c’est encore et toujours le grand patronat, sa fortune et ses privilèges qui en sortent renforcés, au milieu d’une misère et d’un chaos grandissants.
Tant que nous laisserons la politique entre les mains des politiciens de la bourgeoisie, nos intérêts de travailleurs seront bafoués et la société sera mise en coupe réglée pour une poignée de privilégiés.
Seul un gouvernement de travailleurs, sous le contrôle permanent de tous les salariés, pourrait se placer du côté des exploités. Un tel gouvernement ne pourra naître que dans le combat contre la grande bourgeoisie et son appareil d’État, à partir d’une mobilisation massive et consciente des travailleurs décidés à prendre leur sort en mains.