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Editorial
À nos soeurs et nos frères de classe
Mercredi dernier, un bateau transportant des centaines de personnes tentant de rallier l’Europe a fait naufrage au large de la Grèce. Combien d'enfants, de femmes et d'hommes y ont laissé la vie ? 500, 600 comme le font craindre les photos du bateau surchargé ?
Le plus révoltant est que toutes les personnes à bord auraient pu être sauvées. L’embarcation avait été repérée par l’agence Frontex et les garde-côtes grecs étaient sur les lieux. Essayèrent-ils de repousser le bateau en haute mer, comme le dénoncent des rescapés ? Tout est possible car la politique criminelle de l’Union européenne pousse à ce genre d’ignominie.
Nous ne connaîtrons pas l’identité de tous les disparus. Mais une chose est certaine : parmi les victimes, on ne trouvera ni fils ni femme de millionnaire ou de roi du pétrole. Eux ont tous les papiers nécessaires et les moyens de prendre l’avion pour voyager où ils le désirent.
Les migrants de ce navire étaient destinés à faire partie du monde du travail. Ils ont tous été forcés de trouver une manière de gagner leur pain et d’assurer un avenir à leurs enfants. C’est précisément parce qu’ils ne le pouvaient plus qu’ils se sont retrouvés sur ce cercueil flottant, et c’est ce que ferait n’importe quel travailleur d’ici, dans la même situation.
Fuir la misère n’est pas un crime ! La liberté de circulation devrait être un droit élémentaire de tout être humain. Il faut l’affirmer haut et fort contre les gouvernants de l’Union européenne qui mènent une véritable guerre contre les migrants. Et il faut le crier contre tous les démagogues qui font de l’immigration un épouvantail.
Il n’existe aucune loi, dans aucun pays du monde, garantissant aux femmes et aux hommes dépourvus du moindre capital de gagner leur vie dignement. C’est vrai, même dans un pays riche et développé comme la France. La loi qui s’impose est celle de la jungle capitaliste qui ne laisse aux exploités d’autre choix que de trimer pour avoir le droit de vivre. C’est ce qu’il faut combattre.
Les travailleurs ne se protègeront pas en se barricadant contre d’autres travailleurs, plus pauvres qu’eux. Le problème est de lutter ensemble contre la misère créée par l’exploitation et l’impérialisme.
Combattre la classe capitaliste qui prospère en appauvrissant l’écrasante majorité de l’humanité ne peut venir que des exploités quand ils se révolteront ici, en Afrique, au Moyen-Orient et ailleurs, contre toute la barbarie charriée par le capitalisme.
Ce n’est pas une vue de l’esprit. Partout où il y a des travailleurs, il y a des résistances, des tentatives d’organisation et des luttes. À l’échelle du monde, il y a, régulièrement, de grandes révoltes susceptibles de renverser les régimes les plus dictatoriaux. Et il y a, en permanence, des luttes partielles et locales de travailleurs, parce que la résignation n’est jamais éternelle.
Que ces luttes se mènent sur le port de Dakar ou d’Abidjan, dans une mine du Congo ou d’Afrique du Sud, dans une usine en Turquie ou en France, on retrouve partout le même type de revendications concernant les salaires et les conditions de travail. Parce que, d’un bout à l’autre de la planète, la condition ouvrière nous livre à la même rapacité patronale, à l’arbitraire du marché et aux aléas de la guerre économique.
Et il s’agit souvent des mêmes exploiteurs car le grand patronat, lui, ne connaît pas de frontières : il sévit à l’échelle du monde. Multinationales de l’automobile, du pétrole, de l’agroalimentaire, de la construction, de la surveillance… nombreux sont les exemples de frères ou de cousins exploités par la même entreprise, l’un sur le continent africain, l’autre sur le continent européen.
Ici, en France, toutes les grandes grèves mélangent des travailleurs originaires des quatre coins du monde. Et certaines luttes marquantes de ces dernières années, comme les grèves des femmes de ménage des grands hôtels, ont été le fait de travailleuses immigrées.
Alors, quelles que soient l’origine, la culture, la nationalité et les croyances des uns ou des autres, quel que soit le pays où nous vivons, nous sommes tous attachés à la même chaine : celle du grand capital qui nous exploite, détruit la planète et fomente des guerres. La seule façon de briser cette chaîne est de propager la conscience qu’on appartient au même camp et que l’on doit s’unir contre la classe capitaliste et ses laquais politiques.
N’oublions jamais que notre seul ennemi est la grande bourgeoisie qui domine le monde.
Contre les politiciens qui se servent de l’immigration pour faire diversion et masquer leur servilité vis-à-vis des plus riches, unissons-nous ! Contre le patronat avide de trouver des bras à exploiter, unissons-nous pour défendre nos intérêts de travailleurs !
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