Renverser le capitalisme, une nécessité ! Discours de Jean-Pierre Mercier au meeting du 8 octobre à Paris08/10/20222022Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

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Renverser le capitalisme, une nécessité ! Discours de Jean-Pierre Mercier au meeting du 8 octobre à Paris

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Camarades,

    L’aggravation de la crise, l’offensive gouvernementale et patronale poussera la classe ouvrière à s’engager dans la lutte simplement pour survivre.

    Et nous lui faisons confiance pour savoir relever le défi car elle n’aura pas le choix.

    Cette situation ouvrira, peut-être, une période qui pourra nous faire progresser sur la construction d’un parti communiste révolutionnaire et en particulier de faire avancer son implantation dans la classe ouvrière.

    C’est là-dessus que je voudrais intervenir cet après-midi.

    Le mouvement communiste révolutionnaire dont nous nous réclamons se distingue de tous les autres courants politiques en ce sens que nous sommes marxistes : c’est-à-dire tout d’abord que nous sommes convaincus que toutes les oppressions et les catastrophes actuelles ne pourront être supprimées sans renverser le capitalisme.

    Et d’autre part que la seule classe sociale qui a la capacité de le faire, c’est la classe ouvrière. La fin du capitalisme ne peut venir que d’une révolution dont les travailleurs seront le moteur et la direction politique.

    Comme l’a écrit Marx voilà bientôt deux siècles, à l’époque où le capitalisme n’était encore que naissant, les capitalistes, en développant les usines et en jetant des millions de travailleurs dans l’esclavage salarié, ont fabriqué « leurs propres fossoyeurs », une classe de prolétaires qui, en renversant le capitalisme, n’ont « rien d’autres à perdre que leurs chaînes ».

    Depuis Marx, le capitalisme a étendu ses tentacules sur l’ensemble de la planète et la classe ouvrière est 100 fois, 1000 fois plus nombreuse que lorsque fut rédigé le Manifeste du Parti communiste. Il y a des luttes en permanence, quand ce n’est pas dans un pays, c’est dans un autre. Mais cela fait bien longtemps que la classe ouvrière ne s’est pas battu sur le terrain politique, en tant que classe porteuse d’une organisation sociale supérieure au capitalisme.

    En France, cela fait bien des années, pour ne pas dire des décennies, que l’on n’a pas vu de grands mouvements sociaux et ceux qui se sont produits en 1936 et en 1968 ont été détourné par des directions réformistes ou staliniennes de toutes possibilités de développement révolutionnaires. Mais nous gardons une confiance inébranlable dans la capacité de la classe ouvrière à se révolter, à reprendre confiance en ses forces et conscience de sa capacité politique de renverser la société.

    Alors nous ignorons à quel moment la classe ouvrière se mobilisera, à nouveau, en masse. Mais nous savons, en revanche, que lorsque ce moment arrivera, il sera indispensable qu’il y ait des militants révolutionnaires partout. C’est la raison pour laquelle nous voulons construire un parti révolutionnaire – et Nathalie reviendra sur ce point tout à l’heure.

    Un véritable parti révolutionnaire devra avoir, demain, des militants et des relais dans toutes les entreprises du pays, je dirais même, dans toutes les catégories sociales qui composent le monde du travail.

    Mais ce qui sera fondamental, c’est d’être présent au sein des grandes entreprises, parce que ce sont elles qui ont un poids sur la vie politique, économique et sociale sans commune mesure avec les autres.

    Nous le savons, une grève peut partir de petites entreprises. Mais c’est seulement lorsqu’elle s’étend à des géants comme Renault, PSA-Stellantis, Total, Sanofi, Arcelor-Mittal, Safran, que la grève devient un événement social et politique incontournable.

    Parce que ce sont ces entreprises qui, d’abord, regroupent le plus grand nombre de travailleurs concentrés au même endroit ; et ensuite, ont elles-mêmes un poids déterminant sur les autres entreprises qui en dépendent.

    Si la production s’arrête dans un groupe comme PSA-Stellantis, où je travaille, ce sont des milliers d’entreprises qui sont impactées, en cascade – sous-traitants, fournisseurs, dans tous les secteurs, des fonderies aux composants électroniques, du textile à l’industrie du plastique et dans différents pays du monde …

     

    Des milliers de travailleurs en grève dans une grande usine, cela veut dire des milliers de militants de la grève, des milliers de femmes et d’hommes susceptibles d’aller s’adresser aux travailleurs des autres entreprises du secteur, de diffuser la grève en militant pour elle auprès de leurs proches, de leur famille, de leurs voisins. C’est une force de frappe considérable, et cela ne pourra jamais exister à l’échelle d’une entreprise qui ne regroupe que quelques dizaines de salariés, quelle que soit leur combativité.

    Regardez ce qui se passe, ces dernières semaines, du fait de la poussée de l’inflation. Des débrayages et des grèves pour les salaires, éclatent, ici et là. Lorsque c’est dans une petite entreprise – quels que soient, là encore, la combativité et le courage des grévistes, il est extrêmement difficile de faire connaître la grève, de lui donner un retentissement local et, plus encore, national.

    En revanche, les grèves qui se déroulent actuellement dans les raffineries n’ont pas besoin d’être relayé dans les médias pour que chaque automobiliste en soit au courant, à la vue des longues files d’attente devant les stations essence en constatant leur nombre grandissant qui sont fermer faute d’approvisionnement.

    Le simple fait que les travailleurs, d’une partie seulement des raffineries du pays soient en grève pour les salaires contribue de la meilleure manière qui soit à la propagande auprès du reste des travailleurs qu’il faut se battre pour imposer des augmentations de salaires.

    De même, quand plusieurs centaines de travailleurs se mettent en grève ne serait que 3 jours à l’usine de PSA à Hordain, dans le Nord, et paralysent la production, eh bien oui, ça se sait ! Quand, la semaine dernière, ce sont à l’échelle du groupe plus de 5 000 ouvriers qui débrayent pour les salaires, ça fait discuter dans d’autres entreprises, les images circulent, et ce sont des images qui peuvent donner des idées, qui encouragent, qui donne un petit aperçu de ce que pourrait être la force de la classe ouvrière si elle entrait en lutte.

    Alors imaginez, qu’une grève massive sur les salaires se généralise simplement dans toutes les raffineries du pays et dans le groupe Stellantis, elles auraient inévitablement un impact direct dans le pays.

    Et nous devons être très attentifs à ses luttes éparses. Sans préjuger de leur avenir, si elles devaient durer et s’étendre, cela jouerait très favorablement sur l’état d’esprit des travailleurs.

    Alors oui, pour nous, il est vital, indispensable, que des militants révolutionnaires soient présents dans les grandes entreprises – et c’est l’orientation fondamentale de Lutte ouvrière depuis que notre organisation existe.

    Parce qu’il faut, dans ces citadelles du capitalisme des militants capables de donner des perspectives à leurs camarades, capables de leur expliquer « la science de leur malheur », comme disait le syndicaliste révolutionnaire Fernand Pelloutier à la fin du 19ème siècle, capables de les éclairer sur les rouages du capitalisme, de son État, de son système politique, de leur apporter des réponses politiques sur la crise de son économie.

    Oui, si l’on veut changer la société, il faut implanter les idées du communisme révolutionnaire dans les entreprises, et en particulier dans les plus grandes car c’est ainsi qu’elles irrigueront l’ensemble des travailleurs et iront jusqu’aux plus isolés dans les plus petites entreprises.

     

    Alors, c’est une tâche difficile, compliquée, oui c’est vrai. Parce que nous ne sommes pas les seuls à savoir combien la présence de militants révolutionnaires dans les entreprises sera déterminante.

    Les patrons, et derrière eux tout l’appareil de l’État bourgeois, le savent aussi bien que nous, et c’est pour cette raison qu’ils mettent toute leur énergie à l’empêcher.

     

    C’est pour cette raison, et pour aucune autre, qu’il est interdit de faire de la politique dans les entreprises. Ce pays est peut-être une démocratie, mais cette démocratie s’arrête à la porte des entreprises. Il y a beau être écrit « liberté, égalité, fraternité » au fronton des mairies et des écoles – et nous savons tous combien cette formule est, au fond, vide de sens dans la société capitaliste – elle n’est en revanche pas écrite au fronton des usines : le cynisme de la société capitaliste ne va pas jusque-là, faut quand même pas exagérer.

    Le seul moment où la liberté peut régner dans une entreprise, c’est pendant une grève.

    Lors de la grève de 4 mois contre la fermeture de l’usine de PSA Aulnay, en 2013, je peux vous dire que tous les grévistes ont ressenti ce sentiment incroyable, que nous étions enfin libres. Pendant la grève, l’usine était ouverte à tous y compris à la presse (ce qui n’est pas le cas le reste du temps), c’étaient les chefs qui baissaient les yeux et les directeurs qui se cachaient, c’était nous qui décidions des horaires, des lieux et des moments où nous nous réunissions, nous qui organisions les rondes de surveillance contre les jaunes, les chefs et les huissiers ! Pendant la grève, les discussions étaient libres, les idées politiques entraient dans l’usine, chacun avait le droit d’exprimer ses idées, quelles qu’elles soient, sans avoir à craindre d’être dénoncé par un mouchard ou par un chef…

    Et ce n’était qu’une grève, une petite grève qui n’a rassemblé que quelques centaines de travailleurs. Alors, imaginez ce qu’il se passe pendant les révolutions !

    Dans toute l’histoire, le moment où les travailleurs ont été le plus libre dans les entreprises, cela a été pendant la révolution russe, y compris avant octobre, quand les ouvriers organisaient des entrainements des milices d’ouvriers armées dans les cours d’usine, sous le nez du patron ; où les réunions des conseils ouvriers, les soviets, se déroulaient parfois au sein même des ateliers, et où les militants politiques de toutes les tendances s’exprimaient librement et se battaient avec acharnement pour convaincre les travailleurs de leurs positions.

    En recréant les soviets, en s’armant de fusils et en ayant une politique pour gagner les soldats dans les casernes, les travailleurs russes se sont donné les moyens de prendre le pouvoir pour finir par s’en emparer consciemment.

    C’est cela qui a conduit Lénine, après la révolution de février 1917, à écrire que la Russie, dictature féroce quelques jours plus tôt, était devenue d’un coup le pays le plus libre du monde.

     

    Alors aujourd’hui, évidemment nous n’en sommes pas là. La bourgeoisie est toujours aux commandes, et toujours suffisamment forte pour empêcher, par tous les moyens, les travailleurs de discuter entre eux sur leurs lieux de travail, c’est-à-dire là et quand ils sont tous rassemblés.

    En faisant cela, les patrons et leurs ribambelles de chefs, de contremaitres et de directeurs font leur travail.

    Eh bien, à nous, militants de faire le nôtre !

    À nous de nous montrer plus malins, plus inventifs, plus déterminés, pour nous permettre de nous exprimer politiquement dans les entreprises, pour permettre aux travailleurs de faire de la politique malgré l’interdiction et la répression patronale !

    C’est la raison pour laquelle, par exemple, nous cherchons à éditer, partout où nous sommes, une presse d’entreprise – ce que nous appelons nos « bulletins ». Oh certes, c’est une presse modeste : la plupart du temps, une simple feuille recto-verso quinzomadaire, avec, d’un côté, un éditorial politique et, de l’autre, une série de petits articles dénonçant ce qui se passe dans l'entreprise du point de vue communiste révolutionnaire.

    Mais même modeste, il s’agit bien d’un journal politique qui entre et qui circule dans les entreprises par tous les moyens possibles, en contournant toutes les interdictions mises en place par les patrons pour tenter de les empêcher.

     

    C’est une petite brèche que nous ouvrons dans la dictature patronale mais surtout une possibilité aux militants de s’entourer de travailleurs, de les organiser, de constituer un réseau dans l’entreprise autours de la diffusion des idées communistes révolutionnaires, à la barbe du patron.

    Et il est arrivé un bon nombre de fois que des groupes aussi énormes que Renault ou Safran saisissent un tribunal pour essayer de faire cesser la parution de ce petit tract recto-verso ! Comme quoi, il faut croire qu’eux aussi, ils sont tout à fait conscients que, comme disaient Marx, les idées peuvent devenir une arme quand elles s’emparent des masses !

     

    Et le mouvement ouvrier a toujours trouvé les moyens pour contourner la répression patronale, y compris à une époque où elle était bien plus dure qu’aujourd’hui en France. En se cachant, en rusant, en inventant 1000 moyens, les travailleurs révolutionnaires ont toujours su trouver des réponses leur permettant de militer malgré les interdictions, malgré les menaces de sanction, de licenciement ou parfois de prison, voire d’assassinat.

    Que l’on pense seulement au mouvement révolutionnaire allemand, dans la seconde moitié du 19e siècle, à l’époque de ce qu’on a appelé « les lois antisocialistes » de Bismarck, en vigueur de 1878 à 1890.

    La loi interdisait la presse et les réunions socialistes. Et bien partout, les militants ont trouvé des solutions pour éditer leurs journaux et leurs tracts, pour réunir les travailleurs, sous couvert de clubs sportifs, d’associations diverses, et même de chorales ! Et lorsque ces lois ont été abrogées, le parti révolutionnaire allemand était devenu plus fort et plus influent que jamais !

    Alors, aux militants révolutionnaires d’être suffisamment déterminés pour continuer inlassablement à défendre les idées communistes révolutionnaires auprès des travailleurs. C’est l’action la plus utile que l’on puisse faire pour l’avenir.

     

    Car en plus de trouver devant eux les patrons pour tenter de les empêcher de faire de la politique, les militants révolutionnaires doivent faire face à une autre difficulté. Le rôle néfaste des bureaucrates syndicaux.

    Je ne parle pas seulement de ce qui se joue en ce moment au sein de la CGT avec les manœuvres de la fédération de la Métallurgie pour se débarrasser du syndicat CGT de PSA Poissy et pour tenter de désorganiser les syndicats CGT du groupe Stellantis.

    Cette affaire n’est qu’un énième épisode de quelque chose de bien plus profond et de bien plus ancien : les appareils syndicaux sont bel et bien devenus, et depuis longtemps, des adversaires du mouvement ouvrier.

    Que le patronat tente, par tous les moyens, d’empêcher les travailleurs d’accéder aux idées révolutionnaires, cela apparaît logique à tout ouvrier conscient. Mais il peut paraître beaucoup moins évident que la simple diffusion des idées de la lutte de classe se heurte aux appareils syndicaux prêts à fouler aux pieds l’expression démocratique de leur propre base et prêts à démoraliser leurs propres militants.

    Amener des travailleurs à se syndiquer est un combat de tous les jours, et il faut le mener. Mais pour que les syndicats soient une arme de combat aux mains des travailleurs, il faut que les syndiqués à la base choisissent librement leurs dirigeants et puissent les contrôler. Il faut des organisations syndicales non seulement combatives, mais démocratiques.

     

    Car depuis des décennies – au moins depuis la veille de la Première guerre mondiale – les grandes centrales syndicales se sont peu à peu intégrées au système capitaliste, et ont aujourd’hui plus d’intérêt à voir celui-ci perdurer qu’à militer pour le renverser. Les chefs syndicaux sont devenus les lieutenants de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière – la formule est de Trotsky, ce qui montre que cela ne date pas d’hier.

     

    C’est la bourgeoisie qui, au fil du temps, a appris à se servir des appareils syndicaux et à en faire son instrument.

    Alors que les syndicats étaient, à l’origine, des organisations de combat et de lutte de classe, la bourgeoisie a su apprivoiser ses chefs, à en faire non plus des adversaires mais des partenaires adeptes du dialogue social plutôt que de la lutte de classe. Elle leur a offert d’être ses interlocuteurs uniques. Elle les a achetés matériellement mais surtout politiquement et moralement.

    Elle a ainsi rogné les griffes des centrales syndicales et appris à les tenir en laisse. Elle les a transformés, finalement, en pompiers des explosions sociales, qui ont, en fait, aussi peur des luttes d’ensemble de la classe ouvrière que le patronat lui-même.

    La mission des bureaucrates syndicaux, c’est d’essayer de convaincre les travailleurs que le seul terrain où se joue le rapport de force entre patrons et ouvriers, ce sont les réunions de négociation avec le patronat et l’État, les comités d’entreprises, les organismes paritaires et autres dispositifs mis en place à la fin de la Seconde guerre mondiale pour acheter la paix sociale.

    Leur mission, surtout, c’est de marteler que ce sont eux, les chefs syndicaux qui doivent se charger de la défense des intérêts du monde du travail, et certainement pas les travailleurs eux-mêmes.

    Ils se sont, peu à peu, transformés, au mieux, en avocats des travailleurs chargés de les défendre mais surtout pas de leur apprendre à se défendre eux-mêmes.

    Mais ça, ça ne fonctionne efficacement qu’en période de calme social. Quand la combativité ouvrière n’est pas là, quand rien ne se passe, quand les travailleurs restent l’arme au pied, quand il n’y a pas de grèves, alors, oui, les chefs syndicaux peuvent tranquillement prétendre jouer un rôle en négociant ce que le patronat a déjà, de toute façon, accepté de céder.

     

    Et c’est bien pour ça qu’ils craignent autant les mobilisations ouvrières, qu’ils craignent autant une grève générale, qu’ils ne seraient plus à même de contrôler !

    L’histoire l’a montré bien des fois, notamment en 1936 et en 1968 : lorsque la lutte des classes reprend ses droits, lorsque les grèves se développent et s’étendent, les appareils syndicaux se retrouvent toujours de l’autre côté de la barricade et mettent tout leur poids pour faire cesser les grèves et reprendre le contrôle.

    Il ne faut pas s’en étonner : d’abord parce que c’est leur rôle, c’est à cela qu’ils servent aux yeux de la bourgeoisie et de l’État, et c’est dans cette seule perspective que ceux-ci dépensent tant d’argent pour les entretenir.

    Les chefs syndicaux jouent un rôle de gardiens de la paix sociale. S’ils échouent, s’ils se retrouvent dans une situation où les travailleurs prennent en main leur propre sort, sans eux et contre eux, ils ne servent plus à rien aux yeux des capitalistes, ce qui équivaut, pour eux, à la mort sociale.

     

    C’est pour cette raison que le cas de PSA Poissy et de la CGT du groupe Stellantis n’est ni isolé – de telles manœuvres ont eu lieu des centaines de fois par le passé – ni surprenant pour qui est conscient du rôle réel que jouent les confédérations syndicales à notre époque impérialiste. Se débarrasser des militants combatifs, voire se débarrasser de syndicats entiers dès lors que ceux-ci font preuve d’un peu trop d’indépendance, c’est finalement une question de survie pour ces appareils syndicaux intégrés jusqu’à l’os dans la gestion de l’appareil d’État bourgeois.

     

    Alors, se battre pour faire vivre la démocratie ouvrière dans les syndicats doit être un combat essentiel pour les révolutionnaires.

    Pas une démocratie de façade, pas une démocratie fantoche, mais la véritable démocratie ouvrière, celle qui consiste à faire en sorte que ce soit, toujours, la base qui décide. C’est le principe même de notre activité militante dans les entreprises. Et ce, pour une raison simple : nous militons pour que demain, ce soient les travailleurs qui dirigent la société. Alors, il est naturel pour nous, de faire en sorte que les travailleurs dirigent déjà leurs propres organisations, et, demain, dirigent leurs propres grèves, par en bas, à travers des comités de grèves élus et révocables, et après-demain, dans des conseils ouvriers dont les bureaucrates syndicaux se feront jeter dehors s’ils ne reconnaissent pas les décisions des travailleurs !

     

    Oui, nous militons pour donner la possibilité aux travailleurs de discuter entre eux, de réfléchir par eux-mêmes, de se faire leur point de vue, d’apprendre de leurs expériences. Là encore, cela va à l’encontre de tout ce que le mouvement ouvrier dégénéré a fait depuis des décennies, en particulier le stalinisme, qui a, des années durant, appris aux travailleurs et aux militants à avoir le doigt sur la couture du pantalon et à se mettre au garde-à-vous devant les oukases venus d’en haut.

    Cette façon de concevoir le travail politique et syndical est criminelle. « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », disait la devise de la Première internationale. Eh bien, cela commence dans les syndicats, qui doivent être une école de la démocratie ouvrière, où les travailleurs apprennent à régler leurs affaires eux-mêmes.

     

    Chaque jour, chaque heure, les patrons commandent les travailleurs comme s’ils étaient des gamins. Les patrons leur disent qu’ils ne doivent pas mettre le nez dans les affaires de l’entreprise ou l’organisation du travail. Les politiciens bourgeois leur disent qu’ils ne doivent pas s’occuper directement de politique, et sont tous justes bons à mettre, une fois de temps en temps, un bout de papier dans une urne. Et les bureaucrates syndicaux ont au fond le même discours : « Laissez-nous faire, laissez-nous nous occuper de vos affaires à votre place, laissez-nous gérer et surtout, ne vous en mêlez pas ! »

    Pour tous ces gens-là, les travailleurs ne sont bons qu’à une chose : Travailler, suer du profit et se taire.

    Eh bien, pas pour nous !

    Nous militons pour que les travailleurs, qui font tout tourner dans la société, se mêlent aussi de la gestion des entreprises, mettent leur nez dans les livres de comptes et contrôlent, eux-mêmes, le travail et la production.

    Nous militons pour que les travailleurs se mêlent de faire de la politique eux-mêmes, avec leurs armes de classe, et ne se contentent plus de croire que voter – ou s’abstenir – peut changer quoi que ce soit.

    Nous militons pour que les travailleurs, dans leurs organisations de base que sont les syndicats, dirigent, décident, choisissent leurs représentants et la politique qu’ils veulent mener.

    Tout cela est un seul et même combat. La révolution, écrivait Trotsky, c’est « l’irruption violente des masses dans le domaine où se règle leur propre destinée ». Eh bien cela commence avant la révolution. Le travail des militants révolutionnaires, dès aujourd'hui, c’est de défendre la perspective auprès des travailleurs, à chaque fois que c’est possible, à « faire irruption dans le domaine où se règle leur propre destinée » et nous le savons, ça ne pourra se faire que sans les bureaucrates syndicaux et contre les bureaucrates syndicaux.

     

    À ses débuts, le mouvement ouvrier s’est battu à mort pour avoir, simplement, des droits syndicaux. Quand il les a gagnés, le grand patronat s’en est servi pour encadrer et canaliser les révoltes des travailleurs. Exactement de la même façon que le mouvement ouvrier s’est battu pour le suffrage universel avant que la bourgeoisie apprenne à s’en servir pour faire perdurer son ordre pourri, comme elle sait si bien le faire aujourd’hui.

    C’est ainsi. Comme l’écrivait Engels, l’histoire du mouvement ouvrier est faite « de très rares victoires et d’innombrables défaites », et il ne pourra en être autrement tant que les capitalistes dirigeront la société.

    C’est pour cela que nous sommes révolutionnaires.

    C’est aussi pour cela, qu’il est nécessaire qu’existe un parti révolutionnaire qui s’approprie tout ce capital politique, toutes les leçons du mouvement ouvrier pour les transmettre aux générations nouvelles.

     

    La période que nous vivons sera peut-être, très vite, marquée par une remontée des luttes. Si ce ne sont pas les révolutionnaires qui donnent une direction politique à ces luttes, ce seront les ennemis des travailleurs qui le feront, comme c’est arrivé tant de fois par le passé.

    C’est pour cette raison que la présence de militants ouvriers qui se donnent comme objectif l’implantation des idées communistes révolutionnaires dans les entreprises est une nécessité vitale pour aider la classe ouvrière à se battre y compris et surtout jusqu’à la prise du pouvoir.

    Alors camarades, il faut militer, militer avec persévérance, avec détermination avec pugnacité de façon que les travailleurs puissent s’emparer des idées révolutionnaires pour de nouveau ébranler le monde et à nouveau le changer !

     

    Vive la classe ouvrière, et vive le communisme !

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