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Allocution de Nathalie Arthaud au meeting de Lille
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Travailleuses, travailleurs, chers amis, chers camarades
Cette campagne électorale est marquée par les attentats du 13 novembre. Parce qu’ils nous ont tous bouleversés et parce que politiquement, ils ont accéléré la droitisation de la société en attisant encore un peu plus les peurs, en développant des réflexes de repli sur soi et de rejet de l’autre.
Depuis ces attentats, nous assistons à une surenchère sécuritaire entre le gouvernement, la droite et le Front national.
État d’urgence prolongé pour trois mois et reconduit peut-être pour trois autres mois ; changement de la constitution pour accroître les pouvoirs de la police ; extension de la légitime défense pour les forces de l’ordre ; armement des policiers en dehors de leurs heures de service : Hollande aligne les mesures sécuritaires. Et pas gêné, il va jusqu’à puiser dans le programme du FN en reprenant à son compte la déchéance de la nationalité pour les binationaux accusés de terrorisme.
Cette dernière mesure est proprement ridicule. Est-ce que l’on fera peur aux terroristes en les menaçant d’être déchus de leur nationalité et en les menaçant d’être expulsés ? Evidemment pas. Mais elle est significative de la course de vitesse qui se joue entre le PS, la droite et le FN.
C’est à qui fera le plus de démagogie sécuritaire, c’est à qui fera le plus de perquisitions et d’assignations à résidence. C’est à qui expulsera le plus d’Imams, c’est à qui fermera le plus de mosquées salafistes quand bien même leur responsabilité dans les attentats terroristes n’est pas prouvée.
Nous ne sommes les défenseurs d’aucune religion. Nous sommes communistes et nous pensons, comme Marx, que la religion est l’opium du peuple et sert à la conservation de l’ordre existant. Et nous combattons particulièrement toutes les idées qui rabaissent les femmes et ce qu’on apprend sur les prises de position de quelques uns de ces imams salafistes, sur les injonctions qu’ils font aux femmes de se voiler, nous révoltent.
Mais nous dénoncerons cette escalade démagogique où il faut faire du chiffre à tout prix. Nous dénoncerons cette politique qui, au lieu de combattre les divisions, la peur et le racisme cultive la méfiance, conduit aux pires amalgames et conforte ceux qui veulent faire croire à une guerre de religion.
Elle va dans le sens recherché par les terroristes eux-mêmes et elle fait, ici, le jeu de la famille Le Pen. Oui ce sont les Le Pen qui en profitent. Le grand-père pour demander « la peine de mort avec décapitation », la fille pour demander de « rapatrier les migrants » et la petite-fille pour distiller son poison sur les musulmans qui ne pourraient pas avoir le même rang que les catholiques.
Ces mesures ne seront pas seulement inefficaces contre le terrorisme, elles vont aggraver le climat nauséabond qui préexistait aux attentats, où les actes islamophobes se multipliaient déjà, où de petits groupes d’activistes passaient à l’action pour tabasser tel ou tel parce qu’il est étranger ou suspecté de l’être par son nom, sa couleur de peau ou ses signes religieux.
Depuis le 13 novembre, les terroristes ont eu plus que le temps de se cacher, de changer d’identité et de faire disparaître les preuves. Et les opérations de police qui se déroulent aujourd’hui pourraient se dérouler dans le cadre tout à fait normal. Mais on continue de nous vendre l’état d’urgence pour combattre le terrorisme.
Mais il sert aujourd’hui surtout de prétexte pour interdire des manifestations et faire taire les voix dissidentes.
Les manifestations de solidarité avec les migrants ont été interdites, les manifestations contre la Cop21 l’ont été aussi, alors même que tous les rassemblements de foule sont autorisés, que les marchés de Noël ouvrent, que les grands magasins et les parcs d’attraction tournent, alors que la Cop21 se réunit. C’est un déni de démocratie.
Alors non à cet état d’urgence qui sert à interdire les manifestations, à assigner les militant à résidence, et à arrêter les manifestants qui braveraient l’interdit ! Non à cet état d’urgence qui sème la suspicion généralisée !
Aujourd’hui tout le monde s’inquiète d’une possible victoire de Marine Le Pen ici et de celle de Marion Maréchal en Paca. Et voilà le Parti socialiste et Valls de sonner le branle bas de combat contre le FN !
Mais il y a trois semaines, Hollande appelait Marine Le Pen à l’Elysée pour écouter ses conseils. La semaine dernière elle était invitée à la commémoration des victimes de l’attentat comme représentante de toute la nation. La réalité c’est que le gouvernement a fait sienne une partie de la politique du FN, la fermeture des frontières, l’arrêt de l’accueil des migrants. Et toutes ces gesticulations autour des mosquées sont là pour donner des gages à l’électorat le plus réactionnaire et raciste.
Cela revient à servir la soupe au FN et à conforter ses idées !
Vous le savez bien ici, toute une partie de l’électorat de gauche, du PS mais même du PC, a abandonné la gauche. Pourquoi ces électeurs se sont détournés de ces partis si ce n’est à cause de toute leur évolution politique faite d’abandons, de promesses reniées ?
A qui la faute si le PS a dégoûté son électorat le plus fidèle jusqu’à ce qu’il se fourvoie dans le vote FN ?
C’est le PS qui a fabriqué le FN en laissant faire les licencieurs en multipliant les cadeaux au patronat d’un côté et les mesures anti-ouvrières de l’autre.
Et, Eric l’a montré, le summum du ridicule est atteint quand la droite elle-même se pose en rempart contre le FN. Quand un Xavier Bertrand ou un Estrosi se posent en barrage des idées du FN !
Si, au second tour, on se retrouve, comme les sondages l’indiquent, avec un Xavier Bertrand contre une Le Pen, on n’aura plus que le choix entre la peste ou la choléra. Et nous, Lutte Ouvrière, nous voterons contre les deux en votant blanc. Car nous n’avons pas à choisir lequel des deux prendra des mesures anti-immigrés et anti-ouvrières. Et parce qu’il faudra surtout se préparer à se battre, que ce soit les uns ou les autres qui gagnent.
Dans la lutte contre les idées infectes du FN, la droite et le PS ne sont que des planches pourries et leurs appels à faire barrage au FN dans les urnes est du chantage. Oui, le fait que le FN devienne majoritaire dans cette région est une évolution qui va à l’encontre des intérêts des travailleurs, car si le FN est comme tous les autres favorables à la bourgeoisie, il l’est avec un langage plus abject et avec des méthodes plus violentes.
Mais le PS a le cynisme d’en faire un argument politique en sa propre faveur. Non seulement le PS se défile derrière ses responsabilités mais il a le culot d’en faire un argument pour que l’on finisse par voter pour lui. C’est de la manipulation.
La même manipulation politique que l'on a subie en 2012 avec le « tout sauf Sarkozy ». Tout cela pour nous faire croire qu’il y a gouffre séparant tous ces partis.
Mais tout en étant rivaux, le PS, Les républicains et le FN sont profondément complices de l’ordre social capitaliste. Ils se concurrencent mais ils s’accordent pour jouer cette comédie électorale qui cache ceux qui dominent réellement la société, la grande bourgeoisie et le grand capital.
Le FN est bien dans le moule. Loin de bouleverser le système politicien, l'arrivée du FN comme troisième larron ne fait que renouveler le simulacre de l'alternance. À la fausse alternance gauche droite, on va maintenant assister à la fausse alternance entre l’UMPS et le FN. Jusqu'à présent, ils se passaient la balle à deux, désormais ils se passeront la balle à trois.
A tous ceux qui sont légitimement inquiets de la montée du FN, nous disons que l’influence du FN dans la classe ouvrière provient du désarroi engendré par la trahison et les reniements de partis qui prétendaient représenter leurs intérêts. Elle provient de ce que les travailleurs ne se battent pas sur leur terrain, qu'ils ne réagissent pas face à toutes ces attaques patronales et gouvernementales, elle provient du recul de la conscience de classe.
Car le Front national défend comme les autres, défend les intérêts du patronat. Comme les autres, et même plus que les autres, il nous joue le coup de « l’esprit national ». Mais l’esprit national est contraire aux intérêts des travailleurs. Faire croire que nous sommes tous dans le même bateau et que ce qui est bon pour Dassault, Total ou Bettencourt est forcément bon pour les travailleurs a toujours été un piège pour les exploités. Ce n’est vrai ni en politique extérieure ni en politique intérieure.
Nous nous présentons dans cette élection pour dire contre tous ces politiciens défenseurs de l’ordre bourgeois que la société est organisée en deux classes. Une classe dominante, une classe exploitée. Deux classes aux intérêts opposés et dont la situation respective est déterminée par un rapport de force. Lorsque la classe ouvrière se fait craindre elle peut arracher des avancées. Lorsqu’elle ne se bat plus, elle recule fatalement, et avec elle, tout le reste de la société.
Nous nous adressons aux travailleurs conscients de cela pour qu’ils s’expriment dans ces élections. Pour qu’ils fassent entendre le camp des travailleurs, le camp des travailleurs conscients d’avoir à mettre en avant les revendications immédiates dont a parlé Eric, mais conscient aussi d’avoir à mettre en avant les valeurs de la classe ouvrière et les perspectives qu’elle porte de révolutionner toute la société.
Les bourgeois nous ressassent en permanence leurs valeurs républicaines, liberté, égalité, fraternité, contre toute réalité. Eux-mêmes n’y croient pas un instant. En face, le camp des travailleurs se tait, les travailleurs, y compris les plus conscients, ne mettent plus en avant les valeurs que leur classe représente.
Car oui le camp des travailleurs, la fraction des travailleurs consciente a toujours porté des valeurs propres aux exploités. Alors que la bourgeoisie a toujours prôné l’individualisme, la concurrence et le chacun pour soi, les travailleurs ont besoin de solidarité, d’organisation et de dévouement non seulement pour se battre contre l’exploitation, mais tout simplement pour survivre.
Tout en menant le combat quotidien contre le travail des enfants, pour la journée de travail de 8 heures, les militants défendaient l'idée de l'émancipation sociale, du progrès de toute la société, d’un monde libéré des superstitions et des préjugés, d’un monde libéré de l’emprise des Eglises qui ont toujours été du côté des puissants et de l’ordre établi.
L’internationalisme a toujours fait partie du capital politique du mouvement ouvrier. C’est en intégrant dans leurs rangs tous les travailleurs, d’où qu’ils viennent, quelle que soient leur langue, leur religion, leur couleur de peau que les travailleurs ont gagné leurs meilleurs combats. Ce faisant, ils ont fait reculer les idées racistes et xénophobes dans toute la société. Et l’honneur du mouvement ouvrier a été de militer contre toutes les formes d’oppression, pour l’émancipation des femmes, contre l’esclavage, pour la libération des peuples colonisés, contre l’apartheid.
Ce capital politique a été peu à peu dilapidé par le PCF, qui en devenant stalinien, est aussi devenu nationaliste et a remplacé le drapeau rouge par le drapeau tricolore et l’Internationale par la Marseillaise.
Pendant la seconde guerre mondiale, PCF a versé dans le chauvinisme et les attaques anti-allemandes. Ensuite les militants et le milieu ouvrier qu’il influençait ont été nourris aux diatribes de Marchais contre une Europe accusée de piétiner la souveraineté de la France ou aux appels pour le « produire français ».
Et avec son obsession anti-allemande et sa propagande cocardière, un Mélenchon en remet une louche. Mais aujourd’hui c’est Marine Le Pen qui prospère sur ce terreau.
Alors, sans attendre des luttes qui feront de nos idées une force capable d’ébranler la société bourgeoise, il faut se battre à nouveau pour diffuser les idées internationalistes et les valeurs propres au mouvement ouvrier parmi les travailleurs. Les idées de la lutte de classe qui constituent la seule boussole pour indiquer les intérêts des travailleurs.
Il est vital que nous retrouvions une conscience de classe, une conscience de nos intérêts communs par-delà la diversité de nos métiers, de nos origines, de nos statuts. Il est vital que nous, les travailleurs, quelle que soit notre origine, nous nous sentions une classe unie par nos intérêts pour nous défendre contre cette minorité qui nous exploite et plonge le monde dans la barbarie.
On nous rabâche que notre identité dépend de notre origine, de notre nationalité ou de notre confession. Mais un aspect essentiel de notre vie et de notre identité, c'est que nous sommes des travailleurs, des ouvriers, des employés, gardiens, aides-soignantes, des caissières, des enseignants. Notre condition de salarié et d’exploité nous unit, au-delà de nos différences alors il faut en être conscient.
Il faut serrer les rangs, rejeter ceux qui veulent dresser un mur entre nous et affirmer notre conscience d'appartenir à une seule et même communauté, la communauté des travailleurs et des exploités. Une classe sociale qui n’a rien de commun avec ceux qui nous appellent aujourd’hui à l’union nationale contre le terrorisme, car ce sont ces mêmes dirigeants qui nous portent les coups, ici en France, en détruisant les droits des travailleurs, en permettant aux patrons de licencier librement et en laissant exploser le chômage.
Loin des calculs électoraux, il faut montrer aux nôtres, y compris à ceux qui s’égarent en regardant vers le FN, qu'il y a encore dans la classe ouvrière des femmes et des hommes qui connaissent la seule voie pour lutter contre les injustices et les inégalités de cette société : lutter contre la bourgeoisie, faire reculer l’exploitation pour finir par la supprimer totalement en bâtissant une société fondée sur la propriété collective des richesses et des moyens de production, une société communiste.
Il faut refuser le cours réactionnaire et guerrier caché derrière l’unité nationale, le drapeau tricolore et la Marseillaise.
A la suite des attentats, Hollande a pris les habits de chef de guerre et de protecteur de la nation et il a décidé d’intensifier la guerre en Syrie.
Mais cette guerre contre le terrorisme n’a pas commencé le 13 novembre. Elle dure depuis 14 ans et force est de constater que les dirigeants des grandes puissances échouent à faire reculer le terrorisme. Aujourd’hui, en Afghanistan, les Talibans sont de retour. L’Irak et la Libye sont devenus des fabriques pour djihadistes. Et cela fait quatre ans que la Syrie est ravagée par la guerre.
Quant aux attentats, ils n’ont jamais cessé. Avant de frapper Paris, c’est la Turquie, le Liban, l’Égypte, la Tunisie que les terroristes avaient ensanglantés. Ensuite ils ont frappé au Mali en plein cœur de Bamako, alors que l’on nous expliquait que les terroristes avaient été vaincus dans ce pays et encore après ils ont sévi à Tunis et en Egypte.
Les dirigeants impérialistes reconnaissent des lacunes et des erreurs dans leur guerre contre le terrorisme. Ils sont d’ailleurs bien forcés de reconnaître que Daech est né de la guerre menée en Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003. Qu’il a été formé par les sunnites exclus du nouveau régime irakien par les Américains, qu’il a prospéré sur le délitement de l’Etat irakien et libyen suite aux interventions impérialistes.
Mais cette fois, nous disent-ils, ils s’y prendront mieux et ne referont pas les mêmes erreurs. Ils formeront une grande coalition internationale et réussiront mieux militairement et politiquement. Eh bien avec la Turquie qui a abattu un avion de combat russe, cela commence mal ! Et c'est sans oublier Le Qatar et l’Arabie saoudite qui comptent parmi les « alliés » de cette coalition, mais qui financent et forment des djihadistes dans la région !
Politiquement, la solution envisagée pour « stabiliser » la Syrie consiste à s’appuyer sur le régime féroce de Bachar Al Assad qui a attaqué son peuple à l’arme chimique, qui a tué et fait disparaître des dizaines de milliers d’opposants.
Peut-on lutter contre des monstres en s’appuyant sur des régimes tout aussi monstrueux ? En agissant ainsi, ce n’est pas à la victoire contre le terrorisme qu’ils nous mènent, mais à une société de plus en plus barbare. Encore une fois, ils sont en train de poser des bombes à retardement dans une région qui explose déjà de toutes parts.
Quant aux bombes larguées sur la Syrie et dont on nous dit qu’elles visent des centres d’entraînement ou des centres de commandement de Daech, elles tombent sur des villes peuplées, sur des populations civiles, sur les pauvres qui justement sont les seuls à ne pas avoir pu fuir. Qui peut croire qu’elles ne font pas, elles-aussi, des dizaines, des centaines, des milliers de victimes innocentes ?
Non, la guerre des grandes puissances n’éradiquera pas le terrorisme, elle l’alimentera, une fois de plus en nous enfonçant dans un engrenage de plus en plus sanglant.
Oui, Daech exerce une des dictatures les plus féroces qui soient dans les régions qu’ils dominent en Irak et en Syrie. Leurs victimes sont autant et même plus musulmanes que chrétiennes, preuve s’il en fallait qu’il ne s’agit ni d’un « choc des civilisations » ni « d’une guerre de religions » mais d’une lutte pour le pouvoir et pour les richesses d’une région riche en pétrole.
Il ne faut pas s’étonner que 30 000 djihadistes parviennent à faire leur loi sur un territoire aussi vaste et qu’ils résistent aux attaques d’une coalition internationale. C’est le résultat de toutes ces politiques tordues, c’est le produit des rivalités des grandes puissances qui jouent chacune leur propre jeu, qui ont des intérêts multiples dans la région et qui s’appuient un jour sur les uns, un jour sur les autres.
Le terrorisme est le fruit pourri de l’impérialisme. A la veille de la première guerre mondiale, Jean Jaurès disait : « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». On peut dire aujourd’hui que « le capitalisme porte en lui le terrorisme comme la nuée porte l’orage ». Eh bien on ne peut pas combattre l’un sans combattre l’autre.
Pour sortir de ce bourbier du terrorisme et des guerres, il n’y a pas d’autre perspective que de faire table rase de ce monde inégalitaire, injuste et fou. Et pour commencer, il faut dénoncer une politique qui nous enfonce, il ne faut pas cautionner et ne pas aider des dirigeants qui nous emmènent tout le droit dans le mur et il faut défendre la perspective de renverser le capitalisme parmi les travailleurs.
Le danger ne vient pas de l’extérieur, d’Afrique ou du Moyen-Orient. Il ne vient pas de telle ou telle religion, de telle ou telle communauté. Il vient de l’intérieur de ce système économique qui engendre chômage, inégalité, injustices, délinquance, guerres.
Un monde où 67 familles possèdent l’équivalent de ce qu’ont, pour survivre, 3,5 milliards d’être humains ; un monde où l’Afrique et le Moyen-Orient sont des eldorados pour les capitalistes mais des enfers pour leurs populations ne peut qu’engendrer des monstruosités.
Le capitalisme est en faillite, au bout du rouleau. Et on le voit, le règne de la bourgeoisie, c'est non seulement l’exploitation et la dictature des actionnaires sur la société, c'est aussi cette barbarie du terrorisme qui se répand partout dans le monde, c’est aussi un cours de plus en plus inhumain.
Une société de plus en plus inhumaine, dont les migrants sont les premières victimes.
C’est passé au second plan de l’actualité, mais chaque semaine des dizaines d’enfants, de femmes et d’hommes meurent pour essayer de traverser la Méditerranée. Les survivants qui ont réussi à poser un pied sur le continent, se heurtent encore aux murs et aux barbelés qui hérissent désormais l’Europe. Ils sont arrêtés, bloqués, forcés d’attendre dans des conditions infâmes quand ils ne sont pas internés dans des camps de rétention. Relâchés, ils reprennent leur marche forcée ou s’en remettent aux passeurs, risquant de mourir asphyxiés ou d’être parqués dans des bidonvilles comme celui de Calais.
En leur assurant la liberté de circulation et d’installation, les réfugiés se répartiraient d’eux-mêmes à l’échelle de l’Europe, ils pourraient s’appuyer sur des membres de leurs familles et sur toutes les bonnes volontés qui existent. Mais non ! Pour ne pas donner prise aux critiques de la droite et de l’extrême droite, le gouvernement socialiste barricade les frontières et aggrave les souffrances de centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes.
Tout est ignoble dans cette politique. Ce tri, qui est fait entre les « vrais réfugiés », qu’on pourrait accepter et les migrants économiques, qu’il faudrait refuser. Ces centre appelés Hotspot, qui sont une façon de sous-traiter les migrants aux pays pauvres, à la Grèce, au Liban à la Jordanie ou à la Turquie. Comme si pour ces pays, ce n’était pas un problème autrement plus compliqué à résoudre que pour des pays riches comme l’Allemagne ou la France ! Exactement comme les municipalités bourgeoises payent pour ne pas construire de logements sociaux sur leur territoire, les grandes puissances payent pour que ces centres soient le plus loin de chez eux !
Il n’y a pas besoin d’être révolutionnaire pour dire que la France peut faire mieux qu’accueillir les 30 000 réfugiés sur trois ans promis par le gouvernement. Cela fait moins de réfugiés qu’il n’existe de communes ! Tout le monde l’a rappelé, à d’autres époques, où la situation économique du pays n’était pas plus florissante, la France a su accueillir les réfugiés de la guerre d’Espagne, les boat people vietnamiens ou encore le million de pieds noirs qui est venu en France en catastrophe à la fin de la guerre d’Algérie.
Hier le gouvernement, comme la droite et l’extrême droite nous répétaient jusqu’à la nausée qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Aujourd’hui ils vont nous dire qu’accueillir les migrants représente un danger parce que des terroristes pourraient se glisser parmi eux. Ils vont maintenant faire passer des victimes de la barbarie pour des assassins potentiels !
Ça aussi c’est une monstruosité. S’ils voulaient accueillir les migrants et vérifier leur identité, mais qu’ils organisent leur asile, qu’ils organisent leur transport et la traversée de la Méditerranée, qu’ils organisent des ponts aériens comme ils l’avaient fait pour les boat people ! Mais qu’on ne nous raconte pas n’importe quoi pour refuser ici l’asile aux migrants.
Encore une fois, face à cette unanimité réactionnaire, il faut montrer qu’il y a des femmes et des hommes qui ne cèdent pas au repli sur soi, à la peur de l’autre. Qu’il y a des femmes et des hommes qui ne se trompent pas sur les responsables de la situation.
On ne se débarrassera de cette barbarie qu’en prenant le mal à la racine, c’est-à-dire à la domination de ce système économique fou. Alors pour un monde débarrassé de l’obscurantisme, de l’injustice, poursuivons notre combat pour renverser le capitalisme et bâtir une société communiste, la seule issue pour l’humanité.
Sous-développement, famine, crise économique, chômage de masse, pollution : les dirigeants actuels de la société, la grande bourgeoisie et ses sous-fifres politiques sont incapables d'apporter des réponses aux problèmes fondamentaux qui se posent à la société.
Depuis l’ouverture de la COP21 ils se posent en sauveurs de la planète.
On nous explique que tous les chefs d'État sont unis, mobilisés et bien conscients de l'urgence de la situation. Et c'est vrai, ils savent tout du problème et des conséquences catastrophiques sur des millions de femmes et d'hommes. Et oui, ils ont fait de beaux discours aux accents lyriques et solennels.
Mais cela ne fait qu'accroître le fossé entre leurs discours et leurs actes et cela n'en est que plus révoltant.
Même à imaginer que les 180 chefs d’Etat se mettront d’accord sur le papier pour limiter le réchauffement climatique aux 2 degrés reconnus par tous les experts comme nécessaires, ils seront incapables d’agir sérieusement.
Et ils l'avouent en expliquant qu’ils ne signeront pas d’engagement contraignant ni pour leur pays, ni pour les grands groupes industriels qui sont les premiers pollueurs de la planète.
Ils l'avouent en s’empaillant sur leurs responsabilités respectives et sur le niveau d'efforts demandés à chacun.
Non, les dirigeants des grandes puissances, les Obama, les Merkel, les Xi Jinping ne feront rien de sérieux. Parce qu’ils ne feront rien si cela gêne leurs intérêts économiques, la rentabilité et la compétitivité de leurs trusts.
Et regardez Hollande, il se veut exemplaire en matière d’écologie, mais avec Macron, il vient de remettre des bus sur les routes. Il continue de fermer les lignes de train secondaires, il enterre le ferroutage. Il a donné son accord pour construire un second aéroport de Nantes, l’aéroport de Notre Dame des Landes.
Les dirigeants des grandes puissances ne bougeront le petit doigt que si cela peut rapporter de l'argent aux capitalistes, que si Bill Gates, la BNP ou EDF trouvent le moyen de faire du business avec l’écologie. Ils veulent une écologie compatible avec le marché et favorable aux profits.
Et oui, certains trusts peuvent prospérer sur l’écologie. Avec l’écologie, ils peuvent se faire de la publicité et … s’asseoir dessus comme on l’a vu avec la fraude à grande échelle comme Volkswagen.
Et souvenez vous comment ont réagi les autorités européennes face à la fraude Volkswagen ? Au lieu de durcir les contrôles, l’Union européenne a assoupli les normes d’émission de gaz polluants pour les moteurs diesel. Autoriser les constructeurs à polluer, voilà la solution des dirigeants européens qui promettent aujourd’hui de tout faire pour sauver le climat.
Il y a un aspect indécent dans l’organisation même de cette Cop21. Dans ce grand barnum médiatique où 180 chefs d’Etat venus chacun dans leur avion privé sont reçus en grande pompe. Dans la présence de centaines de firmes dont certaines font partie des plus grands pollueurs de la planète.
Alors aujourd’hui, les déclarations sont belles, mais les faits sont têtus. Et ils montrent que ce n’est pas avec ce genre de dirigeants dévoués au capital que l’on protégera le climat !
Si nous faisons le choix de défendre une politique qui se place exclusivement sur le terrain de la classe ouvrière, c’est qu’elle est la seule classe qui peut s’attaquer à la racine même des problèmes, à l’organisation capitaliste de la société.
Mais pour en être capable, elle doit non seulement retrouver le chemin de la combativité mais aussi de la conscience de classe. Faire en sorte que cette conscience de classe redevienne la boussole des travailleurs est le fond de notre politique. C’est notre raison d’être.
Les évènements d’Air France ont confirmé le caractère anti-ouvrier de tous les grands partis, du PS au FN, mais ils ont aussi réveillé la conscience de classe dans le monde du travail. Sans que cela n’ait été coordonné par aucun syndicat, par aucun parti politique, l’écrasante majorité des travailleurs s’est unie derrière les salariés d’Air France et contre le torrent de boue dont ils ont été victimes. Cela a été une réaction élémentaire, un même sentiment d’indignation, d’injustice et de dignité bafouée, cela a été l’expression d’un sentiment de classe.
Mais entre un sentiment de classe et une conscience de classe solide, forte, capable de résister aux pressions de la société bourgeoise et d’orienter les travailleurs dans les combats qu’ils ont à mener, il y a un gouffre. C’est ce gouffre que pourrait remplir un parti ouvrier présent largement dans les classes populaires en incarnant dans toutes les situations politiques une politique propre aux travailleurs. C’est ce que nous visons.
Et c’est tout le sens de notre participation aux élections en général. Que les travailleurs s’affirment, de nouveau, comme une force politique, alors qu’ils sont aujourd’hui dispersés, déboussolés pour certains ne se fera pas en une élection.
Ce processus peut prendre d’autres voies que celle des élections. Une révolte des travailleurs pourrait faire mûrir les consciences à une toute autre échelle et d’une toute autre façon. Mais il faut utiliser toutes les possibilités qui se présentent à nous pour progresser dans cette voie. Et là, dimanche prochain, il faut utiliser les élections régionales.
Il faut que le sentiment et les intérêts de classe qu’il recouvre et que l’on a vu lors des évènements d’Air France, trouve une expression politique. Si les travailleurs ne s’érigent pas en force politique, c’est la bourgeoisie et les partis à son service qui garderont le monopole de la parole. Et leurs mensonges sur le « coût du travail », sur la compétitivité, sur les 35 heures ou sur le code du travail auront libre court. Eh bien il faut que les travailleurs ne laissent pas leurs ennemis politiques parler à leur place.
Chaque élection doit permettre de montrer qu’il y a des femmes et des hommes qui se revendiquent du camp des travailleurs. Alors, profitons de ces élections régionales et de la présence des listes LO pour faire entendre le camp des travailleurs.
Beaucoup, avant même les attentats se désintéressaient de cette élection. Cela fait des années, des décennies que le monde du travail vit et s’enfonce dans cette précarité et il y en a eu des élections, il y en a eues des alternances. Alors oui les travailleurs en ont eu des occasions de vérifier que les élections ne changeaient pas leur sort. Déjà ils pensaient que « tout ça ne sert à rien ».
Les attentats et ce sentiment d’être démuni face à une situation qui ne fait que se dégrader renforce ce sentiment.
Alors beaucoup considèrent, à juste titre ce scrutin comme dérisoire. Il n’y a pas à s’en étonner, mais il y a à convaincre. Il y a à convaincre que si, le vote pour les listes Lutte ouvrière a une utilité : celle de montrer qu’il y a des travailleurs qui ont compris, comme eux, que les grands partis ne représentent pas leur camp. Celle de rassembler politiquement les travailleurs conscients d’avoir des intérêts de classe à défendre et une société à transformer radicalement.
Oh, le problème n’est pas d’être entendu de ceux qui gouvernent, car ces gens-là se moquent de ce que les électeurs peuvent signifier dans les élections. Mais il s’agit d’être entendu du monde du travail, il s’agit de montrer aux nôtres qu’une fraction ne se résigne pas, qu’il y a un camp auquel ils peuvent se rallier s’ils n’acceptent pas la situation.
En déchirant ou en brûlant leur carte d’électeurs, en affirmant qu’ils ne marchent plus dans tout ce cirque, certains croient pouvoir se venger des partis qui les ont trahis et exprimer leur opposition radicale au système. Ils se trompent car en s’abstenant, ils se taisent. Et pire, elle donnera d’autant plus de poids à tous qui voteront pour le PS, pour la droite ou pour le FN. Et au bout du compte, ces abstentionnistes seront récupérés par les vainqueurs.
Oui, la réalité, c’est que pour changer la vie des travailleurs, il faut inverser le rapport de force entre les travailleurs et la bourgeoisie et cela, seules les luttes collectives peuvent le faire. Mais faute de pression collective et d'intervention directe des exploités sur ceux qui gouvernent, toute la vie politique se résume à cela. Même aux yeux de ceux qui n’y croient plus, les élections constituent les principales échéances de la vie politique. .
Eh bien il faut que les travailleurs les utilisent, non pas pour faire de la politique politicienne, mais pour faire entendre leurs intérêts contre ceux du grand patronat. Pour affirmer leurs perspectives contre celles que veulent nous imposer les porte-parole de la bourgeoisie.
L’issue que nous indiquons aux travailleurs peut sembler lointaine. Et en même temps, elle est inscrite dans la société elle-même. La lutte de classe n’est pas une invention des communistes révolutionnaires, c’est la vie elle-même et c’est le moteur de l’histoire. Les travailleurs ne resteront pas indéfiniment l’arme au pied.
Ce qui nous caractérise, c’est cette confiance dans la classe ouvrière, cette confiance dans les exploités et donc cette confiance dans l’humanité. C’est cette conviction que le capitalisme n’est qu’une étape dans l’histoire de l’humanité et qu’un jour nous en tournerons la page pour en écrire une nouvelle, autrement plus enthousiasmante.
Alors, ne craignons pas d’être minoritaires, portons haut nos convictions et soyons-en fiers ! Et au travers de ces élections continuons d’avancer dans la voie qui est la nôtre, celle de participer à la reconstruction d’un véritable parti qui représente les intérêts politiques du camp des travailleurs.
Alors dimanche, votez et faites voter pour la liste LO faire entendre le camp des travailleurs.