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Editorial
À bas les guerres de l’impérialisme !
Les bruits de bottes continuent de se faire entendre en Afrique, dans la région du Sahel. Réunis jeudi 10 août, les chefs d'État de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) ont ordonné « l’activation immédiate » d’une force d’intervention pour rétablir le président du Niger renversé par un coup d’État militaire fin juillet. Derrière elle, les dirigeants américains et français sont à la manœuvre. Macron, le plus va-t-en-guerre, a laissé clairement entendre que les 1 500 soldats français présents sur le territoire nigérien soutiendraient activement une telle intervention.
En attendant, le Niger connaît depuis deux semaines un véritable blocus. Sa population, dont plus de la moitié vit déjà au-dessous du seuil de pauvreté, doit subir des coupures de courant, le blocage des transactions bancaires, l’envolée des prix des denrées alimentaires et les pénuries de plus en plus nombreuses.
Les puissances impérialistes se posent en défenseurs de la démocratie, mais elles défendent en réalité le droit de quelques grands groupes industriels et financiers de poursuivre leur mise en coupe réglée de cette région. Les « intérêts français » que Macron cherche à protéger, ce sont ceux d’Orano, ex-Areva, qui exploite l’uranium du Niger depuis 50 ans, ceux de Total, de Bouygues et de tous les capitalistes français qui font des profits en condamnant les travailleurs et les classes populaires africaines au sous-développement et à la misère.
Au Niger, pour trouver un soutien populaire, les militaires putschistes dénoncent aujourd’hui le pillage du pays par la France, mais il y a encore quelques semaines, ces membres des sphères dirigeantes de l’armée s’en faisaient les complices.Ils prélevaient leur part du butin, tout comme les dirigeants corrompus qu'ils ont renversés et que les dirigeants américains et français défendent au nom de la « démocratie ». Les gouvernements occidentaux pourraient tout à fait trouver un terrain d’entente avec ces militaires qu’ils connaissent d’autant mieux qu’ils les ont formés. Mais ils n’acceptent pas qu’on fasse mine de leur tenir tête, surtout dans un contexte où l’ensemble des relations internationales se tendent.
L’épreuve de force au Niger s’inscrit dans la guerre plus générale et permanente que les grandes puissances se mènent pour le contrôle de marchés, de sources de matières premières et de zones d’influence. Elles cherchent à avoir la mainmise sur l’Afrique comme sur le reste du monde, et même sur l’espace ! Le système impérialiste plonge en permanence bien des peuples dans des guerres barbares. Avec l’aggravation de la crise et de la guerre économique entre les États, les grandes puissances se sont lancées dans une escalade susceptible de conduire le monde à une guerre généralisée.
Depuis un an et demi, à l'est de l'Europe, un conflit meurtrier oppose les pays impérialistes, États-Unis en tête, à la Russie de Poutine par Ukrainiens interposés. La tension avec la Chine s'exacerbe. Les grandes puissances augmentent fortement leurs dépenses militaires, leurs états-majors se préparent à des guerres « de haute intensité » dans lesquelles leurs populations seront, elles aussi, plongées tôt ou tard.
Ici, en France, les travailleurs et les classes populaires ne meurent pas sous les bombes. Mais ils payent déjà les conséquences de ces préparatifs militaires. Les milliards qui sont consacrés à produire des armements toujours plus coûteux manquent pour les hôpitaux, les écoles, le logement, les transports… Mais ils font la fortune de certains industriels, les Dassault et autres producteurs d’engins de mort. Dans une situation économique incertaine, les capitalistes sont les grands gagnants de la mise en place d’une « économie de guerre » qui leur garantit des profits à la hausse.
Les gouvernements et tous les représentants politiques de la bourgeoise prétendent que ces dépenses militaires sont destinées à « défendre le pays ». Le même argument sera utilisé demain pour nous mobiliser et nous envoyer nous entretuer contre d’autres travailleurs, auxquels les mêmes discours mensongers auront été tenus.
Alors que l'avenir laisse prévoir des crises toujours plus graves et des guerres toujours plus étendues, le sort des travailleurs ne doit pas rester entre les mains des classes dirigeantes, de leurs gouvernements et de leurs états-majors. Il faut exproprier les groupes capitalistes travaillant pour la guerre et confisquer leurs bénéfices, pour consacrer ces milliards à embaucher dans les hôpitaux et dans les écoles. La société doit être dirigée par les travailleurs, c'est le seul espoir pour l’humanité d’échapper à la catastrophe !