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Editorial
Le 30 juin, votez pour une femme ou un homme de votre camp, le camp des travailleurs !
En décidant la dissolution, Macron a remis entre nos mains la future composition de l’Assemblée nationale. Détesté comme il l’est dans les classes populaires, il peut perdre la majorité au profit du Rassemblement national ou du Nouveau Front populaire. Le jeu est donc ouvert.
Chacun prétend que la victoire de ses adversaires plongera l’économie et le pays dans la catastrophe. Mais la catastrophe, les ouvriers, les employés, les travailleuses et les travailleurs précaires la vivent déjà tous les jours.
Quand on ne peut plus remplir son caddie, quand on en est à se chauffer à 16 degrés et à ne plus prendre sa vieille voiture parce que le réservoir est vide, c’est déjà la catastrophe. Ça l’est pour ceux qui survivent avec une maigre pension d’invalidité et ceux qui n’ont même pas 1000 euros de retraite après une vie de labeur.
Ça l’est pour les habitants dont le quartier se transforme en ghetto de pauvres et qui ne peuvent même plus compter sur l’école et les hôpitaux publics laissés à l’abandon. Et on s’étonnera qu’après avoir été rejetés de l’école, des jeunes se retrouvent livrés aux trafics en tout genre.
Alors oui, il faut du changement ! Mais ce changement ne peut pas venir du futur gouvernement et de ces politiciens. Aussitôt arrivés au pouvoir, même ceux qui prétendent représenter les travailleurs jettent aux orties leurs promesses et se mettent au service de la grande bourgeoisie et de sa politique antiouvrière. Chaque fois que les travailleurs ont placé leurs espoirs en eux, ils ont été déçus, trahis et se sont retrouvés désarmés.
C’est ainsi que Mitterrand, Jospin et Hollande ont gouverné comme la droite, abandonnant les travailleurs aux licenciements, à l’exploitation et au chômage. Et le RN fera la même chose sur ce terrain-là.
Avant même son arrivée au pouvoir, Bardella s’aligne déjà sur les volontés patronales. Plus question pour lui de retraite à 60 ans, promesse de Le Pen en 2022. Et plus question, même, d’abroger la retraite à 64 ans ! En revanche, le RN pourrira la vie des travailleurs immigrés, c’est-à-dire de ceux qui se lèvent tôt pour faire les métiers les plus durs et les plus mal payés. Il dressera les travailleurs les uns contre les autres pour que le grand patronat continue à se gaver sur notre dos à tous.
La seule façon de défendre nos intérêts de travailleurs et nos conditions de vie, c’est de nous en mêler. Si nous ne voulons pas être trompés une fois de plus, nous devons faire entendre nous-mêmes nos revendications.
Nous devons exiger que les richesses et les énormes profits que nous produisons servent à nos salaires, à nos retraites, à nos conditions de vie plutôt qu’à augmenter les fortunes d’une poignée de privilégiés qui ne font rien de leurs dix doigts. Oui, il faut que les travailleurs s’organisent pour formuler ensemble les exigences qui changeraient leur vie.
Depuis une semaine, absolument tous les politiciens, Attal compris, disent qu’ils augmenteront notre pouvoir d’achat. Ils mentent comme des arracheurs de dents. Car aucun n’a l’intention d’affronter la grande bourgeoisie qui s’engraisse de la misère, qu’elle fabrique ici et dans les pays pauvres en exploitant les travailleurs.
Un autre problème crucial se pose à nous : la menace d’être entraînés dans une guerre. Sur ce point, tous les partis susceptibles de gouverner ont le même programme et ils mèneront la même politique guerrière que Macron. Eh bien, les travailleurs auront besoin de savoir ce qui se trame dans leur dos !
Alors, il faut mettre sous surveillance tous ces politiciens qui ne cessent de retourner leur veste. Il faut se tenir prêts à leur demander des comptes. Il faut agir par nous-mêmes. Cela commence par choisir des représentants parmi nos camarades de travail, qui sont comme nous, qui vivent les mêmes problèmes que nous tous et que l’on sait dévoués aux intérêts de la classe ouvrière.
C’est pourquoi, dans ces élections, Lutte ouvrière présente des candidats dans quasiment toutes les circonscriptions. S’il y avait ne serait-ce qu’un député issu du camp des travailleurs, il se ferait les yeux et les oreilles du monde ouvrier.
Voter pour eux, c’est voter à la fois contre Bardella et Macron, en exprimant notre méfiance vis-à-vis des serviteurs de la bourgeoisie qui se revendiquent de la gauche. Voter pour eux, c’est affirmer qu’il n’y a pas de sauveur suprême.
Les travailleurs changeront eux-mêmes leur sort et la société en retrouvant la conscience de leur force et le chemin des luttes collectives.