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Editorial
En 2023, prenons notre sort en mains !
En ce début 2023, les traditionnels vœux de bonne année sonnent particulièrement creux.
Comment se souhaiter la paix quand la guerre fait rage en Ukraine et que tous les gouvernements préparent la guerre ?
Comment se souhaiter bonheur et prospérité, quand l’inflation s’envole, que s’acheter de la viande ou du fromage et se chauffer correctement est en train de devenir un luxe pour des millions de familles ? Comment se réjouir quand Macron confirme vouloir reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ou 65 ans ?
Où voir le progrès ? La crise est partout. Nous ne sommes même pas sûrs d’avoir de l’électricité tout l’hiver. Les hôpitaux sont à nouveau débordés. Les transports publics sont à bout de souffle et de plus en plus chers. L’école manque de moyens humains et matériels. Alors que l’épidémie de Covid semblait derrière nous, nous assistons à l’explosion des contaminations en Chine.
Tout le système est fondé sur la recherche effrénée du profit et la loi de la concurrence qui opposent sans cesse les peuples les uns aux autres et conduisent à la domination des pays riches sur les pays pauvres.
La solidarité, si précieuse au monde du travail composé de femmes et d’hommes venus des quatre coins du monde, est attaquée par les coups de boutoir des démagogues xénophobes et racistes et par la chasse aux migrants à laquelle se livrent tous les gouvernements du monde. Comment parler d’harmonie et de fraternité dans une telle situation ?
La seule source d’espoir est de savoir qu’il est possible de changer cette société et que les travailleurs ont la force et la capacité de le faire.
Alors, le meilleur que l’on peut se souhaiter en cette nouvelle année, c’est d’être capables de nous unir, de nous organiser et de nous battre pour défendre nos intérêts collectifs. C’est de réaliser, au travers de nos luttes, la force que nous possédons quand nous agissons collectivement. C’est de renouer avec la conscience que les travailleurs peuvent changer non seulement leur propre sort, mais toute la société.
L’état de crise permanente dans lequel nous nous enfonçons n’est pas une fatalité. Quand les milliards s’accumulent à un pôle de la société, le recul des conditions de vie des travailleuses et des travailleurs ne résulte pas du destin. Les richesses ne sont pas aspirées naturellement par les coffres forts des capitalistes ! C’est le produit de l’exploitation et de la politique de classe menée par un pouvoir au service de la bourgeoisie.
L’inflation généralisée ne vient pas non plus de nulle part : l’énergie et certaines matières premières augmentent parce que les capitalistes organisent et profitent des pénuries pour en demander un prix supérieur. Cette spéculation entraîne aujourd'hui une réaction en chaîne que personne ne contrôle.
La guerre elle-même est le produit de cet ordre social où les capitalistes et leurs États s’affrontent dans l’arène mondiale pour imposer leur domination économique.
Quand on est ouvrier, employé ou technicien, on peut se sentir dépassé et démuni face au grand patronat et au gouvernement qui tiennent les rênes. Mais ce sont les travailleurs qui créent les richesses, qui font tout tourner dans la société et qui produisent les milliards que s’approprient les capitalistes.
Même pour faire la guerre, le gouvernement dépend de nous. Qui d’autre que les travailleurs peut produire les armes, les acheminer et les faire fonctionner ? Sans l’accord des travailleurs, il n’y a pas de guerre possible.
Les gouvernements ne sont forts que de notre passivité. La force d’empêcher l’évolution catastrophique de la société vers plus de misère et de guerres, nous l’avons !
Dans ses vœux, Macron a demandé aux travailleurs de lui faire confiance et de s’unir derrière sa politique. Le tonnerre de nos luttes doit lui répondre : unité des travailleurs et confiance dans leurs forces pour prendre leur sort en mains !
La première bataille d’envergure sera celle des retraites. Elle va de pair avec le combat pour que les salaires suivent les prix. Il faut la préparer dès à présent. Macron veut passer en force et se justifie en expliquant que la majorité qui l’a élu aurait, en même temps, approuvé ce projet.
Montrons-lui que l’on peut s’exprimer, et bien plus clairement, par la grève et la manifestation. Unissons-nous à l’échelle de l’ensemble du monde du travail pour affirmer d’une même voix nos intérêts : augmentation des salaires, pas des dividendes ! Pas touche aux retraites, il faut prendre sur la fortune des capitalistes !
Nathalie Arthaud