Brève
Mayotte : le poison de la xénophobie ne guérira pas l’hôpital
Mayotte : le poison de la xénophobie ne guérira pas l’hôpital
Selon l'Insee, Mayotte est le plus grand désert médical de France. En 2021, on comptait 86 médecins généralistes et spécialistes pour 100 000 habitants, contre 339 en métropole.
Le 10 juin dernier la quasi-totalité des médecins de l'hôpital de Mamoudzou était en grève contre le manque d'effectifs. Les 70 titulaires dénonçaient la dégradation du fonctionnement de l’hôpital en « plan blanc » depuis plus d’un an, c’est-à-dire qu’il ne survit que grâce aux réservistes et aux remplaçants. Sur 300 postes de médecins seuls 200 sont occupés.
En juin 2024 le service des urgences ne comptait que quatre médecins urgentistes pour 320 000 habitants. Un mois plus tard, la situation s’est encore aggravée. Désormais, les urgences ne peuvent plus compter que sur deux urgentistes alors que 37 sont nécessaires.
Par un décret, publié le 4 juillet, l’ARS peut délivrer des autorisations de travailler à Mayotte aux médecins, chirurgiens-dentistes et sages-femmes diplômés hors Union européenne "ayant reçu un avis favorable de la commission territoriale d’exercice de leur spécialité".
Estelle Youssouffa, députée réélue dès le premier tour sur des positions anti immigrés, s’est précipitée pour s’indigner que « notre santé à nous, Mahorais, ne mérite pas les mêmes précautions que celles de nos compatriotes”. Oubliant volontairement de préciser que ce dispositif concerne depuis mars 2020 la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Guyane, la Martinique et Saint-Pierre-et-Miquelon.
Le système hospitalier tout entier ne tient que grâce à la présence de soignants de nationalité étrangère comme tout le monde peut le constater et s’en féliciter en outre-mer et dans l’hexagone.
Mais à Mayotte face à toutes les incuries de l’État, crise de l’eau, épidémie de choléra, manque de tous les services utiles à la population, la porte voix des solutions les plus nauséabondes continue de distiller le poison de la division.