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Meeting du 28 septembre 2024 : discours de Nathalie Arthaud
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Sommaire
Travailleuses, travailleurs, chers amis, chers camarades,
Il faut construire un parti communiste révolutionnaire. Un parti qui affirme que la société ne changera réellement qu’au travers d’une levée en masse des exploités et des opprimés décidés à prendre leur sort en mains.
Un parti à l’opposé des réformistes dont le seul but est d’avoir le plus d’élus possibles pour peser de l’intérieur des institutions. Parce que ce que l’on nous présente comme l’alpha et l’omega de la démocratie, les élections, le parlement, le gouvernement ne sont qu’une vaste pièce de théâtre.
Une pièce de théâtre pour que rien ne change. Et rien ne change, parce que, comme Jean-Pierre l’a expliqué, le véritable pouvoir, celui qui décide vraiment de nos vies, n’est pas à l’Elysée, c’est le grand patronat.
Prenez les 1200 travailleurs de l’équipementier Valeo menacés de licenciement parce que le groupe a décidé de se séparer de trois sites. Ils travaillent depuis 20, 30 ans pour le groupe, ils l’ont fait prospérer et là, ils sont menacés d’être mis à la porte. Le couperet n’est pas venu de l’Elysée ni de Matignon, il est venu du conseil d’administration de Valeo et de ses grands actionnaires. Prenez les producteurs de lait, ils ne savent pas ce qui va leur arriver parce que le groupe Lactalis, le principal acheteur de lait a décidé de baisser sa collecte de 450 millions de litres. La décision a été prise par une seule famille, la famille Besnier, des milliardaires, propriétaires de Lactalis.
Ce pouvoir patronal, nous y sommes tous confrontés. Parce que qui décide de notre poste de travail, de nos horaires, des dates de nos congés et de notre la charge de travail ? Qui a le pouvoir de démolir notre santé en nous imposant des cadences infernales, des horaires délirants et le travail en sous-effectif ? Une armada de chefs et de sous-chefs et au-dessus d’eux des dirigeants qui obéissent aux actionnaires.
Bien sûr, nous ne sommes pas tous employés d’un grand groupe industriel et financier. Beaucoup travaillent dans des petites entreprises. Mais même si les décisions sont prises par des petits patrons, c’est le grand capital, les banques, les gros fournisseurs et parfois certains gros clients qui dictent leurs conditions. Et c’est ce grand capital qui aspire une partie des fruits du travail de l’employé de la boulangerie, de l’électricien ou de l’ouvrier agricole.
Beaucoup d’entre nous travaillent aussi dans les hôpitaux, les transports, les établissements scolaires, les collectivités locales. Les décisions y dépendent des politiques publiques et donc, des ministres, des maires, des présidents de région.
Mais de quoi décident-ils vraiment ? Tout investissement et achat public, se fait aux conditions du marché capitaliste, depuis les appareils IRM de Siemens jusqu’aux bâtiments des écoles construits par Bouygues ou Vinci en passant par les trains vendus à la SNCF par Alstom. Sans compter la dîme versée aux banques qui étrangle par ex les hôpitaux, obligés de s’endetter.
Alors, le pouvoir qui reste entre les mains de tous ces élus, c’est celui de répartir la misère et de gérer leurs établissements comme des entreprises, avec les mêmes critères de rentabilité et de productivité. Et avec des salariés souvent payés encore plus mal que ceux du privé !
Le sort de tous les travailleurs est en fin de compte entre les mains du grand patronat et des financiers !
Et puis nous sommes aussi des consommateurs. Et de qui dépend la liste de nos courses, la température à laquelle on peut chauffer notre logement sans se ruiner ? Pas de l’État, mais des prix imposés par les multinationales de l’alimentation et de l’énergie, et au-delà, par des mouvements de capitaux qui font monter ou baisser le prix du pétrole, du blé ou de la viande sur le marché mondial.
De la crèche à l’Ehpad, nous sommes tous devenus des sources de profits pour les capitalistes avec les privations et la maltraitance que cela engendre !
Alors nous disons aux travailleurs, ne vous laissez pas abuser par les pantins qui s’agitent sur la scène politique. Regardez ceux qui tirent les ficelles, la classe capitaliste : elle tient nos vies entre ses mains, c’est elle la commanditaire des mauvais coups qui nous tombent dessus, c’est elle la responsable de l’état du monde. C’est une classe sociale irresponsable et on ne doit pas la laisser diriger la société !
On ne peut pas renverser la classe capitaliste de l’intérieur du système et à partir des règles qu’elle a elle-même établies, précisément pour être intouchable.
Quand on nous appelle à voter, on ne nous demande pas de choisir qui nous exploitera, ni qui dirigea LVMH, TotalEnergies, BNP Paribas et qui aura le droit d’en encaisser les profits. On ne nous demande pas non plus de choisir s’il vaut mieux produire des logements ou des armes, de la nourriture bon marché de qualité ou des sacs de luxe.
Le pouvoir de la classe capitaliste n’est pas fondé sur les élections, mais sur sa fortune et sur ses capitaux. Son enrichissement suit une loi non écrite qui n’a jamais été votée : la loi du profit.
Et c’est cela le vrai déni démocratique !
Le nouveau Front populaire a hurlé au coup d’état parce que Macron n’a pas choisi la première ministre qu’il proposait. Mais le véritable déni de démocratie, c’est qu’une infime minorité de privilégiés a le pouvoir de décider de la vie des travailleurs, de les priver de leur gagne-pain, de transformer des villes en désert industriels.
Une poignée de privilégiés richissimes a le pouvoir de prendre, en fonction de ses seuls intérêts, des décisions qui engagent toute la société, quand ce n’est pas l’avenir de la planète.
Elle a aussi le pouvoir de s’acheter des ministres ou, des médias. Et surtout, elle a à ses pieds tout un appareil d’Etat. Des hauts-fonctionnaires, non élus, issus de ses rangs et qui sont les véritables dirigeants de l’appareil gouvernemental au quotidien.
Par exemple, le directeur de Cabinet de Barnier à Matignon est Jérôme Fournel. C’est pour nous un illustre inconnu. Mais il était il y a un mois le chef de cabinet de Bruno Le Maire à Bercy, et avant cela, il a travaillé pour Luc Ferry, Raffarin, Villepin, Darmanin. Autrement dit, il a déjà une longue expérience du pouvoir, au service bien sûr de la bourgeoisie.
Et puis il y a bien sûr l’armée, la police, la justice qui échappent elles-aussi à tout contrôle de la population, mais qui, par contre, sont totalement dévoués à la bourgeoisie parce que, comme les hauts-fonctionnaires, les généraux, les officiers supérieurs, les juges sont souvent eux-mêmes issus des grandes familles bourgeoises.
Karl Marx, le premier a qualifié la démocratie bourgeoise de « dictature de la bourgeoisie ».
Eh bien, nous y sommes encore. Cette dictature s’abat sur nous, chaque jour qui passe. C’est cette dictature là qu’il faut renverser ! Et pour y parvenir, il ne suffira pas de déposer une procédure de destitution sur le bureau de l’Assemblée Nationale, il faudra une révolution, c'est-à-dire des millions de travailleurs décidés à ne plus subir et épaulés par un parti communiste révolutionnaire.
Il est peut-être difficile de l’imaginer aujourd’hui, mais il y a eu dans le passé, de grands partis révolutionnaires.
En même temps que le capitalisme, le prolétariat et une multitude d’organisations, des mutuelles, des syndicats et des partis ouvriers se sont développés. Beaucoup épousèrent les perspectives tracées en 1848 dans le Manifeste du parti communiste par Marx et Engels : celle d’une révolution ouvrière internationale.
A partir des années 1870-80, en France, en Allemagne et dans toute l’Europe, des générations de militants socialistes, infatigables et déterminés, menés par des Jules Guesde, Paul Lafargue, August Bebel, Wilhem Liebknecht, ont rassemblé et éduqué des ouvriers dans le but du renversement de la bourgeoisie et du capitalisme.
Ces partis, dont le PS en France, ont trahi cet idéal en 1914, quand ils renoncèrent à combattre la première guerre capitaliste mondiale et participèrent à l’union sacrée en envoyant paysans et ouvriers sur les champs de bataille.
Mais après cela, le Parti communiste reprit le flambeau dans le sillage de la révolution russe et de la vague révolutionnaire qui déferlait sur toute l’Europe dans les années 1920. La perspective révolutionnaire s’était, en effet, concrétisée en Russie où les paysans et les ouvriers russes avaient imposé leur propre gouvernement, chassé la bourgeoisie du pouvoir et des entreprises et commencé à réorganiser la société sur des bases collectives.
Cet élan fut stoppé par l’échec de la vague révolutionnaire, puis par la bureaucratisation du pouvoir soviétique et l’instauration de la dictature stalinienne. Et, dès les années 1930, le PC français, sous la tutelle de Staline, n’avait plus rien eu de révolutionnaire. Mais il continua à transmettre, malgré lui, du fait de son nom et son rattachement à la révolution russe, l’idée qu’un jour, les exploités, les ouvriers, les employés, toutes les petites mains de la société prendront le pouvoir comme en Russie et mettront fin à l’exploitation et aux classes sociales.
Avec la chute de l’URSS et après des années de participation du PC à plusieurs gouvernement d’union de la gauche, cette perspective a régressé et a presque disparu des consciences.
Tous les partis de gauche, comme les directions syndicales se sont intégrés dans la société bourgeoise. Au lieu de militer pour renverser le système, ils se battent pour le gérer. Faisant croire qu’ils pourraient, eux, réformer le capitalisme et le rendre plus juste.
Et c’est vrai aussi de la France insoumise de Mélenchon qui se donne un ton plus anti-système, mais qui nous ressert les même vieilles recettes rassies de l’union de la gauche et du nationalisme.
Comme Jean-Pierre l’a expliqué, tous ces partis de gauche, ne veulent pas s’affronter avec le grand patronat ! Même pour obtenir le minimum du minimum, le Smic à 1600 €, le NFP n’était pas prêt à s’affronter au patronat.
Au lieu de cela il nous raconte des contes de fée sur la justice fiscale, et le capitalisme à visage humain. Au moment même où celui-ci nous enfonce dans la barbarie.
Dans la barbarie des guerres, de la misère, des bidonvilles, des camps de réfugiés qui n’ont jamais été aussi nombreux de par le monde et sont de véritables prisons pour des millions de personnes.
Dans la barbarie des bandes armées qui s’abattent sur les pays ravagés par la misère comme au Sahel ou comme en Haïti où les gangs s’arrogent un pouvoir de vie et de mort sur les habitants du pays.
C’est aussi la barbarie des murs, des barbelés et des frontières qui transforment la Méditerranée et la Manche en cimetière marin parce que les dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui cherchent une vie meilleure, sont traités comme des parias, chassés, persécutés.
Et il suffit de sortir de cette salle et de faire quelques mètres pour voir des femmes et des hommes qui vivent dehors, parfois au pied de magasins de luxe !
Alors que nos dirigeants ont trouvé des milliards pour organiser une gigantesque fête olympique, ils ne trouvent pas quelques milliers d’euros pour mettre à l’abri 2000 enfants qui dorment à la rue ! Non il n’y a plus rien d’humain dans ce système capitaliste parce qu’à partir du moment où la vie des femmes et des hommes ne peut plus rien rapporter au grand capital, ils peuvent crever.
Alors face à la barbarie actuelle, le problème ne consiste pas seulement à arracher quelques miettes aux capitalistes, leur faire payer un peu plus d’impôt ou de regagner deux années de retraite, il s’agit de les empêcher de nuire à toute la société !
A l’inverse des partis réformistes, il faut rejeter toute solution qui se placent dans le cadre de ce système car ce sont toutes des impasses.
Prenez les guerres. Quelles solutions les partis de gauche proposent-ils ? D’en appeler à l’ONU, au droit international ! Au moment où il saute aux yeux, avec ce qui se passe en Ukraine et à Gaza, que ce droit international n’est que la feuille de vigne de l’impérialisme. Et que la seule chose qui compte dans ce monde impérialiste, c’est la loi du pays le plus riche, et du mieux armé !
Ils font miroiter la paix, mais on s’enfonce dans la barbarie des guerres en Ukraine, à Gaza, au Soudan, en République démocratique du Congo, en Erythrée… Guerres dont on ne voit pas le bout, et qui s’étendent. La guerre en Ukraine s’est étendue au territoire russe. Après avoir massacré les Palestiniens de Gaza, réprimé ceux de Cisjordanie, Israël porte maintenant la guerre au Liban, créant toutes les conditions pour qu’elle embrase l’ensemble du Moyen-Orient.
Au moment où les bombardements sont en train de ravager le Liban et Beyrouth, je tiens à dire qu’il y a une terreur qui dépasse de loin celle exercée par les alliés de l’Iran, le Hamas ou le Hezbollah, c’est celle qu’impose Israël sur toute la région.
Israël qui est la puissance, la seule de la région à avoir une politique d’expansion, de colonisation et d’annexion et les moyens de ses ambitions ! Et ses moyens, c’est le terrorisme d’un Etat armé jusqu’aux dents et inconditionnellement soutenu par les tous puissants Etats-Unis !
Alors ne comptez pas sur nos dirigeants pour l’arrêter ! Depuis un an, ils couvrent tous les crimes d’Israël, parce qu’il est leur principal allié dans la région et qu’il leur sert de gendarme !
Oui, les Palestiniens, les Libanais comme l’ensemble des peuples de cette région sont sacrifiés sur l’autel de l’impérialisme, et cela doit tous nous révolter !
Un jour, les armes finiront peut-être par se taire au proche Orient. Mais la paix sera celle du plus fort. Pour les Palestiniens ce sera la paix des cimetières qui se maintiendra le temps qu’une nouvelle de générations de révoltés se lève pour reprendre le combat. Et en fait, personne ne vivra réellement en paix, pas même les Israéliens, car avoir en permanence le doigt sur la gâchette, ce n’est pas vivre en paix !
Sauf à renverser l’ordre impérialiste et les grandes puissances qui se servent de l’Etat d’Israël pour défendre leurs intérêts, il n’y aura pas d’issue, ni pour les Palestiniens ni pour les Israéliens ni pour aucun des peuples de cette région.
Au Proche-Orient, les peuples ont le malheur de vivre dans une région riche en pétrole, convoité par les grands groupes capitalistes depuis au moins cent ans. En Afrique, si des régions entières d’Afrique sont transformées en champ de bataille perpétuel, c’est parce que leur sous-sol contient des richesses minières exceptionnelles.
Tous ces massacres sont produits par un système qui transforme le monde entier en arène dans laquelle les trusts se mènent la guerre économique. Guerre économique qui dégénère en guerre tout court, comme c’est le cas aujourd'hui en Ukraine et comme ça le sera peut-être demain entre la Chine et les Etats-Unis.
Toutes ces horreurs sont produites par un système de rapaces qui n’en ont jamais assez et qui exploitent les hommes comme la nature jusqu’à leur épuisement et leur destruction complète. Elles sont produites par un système qui ne sait pas vivre sans dresser les peuples les uns contre les autres.
Combattre l’impérialisme et la domination des pays pauvres par les pays riches, combattre le capitalisme. Les deux sont absolument indissociables.
Il faut construire un parti révolutionnaire qui en revienne aux perspectives communistes révolutionnaires. Que les travailleurs prennent le pouvoir politique, qu’ils exproprient les capitalistes des secteurs vitaux de l’économie, les banques, les grandes multinationales et commerciales et qu’ils réorganisent toute l’économie sur des bases collectives pour que chaque être humain puisse se nourrir à sa faim, disposer d’un toit, accéder à la santé publique et à l’éducation, sans être forcé de passer sa vie à trimer du matin au soir.
Prenez le problème du logement. 2,6 millions de ménages attendent un logement social, et plus de 4 millions seraient de mal-logés.
La bourgeoisie n’a jamais réussi à résoudre ce problème parce qu’elle s’en moque. Pour les Jeux Olympiques, il a été possible de construire en quelques années une petite ville permettant de loger 14 500 personnes, sans compter tous les équipements sportifs.
« On a fait cela en quatre fois moins de temps qu’il n’en faut normalement », a expliqué un organisateur. Mais pourquoi faut-il d’habitude quatre fois plus de temps ? Parce que construire des logements à bon marché n’est pas assez rentable pour les entreprises du BTP, et parce que l’Etat les finance au compte-goutte !
Au pouvoir, les travailleurs en feraient, eux, leur priorité, ils auraient à cœur de mobiliser les moyens nécessaires et les ouvriers du bâtiment qui passent leur vie à construire des logements qui leur sont inaccessibles, pourraient construire pour eux et pour leur classe sociale tout entière en lui offrant ce qui se fait de mieux en matière de logement.
Au pouvoir, les travailleurs pourraient organiser l’économie en veillant à polluer et gaspiller le moins possible. Car ils planifieraient la production pour que l’on produise ce qui est utile et pour que l’on ne produise ni trop, ni trop peu. Ils rationaliseraient les échanges pour en limiter l’impact sur la planète. Les instruments d’une telle planification existent, ils sont déjà mis en œuvre par Amazon, Google et Cie. Oui, le renversement du capitalisme et la prise du pouvoir par les travailleurs permettrait de mener la politique écologique la plus radicale, la plus efficace, qui soit !
Et je ne vends pas du rêve. Je parle de ce que la société est déjà capable de faire.
Car l’économie capitaliste ne souffre pas de manque, mais d’un trop plein. La raison de fond de la crise économique, c’est la surproduction : les entreprises ont des capacités productives si puissantes que le marché ne peut plus les absorber, ce qui entraîne une guerre économique féroce. Guerre que chacune cherche à remporter en déployant des capacités productives encore plus importantes. Ce qui ne fait qu’aggraver le problème !
Et c’est la même folie pour la finance. Des masses énormes de capitaux s’accumulent dans les coffres forts de la bourgeoisie et ils alimentent essentiellement les marchés financiers et la spéculation, bien plus directement rentables. Et ils se transforment en matière explosive qui nous explosera fatalement dans un nouveau krach mondial.
Mais entre les mains des travailleurs, imaginez que ces capitaux pourraient servir pour la santé, pour la jeunesse... pour la transition énergétique. Ils pourraient servir pour développer les infrastructures élémentaires dans les pays pauvres. Ils pourraient mettre fin au sous-développement et sortir des milliards d’êtres humains du dénuement.
Au pouvoir, les travailleurs pourraient mettre fin à l’impérialisme et aux rapports de dominations qui soumettent les pays pauvres aux pays riches, car ils n’y ont aucun intérêt. Et contrairement à ce que veulent nous faire croire les capitalistes, les travailleurs des différents pays ne sont pas des concurrents.
La guerre pour les parts de marchés est imposée par les actionnaires, les travailleurs en sont les premières victimes et ils ont tout intérêt à l’arrêter et à la remplacer par la coopération.
En supprimant cette concurrence qui désigne toujours l’étranger comme une menace ou un ennemi, les travailleurs pourraient mettre fin au nationalisme, au racisme et à la xénophobie.
Si les autres pays ne sont plus à piller, si les autres peuples ne sont plus des concurrents et des ennemis, mais des partenaires avec lesquels coopérer, s’entraider et s’enrichir de nos différences, il est possible d’enlever tout objet aux guerres. Et alors oui, nous pourrons parler réellement de paix et se débarrasser une fois pour toutes, de ces guerres monstrueuses qui font offense à l’humanité !
Comme le disent les paroles de l’Internationale, avec les travailleurs au pouvoir, le monde va changer de base. Et aussi changer les femmes et les hommes.
Car les femmes et les hommes sont, eux aussi, le produit de cette société capitaliste, fondée sur l’individualisme et la concurrence. D’où les pires préjugés que sont le racisme et le sexisme, et les comportements abjects que sont la délinquance et les trafics qui transforment des quartiers en zones de non droit.
En ce moment, le procès des viols de Mazan, juge 51 hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pélicot droguée par son mari. On découvre comment des pères de famille ont trouvé normal de violer cette femme parce que le mari le permettait. Mais faire le procès des violences sexuelles et conjugales ne suffit pas, il faut aussi condamner la société qui les entretient et les renforce.
Depuis des siècles, la société bourgeoise infériorise les femmes. Elle les confine aux métiers les moins valorisés, elle les paye moins que les hommes, elle en fait des marchandises dans la publicité et pire, encore, dans la pornographie et le proxénétisme.
Au plus haut niveau, des politiciens et des grands patrons exhibent encore leurs épouses comme des trophées et un attribut de leur réussite sociale. Et il y a le conservatisme des religions qui consacrent toutes, d’une façon ou d’une autre, la supériorité des hommes sur les femmes.
Alors se battre contre les violences envers les femmes est essentiel. Et les luttes pour l’égalité des droits et la dignité ont fait avancer la cause des femmes. Mais l’on ne parviendra à se débarrasser de toute cette crasse accumulée par des siècles d’oppression et de préjugés qu’en contestant cet ordre social.
De Marx et Engels à August Bebel et Rosa Luxemburg, le mouvement socialiste a montré comment le capitalisme s’appuyait sur l’oppression des femmes. Louise Michel disait « le sexe fort est tout aussi esclave que le sexe faible et il ne peut pas donner ce qu’il n’a pas lui-même : l’émancipation et l’égalité ». Et elle poursuivait, « toutes les inégalités tomberont du même coup quand homme et femme donneront pour la lutte décisive ».
Oui, il faut « donner tous ensemble pour la lutte décisive », car on ne pourra établir des relations saines et égalitaires entre les femmes et les hommes qu’une fois supprimés les rapports d’exploitation, de domination et de possession, capables de tout transformer en marchandise, les corps et les esprits.
Tout dépendra de la capacité des travailleurs à aller jusqu’au bout de leurs possibilités pour écrire une nouvelle page de l’histoire de l’humanité. Tout dépendra, donc, de l’existence d’un parti communiste révolutionnaire.
Construire un tel parti dans la période actuelle n’est pas facile. Nous sommes minoritaires et les vents nous sont contraires car nous traversons une période de plus en plus réactionnaire.
Toute la situation, la crise, les menaces de la guerre, les scènes terribles qui aux quatre coins du monde poussent au repli sur soi, à la peur, au rejet, voire à la haine de l’autre. Et tous les partis politiques accompagnent, voire précipitent cette évolution de plus en plus droitière.
Le nationalisme est redevenu à la mode et les jeux olympiques ont été l’occasion, pour les médias et le pouvoir, d’une véritable campagne patriotique. L’armée est mise sur un piédestal et se montre partout, pour recruter des jeunes dans les écoles, dans les universités. La police se fait applaudir. Chaque fait divers sordide est instrumentalisé pour réclamer plus d’ordre et de répression.
On voit des proches, des amis, des camarades de travail se renfermer, devenir plus durs et intolérants. Cette pression réactionnaire conduit certains à se taire et se démoraliser.
Oh il y a encore des manifestations, où nous nous retrouvons et nous confortons entre convaincus. Mais rien que dénoncer l’État d’Israël nous vaut l’accusation d’antisémitisme, et combien n’osent même plus aborder la question entre amis ou camarades de travail ? Combien subissent la pression des remarques racistes au travail, sans réussir à organiser une contre-pression collective pour les faire taire ? Et qui, à part les révolutionnaires, affirment qu’il faut la liberté de circulation et d’installation pour tous ?
L’extrême droite se renforce, ses idées se banalisent. Et la situation peut se durcir au point que défendre des idées contestataires, critiquer la patrie, l’armée ou la police, dénoncer l’appareil d’État, sans parler de faire grève et manifester, pourra valoir des arrestations ou des agressions par des bandes de nervis ou la police. Cette évolution est d’autant plus possible que les dirigeants de la bourgeoisie ne savent même plus comment gérer leur propre système politique.
Alors par quelles situations passerons-nous demain ? Serons-nous aussi confrontés directement à la guerre, la jeunesse forcée d’aller se battre ?
Une chose est sûre, les crises qui nous attendent susciteront des réactions, feront bouger les consciences. Les périodes les plus sombres ont parfois accouché des plus grandes révolutions, c'est-à-dire des moments où des millions de femmes et d’hommes se transforment en combattants pour changer leur sort.
C’est dans ces moments-là que les idées révolutionnaires peuvent s’implanter auprès de larges masses. Et s’il y a ne serait-ce que le noyau d’un parti révolutionnaire, il y aura la possibilité de repartir de l’avant et de faire en sorte que les ces révoltes ne soient pas stériles ou dévoyées sur un terrain réactionnaire.
Alors, même minoritaires, il faut maintenir vivantes les idées révolutionnaires, même à contrecourant, il faut avancer et être fiers de nos idées et de notre idéal !
Toute l’histoire du mouvement ouvrier, les victoires et les défaites, nous ont indiqué le chemin :
Il faut construire un parti implanté dans le monde du travail. Ce doit être un parti de travailleuses et de travailleurs, conscients de constituer une force collective qui a à défendre ses conditions de travail et de vie au quotidien, mais aussi politiquement conscients que leur classe sociale a le pouvoir de faire tourner la société sans les rapaces et parasites que sont les grands actionnaires.
La première tâche est d’aider les travailleurs à s’organiser et à se rassembler pour mener la lutte de classe, et d’entretenir, en permanence, la conscience de classe.
Cette conscience de classe, il faut la défendre contre le patronat qui s’emploie en permanence à casser tout collectif et à diviser les travailleurs en faisant miroiter des possibilités d’ascension individuelle. Et il faut la défendre contre les partis gouvernementaux.
Contre le Rassemblement national, bien sûr. Car au lieu d’opposer les travailleurs à leurs exploiteurs, le RN oppose les travailleurs français aux étrangers, ou encore les Français d’origine, si cela existe, aux Français qu’il dit « de papiers » ! Pour le RN, il n’est pas question de demander des efforts au patronat qui se gave, ceux qui doivent faire des sacrifices ce sont les immigrés, qui font les boulots les plus difficiles, les plus mal payés et les plus précaires !
La préférence nationale brandie par le RN est un poison pour la conscience de classe. Mais cela n’est possible que parce que les partis de gauche et les directions syndicales contribuent depuis longtemps à la démolir.
Les partis politiques de gauche, PCF, PS, LFI ont remplacé les valeurs ouvrières par les valeurs républicaines ! Ils ont remplacé la lutte de classe par la lutte électorale ! Et pendant que les travailleurs ont à se défendre contre les fermetures d’entreprises et autres attaques patronales, ils jouent à la petite guéguerre de la gauche contre la droite et l’extrême droite au Parlement… quand leurs calculs électoraux ne les amènent pas à appeler à voter pour ceux qu’ils désignaient, la veille encore, comme leur pire ennemi ! Car depuis la dissolution de l’assemblée nationale, on en a vu des retournements ! La plus grande escroquerie étant que le Nouveau front populaire a, au prétexte du barrage républicain, appelé à voter pour Borne et Darmanin !
Et la CGT s’est aligné sur cette mascarade. Autrement dit, la confédération syndicale qui rassemble les ouvriers les plus combatifs a appelé à voter pour ceux qui nous ont attaqués et piétinés. Pour le résultat que l’on connaît : un gouvernement réactionnaire, fruit d’un deal entre Macron, Le Pen et Barnier !
Dans ces conditions, comment s’étonner que les travailleurs soient écœurés, déboussolés et que la conscience de classe recule !
En apportant leur voix au RN et en réclamant une politique plus dure contre les immigrés, les travailleurs se trompent gravement car ils renforcent ceux qui divisent la classe ouvrière et ils confortent ceux qui se voient une carrière de fascistes. Ils affaiblissent leur propre camp et se tirent une balle de pied, mais cela n’en fait pas encore des fascistes.
Traiter ces travailleurs de fascistes est d’autant plus révoltant, que certains ne font que répéter ce qu’a dit bien des fois le PCF ou le PS. Parce que je rappelle que le PCF avec Georges Marchais appelait en 1981, en pleine campagne présidentielle, à stopper l’immigration, car, prétendait-il, « La cote d’alerte est atteinte ». Je rappelle que c’est le socialiste Rocard, qui le premier a expliqué, que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Et c’est Mélenchon qui a accusé les travailleurs détachés de voler le pain des travailleurs locaux…
Alors oui, dans les entreprises, des travailleurs ont voté Le Pen, d’autres Mélenchon et d’autres se sont abstenus. Nous avons à discuter avec tous, pour qu’ils arrêtent de marcher dans la comédie politicienne. Nous avons à bagarrer avec chacun d’eux pour qu’ils sortent de leur passivité et qu’ils fassent de la politique dans le meilleur sens du terme : en s’organisant avec leurs camarades de travail quels que soient leur couleur de peau, leur origine et leurs croyances, pour leurs intérêts de travailleurs !
Défendre une politique de classe, remporter des victoires sur le patronat et sur la résignation, voilà comment on peut essayer de couper l’herbe sous le pied du RN.
Nous ne combattrons pas le RN en nous appuyant sur des politiciens qui ne valent pas mieux que ceux du RN ! Nous le combattrons en restant fidèles aux intérêts de notre classe sociale dans son ensemble.
Nous le combattrons en opposant aux partis de politiciens aussi arrivistes les uns que les autres, un parti de travailleuses et de travailleurs au service des luttes du monde du travail. Non pas un parti qui se comporte en assistante sociale ou en avocat vis-à-vis des exploités, mais un parti soucieux de faire de chaque travailleur, un combattant conscient que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes !
Ce parti révolutionnaire ne peut qu’être internationaliste, car le monde du travail est par nature international.
Dans tous les pays riches, la classe ouvrière s’est constituée par vague d’immigrations successives et cela continuera quels que soient les réactionnaires qui parviendront au pouvoir. Parce que le propre d’un travailleur, c’est de ne pas avoir de capital à investir, de fortune à faire fructifier. C’est de ne vivre que de son intelligence, de ses muscles, de son énergie, que l’on doit vendre à un patron à qui cela rapportera du profit.
Alors si on ne trouve pas de travail ici, on part et parfois très loin, et c’est vrai depuis le tout début du capitalisme. Et aujourd’hui on trouve jusque dans les plus petites entreprises du fin fond du pays, des ouvriers venus d’Éthiopie, d’Afghanistan, de Turquie, du Vietnam...
L’internationalisme, c’est aussi la grande chaîne formée par les centaines de millions de prolétaires de Chine, d’Inde, d’Afrique, des États-Unis ou d’Europe. Car aucun produit de l’industrie n’est fabriqué à l’échelle d’un pays ou d’un continent. Pour qu’on ait chacun un téléphone dans la poche ou un tee-shirt sur le dos, il a fallu que des travailleurs du monde entier interviennent, pour extraire les matières premières, les transporter, les transformer, les vendre.
Sous le contrôle de la bourgeoisie cette grande chaîne mondiale enrichit quelques milliers de milliardaires, contre l’intérêt de l’écrasante majorité. Mais il y a une chose que la bourgeoisie ne contrôle pas, c’est la révolte des opprimés. Et ces révoltes sont contagieuses. Elles l’ont toujours été pour la classe ouvrière et c’est même une nécessité incontournable.
La révolution ouvrière ne peut s’arrêter aux frontières d’un Etat, comme l’a montré l’isolement puis la dégénérescence de l’URSS et finalement, son éclatement. La bourgeoisie a établi son système à l’échelle du monde, c’est à cette échelle qu’il faudra le renverser.
Il faut donc construire des partis révolutionnaires dans tous les pays et les relier dans une internationale avec le même objectif : supprimer la propriété privée sur les grandes entreprises, en finir avec la loi du profit et la concurrence et faire sauter toutes les frontières qui datent du temps des calèches et de la bougie !
Nos convictions ne sont pas indexées sur le moral, la combativité et l’état d’esprit qui existe à tel ou tel moment dans la classe ouvrière. Elles sont basées sur les principes fondamentaux du marxisme : ce n’est pas d’abord les idées qui sont les moteurs de l’histoire, c’est la lutte des classes ; la classe ouvrière n’est pas seulement une classe souffrante et victime de l’injustice, mais une classe de révolutionnaires en puissance.
Le capitalisme peut sembler triompher mais la concentration des capitaux dans les mains de quelques-uns et les multinationales qui étendent leurs tentacules sur toute l’économie, imposent, de fait, un fonctionnement de plus en plus collectif, centralisé et mondialisé de l’économie.
Oui, n'en déplaise à Elon Musk, à Bernard Arnault et autres capitalistes qui se croient tout puissants, en faisant travailler ensemble des centaines de milliers de personnes, ils préparent les bases pour l'avènement du communisme. Que la classe ouvrière renverse leur pouvoir et les exproprie, et elle aura entre les mains tous les moyens de construire la société de demain !
C’est cela qui fonde notre optimisme fondamental.
Tout à l’heure, Jean Pierre a terminé en reprenant l’alternative que Rosa Luxembourg traçait en 1915, « le socialisme ou la barbarie ». Et ce n’est pas pessimiste, c’est un appel au combat. Un appel au militantisme.
Un appel à vous tous et aux jeunes en particulier, pour qu’ils s’attèlent à la construction de ce parti ouvrier révolutionnaire, communiste, internationaliste.
La société capitaliste est une société sans évasion possible.
Aux jeunes des classes populaires, elle impose l’exploitation, l’obéissance aux chefs, l’enfermement au travail, parfois sans même la possibilité de profiter de sa jeunesse pour voyager et découvrir le monde.
Aux jeunes des milieux plus aisés, elle offre la possibilité de faire carrière, de devenir médecin, ingénieur, architecte… Mais c’est une chose d’être médecin et c’en est une autre de voir les urgences saturées et d’y voir des gens mourir sur un brancard. C’est une chose d’être ingénieur, c’en est une autre d’être chargé de concevoir des missiles, des drones tueurs et autres engins de mort ou de se retrouver à spéculer dans une salle de marché.
En Ukraine, un jeune architecte fraîchement sorti de l’école travaille aujourd'hui pour dessiner les tranchées à creuser pour la guerre. Je ne vous surprendrai pas en disant qu’il ne voyait pas son métier comme ça !
Certains jeunes tentent de se construire une bulle et de mener leur vie en faisant abstraction de ce qui les entoure. C’est ce qui s’est passé le 7 octobre de l’année dernière, quand des jeunes Israéliens sont allés danser à quelques kilomètres de la bande de Gaza et ont été victimes d’un massacre horrible. Et ils ont été rattrapés par la guerre.
Cela peut nous arriver ici aussi. L’État essaie de recruter pour l’armée en faisant appel à l’engagement et au dévouement des jeunes. Mais comme en Ukraine, comme en Israël, ce sera pour en faire de la chair à canon et pour maintenir un ordre impérialiste ignoble qui sert les profits des industriels, des banquiers et des marchands d’armes.
Je le redis, il n’y a pas d’évasion possible, sauf à changer toute la société. Alors nous appelons tous ceux qui sont révoltés par l’état du monde et tous ceux convaincus qu’il faut abattre le capitalisme de nous rejoindre pour construire le parti révolutionnaire.
Et ne soyez pas découragés par la faiblesse des luttes collectives et l’apparente passivité des travailleurs. Soyez convaincus qu’un état d’esprit ça change.
Où en était l’état d’esprit des paysans à la veille de la révolution française, en 1788 ? En Russie, à la veille de février 1917, où en était l’état d’esprit des femmes qui voyaient leurs enfants mourir de faim, l’état d’esprit des soldats qui servaient depuis trois ans de chair à canon ?
Et qui peut dire où en est aujourd'hui l’état d’esprit des ouvriers des bagnes industriels chinois, et de ceux tout aussi féroces de Taïwan ou du Vietnam. Où en est réellement la conscience des travailleurs ukrainiens et russes ?
Même s’il est impossible de mesurer l’esprit de révolte qui peut exister à tel ou tel endroit, une chose est certaine : il ne peut que grandir en réponse à la barbarie qui nous entoure.
La guerre sociale se mène sans relâche et elle traverse le monde entier, opposant à une poignée de privilégiés des milliards d’exploités dont les plus gros bataillons se trouvent en Chine, en Inde et aux Etats-Unis.
Il y a sans aucun doute, dans ces pays et dans bien d’autres, des travailleurs conscients de la nécessité de renverser la bourgeoisie et capitalisme. Des travailleurs qui voient la force de frappe que leur classe représente. Tôt ou tard, ils lèveront le drapeau de la révolution et construiront de vrais partis révolutionnaires.
Ici, en France nous ne constituons qu’un petit bataillon de la grande armée ouvrière mondiale. Mais nous avons un grand rôle à jouer, celui de diffuser et semer les graines révolutionnaires.
Le feu couve sous la cendre. Regardez les feux de forêts, ils peuvent démarrer à un endroit se propager sous la terre, et resurgir des kilomètres plus loin. Les idées révolutionnaires l’ont montré, elles ont cette force-là.
Alors, haut les cœurs, aidez-nous à construire le parti qui sera l’outil décisif pour changer le monde. Aidez-nous à créer un réseau de convaincus là où vous travaillez, où vous habitez, où vous étudiez. Avec nous, dites tout haut votre révolte, et aidez-nous à maintenir la flamme révolutionnaire !