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Brève
Saint-Denis (93)
Les oubliés des attentats
Si l’ensemble des médias ont multiplié les reportages sur les attentats et les victimes du 13 novembre 2015, les habitants du 48, rue de la République à Saint-Denis ont été les grands oubliés de ces commémorations, comme à l’époque.
Le 18 novembre 2015, à 4 heures du matin, le RAID a donné l’assaut à cet immeuble dans lequel deux terroristes du 13 novembre s’étaient retranchés. Quatre-vingt-six personnes, dont 28 enfants, ont subi pendant sept heures des explosions et des fusillades. L’immeuble a été complètement ravagé par les quelque 5 000 impacts de balles et l’explosion d’une bombe actionnée par un des terroristes.
Les résidents ont finalement été sortis sans ménagement de leur logement, obligés pour certains à se dévêtir, sans rien emporter. Un peintre en bâtiment, voisin de palier des terroristes et qui avait le malheur d’être sans papiers s’est fait non seulement tirer dessus par la police qui lui ordonnait de se montrer à la fenêtre, mais a fini en garde à vue. La justice s’est acharnée sur lui en lui délivrant un OQTF (ordre de quitter le territoire). Deux autres personnes sans papiers ont été blessées et ont également reçu un OQTF.
Les habitants, traumatisés, ont été conduits dans un gymnase et y sont restés plusieurs nuits. L’État a laissé ces habitants pratiquement sans aucune aide. Pire, la presse a fait valoir que l’immeuble était vétuste et occupé par des squatteurs et des marchands de sommeil. Des petits propriétaires et des locataires ont tout perdu, certains ont même été contraints de payer les charges et les impôts fonciers pendant des années pour finalement vendre leur bien pour une bouchée de pain.
Les habitants de cet immeuble se sont battus pour être reconnus « victimes du terrorisme » au même titre que ceux du 13 novembre et ne l’ont finalement obtenu qu’en 2022, sept ans après les faits, sans avoir jamais pu bénéficier d’une simple aide juridictionnelle. Ils vont pouvoir enfin prétendre à une indemnisation. Ce n’est qu’en 2024 qu’ils ont pu enfin récupérer leurs biens qu’ils avaient été contraints de laisser dans l’immeuble.
Un bel exemple du mépris de l’État !