Brève
Saint-Gobain – Mutares
les deux font Lapeyre
« Mutares fossoyeur », ont affiché, à l’entrée du site Azur Production de Chambley, filiale du groupe Lapeyre, en Meurthe-et- Moselle, les travailleurs qui ont fait grève les 16, 19, 23 et 26 septembre.
Ils protestent contre les licenciements qui devraient toucher un tiers des 140 salariés que compte encore l’usine qui fabrique des menuiseries pour le bâtiment.
Si Mutares est le fossoyeur, l’assassin est bien le groupe Saint-Gobain qui a vendu sa filiale Lapeyre en 2020 à ce fonds vautour créé en 2008. Mutares avait déjà saigné plusieurs sociétés, Pixmania, Artmadis ou encore Grosbill. Pour se débarrasser de Lapeyre, Saint-Gobain a fait une « vente négative » en donnant un chèque de 252 millions d’euros à Mutares.
Pendant 24 ans, Saint-Gobain n’avait procédé à aucun investissement, se contentant de pomper la richesse produite par les travailleurs de Lapeyre, dont ceux d’Azur Production, laissant ainsi le rôle de fossoyeur à Mutares. Les travailleurs n’avaient aucune illusion et ils ont fait grève à plusieurs reprises contre cette cession. La reprise par Mutares visait à sous-traiter les licenciements et les fermetures d’usines et de magasins. Cela n’a pas manqué de se produire, Mutares pompant l’argent de l’entreprise, licenciant dans les usines et les magasins du groupe et revendant les murs des magasins Lapeyre pour remplir ses caisses.
Il ne reste presque plus rien des 252 millions donnés par Saint-Gobain lors de la vente. Les syndicats craignent à juste titre que Mutares veuille s’approprier ce qui reste de cette somme, sous prétexte que les caisses sont vides. Un PSE, en fait un plan de saccage de l’emploi, a été annoncé le 11 juillet à l’usine Azur Production de Chambley portant sur le tiers de l’effectif de l’usine. Les syndicats CGT, CFDT et FO réclament de meilleures conditions de départ. C’est pour faire pression sur la direction et se faire entendre que les travailleurs d’Azur Production ont fait grève et se sont mobilisés à plusieurs reprises ces dernières semaines.
Les syndicats réclamaient au moins 30 000 euros de prime supra-légale. La direction a proposé d’abord 12 000 euros, puis suite à la série de mouvements de grève, elle est montée à 15 000 puis à 20 000 euros. Bien insuffisant pour assurer un avenir aux travailleurs alors que la moyenne d’âge est au- dessus de 50 ans. Sans compter que les autres mesures du PSE (formation, etc.) sont au ras des pâquerettes.
Les négociations doivent se conclure le 8 octobre. Les élus de tous bords promettent leur soutien aux travailleurs ; l’entreprise étant située en pleine campagne, cette nouvelle vague de licenciements – l’usine a compté plus de 400 travailleurs – est un drame pour le secteur.
Mais pour ne pas se faire licencier sans rien, les travailleurs ne peuvent compter que sur leur détermination.