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Brève
Les raisins de la misère
Mardi 2 mai, des patrons de sociétés de main-d’œuvre viticole dans le Grand Libournais ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Libourne, l’un pour « traite d’êtres humains », l’autre pour avoir logé les salariés dans un logement indigne.
Ils faisaient venir des travailleurs marocains en leur promettant trois ans de contrat avec salaire de 1 500 euros par mois. Mais, sur place, la réalité était tout autre. Les bulletins de salaire ne correspondaient pas aux travaux effectués. Ils vivaient à huit dans un T2, sans véritables meubles ou literies. De plus, un patron leur extorquait un « droit de passage » en France de 1 200 euros.
Ces patrons ont été condamnés, parce que les travailleurs ont su s’organiser et se défendre malgré les intimidations. Mais combien de sociétés prestataires continuent à vendre leur main d’œuvre aux grands domaines, en imposant des bas salaires et des conditions de travail difficiles ?
De plus, ceux qui ont été condamnés sont des hommes de main. Mais les donneurs d’ordres, les propriétaires des châteaux du Libournais et de Saint-Emilion, continuent en toute légalité, celle du profit, à profiter d’une main d’œuvre bon marché, à la source de leurs fortunes. C’est cette exploitation qui permet à Bernard Farges, vice-président du CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux) de déclarer : « Les grands crus sont comme l’industrie du luxe, ils ne souffrent pas ».
S'organiser et se défendre collectivement : dans les châteaux comme partout, c'est la seule voie pour les travailleurs.