Alliance atlantique ou européenne : même brigandage24/02/20252025Éditorial/medias/editorial/images/2025/02/40623547325_56be65d8ba_c.jpg.420x236_q85_box-0%2C85%2C798%2C533_crop_detail.jpg

Editorial

Alliance atlantique ou européenne : même brigandage

Illustration - Alliance atlantique ou européenne : même brigandage

La réconciliation spectaculaire de Trump avec Poutine, sur le dos des Ukrainiens, sidère nombre de commentateurs. Les dirigeants européens se sentent lâchés par la première puissance impérialiste.

Faisant mine de compter dans ce jeu, alors que la France est une puissance de seconde zone, Macron s’agite. Prétendant que la Russie serait une menace existentielle pour l’Europe, il se pose en chef de guerre, prêt à envoyer des troupes en Ukraine et surtout à doubler les dépenses militaires.

Pour dégager ces 60 ou 80 milliards d’euros supplémentaires qui viendront remplir les coffres de Thales, Dassault et autres marchands de canons, Macron le dit sans fard : « On va devoir revisiter nos priorités nationales ». Autrement dit, les milliards supplémentaires pour l’armée seront pris sur les logements, les écoles, les hôpitaux… Le passage à l’économie de guerre justifiera de rallonger le temps de travail, reporter l’âge de départ à la retraite, supprimer des jours de congés. Macron a d’ailleurs vanté le Danemark où le départ en retraite va être porté à 70 ans pour financer l’armée.

Il a pourtant trouvé le soutien immédiat de tous les partis, ceux de gauche en tête : Bompard, pour LFI, s’est félicité que « le président utilise le terme de non-alignement » tandis que Roussel, du PCF, répète que « la France doit faire entendre sa voix ». Au nom de la défense de la souveraineté nationale, ces politiciens se mettent au garde-à-vous devant les généraux et les marchands de canons. Ils participent par avance à l’union nationale pour la guerre.

Face à la volonté de domination américaine affirmée avec le cynisme et la brutalité d’un Trump, les dirigeants européens tentent de se faire passer pour les gardiens des valeurs démocratiques. Mais c’est une posture hypocrite et mensongère.

De l’Afrique au Moyen-Orient, ils n’ont cessé de se répartir des zones d’influence, de fomenter des guerres, de tailler des frontières au milieu des peuples ou de soutenir des dictateurs qui leur étaient utiles, avant de les lâcher du jour au lendemain.

S’ils s’offusquent parce que les brigands Trump et Poutine se réconcilient pour se partager les richesses de l’Ukraine, c’est uniquement parce qu’ils sont écartés du butin. Ils seront privés de l’accès à de précieux minerais, aux riches terres agricoles et au marché de la reconstruction d’un pays détruit. Les relations entre les États-Unis et les pays européens ont toujours été des relations entre puissances inégales luttant sans pitié pour accaparer les marchés.

Le revirement américain en Ukraine prend les Européens à contre-pied. Mais l’objectif de Trump est le même que celui de Biden : assurer l’hégémonie américaine sur le monde. Les moyens pour y parvenir changent, au gré de l’évolution des rapports de forces. 

Depuis trois ans, les États-Unis ont trouvé de multiples avantages à prolonger cette guerre, menée avec la peau des Ukrainiens et des Russes : ventes massives d’armes, test de leur matériel, mainmise sur les ressources du pays, affaiblissement des oligarques russes. Cette guerre leur a aussi permis d’affaiblir les capitalistes européens, privés du gaz russe et contraints de réorganiser leurs marchés.

Si, aujourd’hui, Trump lâche les dirigeants ukrainiens, ce n’est ni parce qu’il est fou ou sous l’emprise de Poutine ni parce qu’il voudrait apporter coûte que coûte la paix dans le monde. C’est parce que, après trois années de guerre, l’impérialisme américain fait ses comptes.

Alors que le front en Ukraine n’évolue guère, que les cartes ont été rebattues au Moyen-Orient par les coups de l’armée israélienne, Trump et sa bande estiment utile de faire la paix avec Poutine. Ils veulent qu’il cautionne et participe à leur domination sur le monde, rôle que le Kremlin a joué de nombreuses fois dans le passé, en Asie, en Europe ou au Moyen-Orient. 

Dans le renversement des alliances qui s’effectue sous nos yeux, dans ce bras de fer entre brigands, les travailleurs ne doivent pas serrer les rangs derrière leurs dirigeants politiques ou leurs généraux.

Qu’ils défendent la souveraineté nationale, une défense européenne ou le maintien d’une alliance avec les États-Unis, les politiciens qui se disputent le pouvoir sont tous d’accord pour défendre les intérêts des capitalistes. Quelle que soit l’option qu’ils défendent, ils nous la feront payer, par des sacrifices financiers aujourd’hui, au prix du sang demain. S’opposer à l’avenir sanglant que le capitalisme nous prépare commence par refuser l’embrigadement derrière nos dirigeants et les sacrifices qu’ils nous promettent. 

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