Fête de Lutte ouvrière : discours de Nathalie Arthaud, samedi 28 mai 202228/05/20222022Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

Brochure

Fête de Lutte ouvrière : discours de Nathalie Arthaud, samedi 28 mai 2022

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Chers amis, chers camarades,

    Comme vous le savez, nous sommes en pleine campagne électorale pour les élections législatives. C’est la raison pour laquelle je suis aujourd'hui entourée de mes camarades, qui sont, comme moi, candidats pour Lutte ouvrière.

    Il y a Jean-Pierre Mercier, cariste dans l’automobile, candidat dans les Yvelines, Nadia Bouhami, brancardière à l’hôpital, candidate dans le Rhône, Kevin Gardeau, ouvrier de la propreté à la métropole de Tours, Béatrice Ruault, aide à domicile, candidate en Vendée…

    Je n’ai pas le temps de tous les citer et la scène n’est pas assez grande pour faire monter les 554 candidats que nous présentons, mais j’en profite pour tous les saluer ainsi que leurs 554 suppléants.

    Je précise qu’il y a des candidats dans toutes les circonscriptions de la métropole et de la Réunion et grâce à nos camarades de Combat ouvrier, nous sommes aussi présents en Martinique et en Guadeloupe.

    Ils sont à l’image du monde du travail : la plupart sont en activité, d’autres au chômage ou entre les deux. D’autres sont à la retraite ou, à l’inverse, encore étudiants. Il y a tous les statuts, des salariés du privé, des fonctionnaires, des indépendants aussi, des chauffeurs de taxi, des informaticiens free-lance. Et à l’image des classes populaires, ils ont souvent des origines qui les rattachent aux quatre coins du monde.

    Aucun n’est politicien professionnel. Aucun ne vendra ses convictions ou sa révolte contre le système capitaliste pour faire carrière !

    Notre combat est celui de notre classe : nous battre pour défendre nos salaires, nos emplois, les conditions dans lesquelles on nous soigne et éduque nos enfants, nos conditions de transport, notre droit à une retraite digne.

    Nous partageons les préoccupations des familles populaires, leurs angoisses, leurs galères quotidiennes et si nous étions élus, nous représenterions infiniment mieux la population laborieuse que les beaux parleurs, issus, dans leur écrasante majorité des milieux privilégiés, quand ils ne sont pas politiciens de père en fils et en fille.

    Dans cette campagne nous affirmerons ce que j’ai défendu lors de la présidentielle : notre sort ne doit pas dépendre de la grande bourgeoisie et de son petit personnel politique !

    Que ce soit pour nos affaires quotidiennes, ou pour la marche du monde, ils nous mènent à la catastrophe ! Alors, le monde du travail doit retrouver la volonté d’agir par lui-même. Il doit renouer avec ce qui fait sa force : les luttes collectives.

    Il n’y a rien à attendre d’en haut, des institutions, c’est à nous de nous organiser et de nous battre pour nous faire respecter et mais aussi pour changer toute la société !

    Quand on est convaincu de cela, il faut le dire et le défendre dans toutes les circonstances. C’est pour cela que nous sommes présents aux législatives, et nous appelons tous ceux qui partagent cette confiance dans le monde du travail à voter pour faire entendre le camp des travailleurs !

    *********

    Face à la flambée des prix, l’augmentation et l’indexation des salaires !

    Macron est donc investi pour un second mandat, son gouvernement est nommé et pour l’essentiel, c’est du réchauffé. Mais avec toutes les casseroles que les uns ou les autres se trimballent, avec les emballements et les polémiques dont le monde politicien et médiatique ont le secret, les commentateurs passent des heures à commenter un spectacle où il ne se passe rien.

    Pendant ce temps, toute l’économie est en train de se détraquer, les prix s’envolent à la pompe à essence comme dans les rayons des supermarchés.

    C’est une catastrophe pour tous ceux qui n’arrivaient déjà pas à joindre les deux bouts. Et elle le devient pour des millions d’autres. Et à quoi avons-nous droit du matin au soir ? A des leçons de consommation, comment acheter malin, comment réduire le prix du caddy ou chasser les promos !

    Pour que les pauvres se serrent la ceinture, il y en a toujours qui ont des idées ! Mais quand le kilo de tomates vaut 5 euros, quand le prix de l’huile ou du poulet double, il n’y a pas le choix, il faut se priver. Quand l’essence est à 2 euros le litre, il faut rouler moins ou laisser la voiture au garage !

    Et ce n’est que le début ! Tout se conjugue pour aggraver le chaos économique : la désorganisation consécutive au Covid, la guerre en Ukraine et les sanctions économiques contre la Russie, les confinements en Chine et la paralysent d’une partie des échanges internationaux, la sécheresse et les épisodes de chaleur, et surtout la spéculation…

    Car les prix n’augmentent pas tout seuls. Une fraction de la classe capitaliste en est à l’origine. Le tournesol vient certes de Russie et d’Ukraine, mais c’est avec les récoltes de l’an dernier qu’a été fabriquée l’huile qui vient d’augmenter de 40 %. C’est le pétrole acheté il y a des mois qui nous est vendu aujourd'hui à prix d’or. Pour le plus grand bonheur du secteur pétrolier, et de TotalEnergie qui a multiplié par deux ses profits.

    Certains artisans et commerçants hésitent à répercuter l’augmentation de leurs charges sur leurs propres prix, mais ce n’est pas le cas des groupes capitalistes les plus puissants. Les trusts automobiles ont par exemple pris les devants en augmentant considérablement les prix des voitures.

    Dans les crises, les gros ont toujours les moyens d’imposer leur loi. Mieux, ils trouvent de nouvelles opportunités pour profiter de la situation.

    Ce qu’on appelle l’inflation est une injustice de plus, un prélèvement de plus sur les travailleurs qui s’ajoute à l’exploitation et qui nous appauvrit, tout cela au profit de la minorité capitaliste qui domine l’économie.

    C’est un enjeu de la lutte de classe qui prend aujourd'hui une importance cruciale. Eh bien, cette lutte de classe, il faut la mener !

    Depuis trop d’années nous laissons la classe capitaliste encaisser les profits que nous produisons collectivement. Aujourd'hui nous n’avons plus le choix : pour ne pas nous appauvrir, il faut que nous nous battions pour que ces profits nous reviennent en salaire et en pouvoir d’achat. Dès que les prix augmentent, il faut augmenter les salaires, les allocations et les pensions de la même proportion !

    ********

    Il faut se battre !

    Tout le monde reconnaît qu’il faut augmenter les salaires, le ministre de l’économie, le patron du Medef, tous les dirigeants politiques. Ils le disent tous ! Sauf que les salaires n’augmentent pas.

    Les rares augmentations de 2 ou 3 % dans le privé, ne compensent même pas l’envolée des prix. Dans la fonction publique, le point d’indice qui détermine les salaires n’a pas été débloqué. Les retraités, ils attendent toujours la revalorisation de leur pension !

    L’État rechigne à augmenter ses propres salariés et gagne du temps, par manque d’argent.

    Quant au grand patronat, il a, lui, de l’argent par-dessus la tête, mais il ne veut pas payer. Et comme toujours, le gouvernement ne veut pas le contraindre.

    À la place, il cherche des subterfuges : primes et heures supplémentaires défiscalisées ; chèque alimentaire ; ristournes sur l’essence… Toutes ces mesures, payées par les impôts, c’est-à-dire par chacun d’entre nous, ne sont que des pis-aller. Elles ne sont pas prises pour que l’on ne s’appauvrisse pas, mais pour que l’on supporte cet appauvrissement.

    Alors même que les profits faramineux se sont accumulés l’année dernière ! L’année 2021 fut même une saison exceptionnelle pour la grande bourgeoisie. En témoignent les 160 milliards de profits comptabilisés par les entreprises du Cac 40 et les 80 milliards distribués aux actionnaires.

    Alors, oui, il y a de l’argent pour augmenter les salaires, il y a de l’argent pour les retraites et il y a même de l’argent pour embaucher et en finir avec ce chômage de masse : il faut prendre sur les profits du grand patronat.

    Toutes les entreprises ne seraient pas en mesure de le faire ? Qu’elles fassent la transparence sur leurs comptes, qu’on lève le secret des affaires et on verra qui fait son beurre sur le dos des autres !

    Ces derniers jours ont connu plusieurs grèves, dont celle emblématique, à Châtellerault de 550 coutières fabriquant des sacs Vuitton. C’est entre autre grâce à leur travail que Bernard Arnault a encaissé deux smic à la minute au titre de ses bénéfices de 2021. Et bien, ces ouvrières n’ont pas accepté l’aumône proposée par leur patron, elles ont fait grève pendant trois jours. Elles ont non seulement arraché 100 € nets d’augmentation, mais elles ont fait la preuve que lorsque l’on se bat uni et déterminé, on peut forcer le grand patronat à mettre la main au portefeuille.

    Alors, le plus important, pour nous, n’est pas ce qui va se passer à l’Elysée, à Matignon ou à l’Assemblée nationale. C’est ce qui va se passer dans les entreprises, c’est notre capacité à nous rassembler, à nous organiser et à nous battre contre un système aussi fou !

    ********

    L’aggravation de la crise

    Il va falloir que le monde du travail retrouve sa combativité. Parce que la crise s’aggrave et le grand patronat, main dans la main avec le gouvernement, va l’utiliser comme prétexte, pour continuer d’attaquer la condition ouvrière.

    Depuis la pandémie, nombre d’entreprises continuent de tourner au ralenti faute d’approvisionnement. D’autres sont prises à la gorge par les délais ou les prix demandés par leurs fournisseurs. Le système productif et les chaines d’approvisionnements sont en pleine désorganisation.

    Qui tiendra le choc ? Combien d’entreprises fermeront ? Combien de travailleurs vont se retrouver réduits au chômage partiel ou au chômage tout court ?

    Le choc attendu est souvent comparé à celui de la crise pétrolière de 1971. Et ce qui est sûr, c’est que les maîtres de l’économie comme leur personnel politique sont dépassés par la situation, en particulier par l’envolée des prix.

    Et oui, qu’est-ce que vous voulez, ce sont les lois du marché : la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande. S’il y a plus de demande que d’offre, les prix montent. C’est tant mieux pour le vendeur et pour le spéculateur qui anticipe le mouvement et l’aggrave. C’est tant pis pour celui qui ne peut plus payer.

    Tant pis pour celui qui ne peut ni se ravitailler en gaz ou en pétrole et qui ne peut même plus faire bouillir de l’eau, comme c’est le cas au Sri Lanka ! Tant pis pour les pays pauvres qui manqueront de blé, comme l’Égypte, le Congo, le Liban, la Libye ou la Somalie. Tant pis pour les millions de femmes et d’hommes qui vont plonger dans la famine, quand ils n’y sont pas déjà, comme au Yémen, en Ethiopie, au Soudan du Sud et à Madagascar.

    Ici, en France, on ne mourra peut-être pas de faim. Mais la société va reculer, avec plus de misère, de privations, de dénuement et de maladies de toutes sortes.

    L’État assure qu’il amortira le choc et qu’il est prêt à consacrer 20, 30, 50 milliards pour aider la population et les entreprises à faire face. Mais il n’interdit rien aux spéculateurs ! Il les laisse nous faire les poches et puiser, une fois de plus, dans les caisses publiques !

    Ces 20, 30 ou 50 milliards, l’hôpital public en a besoin pour ne pas sombrer. Et où vont-ils atterrir ? Comme toujours, dans les fortunes privées des grands actionnaires !

    Les plus grands voleurs, les plus dangereux criminels, les assassins de masse, sont les exploiteurs, les spéculateurs, les profiteurs. C’est la classe capitaliste qui domine l’économie et qui est en train de ruiner la classe productive à la base de toute la société.

    Il ne faut pas l’accepter ! Nous devons nous battre pour défendre nos conditions d’existence mais aussi pour empêcher ces irresponsables de nuire à toute la société !

    Il faut rendre publiques les comptabilités, les agissements et les malversations des capitalistes ! Il faut contester leur pouvoir et tout leur système, parce qu’ils nous mènent dans le mur.

    *********

    La guerre

    On le voit à l’échelle internationale : si nous laissons faire les gouvernements, leurs états-majors, leurs diplomates et tous ceux qui s’activent dans leur ombre, nous courons droit vers une nouvelle guerre mondiale.

    Car la guerre en Ukraine n’est pas seulement une guerre de plus. Elle met aux prises deux grandes puissances, la Russie et les États-Unis, et elle est déjà en train de se généraliser. Le simple fait que tous les pays soient forcés de se positionner crée un système d’alliance qui prépare l’étape suivante : celle d’un affrontement concernant bien d’autres pays.

    Personne ne se risque à dire où nous en serons dans un, deux ou trois mois. Tous les militaires, et ils sont nombreux à se succéder désormais sur les chaînes de télé, nous expliquent que la guerre a sa propre logique et qu’un engrenage militaire peut mener à la future guerre mondiale. Et ils ne s’amusent pas seulement à nous faire peur !

    Les Biden et Cie sont loin de tout maîtriser. Poutine ne s’est-il pas trompé sur la volonté et la capacité de résistance des ukrainiens ?

    Et on le sait, les dirigeants sont capables de plonger le monde entier dans les pires barbaries. Ils l’ont fait par deux fois au 20ème siècle. La première guerre mondiale devait être de l’avis de tous ceux qui l’ont vécue, la « der des der », c’est-à-dire la dernière des dernières ! Eh bien, vingt ans plus tard, les mêmes dirigeants ont été impuissants à empêcher la seconde guerre mondiale !

    Les images qui nous viennent d’Ukraine nous rappellent que l’horreur est à deux jours de voiture. Mais cette guerre s’installe comme un bruit de fond, un drame de plus, qui ne nous concerne que de loin.

    C’est une erreur ! Cette guerre a déjà des répercussions décisives sur nos vies et la France y est militairement engagée. Le gouvernement français s’enorgueillit de livrer les canons César qui tirent à 40 km avec une précision excellente, paraît-il ! 500 militaires français sont déployés en Roumanie ; le porte avion Charles de Gaulle est en faction dans la Méditerranée dans le cadre de cette guerre. Qu’on le veuille ou non, la France y a les deux pieds dedans !

    Et elle ne s’y est pas engagée pour défendre l’indépendance et la liberté de l’Ukraine. Macron se moque autant de la population ukrainienne que de la population malienne que l’armée française était censée sauver et dont elle s’est fait détester. Ce qui l’a forcée à se retirer du Mali.

    En Ukraine, la France joue les seconds couteaux dans ce qui est une guerre impérialiste. Car si c’est Poutine qui a déclenché la phase actuelle des hostilités, les États-Unis mènent cette guerre pour étendre leur influence à l’est de l’Europe !

    Alors, il n’y a aucune raison de faire confiance en Macron et de le soutenir dans cette guerre ! Cette guerre n’est pas notre guerre !

    À l’heure où les bruits de botte se font entendre de plus en plus intensément, il faut garder en tête ce qu’avait écrit Anatole France au lendemain de la première guerre mondiale : « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les profits des industriels ».

    Pour ne pas se faire saigner aujourd'hui, et pour ne pas mourir demain pour les profits des industriels, il faut la transparence sur l'industrie militaire, la confiscation des bénéfices de guerre et l’expropriation de tous les capitalistes qui cherchent d’une façon ou d’une autre à profiter de la guerre.

    Pas un euro pour les marchands de canons, pas un travailleur pour faire l’union sacrée derrière l’impérialisme !

    ***********

    Critique des réformistes

    Face à la crise et aux coups redoublés du grand patronat, la perspective purement électorale de l’union de la gauche incarnée aujourd'hui par la Nupes est dérisoire.

    Et ce ne sont pas les tripatouillages et accords d’appareils orchestrés par Mélenchon qui peuvent donner une boussole politique aux travailleurs !

    Mélenchon a toujours expliqué que la 5ème république était à jeter parce que le président de République était un monarque concentrant tous les pouvoirs, pendant que le Parlement n’en avait aucun. Et il nous dit maintenant que les législatives peuvent être décisives, qu’elles peuvent le porter premier ministre et que cela peut tout changer !

    Il demandait la sortie de l’Otan, mais aujourd'hui il est prêt, en tant que premier ministre de Macron, à y rester… et à mener les guerres que Macron a décidé et décidera pour les intérêts de la bourgeoisie française.

    Hier encore, que disait Mélenchon de ses anciens petits camarades du Parti Socialiste ? Qu’avec la loi El Khomri, les privatisations et les gâteries offertes aux capitalistes, ils étaient passés dans l’autre camp, que le PS était bon pour le musée des Antiquités. Et bien les voilà, bras dessus bras dessous, pour changer l’histoire, nous disent-ils !

    Faute de luttes collectives et de confiance dans nos propres forces, bien des travailleurs et des syndicalistes s’accrochent à ces illusions électorales et donc, à l’union de la gauche. Et ils ferment les yeux sur ces revirements opportunistes en estimant, que de toute façon, « ça ne peut pas être pire ».

    Et bien si, cela peut empirer parce que la crise s’aggrave.

    La réalité, c’est qu’il n’y aura pas de moins pire dans cette période de crise si nous ne forçons pas la grande bourgeoisie à reculer.

    Pour déployer un grand plan d’urgence pour l’hôpital public, il faut faire payer la bourgeoisie.

    Pour assurer ne serait-ce que le nombre de remplaçants nécessaires dans l’éducation nationale, il faut faire payer la bourgeoisie.

    Pour garantir des retraites dignes de ce nom aux anciens, il faut la faire payer.

    Il n’y a pas 36 solutions, c’est eux ou nous ! Ce sont les actionnaires de Sanofi ou les auxiliaires de vie et les aides-soignantes ; Bernard Arnault ou les ouvrières de la maroquinerie ; les propriétaires d’Accor et les clients des hôtels de luxe ou les femmes de chambre ; les actionnaires d’Orpea et de Korian, ou les résidents et le personnel des Ehpad.

    Il ne peut pas y avoir de progrès pour le monde du travail et pour la société en général sans affrontement avec la grande bourgeoisie. C’est à cela qu’il faut préparer le monde du travail !

    ********

    L’électoralisme nous a mené au renforcement de l’extrême droite

    La perspective purement électoraliste, l’illusion qu’il suffisait d’élire le bon président pour les travailleurs ou de trouver le bon premier ministre a complètement déboussolé le monde du travail.

    Les partis de gauche en portent l’entière responsabilité, car ce sont eux qui ont fait croire que la lutte électorale pouvait remplacer la lutte de classe. Eux, qui ont demandé aux travailleurs de déléguer leur combat et de mettre leur confiance dans la gauche gouvernementale.

    Mais depuis Mitterrand, nous faisons l’expérience que, gouvernement de gauche ou de droite, rien de fondamental ne change jamais pour nous : les licenciements, les bas salaires, les petits boulots, l’exploitation rien ne change. Alors il n’y a pas à s’étonner que des millions de femmes et d’hommes ne voient plus de différence entre les politiciens de gauche et de droite !

    Ce sentiment d’abandon se traduit aujourd'hui dans l’abstention massive des classes populaires et dans le vote pour Le Pen.

    Parce que nombreux sont ceux qui ne savent plus à quel saint se vouer. Et pour beaucoup, Le Pen est celle qui n’a jamais été essayée ! Eh bien voilà l’évolution ultime de l’électoralisme : il n’y a qu’à les essayer les uns après les autres !

    Aujourd’hui, cela permet à la bourgeoise de St Cloud qui est à la tête d’un parti d’extrême droite de s’implanter dans les anciennes cités minières et d’arriver en tête dans des départements ouvriers.

    Cette année, aux Antilles, Le Pen est même arrivée en tête au second tour ! C’est la preuve que sur les 13 millions de personnes qui ont voté pour elle, beaucoup ne sont ni racistes, ni adeptes de la remigration. Ils ont utilisé le bulletin Le Pen pour chasser Macron, comme d’autres ont utilisé le bulletin Mélenchon.

    Mais ils l’ont fait en sachant que cette fois, Le Pen pouvait gagner. Ils n’ont pas seulement exprimé leur rejet du système, ils ont pris le risque de la porter au pouvoir, conscients ou non des conséquences que cela pourrait avoir.

    Et ils n’ont pas été gênés par sa politique anti-immigrés et la préférence nationale. Parce qu’ils ne voient pas, parce qu’ils ne voient plus le poison que le nationalisme et la xénophobie représentent pour leur classe.

    Il faut dire qu’entre le « produire français » ou le souverainisme revendiqué des partis de gauche et la « préférence nationale » de Le Pen, il n’y a qu’un pas.

    Qu’ils le veuillent ou pas, ceux qui ont voté Le Pen ont renforcé les individus et les groupuscules d’extrême droite, anti-ouvriers et racistes. Les 2,7 millions de voix supplémentaires pour Le Pen au second tour, l’arrivée de Zemmour dans l’arène politique, sont la preuve, pour eux, que leurs idées avancent et cela en poussera peut-être certains à passer à l’action. Regardez comment ils ciblent aujourd'hui Pap NDiaye, le nouveau ministre de l’Education, coupable à leurs yeux d’être noir et étiqueté à gauche.

    Mais la menace ne vient pas seulement de ces excités, mais de l’appareil d’État lui-même, en l’occurrence de la police et de l’armée qui votent massivement à l’extrême droite. Il faut se rappeler la pétition parue il y a un an, signée par des généraux en retraite, qui menaçait d’une intervention de l’armée face à ce qu’ils appelaient « le délitement qui frappe la patrie ».

    Il faut réaliser la solidarité morale et profondément réactionnaire de ces corps dédiés à la répression et l’ordre. Elle sera d’autant plus forte s’il y a des explosions de colère et des mobilisations. Et ceux-là ont tous les moyens de mettre fin à ce qu’ils considèrent être la chienlit.

    La présence de ces forces réactionnaires qui travaillent la société ne sera pas effacée par un coup de baguette électorale. L’extrême droite peut rester faiblement représentée à l’Assemblée nationale, la pression de ses idées sur la société n’en sera pas moins grande.

    L’unique antidote à la poussée de l’extrême droite est que les travailleurs renouent avec leurs valeurs politiques : la conscience de constituer le camp de ceux qui triment dur pour gagner leur vie, quelles que soient leur origine, leur couleur de peau et leurs croyances.

    **********

    Le Front populaire

    À bien des égards, la période actuelle rappelle les années 1930, l’économie mondiale en faillite, la montée du fascisme et la marche à la guerre.

    Mélenchon et la nouvelle union de la gauche prétendent d’ailleurs lutter contre la montée de l’extrême droite en reproduisant ce qu’a fait le Front populaire en 1936. Et bien, ils réécrivent l’histoire !

    En 1934, les ligues fascistes s’inspirant de l’Italie de Mussolini et de l’Allemagne nazie se développaient. Quand certaines tentèrent, le 6 février 1934, de marcher sur l’Assemblée nationale, ce fut un électrochoc pour la classe ouvrière organisée qui était divisée entre les deux grands partis ouvriers de l’époque : le parti communiste et les socialistes. Sans attendre la permission de leurs chefs respectifs, ils imposèrent l’unité par en bas, dans les manifestations et dans les entreprises.

    Ce sont les travailleurs en action, les travailleurs mobilisés qui coupèrent l’herbe sous le pied de l’extrême droite et qui donnèrent l’élan de la victoire électorale, pas l’inverse !

    Et ce n’est pas la victoire électorale du Front populaire et de Léon Blum, le 3 mai 1936, qui donna les congés payés : la mesure n’était même pas inscrite au programme du Front populaire, tellement ce programme d’alliance entre communistes, socialistes et radicaux était modéré.

    Les congés payés furent obtenus par la grève générale et les occupations d’usines de juin 1936 qui se répandirent comme une traînée de poudre dans tout le pays. L’ampleur des concessions fut à la mesure de la surprise et de la peur de la bourgeoisie française, qui se précipita la première à la table des négociations.

    Le gouvernement du Front populaire fut utile, oui, pour sauver la mise à la bourgeoisie, les « 200 familles » comme on disait à l’époque ! Pour canaliser la grève et pour que les ouvriers ne contestent pas la propriété privée des usines, qui étaient occupées et qui auraient très bien pu être relancées pour le compte des seuls travailleurs.

    À l’époque, c’est le PCF et son chef, Thorez, qui mit tout son poids dans la balance pour faire reprendre le travail, parce que comme il le disait si bien « il faut savoir terminer une grève » et « tout n’est pas possible ».

    Telle une douche froide, le gouvernement du Front populaire refroidit les ardeurs des travailleurs qui venaient pourtant de mesurer l’immense force de leur classe. Au même moment, la révolution espagnole était trahie par ses chefs réformistes et conduite elle aussi sur une voie de garage par la même politique dite du « Front populaire » d’ailleurs.

    Avec la victoire de Franco en Espagne, la neutralisation des travailleurs en France, les régimes fascistes se trouvèrent renforcés et trois ans après la grande victoire des congés payés, c’était la guerre.

    L’humanité a payé par une guerre mondiale, les révolutions manquées de ces années-là.

    Voilà la véritable histoire du Front populaire. Elle nous sert de modèle à nous aussi, mais de modèle de ce qu’il faut combattre. Il faut s’opposer politiquement à tous ceux qui se prétendent du côté des travailleurs mais qui ne sont pas déterminés à combattre la bourgeoisie et à renverser son pouvoir !

    Et il faut vouloir renverser le capitalisme ! Et tous les politiciens de gauche qui affirment encore pouvoir le réformer, l’amender et l’encadrer ne sont pas dans le camp des travailleurs !

    *********

    Il faut porter la perspective révolutionnaire et plus que jamais dans cette période de crise et de guerre !

    Le bateau prend l’eau de toute part, et le problème serait de changer le capitaine ?

    On en est là avec le capitalisme aujourd'hui. Quand ce n’est pas une crise économique, c’est une crise sanitaire. Quand on sort d’une crise sanitaire, c’est une guerre et tout cela sur fond d’une crise climatique dont les conséquences sont déjà dramatiques pour des millions de personnes.

    Alors même que la société n’a jamais été aussi riche, la terre est devenue une maison de fous. Beaucoup de gens, y compris des jeunes, comprennent qu’il n’y a plus le temps pour la politique des petits pas.

    Tous ceux qui sont déjà confrontés aux guerres ou à l’urgence de la misère voient leur vie ne tenir qu’à un fil. Et combien réalisent l’impasse dans laquelle nous plonge le capitalisme. À tous ceux-là, il faut dire que nous ne sommes pas éternellement condamnés au capitalisme et qu’un autre monde est possible. C’est à nous de le construire.

    Rien n’indique que la révolte soit sur le point d’arriver, et pourtant le renversement de l’ordre bourgeois est une nécessité !

    À la propriété privée d’une toute petite minorité, il faut opposer la perspective de la collectivisation des grands moyens de production.

    Au pouvoir politique de la classe bourgeoise, il faut opposer le pouvoir des travailleurs.

    Au capitalisme, il faut opposer la perspective révolutionnaire du communisme !

    *********

    Les élections législatives

    Voilà camarades et amis, les perspectives que nous continuons de porter dans les élections législatives.

    Dans cette période de crise et de guerre, dans cette période de recul politique et de montée d’extrême droite, nous sommes particulièrement fiers de montrer qu’il existe, à l’échelle de tout le pays, un courant communiste et révolutionnaire.

    Un courant qui affirme quelque chose de très simple et de très révolutionnaire : l’idée que les travailleurs font tout dans cette société et qu’ils doivent collectivement en devenir les maîtres !

    Un courant qui aide les travailleurs à mener tous les combats nécessaires du plus petit au plus grand : celui pour la prise du pouvoir par les travailleurs.

    Ce courant est minoritaire et les résultats électoraux nous le rappellent régulièrement. Mais il n’y a pas à s’en démoraliser !

    Le camp des travailleurs n’est pas une abstraction. Avant d’être un choix politique conscient, c’est une réalité sociale.

    Tant qu’il y aura des travailleurs, il y aura des luttes. Et il y aura des femmes et des hommes, des jeunes y compris des intellectuels pour contester et combattre le capitalisme.

    Renforcer le courant qui place sa confiance dans la classe ouvrière, lui donner la force d’intervenir dans les luttes que les travailleurs ont à mener contre la grande bourgeoisie est la tâche essentielle.

    C’est une tâche que nous poursuivrons envers et contre tout, car l’avenir de la société, de la société et même de la planète, dépendent de la révolution sociale !

    Alors à nous de préparer les esprits à la lutte collective ! À nous de préparer les esprits à une lutte des classes encore plus féroce.

    Plus que jamais ce sera eux ou nous, leurs marchands de canons ou nos hôpitaux, leurs profits ou nos conditions de vie !

    Alors, camarades, bon courage pour les deux semaines de campagne qui nous restent, et plus encore pour les luttes du monde du travail qui nous attendent !

    Et bien sûr bonne fête à tous, à commencer par tous ceux qui la découvrent !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Partager