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Allocution de Nathalie Arthaud au meeting de Bordeaux
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Travailleuses, travailleurs, chers amis, chers camarades
Que l’on connaisse ou pas les victimes, que l’on habite la région parisienne ou non, les attentats de Paris ont été, pour tous, un grand choc. Parce que, dix mois après les attentats contre Charlie Hebdo et le magasin Hypercasher, l’horreur est montée d’un cran. Parce que les tueurs frappent indistinctement, sans raison, pour terroriser. Parce qu’on ne peut que ressentir de l’incompréhension, de l’inquiétude et de la révolte face à de tels actes barbares.
Oui, il y aura bien un avant et un après le 13 novembre. Car en même temps qu’ils nous ont bouleversés, les attentats de Paris ont profondément modifié la situation politique. Regardez comment Hollande, la droite et le FN veulent récupérer l’émotion collective pour se poser en porte-parole et en représentants de toute la population.
Il faut « l’unité nationale », il faut serrer les rangs, y compris avec le FN, nous disent-ils ! Car si, d’habitude, le PS, la droite et le FN prétendent représenter des options inconciliables, là, ils sont tous d’accord pour sonner la mobilisation générale, tous d’accord pour nous embrigader derrière leur politique guerrière et sécuritaire. Tous d’accord pour que nous nous alignions derrière leur politique fondamentalement dévouée à la bourgeoisie et à ses intérêts.
Sur le plan extérieur d’abord, l’union sacrée du PS, de la droite et du FN pousse à intensifier la guerre en Syrie. Ils sont incapables d’apporter quelque solution que ce soit au chômage, aux injustices et aux inégalités en France, mais ils veulent nous faire croire qu’ils éradiqueront le terrorisme dans le monde !
Mais cette guerre contre le terrorisme n’a pas commencé il y a 10 jours. Elle dure depuis 14 ans et force est de constater que les dirigeants des grandes puissances échouent à faire reculer le terrorisme. Aujourd’hui, en Afghanistan, les Talibans sont de retour. L’Irak et la Libye sont devenus des sanctuaires pour djihadistes. Et cela fait quatre ans que la Syrie est ravagée par la guerre.
Quant aux attentats, ils n’ont jamais cessé. Avant de frapper Paris, c’est la Turquie, le Liban, l’Egypte, la Tunisie que les terroristes avaient ensanglantés. Vendredi dernier, ils ont frappé au Mali en plein cœur de Bamako, faisant 27 morts, alors que l’on nous expliquait que les terroristes avaient été vaincus dans ce pays.
Les dirigeants impérialistes reconnaissent des lacunes et des erreurs dans leurs guerres passées. Et pour cause ! Daech est né de la guerre menée en Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003. Il a été formé par les sunnites, que les Américains ont exclus de l’armée et du nouveau régime irakien. Ils ont prospéré sur le délitement de l’Etat irakien et libyen suite aux interventions impérialistes.
Mais cette fois, nous disent-ils, ils s’y prendront mieux. Ils formeront une grande coalition internationale et réussiront mieux militairement et politiquement. Mais vous savez qu’aujourd’hui un avion de chasse turc a abattu un avion de chasse russe pour cause de survol illégal de l’espace aérien turc ! Vous savez que le Qatar et l’Arabie saoudite comptent parmi les « alliés » de cette coalition, alors qu’ils financent et forment des djihadistes dans la région ! Que la Turquie a longtemps servi de base arrière à Daech, ne serait-ce qu’en lui permettant d’écouler son pétrole.
Il ne faut pas s’étonner que 30 000 djihadistes parviennent à faire leur loi sur un territoire aussi vaste et qu’ils résistent aux attaques d’une coalition internationale. C’est le résultat de toutes ces politiques tordues, c’est le produit des rivalités des grandes puissances, qui jouent chacune leur propre jeu, qui ont des intérêts multiples dans la région et qui s’appuient un jour sur les uns, un jour sur les autres.
Quant à la solution politique envisagée pour « stabiliser » la Syrie, elle consiste à s’appuyer sur le régime féroce de Bachar Al Assad, qui a attaqué son peuple à l’arme chimique, qui a tué et fait disparaître des dizaines de milliers d’opposants.
Peut-on lutter contre des monstres en s’appuyant sur des régimes tout aussi monstrueux ? En agissant ainsi, ce n’est pas à la victoire contre le terrorisme qu’ils nous mènent, mais à une société de plus en plus barbare. Encore une fois, ils sont en train de poser des bombes à retardement dans une région qui explose déjà de toutes parts.
Quant aux bombes, dont on nous dit qu’elles visent des centres d’entraînement de Daech, elles sont tombées sur des villes peuplées, sur des populations civiles, sur les pauvres, qui justement sont les seuls à ne pas avoir pu fuir. Qui peut croire qu’elles ne font pas, elles-aussi, des dizaines, des centaines, des milliers de victimes innocentes ?
Non, la guerre des grandes puissances n’éradiquera pas le terrorisme, elle l’alimentera, une fois de plus en nous enfonçant dans un engrenage de plus en plus sanglant.
Oui, Daech exerce une des dictatures les plus féroces qui soient dans les régions qu’ils dominent en Irak et en Syrie. Leurs victimes sont autant et même plus musulmanes que chrétiennes, preuve s’il en fallait qu’il ne s’agit ni d’un "choc des civilisations" ni d'une "guerre de religions", mais d’une lutte pour le pouvoir et pour les richesses d’une région riche en pétrole.
Ce terrorisme est le fruit pourri de l’impérialisme. A la veille de la première guerre mondiale, Jean Jaurès disait : « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». On peut dire aujourd’hui que « le capitalisme porte en lui le terrorisme comme la nuée porte l’orage ». Eh bien on ne peut pas combattre l’un sans combattre l’autre.
Beaucoup nous disent : « d'accord mais on ne peut pas rester sans rien faire »; « Il faut bien les arrêter »; « Il faut agir là, tout de suite, concrètement et pour ça vous n’apportez pas de solution ».
Mais encore est-ce que le gouvernement en amène ? Je l’ai dit, la guerre n’en amène pas, elle ne fait qu’aggraver la situation. Et en matière de sécurité intérieure, c’est la même chose. Qui peut croire que l’état d’urgence permanent et qu’une énième loi antiterroriste nous protégera des attentats ?
Hollande a aligné les mesures sécuritaires : déchéance de la nationalité, expulsions, fichiers des voyageurs qui prendraient l’avion, contrôles multipliés… Appliquez-les une à une à la situation de vendredi, aucune n’aurait empêché d’agir les terroristes. Est-ce que l’on fera peur aux terroristes en les menaçant d’être déchus de leur nationalité et en les menaçant d’être expulsés ? Evidemment pas.
Comme le commande le FN et la droite, le gouvernement veut plus de contrôle aux frontières. Mais aucune frontière n’a jamais été étanche ! Et c’est surtout dérisoire quand on sait que tous ces terroristes sont français, ils sont nés ici, ils sont recrutés ici ou en Belgique, juste de l’autre côté de la frontière. Et quand bien même ils seraient un peu plus entravés dans leurs mouvements, quand bien même demain, il leur serait plus difficile de se rendre en Syrie, qu’est-ce que cela changerait puisqu’ils sont là?
Depuis 10 jours, les terroristes ont eu le temps de se cacher, de fuir, de détruire les preuves, et la prolongation de l’état d’urgence sera surtout utilisée contre ceux qui veulent s’opposer et manifester contre le gouvernement; il servira à faire taire les voix dissidentes, à interdire les manifestations.
Une des premières interdictions a frappé les manifestations qui devaient avoir lieu dimanche dernier en soutien aux migrants. Alors que l’horreur des attentas nous donne une idée de la terreur quotidienne que ces femmes et ces hommes ont subie et ont fuie, alors que cela nous donne une raison de plus de vouloir les secourir, il est interdit de manifester pour le dire !
Au lieu de combattre les divisions, la peur et le racisme, ces mesures sécuritaires cultivent la méfiance, le repli sur soi et le rejet de l’autre. Elles vont dans le sens recherché par les terroristes eux-mêmes et elles font, ici, le jeu de la famille Le Pen. Les Le Pen en profitent d’ailleurs déjà. Le grand-père pour demander « la peine de mort avec décapitation », la fille pour demander de « rapatrier les migrants », et la petite-fille pour distiller son poison sur les musulmans, qui ne pourraient pas avoir le même rang que les catholiques.
Ces mesures ne seront pas seulement inefficaces, elles vont aggraver le climat nauséabond qui préexistait aux attentats, où déjà il y avait de petits groupes qui attaquaient les migrants, où les identitaires d’extrême droite s’agitaient y compris contre l’extrême gauche. Demain, les mêmes s’en prendront peut-être à nos camarades de travail, aux membres de nos familles, à nos amis parce qu’ils sont étrangers ou suspectés de l’être par leur nom, leur couleur de peau ou leurs signes religieux.
Il faut refuser le cours réactionnaire et guerrier caché derrière l’unité nationale, le drapeau tricolore et la Marseillaise. Non aux interventions impérialistes, non à l’état d’urgence permanent !
Alors quelle solution avons-nous ? Eh bien un geste positif c’est déjà de dénoncer une politique qui nous enfonce, c’est déjà de ne pas cautionner et de ne pas aider des dirigeants qui nous emmènent tout droit dans le mur. Quant à nous sortir de ce bourbier, eh bien nous ne connaissons pas d’autre voie que de renverser le capitalisme et d’en défendre la perspective parmi les travailleurs.
Le danger ne vient pas de l’extérieur, d’Afrique ou du Moyen-Orient. Il ne vient pas de telle ou telle religion, de telle ou telle communauté. Il vient de l’intérieur de ce système économique qui engendre chômage, inégalité, injustices, délinquance, guerres.
Un monde où 67 familles possèdent l’équivalent de ce qu’ont, pour survivre, 3,5 milliards d’être humains ; un monde où l’Afrique et le Moyen-Orient sont des eldorados pour les capitalistes mais des enfers pour leurs populations, ne peut qu’engendrer des monstruosités. Le capitalisme est en faillite, au bout du rouleau. Et on le voit, le règne de la bourgeoisie, c'est non seulement l’exploitation et la dictature des actionnaires sur la société mais c'est aussi cette barbarie qui se répand partout dans le monde et qui atteint maintenant Paris et le cœur de l'Europe.
On ne se débarrassera de cette barbarie qu’en prenant le mal à la racine, c’est-à-dire à la domination de ce système économique fou. Alors, pour un monde débarrassé de l’obscurantisme, de l’injustice, poursuivons notre combat pour renverser le capitalisme et bâtir une société communiste, la seule issue pour l’humanité.
Avant le 13 novembre, on nous expliquait, à gauche, que l’essentiel était de lutter contre le Front national. Rappelez-vous, comment Valls expliquait que la France risquait, avec le FN, de se fracasser. Que l’éventuelle élection du FN à la tête d’une région serait un « drame » et une « catastrophe » pour la France. Comment il en appelait au-dessus des partis, à faire le Front républicain !
Mais, quelques jours après, Hollande appelait Marine Le Pen à l’Elysée pour prendre auprès d’elle des conseils. Et le gouvernement a emprunté au programme du FN nombre des mesures d’urgence qu’il impose aujourd’hui. Et demain, ils demanderont de faire barrage au FN dans les urnes ? Ils en appelleront au Front républicain ? Ils diront « tout sauf Le Pen » ? Tout cela c’est de la manipulation politicienne.
Ils se confortent les uns les autres. Et ils sont tous profondément d’accord. Le PS, la droite et le FN sont rivaux, ils se battent pour aller à la mangeoire mais ils sont surtout les défenseurs et les complices de cet ordre social capitaliste. Ils défendent tous le point de vue du patronat.
Ils nous jouent tous le coup de « l’esprit national ». Mais l’esprit national est contraire aux intérêts des travailleurs. Il sert à faire taire les revendications et les luttes légitimes des exploités contre les exploiteurs. Les crapules de Daech ne doivent pas faire oublier l’opposition d’intérêts entre les riches et les pauvres, entre les capitalistes et les travailleurs. La prétendue guerre contre le terrorisme ne met pas fin à la guerre de classe menée par le patronat.
Nous nous présentons dans cette élection pour dire contre tous ces politiciens défenseurs de l’ordre bourgeois que la société est organisée en deux classes. Une classe dominante, une classe exploitée. Deux classes aux intérêts opposés et dont la situation respective est déterminée par un rapport de force. Lorsque la classe ouvrière se fait craindre, elle peut arracher des avancées. Lorsqu’elle ne se bat plus, elle recule fatalement, et avec elle, tout le reste de la société.
Nous nous adressons aux travailleurs conscients de cela pour qu’ils s’expriment dans ces élections. Pour qu’ils fassent entendre le camp des travailleurs, le camp des travailleurs conscients d’avoir à mettre en avant les revendications immédiates dont a parlé Guillaume, mais conscients aussi d’avoir à mettre en avant les valeurs de la classe ouvrière et les perspectives qu’elle porte de révolutionner toute la société.
Les bourgeois nous ressassent en permanence leurs valeurs républicaines, Liberté, égalité, fraternité, contre toute réalité. Eux-mêmes n’y croient pas un instant. En face, le camp des travailleurs se tait, les travailleurs, y compris les plus conscients ne mettent plus en avant les valeurs que leur classe représente.
Car oui le camp des travailleurs, la fraction des travailleurs consciente a toujours porté des valeurs propres aux exploités. Alors que la bourgeoisie a toujours prôné l’individualisme, la concurrence et le chacun pour soi, les travailleurs ont besoin de solidarité, d’organisation et de dévouement non seulement pour se battre contre l’exploitation, mais tout simplement pour survivre.
Tout en menant le combat quotidien contre le travail des enfants, pour la journée de travail de huit heures, les militants défendaient l'idée de l'émancipation sociale, du progrès de toute la société, d’un monde libéré des superstitions et des préjugés, d’un monde libéré de l’emprise des Eglises, qui ont toujours été du côté des puissants et de l’ordre établi.
L’internationalisme a toujours fait partie du capital politique du mouvement ouvrier. C’est en intégrant dans leurs rangs tous les travailleurs, d’où qu’ils viennent, quelles que soient leur langue, leur religion, leur couleur de peau, que les travailleurs ont gagné leurs meilleurs combats. Ce faisant, ils ont fait reculer les idées racistes et xénophobes dans toute la société. Et l’honneur du mouvement ouvrier a été de militer contre toutes les formes d’oppression, pour l’émancipation des femmes, contre l’esclavage, pour la libération des peuples colonisés, contre l’apartheid.
Ce capital politique a été peu à peu dilapidé par le PCF qui, en devenant stalinien, est aussi devenu nationaliste et a remplacé le drapeau rouge par le drapeau tricolore et l’Internationale par la Marseillaise.
Pendant la seconde guerre mondiale, le PCF a versé dans le chauvinisme et les attaques anti-allemandes. Ensuite les militants et le milieu ouvrier qu’il influençait ont été nourris aux diatribes de Marchais contre une Europe accusée de piétiner la souveraineté de la France ou aux appels pour le « produire français ».
Et avec son obsession anti-allemande et sa propagande cocardière, un Mélenchon en remet une louche. Mais aujourd’hui c’est Marine Le Pen qui prospère sur ce terreau.
Alors, sans attendre des luttes qui feront de nos idées une force capable d’ébranler la société bourgeoise, il faut se battre à nouveau pour diffuser les idées internationalistes et les valeurs propres au mouvement ouvrier parmi les travailleurs. Les idées de la lutte de classe, qui constituent la seule boussole pour indiquer les intérêts des travailleurs.
Il est vital que nous, les travailleurs, quelle que soit notre origine, nous nous sentions une classe unie par nos intérêts pour nous défendre contre cette minorité qui nous exploite et plonge le monde dans la barbarie. Il est vital que nous retrouvions une conscience de classe, une conscience de nos intérêts communs par-delà la diversité de nos métiers, de nos origines, de nos statuts.
On nous rabâche que notre identité dépend de notre origine, de notre nationalité ou de notre confession. Mais un aspect essentiel de notre vie et de notre identité, c'est que nous sommes des travailleurs, des ouvriers, des employés, gardiens, aides-soignantes ou caissières. Notre condition de travailleurs exploités nous unit, au-delà de nos différences.
Alors, il faut serrer les rangs, rejeter ceux qui veulent dresser un mur entre nous, et affirmer notre conscience d'appartenir à une seule et même communauté, la communauté des travailleurs et des exploités. Une classe sociale qui n’a rien de commun avec ceux qui nous appellent aujourd’hui à l’union nationale contre le terrorisme, car ce sont ces mêmes dirigeants qui nous portent les coups, ici en France, en détruisant les droits des travailleurs, en permettant aux patrons de licencier sans entrave et sans pénalité, en laissant le chômage battre record sur record.
Loin des calculs électoraux, il faut montrer aux nôtres, y compris à ceux qui s’égarent en regardant vers le FN, qu'il y a encore dans la classe ouvrière des femmes et des hommes qui connaissent la seule voie pour lutter contre les injustices et les inégalités de cette société : lutter contre la bourgeoisie, faire reculer l’exploitation pour finir par la supprimer totalement.
Faire entendre le camp des travailleurs, c’est porter les revendications immédiates qui permettraient au monde ouvrier de relever la tête. Mais c’est aussi œuvrer pour que renaisse un pôle de résistance au cours de plus en plus inhumain pris par la société, dont le sort des migrants est bien significatif.
C’est passé au second plan de l’actualité, mais chaque semaine des dizaines d’enfants, de femmes et d’hommes meurent pour essayer de traverser la Méditerranée. Les survivants qui ont réussi à poser un pied en Europe, se heurtent encore aux murs et aux barbelés qui hérissent désormais l’Europe. Ils sont arrêtés, bloqués, forcés d’attendre dans des conditions infâmes quand ils ne sont pas internés dans des camps de rétention. Relâchés, ils reprennent leur marche forcée ou s’en remettent aux passeurs, risquant de mourir asphyxiés ou d’être parqués dans des bidonvilles comme celui de Calais.
En leur assurant la liberté de circulation et d’installation, les réfugiés se répartiraient d’eux-mêmes à l’échelle de l’Europe, ils pourraient s’appuyer sur des membres de leurs familles et sur toutes les bonnes volontés qui existent. Mais non ! Pour ne pas donner prise aux critiques de la droite et de l’extrême droite, le gouvernement socialiste barricade les frontières et aggrave les souffrances de centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes.
Tout est ignoble dans cette politique. Ce tri, qui est fait entre les « vrais réfugiés », qu’on pourrait accepter, et les migrants économiques, qu’il faudrait refuser. Ces centres appelés "Hotspot", qui sont une façon de sous-traiter les migrants aux pays pauvres, à la Grèce, au Liban à la Jordanie ou à la Turquie. Comme si, pour ces pays, ce n’était pas un problème autrement plus compliqué à résoudre que pour des pays riches comme l’Allemagne ou la France ! Les grandes puissances payent pour que ces centres soient le plus loin de chez eux. Exactement comme les municipalités bourgeoises payent pour ne pas construire de logements sociaux sur leur territoire.
Il n’y a pas besoin d’être révolutionnaire pour dire que la France peut faire mieux qu’accueillir les 30 000 réfugiés sur trois ans promis par le gouvernement. Cela fait moins de réfugiés qu’il n’existe de communes ! Tout le monde l’a rappelé, à d’autres époques, où la situation économique du pays n’était pas plus florissante, la France a su accueillir les réfugiés de la guerre d’Espagne, les boat people vietnamiens ou encore le million de pieds noirs qui est venu en France en catastrophe à la fin de la guerre d’Algérie.
Hier le gouvernement, comme la droite et l’extrême droite, nous répétaient jusqu’à la nausée qu’"on ne peut pas accueillir toute la misère du monde". Aujourd’hui ils vont nous dire qu’accueillir les migrants représente un danger parce que des terroristes pourraient se glisser parmi eux. Ils vont maintenant faire passer des victimes de la barbarie pour des assassins potentiels !
ça aussi c’est une monstruosité. S’ils voulaient accueillir les migrants et vérifier leur identité, mais qu’ils organisent leur asile, qu’ils organisent leur transport et la traversée de la Méditerranée, qu’ils organisent des ponts aériens comme ils l’avaient fait pour les boat people ! Mais qu’on ne nous raconte pas n’importe quoi pour refuser ici l’asile aux migrants.
Encore une fois, face à cette unanimité réactionnaire, il faut montrer qu’il y a des femmes et des hommes qui ne cèdent pas au repli sur soi, à la peur de l’autre. Qu’il y a des femmes et des hommes qui ne se trompent pas sur les responsables de la situation et qui se préparent à lutter contre la domination de la grande bourgeoisie et contre tout son système qui nous mène à la barbarie.
Crise économique, crise politique, crise migratoire, guerres, terrorisme, les dirigeants les plus puissants de la planète ne maîtrisent plus rien.
Et regardez comment, même sur la question de l’écologie et du réchauffement climatique, ils sont incapables de trouver de véritables solutions. Dans le cadre de la COP 21, ils vont tous s’engager solennellement pour agir. Mais ils ne prendront aucun engagement contraignant ni pour leur pays, ni pour les grands groupes industriels qui sont les premiers pollueurs de la planète. Des trusts pour qui l’écologie, c’est bon pour se faire de la publicité et pour s’asseoir dessus, comme le montre la fraude à grande échelle de Volkswagen.
Les dirigeants de la planète, les dirigeants des grands groupes capitalistes, savent tout du problème et des conséquences catastrophiques pour des millions de femmes et d’hommes, mais ils ne bougeront le petit doigt que si cela peut rapporter de l'argent aux capitalistes, que s’ils trouvent le moyen de faire du business avec l’écologie. Eh bien il est urgent de renverser ce système complètement fou !
Si nous faisons le choix de défendre une politique qui se place exclusivement sur le terrain de la classe ouvrière, c’est qu’elle est la seule classe qui peut s’attaquer à la racine même des problèmes, à l’organisation capitaliste de la société.
Mais pour en être capable, elle doit non seulement retrouver le chemin de la combativité mais aussi de la conscience de classe. Faire en sorte que cette conscience de classe redevienne la boussole des travailleurs est le fond de notre politique. C’est notre raison d’être.
Les évènements d’Air France ont confirmé le caractère anti-ouvrier de tous les grands partis, du PS au FN, mais ils ont aussi réveillé la conscience de classe dans le monde du travail. Sans que cela n’ait été coordonné par aucun syndicat, par aucun parti politique, l’écrasante majorité des travailleurs s’est unie derrière les salariés d’Air France et contre le torrent de boue dont ils ont été victimes. Cela a été une réaction élémentaire, un même sentiment d’indignation, d’injustice et de dignité bafouée, cela a été l’expression d’un sentiment de classe.
Mais entre un sentiment de classe et une conscience de classe solide, forte, capable de résister aux pressions de la société bourgeoise et d’orienter les travailleurs dans les combats qu’ils ont à mener, il y a un gouffre. C’est ce gouffre que pourrait remplir un parti ouvrier présent largement dans les classes populaires en incarnant dans toutes les situations politiques une politique propre aux travailleurs. C’est ce que nous visons.
Et c’est tout le sens de notre participation aux élections en général. Que les travailleurs s’affirment, de nouveau, comme une force politique, alors qu’ils sont aujourd’hui dispersés, déboussolés pour certains, ne se fera pas en une élection.
Ce processus peut prendre d’autres voies que celle des élections. Une révolte des travailleurs pourrait faire mûrir les consciences à une toute autre échelle et d’une toute autre façon. Mais il faut utiliser toutes les possibilités qui se présentent à nous pour progresser dans cette voie. Et là, dans 15 jours, il faut utiliser les élections régionales.
Il faut que le sentiment et les intérêts de classe qu’il recouvre et que l’on a vu lors des évènements d’Air France, trouve une expression politique. Si les travailleurs ne s’érigent pas en force politique, c’est la bourgeoisie et les partis à son service qui garderont le monopole de la parole. Et leurs mensonges sur le « coût du travail », sur la compétitivité, sur les 35 heures ou sur le code du travail auront libre court. Eh bien il faut que les travailleurs ne laissent pas leurs ennemis politiques parler à leur place.
Chaque élection doit permettre de montrer qu’il y a des femmes et des hommes qui se revendiquent du camp des travailleurs. Alors, profitons de ces élections régionales et de la présence des listes LO pour faire entendre le camp des travailleurs.
Dans tout ce contexte, notre participation aux élections peut paraître dérisoire. Beaucoup, avant même les attentats, se désintéressaient de cette élection. Cela fait des années, des décennies que le monde du travail vit et s’enfonce dans cette précarité et il y en a eu des élections, il y en a eu des alternances. Alors oui les travailleurs en ont eu, des occasions de vérifier que les élections ne changeaient pas leur sort.
Aujourd’hui avec les attentats, et ce sentiment d’être démuni face à une société qui s’enfonce toujours plus dans la barbarie, ne peut que renforcer l’aspect anecdotique d’un tel scrutin et cette idée, que « tout ça ne sert à rien ».
Mais s’il n’y a pas à s’en étonner, il y a à convaincre. Il y a à convaincre que si, le vote pour les listes Lutte ouvrière a une utilité : celle de montrer qu’il y a des travailleurs qui ont compris, comme eux, que les grands partis ne représentent pas leur camp. Celle de rassembler politiquement les travailleurs conscients d’avoir des intérêts de classe à défendre.
Oh, le problème n’est pas d’être entendu de ceux qui gouvernent, car ces gens-là se moquent de ce que les électeurs peuvent signifier dans les élections. Mais il s’agit d’être entendu du monde du travail, il s’agit de montrer aux nôtres qu’une fraction ne se résigne pas, qu’il y a un camp auquel ils peuvent se rallier s’ils n’acceptent pas la situation.
En déchirant ou en brûlant leur carte d’électeurs, en affirmant qu’ils ne marchent plus dans tout ce cirque, certains croient pouvoir se venger des partis qui les ont trahis et exprimer leur opposition radicale au système. Ils se trompent, car en s’abstenant ils se taisent. Et pire, l'abstention donnera d’autant plus de poids à tous qui voteront pour le PS, pour la droite ou pour le FN. Et au bout du compte, ces abstentionnistes seront récupérés par les vainqueurs.
Oui, la réalité, c’est que pour changer la vie des travailleurs, il faut inverser le rapport de force entre les travailleurs et la bourgeoisie et cela, seules les luttes collectives peuvent le faire. Mais faute de pression collective et d'intervention directe des exploités sur ceux qui gouvernent, toute la vie politique se résume à cela. Même aux yeux de ceux qui n’y croient plus, les élections constituent les principales échéances de la vie politique. .
Eh bien il faut que les travailleurs les utilisent, non pas pour faire de la politique politicienne, mais pour faire entendre leurs intérêts contre ceux du grand patronat. Pour affirmer leurs perspectives contre celles que veulent nous imposer les porte-parole de la bourgeoisie.
L’issue que nous indiquons aux travailleurs peut sembler lointaine. Et en même temps, elle est inscrite dans la société elle-même. La lutte de classe n’est pas une invention des communistes révolutionnaires, c’est la vie elle-même et c’est le moteur de l’histoire. Les travailleurs ne resteront pas indéfiniment l’arme au pied. Alors il faut reconstruire, continuer de lever le drapeau communiste car tôt ou tard les travailleurs chercheront le chemin pour un avenir meilleur.
Je l’ai dit, nous sommes à contre-courant. Et dans ces élections nous ferons de petits scores. Mais c'est précisément lorsque les idées progressistes et révolutionnaires sont les moins en vogue, c’est lorsque la société va dans le sens contraire qu'il est important de les maintenir.
Ce n’est pas la première fois que le mouvement ouvrier connaît un reflux. Il y en a eu bien d’autres, des périodes de guerre, de crise, de répression où le combat devenait si difficile que la grande majorité abandonnait et perdait confiance dans sa capacité à changer les choses. Des périodes où seule une minorité résistait, des moments mêmes où elle ne pouvait plus résister et où elle se cachait.
Mais il y a toujours eu des femmes et des hommes qui ont conservé leurs idées et leurs convictions profondes et qui ont fini par les transmettre. Nous sommes les héritiers de ces minorités, les héritiers de leurs idées. Et nous devons avoir aussi leur courage, leur ténacité et leur dignité.
Ce qui nous caractérise, c’est cette confiance dans la classe ouvrière, cette confiance dans les exploités et donc cette confiance dans l’humanité. Cette idée que le capitalisme n’est qu’une étape dans l’histoire de l’humanité et qu’un jour nous en tournerons la page pour en écrire une nouvelle, autrement plus enthousiasmante.
Alors, ne craignons pas d’être minoritaires, portons haut nos convictions et soyons-en fiers ! Et au travers de ces élections continuons d’avancer dans la voie qui est la nôtre, celle de participer à la reconstruction du camp des travailleurs.
Aidez nous à faire entendre la voix de ce camp, votez et faites voter pour la liste "LO faire entendre le camp des travailleurs".