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Editorial
L'espoir n'est ni dans la résignation, ni dans la violence destructrice
On ne peut qu’être révolté par la mort du jeune Nahel, 17 ans, à Nanterre. N’y avait-il pas d’autres moyens d’arrêter cette voiture que de tirer dans le thorax du conducteur ? Que viennent faire des menaces comme « shoote-le » de la part d’un policier ? Si la scène n’avait pas été filmée, l’exécution aurait été déguisée en légitime défense, et c’est sans doute ce qui se passe dans la plupart des cas.
Cette fois-ci, on a la preuve par l’image : des policiers n’ont aucune retenue, ils tirent pour tuer et rétablissent, de fait, la peine de mort, parfois pour des délits mineurs. Et il suffit d’écouter les réactions de certains syndicats de policiers pour comprendre, qu’à leurs yeux, la vie d’un jeune de quartier populaire ne pèse pas lourd !
Cela, les jeunes des cités l’ont intégré, parce qu’ils vivent tous les jours les contrôles au faciès, les réflexions racistes ou les discriminations à l’emploi ou au logement.
Ils se voient condamnés à galérer sans argent, entre missions d’intérim et petits boulots mal payés, quand les jeunes de la bourgeoisie ont les relations et une belle carrière assurée. Ils sont témoins, aussi, de la façon dont leurs propres parents sont cassés ou usés par un travail mal payé qui ne leur laisse pas de répit, quand ils ne sont pas mis au chômage.
Alors oui, il y a des jeunes, des gamins, qui vivent avec la rage au cœur. C’est ce qui pousse une petite partie d’entre eux à ne rien respecter, à tremper dans des trafics, voire à pourrir le quotidien des habitants d’une cité. Et c’est cette rage qui a explosé en violence aveugle avec la mort de Nahel.
La furie destructrice qui a frappé certains quartiers suscite la consternation, le désarroi et même la colère. Et pour cause ! Ce ne sont pas les bourgeois qui voient leur voiture, leur restaurant chic ou leur terrain de tennis ou de golf partir en fumée. Ce sont les femmes et les hommes des classes populaires qui se retrouvent démunis sans centre social, sans magasin pour leurs courses, sans transport pour se rendre au travail.
Les actions de ceux qui ont passé plusieurs nuits à casser tout ce qu’ils avaient à leur portée, y compris le centre de vacances dans lequel leur petite sœur était inscrite, ou le bus médical où leur mère allait se faire soigner, témoignent d’un manque de conscience dramatique. Parmi eux se retrouvent d’ailleurs de petits voyous et les trafiquants, qui se moquent pas mal de mettre la vie des habitants en danger.
Cette rage aveugle ne doit pas prendre le dessus ! Mais qui y a-t-il pour porter la révolte de cette jeunesse et lui ouvrir une perspective ? Qui pour s’opposer à la politique du gouvernement ? Qui pour se faire respecter de la police ? Qui pour combattre la grande bourgeoisie qui dégorge de richesses, mais est de plus en plus rapace ?
La révolte destructrice de cette jeunesse est la conséquence de l’absence d’organisation du camp des travailleurs, de son manque de combativité et de politisation. Ce camp des travailleurs, les jeunes en feront partie comme ouvriers, livreurs, magasiniers, caristes, serveurs ou cuisiniers. Postes que leurs frères, leurs sœurs ou leurs parents tiennent déjà. Alors, c’est à nous tous, travailleuses et travailleurs, de montrer la voie.
C’est en nous organisant et en nous battant pour nous faire respecter du grand patronat, mais aussi de la police et de la justice, que nous pourrons devenir un exemple pour les jeunes. Cette perspective est indissociable de la contestation de tout l’ordre social, car il est vain d’espérer une meilleure police ou une meilleure justice.
Derrière la police et la justice, il y a les lois de la bourgeoisie. Elles assignent les travailleurs et leurs enfants à se faire exploiter et servir les plus riches. Elles légitiment les inégalités. Elles permettent à un gouvernement comme celui de Macron de nous voler deux années de retraite. Elles donnent tout pouvoir à une classe de parasites, capables de tuer père et mère si cela grossissait leurs profits !
En matière de pillage et de destruction, les jeunes émeutiers n’arriveront jamais à la cheville de la grande bourgeoisie prête à mettre la terre entière en coupe réglée, à détruire la planète, à exploiter l’humanité et à fomenter les guerres.
La violence est au cœur de cette société pourrie d’injustices. Alors, nous n’obtiendrons la paix et la justice que lorsque nous enlèverons à cette grande bourgeoisie les commandes de la société. Nous construirons une société réellement juste lorsque les femmes et les hommes qui sont à la base de la production seront eux-mêmes au pouvoir et organiseront la société pour qu’elle réponde aux besoins de la population toute entière.
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