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Editorial
Non à la campagne raciste contre les immigrés !
N’importe quel crime, n’importe quel drame est instrumentalisé par les démagogues de droite et d’extrême droite pour alimenter les préjugés anti-immigrés et anti-musulmans, de plus en plus présents dans notre société.
Des délinquants poignardent des jeunes dans un bal de campagne et tuent Thomas, 16 ans : pour eux, c’est la faute des Arabes ! Il y a une recrudescence des actes antisémites, un jeune fanatisé qui assassine un enseignant : pour eux, c’est la faute des musulmans !
L’extrême droite accuse en permanence les immigrés, leurs enfants et petits-enfants de détester la France, la liberté, l’égalité et la fraternité !
Ces amalgames racistes sont odieux. Comme si la délinquance, les vols, la drogue ou le terrorisme étaient nés avec l’immigration et propres à une communauté particulière !
Il y a bien des violences dans la société. Une des plus fréquentes est perpétrée au sein du foyer familial. Une femme est tuée tous les trois jours. Cette violence-là détruit des enfants et des familles entières, mais comme elle n’entre pas dans le schéma raciste et communautariste de l’extrême droite, celle-ci s’en moque.
La violence d’une minorité de jeunes délinquants existe, bien sûr, et elle contribue grandement à pourrir la vie des classes populaires. Sur un point de deal, un guetteur de 16 ans peut gagner plus que son père ou sa mère auxiliaire de vie, agent d’entretien ou cuisinier. C’est de l’argent facile et sans principe.
Mais c’est ainsi que tout le système capitaliste fonctionne, avec l’appât du gain et l’enrichissement extravagant d’une toute petite minorité de grands bourgeois sur le dos des exploités condamnés à la précarité et à la pauvreté.
Alors, oui, notre société produit des bandes de jeunes de 15, 18 ou 20 ans qui vivent selon leurs propres règles : le rapport de force, les provocations et la violence. Quelques-uns, mus par la même rage finissent par vouloir entrer au panthéon des djihadistes en se transformant en terroristes.
Cette déshumanisation fait partie des pires maux de la société, et il faut la combattre. Pour y parvenir et offrir une vraie perspective à la jeunesse, il faut remettre en cause les mécanismes à la base de la société capitaliste : l’exploitation, la domination par l’argent et la mise en concurrence des travailleurs.
À l’inverse, les défenseurs du système bourgeois entretiennent un climat de « guerre de civilisations ». C’est le cas de l’extrême droite et de ses perroquets à droite et au gouvernement. C’est aussi le cas des organisations intégristes qui prêchent le djihad. Et il y a des assassins en puissance des deux côtés.
Du côté de l’extrême droite, on l’a vu ce week-end à Romans-sur-Isère, avec l’expédition punitive tentée par quelques dizaines d’apprentis nazis contre un quartier populaire et immigré et les nombreux appels à des « ratonnades ».
Le même danger se manifeste dans d’autres pays. En Irlande, une émeute d’extrême droite a ciblé un quartier immigré. Aux Pays-Bas, le politicien Geert Wilders, islamophobe revendiqué, est arrivé en tête des élections législatives. En Hongrie, en Italie, en Slovaquie et en Pologne, l’extrême droite est au pouvoir. En Allemagne, elle pèse de plus en plus lourd.
C’est dans ce climat nauséabond que le projet de loi Asile et immigration arrive à l’Assemblée nationale. Porté par Darmanin, il réduit le droit des étrangers à l’aide médicale, complique leur régularisation, quand bien même ils travaillent ici depuis des années dans les cuisines des restaurants, sur les chantiers, dans l’aide à la personne ou la sécurité. Et alors que tous enrichissent leurs patrons et paient des cotisations sociales, les allocations familiales et logement leur seraient refusées pendant cinq ans.
Au-delà de l’attaque qu’elle constitue contre les immigrés, cette loi va conforter la xénophobie.
C’est un grave danger pour le monde du travail, composé de femmes et d’hommes de toutes origines et de toutes croyances. Il n’est pas rare que 5, 10 ou 20 nationalités se côtoient dans une même entreprise. Les amalgames, les préjugés, la suspicion et la défiance mutuelle ne peuvent conduire qu’à la division et la paralysie face aux attaques patronales.
La propagande contre les immigrés sert à masquer la domination de classe. Elle cache le responsable de l’évolution catastrophique, barbare de la société : le grand patronat.
Alors qu’à l’échelle de la planète, les travailleurs de différentes origines sont de plus en plus mêlés, alors que la crise et les guerres condamnent de plus en plus de femmes et d’hommes à l’exil, les démagogues veulent nous opposer les uns aux autres. Ne les laissons pas nous intoxiquer. Les seuls ennemis des travailleurs sont leurs exploiteurs, les capitalistes !
Nathalie Arthaud