Brochure
Meeting de Nathalie Arthaud le dimanche 13 juin à Presles
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Sommaire
Travailleuses, travailleurs, chers camarades et amis
Nous n’avons pas pu organiser notre fête, comme nous avons l’habitude de le faire chaque année, sur trois jours avec nos camarades qui viennent de toutes les régions de France, des pays voisins et même de Côte d’Ivoire, d’Haïti, ou encore des États-Unis.
Mais ce rassemblement est quand même pour nous déjà un jour de fête et une petite victoire collective. Parce qu’il nous a fallu faire des pieds et des mains pour l’organiser. Vous imaginez bien que le rassemblement de Lutte ouvrière n’était pas la priorité des autorités… leur priorité c’était la réouverture des grands centres commerciaux, du parc Astérix, Roland Garros ou encore le festival de Cannes…
Et c’est significatif de ce qui se passe depuis plus d’un an parce que dans cette crise sanitaire, le gouvernement a toujours fait le maximum pour répondre aux besoins des patrons, surtout des plus grands. Pour ce qui est des besoins des travailleurs et des classes populaires, ça pouvait attendre !
C’est ainsi que l’on a travaillé, bien souvent sans pouvoir rencontrer ses camarades de travail parce que là, il fallait de la « distanciation sociale » comme ils disent. Eh bien notre but c’est qu’il n’y ait plus de « distanciation sociale » entre travailleurs, c’est que les femmes et les hommes qui n’ont rien d’autre que leur force de travail pour vivre réalisent qu’ils constituent une seule et même classe, un même camp, qu’ils soient en activité, au chômage, à la retraite, en invalidité, qu’ils soient français ou pas, et quelle que soit leur couleur de peau et leurs croyances !
Le grand patronat est forcé de nous rassembler par dizaines, centaines et parfois par milliers sur un même lieu de travail, mais il ne faut pas que l’on mesure la force de notre nombre, alors il essaye de nous diviser, de nous couper les uns des autres et nous réduire au silence. Et le télétravail lui donne un moyen supplémentaire de le faire.
C’est à nous, militants du mouvement ouvrier, de prendre le contre-pied de cette politique et de faire en sorte que les femmes et les hommes du monde du travail se rassemblent derrière leurs intérêts communs. Que ce soit dans les entreprises ou dans les quartiers populaires, cela dépend de nos efforts, de notre volonté.
Alors je tiens à dire au nom de tous mes camarades que nous sommes heureux et fiers de ce rassemblement. Malgré toutes les incertitudes qui ont plané jusqu'au dernier moment, nous avons été tenaces et nous avons eu raison, votre présence nombreuse ici aujourd'hui, le confirme !
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Le hasard du calendrier électoral fait que nous nous retrouvons, aussi, aujourd'hui pour un meeting électoral. Vous le savez, LO se fait un devoir de participer à toutes les élections parce que quand on nous donne la parole, il faut la prendre. Quand on est en colère il faut le dire. Quand on a des revendications et des idées, il faut les défendre ! Là où l’on travaille, là où l’on vit, ou dans les élections.
Mais l’avenir des travailleurs, ou l’amélioration de leur sort ne se joue pas dans les élections. Il se joue dans les entreprises. Il se joue dans le rapport de force que les travailleurs sont en mesure d’imposer au grand patronat. Il se joue dans les rassemblements, les grèves, les manifestations, les occupations d’usine. Il se joue dans la lutte de classe. Et celle-ci ne s’arrête jamais. Pendant la pandémie, la lutte de classe a continué !
Il faut se rappeler comment, au premier confinement, tous les salariés de la santé, mais aussi les ouvriers de l’agroalimentaire, les caissières, les éboueurs… ont été envoyés au front sans moyen de se protéger, alors qu’il n’y avait pas de masques, pas de tests. Et combien de patrons ont joué la peau de leurs salariés à la roulette russe en voulant coûte que coûte produire leurs profits ?
Aujourd'hui la lutte de classe a repris son cours normal, pourrait-on dire : les salariés qui ont tenu la société debout pendant la crise sanitaire sont méprisés, surexploités, sous-payés. Les sanctions et les licenciements tombent pour un oui et pour un non, je pense par exemple à l’employé d’Amazon licencié pour avoir critiqué la faiblesse de la prime Covid sur la messagerie interne de l’entreprise, je pense aussi aux trois ouvriers de Renault Trucks à Saint-Priest qui ont été licenciés pour avoir secoué un distributeur de boissons dans l’usine !
Et le retour à la normal, c’est qu’après une épidémie qui a fait plus de 110 000 morts et qui a saturé les hôpitaux, les fermetures de lits se poursuivent ; la normalité c’est que les aides-soignantes, les infirmières, les auxiliaires de vie sont toujours payées au lance-pierres.
La normalité, c’est que les uns sont surexploités et lessivés par des cadences infernales pendant que d’autres crèvent au chômage ; c’est que l’on peut trimer du matin au soir sans réussir à joindre les deux bouts quand une minorité capitaliste encaisse le jackpot à chaque heure qui passe.
Le chômage a explosé ? Et bien la normalité, c’est que tous les grands groupes riches à milliards continuent de supprimer des emplois. C’est qu’au lieu d’embaucher, l’État et les collectivités locales imposent à leurs salariés de travailler plus en leur volant des jours de congés. C’est que le gouvernement a même décidé de baisser considérablement les allocations chômage !
La normalité c’est encore que les femmes qui veulent fuir un conjoint violent n’ont pas de logement où se réfugier, mais sont invitées à téléphoner à une plateforme d’écoute ; c’est que les expulsions locatives reprennent pendant que les plus riches se retournent dans leurs palaces avec des suites à 5000 € la nuit.
La normalité c’est que des groupes de jeunes érythréens, afghans, éthiopiens, tunisiens errent à la recherche d’un petit coin de terre et sont arrêtés, traqués pendant que quelques millionnaires se programment une petite sortie dans l’espace à bord des fusées affrétées par Jeff Bezos et Elon Musk.
C’est une normalité de plus en plus inhumaine, barbare. Tous les autres candidats dans cette élection postulent pour gérer cette normalité-là avec des promesses dérisoires. Et bien nous ne voulons pas être les gestionnaires de cette société qui ne fonctionne bien que pour les plus riches ! Cette société-là, il faut la changer et le seul programme qui vaille pour les travailleurs, c’est la conscience qu’ils doivent s’organiser pour défendre leurs conditions d’existence et pour changer toute la société !
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Ce qui se passe avec la vaccination montre que la propriété capitaliste est devenue un obstacle au progrès de tous.
Des continents entiers dont l’Afrique ne reçoivent quasiment pas de vaccins. On a vu ce que cela donnait en Inde, pourtant réputée pour être, avec la Chine, « l’armoire à pharmacie mondiale » ! En transformant les vaccins en propriété privée ô combien rentable, les trusts pharmaceutiques ont des morts sur la conscience parce que chaque semaine de retard dans la vaccination coûte la vie à des milliers de personnes dans le monde.
Cette propriété capitaliste, la loi du profit, la concurrence nous empêchent d’agir collectivement et efficacement dans cette crise sanitaire, et c’est vrai dans tous les autres domaines.
Dans le cadre du capitalisme, il n’y pas de solution à la précarité, à la misère ou aux inégalités, puisqu’il est basé sur l’exploitation, et parce que la richesse des uns se fait sur l’appauvrissement des autres.
Il n’y a pas de solution au sous-développement, ni même à la famine, puisque tout se vend et s’achète, jusqu’au dernier grain de riz. À la moindre augmentation du cours des semences à la bourse de Chicago, ce sont des millions de femmes et d’hommes qui sont menacés de ne plus manger à leur faim ! Cela, alors que nous sommes capables de produire plus de nourriture qu’il n’en faut pour alimenter la population de la planète.
Dans le cadre du capitalisme, il n’y a pas non plus de solution à la crise climatique et écologique puisqu’au nom de leurs profits, les grands groupes capitalistes s’octroient le droit illimité d’exploiter les ressources naturelles comme ils le font pour les hommes. Quant à la concurrence, au marché et à la loi de l’offre et la demande, elles ne peuvent que conduire à la désorganisation et à un gaspillage inouï des ressources naturelles.
Et écoutez les bruits de botte : ils montent de tous les côtés. Aucune des tensions qui font du Moyen-Orient une poudrière ne sont en passe d’être résolues. Aucune de celles qui mettent régulièrement des régions d’Afrique à feu et à sang. Et c’est pareil dans l’est de l’Europe, pareil en Asie. Et dans ce contexte de guerre commerciale exacerbée, nous courons droit à une nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Chine, voire avec la Russie.
Voilà ce que nous réservent les lois du capitalisme et la domination de la bourgeoisie ! En présentant des listes communistes révolutionnaires à l’échelle de tout le pays, nous disons aux travailleurs, aux chômeurs, aux jeunes et aux retraités des classes populaires, ne donnez pas votre voix à des partis qui défendent ou se résignent à cet ordre social. Votez pour défendre les intérêts des travailleurs et affirmer qu’il faut construire une société sans loi du profit, sans concurrence, sans exploitation de l’homme par l’homme !
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Vous pouvez questionnez n’importe quel politicien, sur n’importe quel problème, il vous dira qu’il a une solution, qu’il sait ce qu’il faut faire concrètement.
En matière de sécurité par exemple, c’est « y’a ka faut kon » : tout le monde a une idée pour lutter contre la délinquance, des incivilités ou des trafics, sauf qu’ils se sont presque tous relayés au pouvoir sans jamais y mettre fin, parce que leurs solutions n’en sont pas.
Tant qu’il sera possible de toucher un mois de Smic en une journée de deal, les voyous trouveront dans les quartiers populaires des volontaires pour leur sale boulot !
Tant qu’une partie de la jeunesse sera abandonnée et rejetée par la société, les fanatiques religieux y trouveront des oreilles attentives. Et ce ne sont pas des peines de prison alourdies qui les retiendront.
La violence est le signe d’une société malade, d’une société en état de décomposition avancée justement à cause du chômage, de la misère et de la disparition de tout ce qui existait pour ne serait-ce que soigner les maladies psychiatriques ou pour répondre à la détresse sociale.
Et puis l’exemple vient d’en haut ! Le propre du capitalisme c’est l’individualisme, l’appât du gain, la cupidité et la loi du plus fort. C’est une société de l’argent facile où on réussit en écrasant l’autre, en l’exploitant.
La surenchère sécuritaire ne peut pas résoudre le problème de la violence et des comportements asociaux. C’est de la démagogie électorale qui peut faire des voix et quasiment tous les politiciens s’y engouffrent sans vergogne. Y compris en couvrant les exactions et les violences policières. Y compris quand cela conduit à alimenter les amalgames et les préjugés racistes contre les immigrés et contre les musulmans.
Si ces politiciens ne nous dirigent pas droit vers une nouvelle guerre, ils poussent la société sur une voie de plus en plus réactionnaire, de plus en plus marquée par le racisme, le rejet de l’autre, la xénophobie et le nationalisme .
Le courant réactionnaire et sécuritaire est tellement fort, que l’on a vu le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel et celui du PS, Olivier Faure, manifester aux côtés des policiers, de Darmanin, Zemmour et Bardella du Rassemblement national.
Et bien camarades, on est à contre-courant, mais il faut tenir et continuer de le dire : pour lutter contre l’insécurité, il faut lutter contre le chômage, la précarité et les inégalités ! Il faut demander des comptes à ces dirigeants à la tête des gouvernements et des grands groupes qui portent des costards-cravates et ont droit à tous les honneurs alors qu’ils sèment la misère ici et aux quatre coins du monde !
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Le gouvernement parle de reprise économique et de plan de relance. Mais même s’il y a une reprise des profits et des dividendes, cela ne signifie pas que l’économie va se développer pour nous, pour répondre enfin à nos besoins et pour que les générations futures vivent mieux.
La crise est devenue le mode de fonctionnement normal du capitalisme. Le capitalisme a plus de deux siècles. C’est un système qui est arrivé en bout de course avec des marchés saturés et une concurrence exacerbée, ce qui pousse la bourgeoisie à récupérer le maximum de profits sur le dos des travailleurs, au travers de l’exploitation.
Dans toutes les entreprises, le grand patronat aggrave les cadences, allonge le temps de travail et impose plus de flexibilité. En plus de nous faire trimer toujours plus et encore, les capitalistes pillent les caisses de l’Etat. Et tout cela pour quoi ?
Pour accumuler des capitaux qu’ils joueront au grand casino de la spéculation. Il y a quelques semaines, 1 000 milliards de dollars sont ainsi partis en fumée avec l’effondrement de la valeur du bitcoin. Si cela n’a pas débouché sur un krach généralisé, c’est bien ce qui peut arriver, demain, avec l’explosion d’une autre bulle spéculative.
Du matin au soir, les gouvernants nous expliquent qu’il faut des riches car ils font progresser la société grâce à leur esprit d’entreprise. En réalité, pour que ces Messieurs les capitalistes daignent investir une partie de leurs capitaux dans des investissements productifs, il faut que le gouvernement les supplie et surtout qu’il leur apporte tout sur un plateau : les terrains, les locaux, les financements, la formation des salariés, quand ce n’est pas le salaire lui-même. Il faut que l’État leur garantisse leur compétitivité et leur taux de profit.
C’est ce qu’il s’est passé avec les trusts pharmaceutiques. Ils ont d’abord largement profité des travaux sur l’ARN messager développés dans des laboratoires publics depuis une vingtaine d’année. Puis comme ils n’avaient pas les centres de production nécessaires, ce sont les États qui ont payé une grande partie des investissements et des machines. Et au final, par le jeu des lois sur la propriété privée, les vaccins sont devenus propriété de Pfizer, Moderna, AstraZeneca… leurs actionnaires se sont arrogés le droit de fixer leur prix, de décider à qui ils allaient les vendre – au plus offrant, bien sûr – et à quel rythme ils produiraient. C’est-à-dire qu’ils se sont octroyé un droit de vie ou de mort sur la population pour engranger leurs profits.
C’est un système qui est devenu complètement, fou, décadent, avec à sa tête, une classe de plus en plus parasitaire.
Il faut demander des comptes à la bourgeoisie et défendre la perspective de lui enlever les rênes de la société en l’expropriant. Cela a été l’objectif des premières générations de militants qui se sont réclamés du socialisme puis du communisme. Il doit rester celui de tous ceux qui visent à l’émancipation des exploités !
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Travail, salaire, logement, santé, retraite, problèmes avec l’administration… vu tout ce qui peut nous tomber sur la tête, il est parfois difficile de savoir par quel bout se battre. Il est encore plus difficile de se dire que l’on doit demander des comptes à la classe capitaliste parce que pour la plupart d’entre nous, c’est un monde lointain et abstrait.
Même avoir conscience d’appartenir à un même camp n’est pas simple car la société écarte et marginalise de plus en plus de femmes et d’hommes : c’est la précarité qui fait qu’on a un pied dans l’entreprise et l’autre dehors. C’est le chômage intermittent ou total. C’est l’invalidité qui fait perdre tout espoir de reprendre un travail. Et puis il y a le monde des retraités qui ont beaucoup donné à la société et celui des jeunes qui ne savent pas encore à quelle sauce ils seront mangés.
Et puis il y a toute la diversité du monde du travail : ceux qui travaillent dans des petits commerces, ceux dans le secteur public qui ont l’État pour patron. Il y a les salariés des associations, et il y a de plus en plus d’exploités déguisés en auto-entrepreneur ou freelance. Même les salariés qui travaillent pour les grands groupes sont maintenant séparés par des filiales et autres entreprises sous-traitantes.
Entre la grande bourgeoisie et nous, il y a donc une série d’intermédiaires qui font écran et il est parfois difficile de faire le lien entre les décisions et l’enrichissement de cette classe capitaliste et les reculs et les privations que nous subissons tous au jour le jour.
Mais nous travaillons tous pour faire prospérer cette classe sociale parce que le capitalisme est une immense machinerie qui aspire toutes les richesses à un pôle, et parce que nous jouons tous un rôle dans le système productif.
Comment ferait le patronat sans le personnel de santé pour soigner les salariés ? Comment ferait-il sans les nourrices et les enseignants capables de garder les enfants pour permettre aux parents d’aller au boulot ? Comment ferait-il sans les transports publics ? Derrière les mille et une situations individuelles, nous formons une seule et même chaîne nécessaire et indispensable à la bourgeoisie.
Alors il ne faut pas raisonner à l’échelle individuelle. Il faut réaliser que derrière la diversité des cas particuliers, nous partageons un sort commun. Nous avons tous le même besoin : il faut pouvoir gagner notre vie. Eh bien il faut commencer par-là !
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Nous avons tous besoin d’un emploi pour vivre. Et bien, il faut travailler tous ! Même quand il y a moins de travail à faire, il faut conserver tous les emplois et refuser que les CDD et les intérims soient mis à la porte.
Il y a moins de travail ? On peut le répartir entre tous, diminuer la charge de travail, baisser les cadences, réduire la journée de travail, bien sûr sans diminuer les salaires. Si nous ne voulons pas être traités comme des machines que l’on branche, débranche et met au rebus en fonction des fluctuations du marché, il faut imposer la répartition du travail entre tous.
Quasiment tous les politiciens, comme les directions syndicales, brandissent le mot d’ordre de « relocalisation ». En faisant miroiter des relocalisations et des emplois que le patronat n’a d’ailleurs aucune intention de faire, ils font diversion et orientent la colère des travailleurs contre d’autres travailleurs, les ouvriers polonais, marocains, chinois transformés en concurrents.
Il n’y a pas besoin de « ramener » du travail en France. Du travail, il y en a ! Dans les hôpitaux et les Ehpad, les directions imposent le travail en 12h et font pression sur le personnel pour qu’il renonce à ses congés. C’est qu’il y a du travail ! Combien d’entreprises ont banalisé les heures supplémentaires, les périodes où il faut enchaîner des semaines de 44h, voir plus ? On ne compte plus les salariés usés, abîmés par le travail et devenus inaptes à cause de ces cadences infernales. Et je ne parle même pas des besoins qui ne sont pas satisfaits, des logements qu’il faudrait construire, des transports publics qu’il faudrait développer.
Le problème n’est pas le manque de travail, c’est que la bourgeoisie veut payer le moins de salaires possibles. Eh bien, il faut la faire payer parce que cette répartition du permettrait de supprimer le chômage. Elle donnerait des perspectives à la jeunesse. Elle transformerait notre vie à tous !
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Après Sarkozy, Macron et ses ministres aiment dire qu’il faut que le travail paye. Mais le travail ne paye pas ! Des millions de salariés sont au Smic et ne touchent même pas 1200 € net, et je ne parle pas de ceux qui sont à temps partiel. Non, dans cette société, ce qui rapporte, ce n’est pas le travail, c’est l’exploitation qui enrichit la classe capitaliste et lui permet d’accumuler rentes et dividendes de façon vertigineuse sans rien faire de ses dix doigts.
À côté de cela, combien d’ouvriers du bâtiment passent leur vie à construire des logements sans parvenir à se loger correctement ? Combien d’employés dans les Ehpad n’ont pas suffisamment d’argent pour payer une place dans une maison de retraite à leurs propres parents ? Une voiture sort toutes les 60 secondes des chaînes de montage automobile ; parmi les ouvriers qui les fabriquent, combien roulent dans une vieille voiture ? Et dans la région parisienne, combien n’ont même plus le droit de rouler depuis que les Crit’Air 4 sont interdites ?
L’écrasante majorité de la bourgeoisie a effacé les pertes de la crise, mais pour des millions de travailleurs qui ont subi le chômage total ou partiel, cela mettra des mois, voire des années.
Alors il faut remettre en avant l’objectif de prendre sur les profits pour augmenter les salaires, les allocations et les pensions. Et comme les prix recommencent à remonter dangereusement, il faut imposer l’indexation des salaires sur l’inflation !
Au plus fort de la crise, Macron avait déclaré : « Il nous faudra nous rappeler que notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ». Pour lui, ce n’était que des mots en l’air. Mais pas pour nous. Encore une fois, l’utilité sociale, ce sont les travailleurs qui l’incarnent. L’utilité des actionnaires et du grand patronat est nulle. C’est la bourgeoisie qui dépend de nous, pour tout, y compris pour se faire à manger et garder ses enfants. Nous lui servons à tout, elle ne nous sert à rien !
Alors il faut dire haut et fort : nos emplois doivent passer avant les profits, nos salaires avant les dividendes ! Nos conditions de travail et de vie avant la course à la rentabilité ! Les travailleurs d’abord !
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On ne peut pas faire confiance au grand patronat. Dans la crise sanitaire, combien de patrons ont caché les cas de Covid au risque de nous faire tomber malade ?
C’est souvent grâce au contrôle et à l’intervention des salariés eux-mêmes que les mesures sérieuses de protection ont pu se mettre en place. Et bien c’est la preuve qu’il faut mettre le grand patronat sous contrôle. Le contrôle des travailleurs est le seul moyen de s’opposer aux mensonges, aux chantages et aux tripatouillages patronaux consistant toujours à dire qu’il est impossible d’augmenter les salaires car c’est la crise et qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses.
C’est avec ce mensonge que Renault justifie de supprimer 15 000 emplois à l’échelle du groupe alors qu’il a accumulé 10 milliards des profits sur les dix dernières années. C’est avec ce mensonge que Carrefour, Ikea, Amazon refusent d’augmenter les salaires alors qu’ils ont cassé la baraque pendant la crise. Car la pandémie a été une aubaine pour de nombreux capitalistes. C’est vrai pour les Google, Facebook, ou encore pour la grande distribution. Toutes guerres et toutes les crises connaissent ça : pendant que les uns pleurent leurs morts, les autres comptent leurs profits.
Pour que le monde du travail ne soit pas l’éternel sacrifié, il faut mettre le grand patronat sous contrôle. Tous les politiciens vantent la démocratie et la transparence, mais elles s’arrêtent aux portes des entreprises, c’est-à-dire là où se joue une grande partie de nos conditions de vie et là où sont prises des décisions qui impactent toute la société.
Les principaux actionnaires, ceux qui ne mettent jamais un pied dans l’entreprise, et qui ne savent peut-être même pas ce qu’elle produit, peuvent tout connaître des véritables comptes, pas les travailleurs qui produisent les richesses. On n’a pas à l’accepter !
Et puis il y a l’État et les régions qui inondent le grand patronat d’argent public. C’est ce que Macron a appelé le « quoi qu’il en coûte ». Mais il faut bien comprendre que c’est quoi qu’il en coûte aux travailleurs, aux classes populaires, parce que c’est à nous que le gouvernement va présenter la facture.
Le plan de relance du gouvernement est de 100 milliards. Ces 100 milliards pourraient financer la création de 2,7 millions d’emplois par l’État lui-même dans la santé, l’éducation, les transports publics. Ils pourraient servir pour construire des logements respectueux de l’environnement sans en passer par les promoteurs privés, par exemple. Ou encore pour créer un grand pôle pharmaceutique qui ne soit pas propriété privée de quelques capitalistes.
Au lieu de cela, le gouvernement confie ces milliards au grand patronat. Et bien si l’on veut que l’argent serve à relancer l’emploi et les salaires et qu’il ne parte pas dans des caprices de riches ou dans la spéculation, il faut imposer un contrôle ouvrier. Si l’on veut empêcher le pillage des caisses publiques ou lutter contre l’évasion fiscale, il faut le contrôle ouvrier. Si l’on veut s’assurer que les richesses de la société servent à satisfaire les besoins de toute la société, il faut le contrôle ouvrier !
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En l’absence de grandes luttes dans les entreprises, le mouvement des gilets jaunes fait référence pour de nombreux travailleurs. Et il a, en effet, montré que la colère pouvait exploser sans qu’on la voie venir, sans même qu’aucune grande organisation syndicale ou politique ne s’en mêle. On a vu qu’elle pouvait être portée par des ouvriers de petites entreprises, des aides à domicile, des mères de famille, des chômeurs, des retraités mais aussi par des commerçants, des artisans, voire par des petits patrons.
Mais il faut souligner aussi que ce mouvement qui était né sur la question du pouvoir d’achat n’a jamais mis en avant l’objectif de l’augmentation des salaires.
L’absence des gros bataillons de la classe ouvrière mobilisée à partir des entreprises a sans doute pesé. Le fait aussi qu’il y ait dans le mouvement des petits patrons, mais ils n’étaient pas les plus nombreux.
Et force est de constater que même les salariés engagés dans le mouvement n’ont pas mis en avant cette revendication pourtant fondamentale.
D’abord parce qu’ils ne se voyaient pas demander des comptes à leur patron. Mais aussi parce qu’il y avait aussi tous ceux qui pensaient, et qui pensent toujours, qu’augmenter les salaires n’est pas possible.
Il ne faut pas en être surpris ! Ce sont les idées patronales qui dominent la société. Les patrons n’ont même plus besoin de les défendre eux-mêmes, les journalistes les nombreux chroniqueurs économiques, les intellectuels et les politiciens s’en chargent, du matin au soir.
Tous ne raisonnent que du point de vue patronal. Et combien de salariés se laissent convaincre que le patronat paye déjà beaucoup de « charges » et qu’il lui est impossible d’augmenter les salaires ou de faire des embauches ? Combien de salariés renoncent d’eux-mêmes à revendiquer ce qui leur est indispensable ?
Alors, il ne suffit pas de vouloir se battre. Il faut raisonner en travailleur, à partir de nos besoins, de nos intérêts de nos revendications. Augmenter les salaires va à l’encontre des lois de la compétitivité, du profit et de la concurrence ? C’est vrai !
Mais ces lois ne sont pas des lois de la nature, elles ne profitent qu’à la bourgeoisie et conduisent toute la société à la catastrophe. La société doit et peut fonctionner sur d’autres bases, alors pour défendre nos conditions d’existence préparons-nous à combattre ces lois capitalistes.
Avant que de nouvelles explosions sociales ne nous rattrapent, il faut que cette conscience de classe grandisse. C’est la raison d’être de notre présence dans ces élections.
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Les intérêts capitalistes s’immiscent dans tous les domaines de la vie sociale, dans la santé, le social, le handicap, la dépendance, l’éducation… La bourgeoisie veut que tout rapporte du profit, que tout soit rentable et concurrentiel, parce qu’elle lorgne sur tout ce qui est possible pour faire fructifier ses capitaux.
Si demain elle trouvait le moyen de faire des profits avec l’air que nous respirons, elle nous le ferait payer !
Dans cette crise sanitaire, on a payé les conséquences de la gestion capitaliste des hôpitaux, le paiement à l’acte et la recherche de rentabilité à tous les étages. On paye aujourd'hui le monopole des trusts pharmaceutiques sur la fabrication des vaccins.
Toute notre organisation sociale est dominée et dirigée par un grand patronat qui n’est responsable que vis-à-vis des actionnaires. Il ne s’agit pas de cupidité individuelle, c’est toute la logique du système que de pousser toujours plus à l’accumulation. Pour rester dans le haut panier, il lui faut être le plus gourmand, le plus rentable, il lui faut être le plus rapace des rapaces. Vis-à-vis de la société, la classe capitaliste ne peut qu’être irresponsable.
Pour le monde du travail, c’est le contraire. On a vu pendant la crise sanitaire que les travailleurs étaient responsables pour deux. Ils ont non seulement tenu leurs postes essentiels, la peur au ventre et avec dévouement lors du premier confinement, mais ils ont aussi été à l’origine de mille et une initiatives. Ils ont organisé la solidarité dans les quartiers populaires pour distribuer de la nourriture, des livres, pour coudre des masques.
Le camp des travailleurs n’a pas d’autres intérêts que ceux de l’écrasante majorité de la population. Quand les salariés des hôpitaux se battent contre les suppressions de lits et pour de meilleures conditions de travail, ils se battent pour l’intérêt général. Quand ceux des transports se battent pour que la maintenance ne se fasse pas au rabais ou pour que des lignes ne soient pas vendues à des capitalistes privés uniquement soucieux de faire de l’argent, ils se battent pour les intérêts des usagers. Et quand des salariés se battent pour ne pas être licenciés ou pour empêcher la fermeture de leur entreprise, ils se battent pour eux et ils se battent contre le chômage. Ce sont même les seuls dans cette société qui se battent contre le chômage !
Alors il faut que les travailleurs revendiquent avec fierté la direction de la société, le pouvoir sur l’économie et le pouvoir politique.
Au pouvoir, les travailleurs ne seraient pas aveuglés par l’accumulation du capital. Nous serions guidés par les intérêts communs au plus grand nombre : satisfaire les besoins vitaux de tous non seulement à l’échelle de la France, mais du monde tout entier. Et bien votez pour des listes LO qui affirment que les travailleurs font tourner la société, qu’ils doivent la diriger !
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Il y a déjà eu dans l’histoire des gouvernements ouvriers. C’est le cas de la Commune de Paris qui, il y a tout juste 150 ans, était écrasée dans le sang par une bourgeoisie affolée d’avoir perdu le pouvoir sur Paris. La Commune de Paris n’a pas duré longtemps, 72 petits jours. Mais en deux mois et demi, elle a montré que les travailleurs pouvaient diriger la société.
Alors que la bourgeoisie avait toujours expliqué qu’ils en étaient incapables, les ouvriers parisiens ont dirigé une ville de deux millions d’habitants, qui était assiégée, à court d’argent, sous la menace d’une sanglante guerre de classe. Dans l’administration de la Commune, il n’y avait pas de banquiers ni de boursicoteurs, mais des ouvriers, des instituteurs, des artisans.
Et contrairement à ce qui se passe aujourd'hui où les problèmes des classes populaires sont le cadet des soucis de ceux qui détiennent le pouvoir, les élus de la Commune se sont immédiatement attelés à les résoudre. Et ils ont trouvé des solutions pour nourrir la population, la loger ou encore éduquer tous les enfants sans distinction.
En massacrant les communards, la bourgeoisie a voulu effacer cet exploit des mémoires ouvrières. Elle n’y est pas parvenue et 150 après la mort de la Commune, l’idéal d’une société égalitaire, gérée par les travailleurs eux-mêmes, vit toujours.
Et tant qu’il restera des exploiteurs et des exploités, il y aura des travailleurs et des militants pour faire vivre cet idéal !
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La crise actuelle peut déboucher sur le meilleur comme le pire. Le pire c’est que la colère sociale se transforme en désespoir en l’absence de remontée ouvrière.
Dans ce cas, les idées réactionnaires continueront de monter comme elles le font aujourd'hui avec les Le Pen, les Zemmour, Dupont-Aignan, avec les admirateurs de Napoléon, les généraux en manque de coup d’État. Et on ne peut pas exclure que demain, Le Pen accède au pouvoir et que la société devienne encore plus dure et autoritaire.
Il y a aujourd'hui des femmes et des hommes, y compris dans le monde du travail, qui se revendiquent anti-immigrés, voire suprématistes et qui sont prêts à s’enrôler derrière des perspectives fascisantes. C’est un grave danger pour tous les travailleurs et il ne sera pas conjuré dans les urnes, par un je ne sais quel front républicain.
L’influence du RN dans la classe ouvrière provient du désarroi engendré par les reniements des gouvernements de gauche qui prétendaient représenter leurs intérêts. Elle exprime le rejet de la gauche, alors ce n’est certainement pas en s’alignant derrière ces partis que l’on peut combattre le vote Le Pen.
Contre le danger d’extrême droite, il faut que les travailleurs offrent des perspectives pour changer la société. C’est dans le combat contre les injustices sociales et l’exploitation que le monde du travail pourra unifier toutes ses composantes indépendamment des religions, des groupes ethniques, des origines nationales ou je ne sais encore quelle division barbare. C’est d’ailleurs lors de ces affrontements sociaux que Le Pen montrera son vrai visage : celle d’une politicienne bourgeoise à plat ventre devant le grand patronat.
Les mensonges du Rassemblement National et sa démagogie portent parce que les travailleurs ne se battent pas sur leur terrain, parce qu'ils ne réagissent pas face à toutes ces attaques.
La clé de la situation est, je le redis, dans la reprise des luttes collectives. Celles-ci ne dépendent pas de nous. Celui qui les déclenchera, c’est ce grand patronat arrogant qui se permet tout.
En revanche, ce qui dépend de nous et de notre capacité militante, c’est d’offrir des objectifs de lutte à même de mettre le monde ouvrier en situation de force quand il se lancera dans le combat et c’est de faire vivre les perspectives révolutionnaires.
Alors, loin des calculs électoraux, il faut montrer qu'il y a encore dans la classe ouvrière des femmes et des hommes qui connaissent la seule voie pour sortir la société de l’ornière : lutter contre la bourgeoisie, faire reculer l’exploitation pour finir par la supprimer.
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La bourgeoisie a une ribambelle de partis.
Il y a les partis de droite et d’extrême droite qui assument leur adhésion totale à l’ordre social capitaliste et leur dévouement à la grande bourgeoisie.
Et puis, il y a les partis de gauche, que l’on a vu maintes fois au pouvoir piétiner leurs propres engagements et les promesses faites aux travailleurs pour servir les intérêts patronaux.
Ces partis de gauche puisent aujourd'hui leur inspiration chez Biden, le candidat de Wall Street et le président de la première puissance impérialiste du monde. Cela ne dit rien de Biden, mais cela en dit long sur ce qu’est devenue la gauche. Cela montre qu’elle est tombée bas et qu’elle n’a plus grand chose à voir avec le mouvement ouvrier.
Tous ceux qui veulent changer la société doivent tirer leur inspiration et leur force auprès du monde du travail. En partant des sentiments, des besoins, des intérêts et des luttes des travailleurs, des petites comme des grandes. Ils doivent tirer leur inspiration du présent et du passé du mouvement ouvrier, où il a existé des partis ouvriers révolutionnaires, en France et dans bien d’autres pays.
Pour ne pas toujours retomber dans les mêmes erreurs et les mêmes pièges, ils doivent chercher leur boussole dans le capital politique que nous ont légué des dirigeants tels que Marx, Engels, Rosa Luxembourg mais aussi Lénine et Trotsky.
L’histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire nous enseigne que notre force, c’est la force collective du monde du travail. Elle nous enseigne que ce sont les exploités, les opprimés qui ont fait progresser la société, par en-bas, contre les dirigeants de l’ordre établi.
Elle nous enseigne que les politiciens à la recherche de compromis et de solutions acceptables par la bourgeoisie ne peuvent que trahir les intérêts des exploités.
Oui, ceux qui n’imaginent pas d’autre société que celle régie par la loi du profit, du marché et de la concurrence condamnent les travailleurs à leur sort d’exploités.
Alors, il faut un parti pour le camp des travailleurs. Ce parti doit être communiste révolutionnaire.
L’état d’esprit des travailleurs est loin de la conscience nécessaire pour renverser la société capitaliste. Mais la crise va déclencher des explosions de colère qui nous surprendront et qui accélèreront la politisation des nôtres car c’est dans les luttes collectives massives et déterminées que les travailleurs peuvent réaliser ce dont ils sont capables collectivement.
Dans ces moments-là, la conscience peut faire des bonds, à condition qu’il y ait des militants et un parti pour défendre les idées révolutionnaires. Et c’est alors que tout deviendra possible.
Sur les réseaux sociaux ou Youtube, ce ne sont plus les idées complotistes ou d’extrême droite qui seront recherchées, mais les idées révolutionnaires et internationalistes ! Et surtout, on verra le meilleur de la jeunesse et des intellectuels, aujourd'hui obnubilés par leur carrière, se mettre au service des masses révolutionnaires pour construire une tout autre société.
Mais encore une fois, pour ces moments-là, rares dans l’histoire, l’existence d’un parti révolutionnaire est décisive.
Il restera minoritaire et à contre-courant tant qu’il n’y a pas de remontée de luttes puissantes, mais il permettra aux femmes et aux hommes, à la jeunesse révoltée par le capitalisme de se préparer et de propager dès aujourd'hui la conscience de classe si nécessaire au monde du travail.
Son existence dépend de la présence militante dans les entreprises et les quartiers populaires pour intervenir dans les problèmes quotidiens et il dépend aussi de sa présence dans les combats électoraux comme ces élections régionales.
Alors dimanche prochain, montrons qu’il y a, dans le monde du travail, des femmes et des hommes qui aspirent à la révolution sociale, au renversement du capitalisme, à l’expropriation de la bourgeoisie et veulent se battre pour le pouvoir aux travailleurs !