Brochure
Meeting du 26 avril à Paris : discours de Nathalie Arthaud
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Sommaire
Oui, les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont immenses. En plus de l’exploitation, des bas salaires et des mille difficultés quotidiennes, nous devons faire face à la guerre, à la crise climatique et à une société qui s’enfonce dans le nationalisme, le racisme, l’inhumanité et la barbarie.
Mais ces fléaux, aussi divers qu’ils soient, sont tous liés au capitalisme, aux rapports de domination, aux inégalités qu’il crée à l’échelle du monde, à l’accumulation du capital et du pouvoir à un pôle de la société, au marché et à la concurrence, c’est-à-dire à la guerre économique de tous contre tous et aux ravages qu’elle fait tant sur les hommes que sur la nature.
Alors, loin de nous décourager, cette évolution nous conforte dans nos perspectives communistes révolutionnaires et internationalistes et dans notre volonté de construire un parti qui les incarne.
A l’inverse des politiciens de gauche, de droite et d’extrême droite qui rivalisent pour gouverner tout en respectant cette organisation sociale complètement folle, nous pensons que la seule issue est d’enlever le pouvoir des mains de la classe capitaliste, c’est-à-dire de l’exproprier.
La classe capitaliste, la grande bourgeoisie, les actionnaires multimilliardaires, a accaparé les immenses possibilités que l’humanité a développées. Elle concentre entre ses mains des connaissances, des moyens de communication et de production que l’humanité n’a jamais connus.
Ces moyens permettraient de nourrir toute l’humanité et d’organiser l’économie à l’échelle mondiale pour qu’elle offre une vie digne à tous et préserve la planète. Et la bourgeoisie gâche toutes ces possibilités !
Son unique but est d’accumuler toujours plus de profits, en produisant tout et n’importe quoi, et de plus en plus souvent, sans rien produire, juste en spéculant. C’est un immense gâchis ! Les lois du marché, de la rentabilité et de la concurrence entraînent tantôt une sous-production et des pénuries, tantôt de la surproduction. C’est un fonctionnement aveugle et absurde d’un point de vue collectif, qui nous conduit fatalement aux crises et, comme on le voit aujourd'hui, aux guerres. C’est-à-dire à une destruction inouïe de richesses, de moyens de production, de compétences, d’expérience et d’intelligence collective.
Aujourd'hui, quand certains mettent toutes leurs connaissances, leur inventivité et leur énergie à faire reculer le cancer ou à permettre à des tétraplégiques de remarcher, d’autres les consacrent à mettre au point des armes capables de tuer à tous les coups ! Cela dit tout de l’aberration, de la stupidité, du gâchis de la société capitaliste.
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Les guerres impérialistes
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’évolution guerrière du monde s’est accélérée. Tous les pays se réarment à marche forcée. En France, l’armée recrute à tour de bras. Le président de la République et le ministre des armées sillonnent le pays, l’un pour inaugurer une usine de poudre, l’autre pour accélérer la fabrication de munitions. Et tous de se féliciter de la réindustrialisation de la France et des créations d’emplois qui en découlent !
Pour reprendre ce mot qu’on nous sert à toutes les sauces, le capitalisme fait sa transition… vers une économie de guerre.
Nous continuerons donc de manquer de médecins, de lits d’hôpitaux et d’enseignants, mais nous aurons des missiles, des chars et des avions de combat à profusion !
Sans compter que demain, les dirigeants nous demanderont peut-être de payer cette guerre avec notre peau, sur les champs de bataille. C’est pour cela que Macron appelle au réarmement idéologique de la nation et particulièrement de la jeunesse.
L’éducation civique et le Service national Universel sont chargés du bourrage de crâne. Tout cela en plus de notre petite piqure de patriotisme quotidienne que nous injectent les médias. En plus de notre petite leçon de morale quotidienne sur le courage et la lâcheté. Et en plus de notre leçon politique sur le fait que pour préserver la paix, il faut se préparer à faire la guerre.
L’essentiel des travaux pratiques se déroulent en Ukraine. Et gare à celui qui ne soutient pas l’envoi d’armes à Zelensky. Gare à celui qui ne fait pas de Poutine le nouvel Hitler ! Car nous disent-ils, il faut soutenir les Ukrainiens.
C’est un mensonge ! Non seulement les pays impérialistes occidentaux n’aident pas les Ukrainiens en leur disant « allez-vous faire trouer la peau ! », mais c’est leur politique qui les a poussés vers l’enfer de cette guerre.
Parce que le bras de fer entre la Russie et les puissances impérialistes n’a pas démarré en février 2022 quand Poutine a envahi l’Ukraine. Hérité de la guerre froide, il a repris de plus belle depuis 1991, quand les pays occidentaux ont profité de l’effondrement de l’Union soviétique, pour repartir à l’assaut de l’Europe de l’est. Pour l’arracher de la sphère d’influence russe. Pour y gagner des marchés, y exploiter la main d’œuvre et les fameuses terres noires convoitées par tous les capitalistes et les financiers de l’agriculture !
Les puissances impérialistes ont accompagné cette percée d’une pression politique et militaire de plus de plus en forte. Intégration des pays d’Europe de l’est à l’OTAN ; installation de bases secrètes de la CIA à la frontière russe ; entraînement de l’armée ukrainienne par les Américains ; livraisons d’armes… C’est pour répondre à ces grandes manœuvres que Poutine a envahi l’Ukraine.
Des manœuvres semblables pour contrôler telle ou telle matière première, tel ou tel marché, se déroulent en permanence aux quatre coins du monde. Et toutes peuvent déboucher sur des déflagrations armées.
Une chose est certaine, l’impérialisme en crise se montre de plus en plus belliqueux et les États-Unis se préparent ouvertement à une guerre avec le géant qu’est la Chine, c’est-à-dire à une 3ème guerre mondiale si tant est que nous n’y sommes pas déjà entrés ! Tout cela parce que la guerre est la continuation armée de la guerre économique au cœur même du capitalisme.
Exactement comme le capitalisme ne peut pas vivre sans crise, il ne peut pas vivre sans guerre. Alors, il ne suffit pas d’appeler à des cessez le feu et demander aux fauteurs de guerre de se mettre autour d’une table pour faire la paix. Si on veut la paix à l’échelle du monde, il faut en finir avec le capitalisme !
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La guerre, une immense affaire commerciale
Cette évolution est une catastrophe, sauf pour les capitalistes qui tireront toujours leur épingle du jeu. D’ailleurs certains en profitent déjà.
En Ukraine, c’est le monde ouvrier et paysan qui compte ses blessés et ses morts. Les oligarques, qu’ils soient ukrainiens ou russes, continuent de s’enrichir.
Et pour les puissances impérialistes occidentales c’est une sacrée aubaine ! La guerre offre mille et une occasion pour acheter des bouts de l’économie ukrainienne. Le marché de la reconstruction de l’Ukraine est estimé à 500 milliards d’euros ; c’est, paraît-il, le plus grand depuis la seconde guerre mondiale. Et il fait saliver tous les groupes occidentaux.
La France a envoyé un émissaire spécial chargé de repérer les bonnes affaires. Il défendra sans doute la candidature de Xavier Niel, propriétaire de Free, qui lorgne sur le 3ème opérateur téléphonique ukrainien. Et il compte déjà une victoire à son actif puisque la France vient de remporter le marché de la fibre très haut débit que convoitaient les États-Unis. Ce sont 10 milliards d’euros de commandes garanties sur 15 ans pour un consortium réunissant 200 entreprises spécialisées dans les infrastructures numériques.
Comme l’expliquent les commerciaux de Nestlé, Bonduelle ou Bayer, « il faut s’engager avant que se taise le dernier canon, car une fois la paix signée, ce sera la foire d’empoigne ».
Eh bien voilà, les milliards d’aide militaire à l’Ukraine sont aussi pour les capitalistes occidentaux un très bon placement qui rapportera gros, demain, à leurs multinationales... Sans oublier, bien sûr, le flot de milliards actuellement déversé sur les marchands d’armes, les Dassault, Safran, Thales, et autres Nexter…
Clairement, s’ils veulent nous embrigader, ce sera pour que l’on meure pour leurs profits ! Alors pas un sou de plus pour les marchands de canon ! Pas un homme pour la guerre des capitalistes !
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Gaza : comment les grandes puissances piétinent le droit des peuples
Pour justifier leurs guerres et nous enrôler derrière eux, les dirigeants des grandes puissances n’ont que le droit international à la bouche, la liberté, le droit des peuples… Quel cynisme ! Comme si ces valeurs avaient été un jour leur préoccupation.
Regardez comment ces grandes puissances agissent vis-à-vis des Palestiniens !
Cela fait 75 ans qu’elles ont décidé d’utiliser l’État israélien pour asseoir leur influence dans cette région du Moyen-Orient, riche en pétrole et cruciale pour le commerce international. 75 ans qu’elles entérinent sa politique de colonisation et d’apartheid. 75 ans qu’elles font des Palestiniens des réfugiés à vie au Liban, en Syrie, en Jordanie et dans leur propre pays, à Gaza, en Cisjordanie et en Israël.
Aujourd'hui, après 35 000 morts, des familles entières décimées, 14 000 enfants tués en 6 mois, des hôpitaux, des écoles réduits en ruines, presque toutes les infrastructures démolies, la famine qui rôde… Que font les Biden, Sunak, Macron et compagnie ? Ils continuent de financer et d’armer Israël et de lui assurer un soutien sans faille.
Et c’est précisément ce soutien sans faille qui donne à Netanyahou et à l’armée israélienne le sentiment d’impunité qui lui permet de commettre un massacre à Gaza et même de provoquer l’Iran quitte à risquer le dérapage qui mettrait le feu à toute la région, menace qui plane en permanence.
Alors oui, bien sûr il faut dénoncer la politique de Netanyahou. Et il faut dénoncer celle de nos propres dirigeants : les atrocités commises le 7 octobre par le Hamas ne peuvent pas justifier le bain de sang et les atrocités perpétrées à bien plus grande échelle par l’État d’Israël.
Cette fuite en avant guerrière et l’accélération de la colonisation en Cisjordanie est une folie y compris pour les Israéliens ! L’armée israélienne n’est pas en train de détruire le Hamas, elle est en train d’engendrer les prochaines générations de combattants.
C’est une politique qui ne peut que se retourner contre les Israéliens eux-mêmes. La population et la jeunesse israélienne la paient déjà, en étant transformés en geôliers et en bourreaux des Palestiniens, en étant toujours plus enrôlés dans une guerre sans fin au coût moral et économique de plus en plus lourd.
Tout cela faut le dire haut et fort. Le dénoncer haut et fort, sans accepter la censure et les menaces du gouvernement et de l’appareil d’État.
Et j’en profite pour réitérer tout notre soutien à ceux qui sont aujourd'hui poursuivis pour apologie de terrorisme ou taxés d’antisémites parce qu’ils dénoncent la politique de l’État israélien ! Je pense à Jean-Paul Delescaut, secrétaire de l’UD CGT du Nord condamné à un an de prison avec sursis et à tous ceux qui sont sur la sellette, de Rima Hassan à Anasse Kazib en passant par Mathilde Panot de la France insoumise ou encore Philippe Poutou.
Ne nous laissons pas intimider ! Ce qui a empêché depuis le début que les deux peuples, les Juifs et les Arabes de Palestine, vivent côte à côte, ce sont les manœuvres de nos dirigeants, c’est leur politique impérialiste qui n’a cessé de dresser les peuples les uns contre les autres !
Et ce sont ces dirigeants-là qui gouvernent le monde ! Ce sont eux qui prétendent nommer le bien et le mal. Eux, qui prétendent dire le droit international et désigner qui est terroriste et qui ne l’est pas.
Et ce sont eux qui parleront de paix, quand la paix des cimetières régnera à Gaza et qu’Israël aura recolonisé toute la Palestine.
Non, les puissances impérialistes ne sont pas les colombes de la paix, de la démocratie et de la prospérité. Ni à Gaza, ni en Ukraine ! Les dirigeants comme Biden, Macron, Scholz ou Sunak… ne sont pas moins dangereux que Poutine ou Xi Jinping !
Ô ils savent faire de beaux discours du haut des institutions internationales ; et ils savent toujours se faire passer pour pacifistes. Y compris quand ils vont envahir et détruire un pays aussi grand que l’Irak ou l’Afghanistan… parce qu’ils font toujours croire que les agresseurs, les despotes sanguinaires, ce sont les autres.
Non ! Les principaux fauteurs de guerre, les principaux pyromanes qui ne cessent de jouer avec des allumettes sont chez nous, ce sont nos dirigeants !
Ne les laissons pas nous mener à une troisième guerre mondiale ! Si nous avons une guerre à mener, c’est une guerre contre leur ordre impérialiste infâme, meurtrier et barbare.
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L’Union Européenne, c’est aussi la guerre
Si on a pu apprendre aux enfants des écoles le mensonge selon lequel l’Union européenne garantissait la paix sur le continent, c’est parce que depuis 80 ans les principaux pays européens n’ont plus fait s’entre-tuer leurs peuples comme ce fut le cas lors des deux guerres mondiales.
Mais rien que sur le sol européen, n’oublions pas que la guerre a fait rage avec l’explosion de la Yougoslavie et que, loin d’être des forces de paix, la France et l’Allemagne ont encouragé leurs alliés respectifs dans leur nationalisme et leur séparatisme.
Et les États européens, dont la France, en ont mené, des guerres ! Depuis 1945, l’impérialisme français, pour ne parler que de lui, a mené des guerres coloniales à Madagascar, en Indochine, en Algérie, au Cameroun…
Entre 1967 et 1970, pour contrer l’influence de la Grande Bretagne et des États-Unis, l’armée française a encouragé les velléités de sécession du Biafra et attisé la guerre ethnique dans cette province du Nigeria. Cette guerre a engendré une famine faisant un à deux millions de morts.
Vingt-cinq ans plus tard, au Rwanda, toujours pour des raisons de rivalités avec les Britanniques et les Américains, l’État français a armé et soutenu le régime hutu d’Habyarimana. Macron regrette aujourd'hui publiquement que la France n’ait pas empêché le génocide des Tutsis. Mais c’est pire que ça, elle en a été la complice active !
Aujourd'hui les dirigeants de l’UE, Macron en tête, ne font même plus semblant d’être pacifistes, ils n’ont que le mot « guerre » à la bouche. « Il faut se mettre en ordre de bataille pour mener la guerre contre la Russie » sans quoi « l’UE peut mourir ».
Ils sont loin d’avoir les moyens de leur ambition puisque, comme le regrette Macron, il n’y a ni armée européenne, ni défense européenne, ni diplomatie européenne étant donné que chaque État veut rester maître de sa diplomatie et de sa politique étrangère. Toujours est-il que l’UE apporte sa petite contribution à l’évolution guerrière. Elle a débloqué 500 millions d’euros pour favoriser la production d’armement. Elle participe au financement de l’envoi d’armes à l’Ukraine. Et, comble du cynisme, ces fonds pour la guerre sont prélevés sur ce que l’UE a nommé « Facilité européenne pour la paix » !
Alors l’UE n’a jamais été et elle ne sera jamais porteuse de la paix. Et elle n’est même pas porteuse d’une véritable union !
Ce que les dirigeants politiques de la bourgeoisie appellent la « construction européenne » n’a pas eu pour but de fonder de nouvelles relations entre les peuples, fondée sur la coopération et l’amitié. Elle a été l’œuvre des banquiers, des industriels, des marchands américains et européens obsédés par la recherche de profit et par leur concurrence.
Les droits des travailleurs ou ceux des femmes n’ont jamais fait partie de leurs préoccupations. Pensez qu’en 80 ans de construction européenne, il n’y a même pas le début du commencement d’un Smic européen ! Que le droit à l’avortement n’est même pas garanti à toutes les femmes européennes, et qu’il leur est même refusé à Malte ou en Pologne !
La seule et unique préoccupation des dirigeants qui ont voulu l’UE était dès le départ - et elle l’est restée - de construire un marché européen, pour tenter de dépasser le morcellement national devenu depuis longtemps un frein pour leur économie.
Par deux fois, au travers de la première guerre mondiale et de la deuxième, l’Allemagne a tenté de résoudre ce problème du morcellement par la guerre, sans y parvenir. Finalement, c’est à l’amiable et sous la pression des États-Unis que les États européens se sont entendus sur un certain nombre de règles pour construire un marché européen. C’est-à-dire une arène dans laquelle Volkswagen, Mercedes, Renault et Stellantis continuent de se mener une guerre impitoyable, comme ils le font contre les constructeurs non européens, les Ford, Toyota, Hyundai.
Et c’est la même chose dans tous les secteurs, pour les laboratoires pharmaceutiques comme pour l'agroalimentaire, pour les télécommunications comme dans le transport ferroviaire et aérien, les assurances, le tourisme, etc.
L’UE n’a pas mis fin à la guerre économique entre les bourgeois européens, elle ne l’a même pas atténuée. Elle l’a simplement codifiée, bien sûr sur le dos des travailleurs.
Alors oui, cette UE n’a rien pour plaire aux classes populaires. C’est l’Europe du capital pour la simple et bonne raison que les États nationaux qui la composent sont au service du capital. Et l’UE fait partie intégrante de toute la bande de brigands que les travailleurs auront à renverser en même temps qu’ils renverseront les États bourgeois et exproprieront la grande bourgeoisie !
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L’Europe sera celle des travailleurs, ou elle ne sera pas !
L’idée de l’Europe unie et sans frontières, où l’on pourrait circuler librement de l’Atlantique à l’Oural, de la mer du nord au Bosphore et s’enrichir de la diversité des cultures, est une idée fantastique. Mais je le redis, l’UE n’a rien à voir avec cela. Elle ressemble plutôt à un avorton d’union, chétif, mal conformé, inabouti puisqu’elle englobe seulement 27 des 50 pays d’Europe, soit 450 millions d’habitants sur 750 millions d’Européens.
C’est une union qui pérennise les inégalités et les rapports de domination entre les pays riches d’Europe de l’ouest et ceux plus pauvres de l’Europe de l’est et du Sud comme la Grèce.
Et c’est une union qui, loin de faire reculer les idées nationalistes, les a partout renforcés. Il y a désormais des clones de Le Pen, de Bardella et de Zemmour un peu partout, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Autriche, en Italie…
Dans tous les pays membres de l’UE, les idées souverainistes, protectionnistes et chauvines font un retour en force. Parce que l’UE n’a pas du tout fait disparaître les États nationaux.
Au contraire, la grande bourgeoisie continue de se cramponner partout à son État national et son personnel politique. Exactement comme la noblesse en fin de règne s’agglutinait à la cour du Roi pour en recevoir titres et gratifications, la grande bourgeoisie compte sur la protection de son État et de son personnel politique. Que serait Dassault sans les commandes de l’État français ? Que serait la grande bourgeoisie française sans les milliards de subventions que l’État lui apporte, sans l’administration qu’elle met à son service ?
C’est une des nombreuses contradictions de la bourgeoisie : elle a besoin de l’UE pour que ses trusts atteignent la puissance de frappe de ceux des États-Unis ou de la Chine, mais elle ne peut pas se passer d’un État national fort qui lui soit dévoué. Voilà pourquoi l’UE a avancé tout au long de ces 70 ans à pas de tortue. Voilà pourquoi aujourd'hui, dans le contexte de tensions exacerbées et d’incertitudes, certains comme la Grande-Bretagne ont pu quitter le navire sans que cela change fondamentalement le sort, ni des travailleurs britanniques, ni des travailleurs du reste de l’Europe. Voilà pourquoi la politique de l’UE s’apparente à deux pas en avant, trois pas en arrière !
La formation des États nationaux a permis le développement de la bourgeoisie et du capitalisme. Aujourd’hui, leur perpétuation contribue à son pourrissement. Le morcellement de la planète, la persistance et même la multiplication des frontières et du nombre d’États font partie des aspects les plus réactionnaires du capitalisme. L’avenir, même pour les peuples opprimés, n’est pas à la création de nouveaux États, mais à l’unification à l’échelle de continents entiers.
Mais même pour se débarrasser des frontières européennes anachroniques, dépassées depuis fort longtemps par la puissance des forces productives… il ne faut pas compter sur la bourgeoisie ! La véritable union de l’Europe, de tout le continent, sera impulsée par une révolution des travailleurs ou elle ne sera pas. Les États-Unis d’Europe seront socialistes ou ne seront pas !
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L’Europe forteresse, où les idées de l’extrême droite se renforcent
Non seulement l’UE n’a pas fait disparaître les frontières entre pays-membres, mais sous la pression d’une extrême droite toujours plus forte elle se barricade en construisant de plus en plus de murs et de barbelés.
Les dirigeants de l’UE n’en sont pas encore à déporter les réfugiés vers le Rwanda et à supprimer le droit d’asile, comme l’a décidé cette semaine le Royaume Uni, sous la direction de Rishi Sunak. Mais leur politique s’en rapproche.
Meloni, la présidente d’extrême droite du conseil italien projette de sous-traiter les demandes d’asile en Albanie. Méthode approuvée par la coalition de droite qui domine actuellement le parlement européen.
En France, le gouvernement, qui chasse sur les terres du Rassemblement national, mène une véritable guerre contre les réfugiés sans papiers qu’il traque comme des criminels. Cette année il a voté une énième loi pour pourrir la vie des travailleurs immigrés qu’ils soient avec ou sans papiers, pour réduire leurs droits, pour rendre plus compliqué le regroupement familial.
Oui, Macron qui s’est fait élire en 2017 et 2022 sur la promesse de faire barrage à l’extrême droite, passe aujourd'hui les plats à Le Pen ! Preuve s’il en fallait encore que l’extrême droite ne peut pas être combattue par les urnes. Elle ne le sera qu’au travers d’une remontée ouvrière où les travailleurs de toutes les origines et de toutes les couleurs de peau se battront ensemble.
Les racistes et les xénophobes peuvent vomir leur poison sur les plateaux télé, mais ils ne peuvent pas supprimer la réalité qui fait des immigrés des travailleuses et des travailleurs, c’est-à-dire des sœurs et des frères de classe et de combat. Alors, organisons-nous, rassemblons-nous !
Soyons le plus nombreux possible à dire que lorsque l’on prive certains travailleurs de leurs droits, les droits de tous reculent.
Il faut les mêmes droits pour tous ! Des papiers et un salaire correct pour tous les travailleurs ! La régularisation de tous les sans-papiers ! La liberté de circulation et d’installation pour tous !
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L’internationalisme : une nécessité pour les travailleurs
Pour nous, communistes révolutionnaires, l’internationalisme est bien plus que l’expression d’un humanisme élémentaire. Il est une nécessité objective car il n’y a pas d’issue pour les opprimés et les exploités de cette planète en dehors d’une politique internationaliste.
Le système capitaliste et la grande bourgeoisie règnent à l’échelle du monde. C’est à cette échelle là que les forces productives ont pu déployer toutes leurs possibilités. Dans le cadre du capitalisme, cela a été l’internationalisation de l’exploitation et des souffrances pour l’écrasante majorité des peuples qui n’ont pas profité du progrès qu’ils faisaient naître. Mais si nous pouvons affirmer que la société est capable de nourrir, soigner, éduquer et assurer une vie digne aux 8 milliards d’êtres humains qui peuplent cette planète, nous le devons à cette internationalisation.
C’est donc à cette échelle là que les travailleurs ont à mener leur combat et c’est à l’échelle internationale qu’ils devront réorganiser toute l’économie pour fonder une société supérieure au capitalisme.
Et il faut être obtus ou volontairement aveugle pour ne pas voir que les principaux défis auxquels l’humanité est confrontée, la crise climatique mais aussi le sous-développement d’une grande partie de la planète, ne peuvent être résolus qu’à cette échelle-là ! Dans ces domaines, comme à l’occasion des guerres, on mesure combien le morcellement, les frontières et les États nationaux sont réactionnaires.
Et pourtant, qu’est-ce qu’on entend tant de l’extrême droite que de la gauche, de la France insoumise et du PCF ? Qu’il faut retrouver la souveraineté nationale. Qu’il faut produire français. C’est un non sens !
Combien d’entreprises installées en France, de Toyota à Valenciennes à ST Microelectronics à Grenoble, sont à capitaux étrangers, américains, japonais, italiens ou autres ? Et combien d’usines, d’hôpitaux et même d’exploitation agricole tourneraient sans les ouvriers ou les techniciens venus des quatre coins du monde, de la Pologne ou la Roumanie voisines, au Pakistan ou au Cambodge lointains en passant par le Maroc ou la Guinée ?
Sans compter que les productions dites françaises partent pour la plupart sur le marché mondial puisqu’en France, un salarié sur quatre travaille pour l’exportation ! Qu’est-ce que c’est le made in France ? Des intérimaires étrangers qui fabriquent en France les flacons de parfum que Dior ou LVMH exportent en Chine ou dans les pays du Golfe !
Il y a 180 ans, dans le manifeste communiste, Karl Marx et Friedrich Engels constataient déjà : « au grand désespoir des réactionnaires, la bourgeoisie a enlevé à l’industrie sa base nationale ». Alors, camarades, laissons s’agiter ceux qui veulent faire tourner la roue de l’histoire à l’envers !
Le combat pour l’émancipation des travailleurs devra être traduit dans toutes les langues, il devra se diffuser d’un pays à l’autre, comme le sont les marchandises, les capitaux et les idées de la bourgeoisie ! Parce qu’une chose est sûre et certaine, l’émancipation et l’avenir des travailleurs ne peut se dessiner qu’à l’échelle internationale !
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Libre-échange, protectionnisme contre le programme révolutionnaire prolétarien
A ses origines, le mouvement socialiste proclamait « les prolétaires n’ont pas de patrie ». Aujourd’hui les héritiers lointains du mouvement ouvrier, dans les syndicats comme dans les partis de gauche, se veulent les champions de la souveraineté nationale, du protectionnisme et des relocalisations industrielles qu’ils mendient aux capitalistes.
Exactement comme le font Bardella et le RN, les candidats de gauche, du PCF ou de la LFI dénoncent les traités de libre-échange qui engendreraient une concurrence déloyale pour les entreprises françaises. Cela fait partie des nombreuses diversions qui contribuent à effacer la conscience de classe au profit du poison nationaliste.
Pour inonder l’Afrique des produits français, la France n’a pas eu besoin de signer de traité de libre-échange avec le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, le Maroc ou l’Algérie ! Parce qu’il n’y a rien de libre dans cette société, et surtout pas l’échange qui est toujours et partout la loi du plus fort.
Le problème c’est l’échange capitaliste tout court. Le fait que tout doit se vendre et s’acheter, y compris des produits aussi vitaux que l’alimentation, les médicaments ou encore l’énergie. C’est que tout doit être vendu au plus offrant pour faire le profit le maximum. C’est que tout ce qui est échangé fait l’objet de spéculation.
Oui, il n’y a rien de rationnel à faire venir de l’autre bout du monde des produits que l’on pourrait fabriquer localement. Mais faire croire que l’on pourrait remplacer le système productif, y compris l’agriculture actuelle, par une production exclusivement locale est une escroquerie. Et qu’est-ce que cela peut signifier pour Haïti ? Pour le Bangladesh, le Mali ? Pour l’Islande ? Qu’ils doivent se débrouiller avec la production locale ?
Et c’est encore plus stupide pour les grands pays impérialistes… dépendants des ressources rares pour leur économie hautement sophistiquée qui ne peuvent plus se passer de satellites, de puces électroniques…
La circulation des marchandises, des technologies, des capitaux et des hommes, c’est la circulation sanguine de l’économie ; si elle s’arrête, il n’y a plus de vie économique ! Alors parler de produire français, vanter le protectionnisme et faire croire que tout pourrait être produit local sont des balivernes qui empoisonnent la conscience des exploités.
Là où l’humanité doit franchir un pas, c’est dans la conscience qu’elle est liée dans un sort commun. On ne s’en sortira pas chacun dans son pays !
Si le prolétariat montrait le niveau de combativité et de conscience nécessaire pour arracher le pouvoir à la bourgeoisie, il faudrait qu’il inscrive à son programme la suppression des frontières, leur transformation en simples limites administratives tant que les peuples éprouveront le besoin de se démarquer.
Des frontières administratives que chacun pourrait franchir librement, comme l’on passe aujourd'hui du département de la Loire Atlantique à celui du Morbihan en souriant aux persistances du régionalisme breton.
Et il faudrait qu’il s’attelle à la tâche de l’avenir : celle d’unifier économie européenne pour ensuite unifier l’économie mondiale, pour l’organiser, c’est-à dire pour recenser les besoins de tous et planifier la production en conséquence.
Le prolétariat au pouvoir repartira de la société actuelle, de la mondialisation d’aujourd'hui non pas pour la détruire, mais pour la mettre au service de l’humanité toute entière.
Rien que le contrôle des grandes institutions financières et des principales multinationales de l’énergie, des transports, de la métallurgie, de la chimie, de la chaîne agroalimentaire, des communications permettrait d’en finir avec la concurrence mortifère et de coordonner les efforts productifs pour en finir avec le gâchis de la sous-production et avec celui de la surproduction.
Oui, une économie rationnelle et planifiée à l’échelle du monde, qui réponde aux besoins de tous sans détruire la planète, est possible. Oui, un avenir de paix et de coopération est possible. Oui, un monde uni et sans frontière est possible ! Tout dépendra de la capacité des travailleurs à monter à l’assaut du pouvoir et à prendre en main les rênes de la société.
Finalement, ce qui est le plus riche d’espoir dans l’idée d’unifier l’Europe et plus généralement dans la mondialisation de l’économie capitaliste, c’est qu’elles relient les travailleurs du monde entier. C’est qu’elles font nous rencontrer, nous connaître, travailler ensemble.
Pour le moment, les milliards de prolétaires dont nous faisons partie sont unis sous le diktat du grand patronat et des financiers. Et nous tremblons tous quand le cours du pétrole, du blé ou du riz augmente. Nous subissons tous le même chantage à la compétitivité. Nous sommes unis dans la même inquiétude devant le licenciement, le chômage, la misère, le réchauffement climatique et la guerre.
Et bien, nous finirons par nous rendre compte que, d’une extrémité de l’Europe à l’autre et souvent d’un continent à l’autre, on retrouve parmi nos exploiteurs les mêmes groupes industriels et financiers ! Nous finirons par nous reconnaître dans la lutte de classe menée par les travailleurs des autres pays. Et nous finirons par nous rejoindre dans la même vague révolutionnaire, comme cela s’est produit dans la foulée de la révolution russe de 1917, en pleine première guerre mondiale.
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Le parti qu’il faut construire
Alors bien sûr, nous n’y sommes pas encore. Malgré le fait que bien des gens et des jeunes s’engagent dans toute sorte de combats légitimes, la société recule et elle reculera tant que nous ne parviendrons pas à bouleverser l’ordre social en profondeur.
Cela donne à beaucoup le sentiment d’être complètement dépassés et impuissants. Et même quand on est révolté, il est parfois difficile de savoir par quoi commencer et par quel bout le prendre. Eh bien, nous devons le prendre par le bout que nous tenons déjà entre les mains. C’est-à-dire en utilisant notre position de travailleuses et de travailleurs confrontés directement ou indirectement à la classe capitaliste.
Nous devons partir du fait que nos intérêts s’opposent au quotidien à ses intérêts de rapace et nous poussent à la lutte collective contre le pouvoir de la classe sociale qui est devenue l’obstacle majeur au développement harmonieux de la société. Nous devons partir du fait que nous sommes à la base de tout, à la base de la production des richesses, des profits, des capitaux et que la vie et la prospérité de la grande bourgeoisie dépendent de nous.
C’est ce qui nous rend capable de lui demander des comptes, de la renverser et de la remplacer.
Prenons conscience qu’en tant que travailleurs, nous avons la solution entre nos mains. Puisque nous faisons tourner la société, nous sommes capables de la diriger nous-mêmes.
Et il faut un parti qui incarne cette perspective.
Pas un parti de politiciens qui demandent aux travailleurs de voter en expliquant qu’ils s’occuperont de tout une fois élu. Il faut un parti de travailleuses et de travailleurs présents dans les entreprises, dans les quartiers populaires, en permanence, et capable de rassembler dans les périodes de luttes comme dans les périodes de reculs.
Un parti de travailleurs conscients d’avoir à changer les choses par eux-mêmes. Parce que c’est toujours d’en bas, du petit peuple, des travailleurs, des exploités que sont nés les véritables changements.
Les opprimés et les exploités peuvent endurer bien des souffrances et vivre au milieu des horreurs parfois des mois et des années, il finit toujours par y avoir des révoltes et des insurrections. Alors oui, il faut un parti qui ait cette conviction révolutionnaire et qui regroupe des femmes et des hommes conscients que leur classe aura tôt ou tard le pouvoir d’agir pour que la société prenne le chemin du communisme.
Ce parti ne doit pas se concevoir comme un parti national, mais comme un parti international des travailleurs avec des ramifications dans tous les pays comme le furent les premiers socialistes et les partis communistes quand ils étaient encore révolutionnaires. Ce qu’il faut viser, c’est la construction d’un parti mondial de la révolution. C’est-à-dire une internationale.
Et regardons-nous ! Nous avons tous, de par notre histoire et de par notre vie, des liens familiaux avec des travailleurs de très nombreux pays. Quand nous ne sommes pas nous-mêmes issus de l’immigration, nous vivons et travaillons avec des femmes et des hommes venus des quatre coins du monde. Ce sont ces liens-là qui nous aideront à construire l’internationale dont nous avons besoin.
Alors oui, retroussons-nous les manches, usons de notre force de conviction pour rallier aux perspectives communistes révolutionnaires des travailleurs de toutes les origines, de toutes les nationalités et de toutes les couleurs de peau !
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Mobilisons-nous pour la campagne des élections européennes !
Jean Pierre l’a dit, les élections au parlement européen ne sont qu’une péripétie. Mais dans cette période où les démagogues ont micros ouverts et cherchent à diviser le monde du travail, elles nous offrent la possibilité de montrer qu’il y a des femmes et des hommes qui ne mangent pas de ce pain-là et qui restent fidèles à l’appel de Karl Marx et de la première internationale : « travailleurs de tous les pays unissons-nous ».
Elles nous donnent la possibilité de montrer qu’il existe des femmes et des hommes qui ne se découragent pas et se réclament des intérêts des travailleurs et de la perspective communiste révolutionnaire. Et elles nous permettent d’appeler le plus de travailleurs possibles à se regrouper derrière ce drapeau et dans un parti digne de ce nom.
Alors, bien sûr notre campagne ne sera pas relayée par les grands médias. Et elle va dépendre intégralement de notre mobilisation militante. Eh bien allons-y ! Notre meilleur média, c’est notre force de conviction. C’est notre militantisme. Discutons le plus possible et demandons aux travailleurs qui nous entourent de voter pour la liste LO.
Contrairement aux autres partis, nous ne participons pas à une compétition de petits chevaux où les uns et les autres veulent passer devant un tel ou tel pour la suite de leur carrière politicienne. Et dans le climat réactionnaire actuel, nous savons combien nous sommes à contre-courant.
L’enjeu pour nous est d’entraîner ceux qui nous entourent à nous rejoindre dans le geste concret de voter pour nous. Leur vote sera un premier pas vers le parti que nous voulons construire. Un premier pas important et un pas sans ambiguïté.
Nous sommes certes une petite organisation, mais nous avons su par notre fidélité et notre constance politique nous distinguer de tous les autres. Nous incarnons bien sûr le camp des travailleurs et Arlette Laguiller, qui est parmi nous et sur la liste, y a ô combien contribué.
Et depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine, nous incarnons aussi l’opposition la plus irréductible à la guerre impérialiste. Car sur ce terrain nous sommes les seuls à dénoncer les responsabilités des dirigeants occidentaux et leur propagande autour de la défense de la patrie.
Ces élections, dans une période marquée par les idées nationalistes et le repli sur soi contribueront à nous identifier encore davantage comme communistes, révolutionnaires et internationalistes.
Personne ne choisira le vote LO par hasard ou sur un coup de tête. Voter LO demandera de la conscience, une capacité à résister aux vents dominants réactionnaires et à tenir bon sur les intérêts et les perspectives révolutionnaires que porte le camp des travailleurs. Et bien faisons en sorte que ce geste soit fait par le maximum de travailleurs.
Nos idées ne pourront changer le cours de l’histoire de l’humanité que lorsque les masses s’en empareront. Cela ne sera possible que dans une période de remontée des luttes ouvrières et si ces idées restent vivantes dans les consciences des exploités.
Cette campagne nous permet précisément de les faire circuler et de les propager bien au-delà de nos rangs.
Alors, menons cette campagne avec l’enthousiasme et la détermination que nous apportent notre optimisme révolutionnaire. Chacun des votes qui se portera sur notre liste sera un pas vers la reconnaissance du programme de la révolution prolétarienne et un gage précieux pour l’avenir !