Européennes : Le texte de la dernière réunion publique07/06/20242024Document/medias/document/images/2024/06/logo-elections-europeennes-Rouge-sur-blanc.jpg.247x350_q85_box-4524%2C543%2C5906%2C2498_crop_detail.jpg

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Européennes : Le texte de la dernière réunion publique

Illustration - Européennes : Le texte de la dernière réunion publique

Texte de la réunion publique du 6 juin à Chaumont : 

"Bonjour à tous, 

Je me présente, Claire Rocher, je suis candidate sur la liste Lutte Ouvrière – Le camp des Travailleurs, conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier pour les élections européennes, et je suis infirmière au CHU de Dijon.

Je pourrais commencer comme la plupart des candidats par vous dresser une liste complète de tout ce qui selon moi ne va pas, et ensuite vous annoncer toutes mes solutions, vous dire s’il faut manger bio, produire français, plus d’Europe, moins d’Europe, que sais-je. 

Mais ce qui pèche, d’abord, dans ces élections européennes, c’est l’Europe elle-même : depuis 70 ans qu’elle existe, elle n’a pas apporté quoi que ce soit de bénéfique aux différentes populations européennes. 

Sa création aurait pu donner l’espoir de circuler plus librement, de supprimer certaines inégalités entre les pays, d’échanger, de rapprocher les peuples. Il n’en est rien : aujourd’hui l’Europe est toujours aussi divisée, avec une multitude de petits états, certains toujours aussi pauvres et dominés économiquement par les plus riches comme l’Allemagne et la France, mais tous restent en concurrence les uns contre les autres à l’intérieur même de l’Europe. 

Les seuls à qui l’Europe a apporté quelque chose, ce sont les classes dirigeantes des pays les plus puissants à l’intérieur de l’Union : à ceux-là, l’Europe a offert un marché plus grand pour vendre leurs marchandises et placer leurs capitaux, des ressources naturelles et une main d’œuvre plus abondantes à exploiter, de quoi rivaliser ou presque avec la Chine ou les Etats-Unis sur les marchés mondiaux, de quoi permettre à Bernard Arnaud par exemple de devancer Elon Musk dans le classement des plus riches du monde. 

Et encore, même là-dessus, leur concurrence entre eux limite l’impact que leur union aurait pu avoir, cela reste une alliance et même plutôt une foire d’empoigne entre brigands, où chacun joue son jeu propre et – à peine le hold-up terminé - essaie de piquer la part de butin du voisin.

Quant aux peuples, c’est simple : ils n’ont rien eu, pas même un smic européen, pas même la garantie pour les toutes les femmes d’Europe de pouvoir recourir librement à l’avortement. 

C’est ce qui fait que cette élection apparaît pour ce qu’elle est : un simulacre de démocratie. Elle ne passionne pas les foules, encore moins les classes populaires, car chacun sent bien à quel point le nombre de députés de telle ou telle tendance dans le parlement européen ne changera absolument rien à nos vies. 

Ajoutez à cela les 38 listes qui se présentent, et elle en devient caricaturale. Parmi ces listes, les commentateurs considèrent qu’il y en a seulement 4 qui sont réelles, celles qui occupent le devant de la scène. Quant aux 34 autres, elles tiennent toutes à peu près le même discours, avec des originalités plus ou moins grandes, plus ou moins poétiques, folkloriques, il y a la ruche et ses abeilles, les animalistes, Lassale et son franc-parler rigolo, les pirates… 

Difficile avec ce cirque de marcher dans la bonne vieille mécanique électorale qui consiste à faire croire au bon peuple qu’une élection va changer quelque chose pour lui. Ce n’est pas crédible.   

Mais il ne faut pas croire : lorsque c’est le président qu’on élit, ce n’est pas plus sérieux, sous prétexte que ce serait plus près, ou que c’est lui qui déciderait de tout ! c’est tout aussi bidon.

L’illusion est la même : nous faire croire qu’on participe un tant soit peu aux affaires des états. Mais c’est la même arnaque : cet homme, sensé décider de tout, qui décide réellement de la politique qu’il mène ? 

Derrière le président élu parmi des candidats triés sur le volet, il y a les donneurs d’ordres, des lobbys puissants, ceux qui détiennent les grandes banques, les grandes multinationales. 

Ceux-là, ils ne sont pas sur l’affiche ni au-devant de la scène, on ne les élit pas. Lui, il est au-devant, pour encaisser les coups si nécessaires, ou servir de fusible, mais les vrais décideurs c’est la classe dirigeante, la bourgeoisie. C’est visible pour Macron, mais c’est visible pour tous les autres présidents de la république, et je ne parlerais même pas de cette soi-disant grande démocratie que sont les Etats-Unis, où ce sont visiblement des clowns qui se succèdent, ni même de l’Ukraine, où c’est un ancien comédien qui fait le boulot ! 

Tout cela relève du théâtre, et les têtes d’affiche sont là pour mener une politique dictée depuis les coulisses. 

 

Alors pourquoi nous, qui pensons cela des élections, nous nous y présentons ? 

D’une part, parce que c’est une occasion, malgré tout, d’apparaître à l’échelle du pays, ce qui n’est pas simple, nous existons là où nous militons tout le reste du temps, mais ça ne nous donne pas une couverture suffisante. 

Et d’autre part parce qu’on veut défendre une politique qu’on est les seuls à défendre. Nous sommes les seuls sans ambiguïté à dénoncer que le mal profond dont souffre toute la société, ce ne sont pas seulement les inégalités sociales, entre riches et pauvre, petits, moyens ou grands. C’est le fait que ces inégalités sont le fait de la mainmise incontestée d’une classe dirigeante qui domine non seulement notre société, mais le monde entier. 

Cette classe dirigeante, forte de sa puissance économique, forte des états dont elle profite comme l’état français, l’état américain, toute puissante, impose son système social à l’ensemble de la société. 

C’est cette classe qui fait le malheur de la population, cette classe qui est lancée dans sa lutte permanente pour la domination économique et n’en a jamais assez, qui est dans une compétition permanente et ne peut jamais s’arrêter, jamais rassasiée, toujours en conflit permanent pour prendre l’ascendant sur les uns, sur les autres, insatiable. 

On en arrive à des choses surréalistes, à une bourgeoisie mondiale qui ne peut pas s’arrêter de vouloir s’enrichir toujours plus, au point qu’on se demande aujourd’hui si dans sa concurrence permanente elle ne va pas nous emmener tout droit vers une 3ème guerre mondiale et nous envoyer nous entretuer.

Alors bien sûr c’est complexe, il y a les rôles que jouent les états là-dedans, mais à la finale elle contraint toujours les populations. Regardez, même à l’intérieur de l’Europe il y a la guerre, en Ukraine, et on nous a contraint à choisir un camp dans cette guerre. Si ça, ce n’est pas une façon d’être sous la domination d’une puissance !

On l’a fait peut-être de bon cœur, sans avoir un fusil braqué dans le dos, au nom de la solidarité avec la petite Ukraine, mais tout le monde sait que derrière, il y a des intérêts précis, des bases militaires de l’OTAN, les Etats-Unis derrière, les marchands d’armes, la concurrence pour dépecer les terres noires si fertiles, celle pour s’approprier le gaz de la mer Noire.

On peut se dire qu’on est du côté de la paix ? Qu’on n’a pas choisi de camp ? Mais les armes françaises, les canons français tuent là-bas, alors qui peut se dire qu’il est propre ? On est manipulés. 

Les peuples sont manipulés. Et ceux qui décident, eux, ils ne sont pas à portée de mains, et on ne les élit pas. 

 

Qu’on le veuille ou non, tant qu’ils domineront notre vie, nous risquons de subir… tout ce qui est en train de se passer !

A commencer par la démolition des services utiles à la population : je peux vous parler brièvement des hôpitaux, que je connais de l’intérieur.  Il faut faire à tout prix des économies, se serrer la ceinture, on ne sait même pas pourquoi, parce qu’on regorge d’argent, et on finit par voir que tous les secteurs juteux ont été repris par le privé. Tous les jours, ce sont des aberrations. 

Dans mon service cela fait des mois qu’on aurait besoin d’une aide-soignante de plus, et à mi-temps encore, même pas à temps plein ! Pas question ! Et pourtant, en 3 jours, le même CHU a doublé son parc d’ordinateurs, des centaines et des centaines d’ordinateurs tout neufs ont fait leur apparition en un claquement de doigts, sur ordre du ministère ! Eh bien, ces dépenses pour les ordinateurs, elles sont très importantes, non pas qu’on en ait besoin, pas du tout d’ailleurs, elles sont importantes car elles augmentent la dette de l’hôpital. Et la dette, c’est une dépendance aux banques, aux financiers, cela veut dire une obligation à payer pendant des années, et donc des banquiers qui dictent leur loi et qui ont des profits garantis par l’état. 

Quant à la pénurie de personnels, elle a été organisée, ouvertement ou quasiment, directement par les ARS, les Agences régionales de Santé, c’est-à-dire par l’état, par les gouvernements, au point que le personnel qualifié qui ne trouve plus de place à l’hôpital va travailler  en Suisse, ou dans le privé. Cela fait des décennies que les gouvernements mènent cette politique. Moins de personnels, moins de services, cela contraint les gens à aller se faire soigner dans les hôpitaux privés et pour les capitalistes « qui dit besoin dit marché », cela permet de revendre les meilleurs morceaux au privé, de faire des hôpitaux un secteur marchand, où l’on peut investir et faire des profits. L’exemple de l’hôpital de Chaumont où c’est directement Elsan, un des grands du privé, qui a ainsi récupéré la gestion du bloc opératoire, est caractéristique. Et tant que ce sera cette classe dirigeante, celles des grands possesseurs de capitaux, qui décident, leurs espoirs de profits passeront avant tout le reste, y compris la santé, y compris les vies humaines. 

J’ai parlé de ce que je connais. Mais chacun pourrait en donner des exemples de cette vraie guerre qui est menée contre nous à commencer par l’inflation qui nous empêche de vivre parce que les salaires sont bloqués. Et cela dans un pays où les financiers, les grands patrons, les bourgeois se sont enrichis comme jamais. Tout le monde a en mémoire les 100 000 € par jour de Tavarès, le patron de Stellantis ou les 50 000 € par minute de Bernard Arnault. 

Je suis certaine que beaucoup ont aussi des exemples d’entreprises qui ont été fermées, de ce que signifie le chômage ensuite pour des familles entières…

Et quand on a du travail, c’est comme à l’hôpital, des pressions pour faire des économies, pour aller plus vite, les directions qui augmentent la discipline, suppriment des pauses, font valdinguer les intérimaires dans tous les sens, font prendre des risques inouïs.

 

Cette domination de la classe bourgeoise sur toute la société, cette guerre qui nous est menée pour que les riches en aient toujours plus, l’aberration de toute leur économie où ils ne sont même pas capables de la réguler et d’éviter les crises, mais au contraire se lancent à corps perdu dans une course folle à la concurrence avant qu’ils nous obligent à nous battre avec des armes réelles, nous sommes les seuls à les dénoncer.

 

Tout le monde dénonce les injustices par le petit bout. Mais cela, les vrais responsables, nous sommes les seuls à les dénoncer, les seuls à vraiment dire cela : que réellement, ce système dirigé par les grands capitalistes, il nous emmène dans le mur. Que c’est ça qu’on vit tous les jours, et qu’on le vit mal !

Alors vous pensez bien que ce n’est pas une élection, ou même un Bardella, un type d’extrême droite, qui va y changer quelque chose. Son créneau à lui, c’est de récupérer toutes les rancœurs, contre tout ce qui ne va pas, mais son fonds de commerce c’est de rassembler sur la haine, la haine contre les migrants, contre les chômeurs, contre les femmes, les handicapés, et surtout contre les pauvres, malheur aux pauvres !, Même s’il ne le dit pas aujourd’hui, c’est contre ceux-là qu’il dirigera ses coups plus tard, en résumé contre tous ceux qui sont en bas de l’échelle et certainement pas contre les puissants de ce monde. Mais où cela peut-il nous mener, toutes ces haines ? Demain il s’en servira pour avoir des troupes afin de faire la guerre, à d’autres pauvres. C’est cette évolution qui nous attend. L’exemple historique de Hitler ou de Mussolini, l’a démontré par le passé.

 

Nous, nous présentons pour affirmer que tant qu’on ne renversera pas cette classe dirigeante, tant qu’on ne mettra pas fin à ce système capitaliste, rien n’ira mieux dans nos vies, et au contraire on va vers le pire. 

Voilà ce que nous dénonçons aujourd’hui. Alors, bien sûr, renverser le capitalisme et que la classe ouvrière prenne le pouvoir, cela peut paraître un objectif inaccessible aujourd’hui. Individuellement, on ne s’y voit pas et ça se comprend. Et même si on fait tout fonctionner dans cette société, même si les travailleurs sont présents partout, quel que soit le secteur économique, quelle que soit la région, le pays ou le continent, même si on est les plus nombreux, c’est dans nos têtes qu’on est en retard, on n’a pas conscience de tout ce qu’on est capables de faire collectivement. A force de nous répéter qu’il suffisait de voter pour eux pour que ça change, les partis de gauche nous a fait perdre confiance dans nos propres forces. Ils ont laissé s’installer dans nos rangs et prospérer finalement les idées et les valeurs de la classe dirigeante.  

Mais nous sommes convaincus que ce n’est pas éternel ; à un moment ou à un autre, cela changera. La bourgeoisie va créer un tel chaos, une telle barbarie qu’elle va nous forcer à réagir. Car elle est comme ça, jamais elle ne s’arrête, elle ira jusqu’au bout parce qu’avec elle, c’est « après moi le déluge ».  On a déjà un aperçu de ce qui est en train de se mettre en place avec les bruits de botte qui se font entendre un peu partout sur la planète. Et ce qui est certain, c’est qu’elle finira par provoquer de formidables mouvements de révolte. Car l’être humain est comme ça, il ne subit pas éternellement, il finit toujours par se révolter. On verra alors le réveil des peuples contre ces formidables injustice, c’est inéluctable. 

Il faudra alors qu’il y ait le plus de gens possible pour transmettre nos perspectives, que la classe ouvrière est la seule force sociale capable d’organiser et de diriger la société, afin que les pauvres, les exploités ne se fassent pas avoir.

Un tel objectif peut paraître bien loin de cette petite péripétie que sont les élections européennes de dimanche. Mais voter et faire voter pour notre liste permettra de l’affirmer, de montrer que ce courant existe, le seul qui soit porteur d’avenir.

Alors certes, notre courant communiste révolutionnaire est minoritaire. Mais justement, la moindre évolution positive des votes en notre faveur, même quelques centaines de voix de plus, ce sera le signe d’une évolution de cette conscience-là dans la classe ouvrière et ce sera compris comme tel. 

Alors on a jusqu’à dimanche, cela tient à chacun d’entre nous et c’est peut-être de cela dont nous pouvons discuter à présent. 

 

Avant ça, j’ai un petit PS à rajouter, je voudrais parler de ce qui se passe à Gaza. Mais c’est tellement ignoble que je ne l’ai pas intégré dans mon raisonnement général. Ce qu’on voit à Gaza aujourd’hui, est une préfiguration de ce qui nous attend demain, de ce que connaîtront les populations tant que ce sont les puissants de ce monde et les gouvernements à leur service qui sont aux manettes avant que la barbarie où ils nous emmènent ne provoque un sursaut."

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