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Brève
Iran
Le mouvement social de septembre-octobre
Ce texte est basé sur ce qu’a vu une sympathisante qui a assisté en partie aux événements. C’est en quelque sorte son témoignage.
Iran : le mouvement social de septembre-octobre
Ce qui se passe en Iran depuis un mois aura sans doute des répercussions dans tout le Moyen-Orient et un gros impact dans les milieux arabes, y compris immigrés. Car c’est un mouvement exceptionnel par sa durée - plus d’un mois – et dans un grand pays développé. L’Iran, avec près de 87 millions d’habitants est le pays le plus peuplé du Moyen-Orient et la 2ème puissance économique derrière la Turquie, notamment à cause du gaz et du pétrole, représentant respectivement les 2èmes et troisièmes plus grandes réserves du monde. C’est un pays avec une importante petite-bourgeoisie, notamment intellectuelle, regroupée dans de grandes villes comme Téhéran avec ses 15 millions d’habitants et une classe ouvrière nombreuse, constituant plus de 30 % de la population, et travaillant dans de grands centres industriels, gazier et pétrolier. Le mouvement a démarré suite à l’assassinat, par la police des mœurs, à Téhéran, de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans, le 16 septembre. Elle avait été arrêtée trois jours plut tôt à cause de son voile d’où dépassaient des mèches de cheveux et est décédée à l’hôpital. Ce n’était pas la 1ère fois que la police des mœurs assassinait. Combien de fois, des jeunes ont-ils été arrêtés et ont-ils disparu, les familles, complètement désespérées courant partout pour savoir où ils sont ? Jusqu’à ce que la police leur ramène le cadavre de leur enfant… Mais cette fois-ci, ce n’est pas passé et malgré la répression, le mouvement continue depuis plus d’un mois. Il s’agit d’un vrai mouvement social contre la misère et contre l’État islamique.
Une situation explosive
Pour beaucoup d’Iraniens, il était évident, depuis la fin de la pandémie de Covid qu’il y aurait une explosion sociale. Ce n’est pas étonnant : la population est tombée dans une misère noire. Il faut toujours se battre pour tout, pour trouver certains produits de première nécessité comme des médicaments, introuvables en Iran. La pauvreté a tellement explosé que c’est un combat pour gagner sa vie, pouvoir acheter de quoi manger. Les enfants qui vendent des cigarettes, des fruits ou des mouchoirs à la sauvette se sont multipliés dans les grandes villes ; les hommes cumulent deux ou trois emplois ; de nombreuses femmes après le travail s’installent dans la rue avec des petits étalages pour fabriquer et vendre des bijoux et des babioles pour s’en sortir, et au supermarché, tout le monde compte, certaines mères de famille achètent les raisins, grain par grain pour leurs enfants.
L’inflation rend la vie quotidienne insupportable. En 2019, les prix avaient déjà augmenté de 22,5 % ; quand le carburant a augmenté de 50 %, des manifestations ont secoué 50 villes que le régime a brisé en faisant assassiner 300 personnes. En 2020, les denrées alimentaires ont bondi de 47 %. La viande était hors de portée depuis longtemps. Il restait les œufs pour la remplacer ; leur prix a brutalement été augmenté de 50 % en une journée, provoquant la « révolte des œufs ». Contre l’inflation, le chômage, la misère, 4122 arrêts de travail, grèves, sit-in, protestations diverses auraient eu lieu en 2021. C’est un record en 40 ans de république islamique. Au printemps dernier, les instituteurs ont fait grève plusieurs mois. En mai, à Abadan, suite à l’effondrement d’un immeuble appartenant à un proche du pouvoir qui avait rajouté des étages aux six autorisés, provoquant ainsi la mort de 33 personnes, plusieurs jours de manifestations secouent la ville aux cris de : «« dictateurs ! Gardiens de la révolution, pour nous, vous êtes des membres de Daech ».
En août, plus de 100 000 ouvriers de la pétrochimie ont participé à des arrêts de travail. Dans le mouvement actuel, l’assassinat de Mahsa Amini a été le déclencheur d’un mouvement social profond contre la dictature des mollah mais aussi contre la misère. Une flambée de colère qui se propage rapidement Aussitôt le décès connu, une manifestation a lieu dans sa ville natale, Saqquez, au Kurdistan iranien, le samedi 17 et dans la capitale de la province, le dimanche 18. Le lundi, c‘est à Téhéran, Kurdes et Iraniens se retrouvent ensemble ; des étudiants de l’université se mobilisent. Ainsi c’est à partir du moment où le mouvement déborde le Kurdistan iranien, touche la capitale qu’il démarre réellement, dépassant le problème des discriminations envers les Kurdes. Cela va ensuite très vite. Le mardi et mercredi, le mouvement s’étend à d’autres villes, une quarantaine au total, touchant toutes les régions, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Des villes réputées réactionnaires comme Ispahan et Qom, ville natale du guide suprême et affublée de l’étiquette de « ville sainte » sont touchées, ce qui est considéré comme de beaux succès et un encouragement. Signe que le mouvement est considéré comme sérieux et par conséquent inquiétant, des proches du pouvoir, pour la 1ère fois de leur vie osent se désolidariser du gouvernement et émettent l’hypothèse que peut-être, la loi sur le voile serait « contre-productive » ! A cette date du jeudi 20 septembre, la police a déjà tué plus de 40 personnes.
Pour pouvoir réprimer à huis clos, le pouvoir coupe l’accès à internet pour éviter la circulation des vidéos par Facebook, WhatsApp etc, dans tout le pays. Ce qui désorganise les administrations, posent d’innombrables problèmes à qui a besoin d’un document ou du moindre papier officiel. Mais le mouvement continue ; en un mois, 150 villes auraient connu des manifestations ; les 31 régions du pays ont été touchées. Elles ont lieu le soir. Des jeunes réussissent à arracher les bombes lacrymogènes aux policiers pour les en asperger, des voitures de police, et des commissariats sont brûlés. Et surtout, ce qui est le plus applaudi, ce sont les femmes qui arrachent leur voile, le mettent au bout d’une pique et le brûlent ou en font des autodafé. Plus d’un millier de vidéos circulent de femmes ôtant leur voile, tête nue et se coupant les cheveux. Les slogans sont « femme, vie, liberté », un slogan parti du Kurdistan et ensuite repris partout en Iran ; « Ni voile, ni turban, vive la liberté » mais aussi, dès les 1ères manifestations, des slogans contre l’État : « mort à L’État islamique », « mort au dictateur », « mort à Khamenei (guide suprême) ». Bien avant l’heure de la manifestation, tôt dans l’après-midi, de grands fourgons de police avec vitres fumées pour qu’on ne voit pas le tabassage des manifestants sont installées. Autour, il y a des très jeunes, très bien équipés de boucliers et de matraques qui ne sont pas la police officielle, sans doute des chômeurs que la police a réussi à prendre et utilisent comme forces supplétives. Il semblerait qu’elle fasse la même chose avec des réfugiés afghans qui obtiennent ainsi miraculeusement des papiers alors que pour la population, c’est un vrai parcours du combattant. La police oblige les commerçants à baisser rideau sous peine de leur casser leur vitrine.
Un mouvement qui dure et touche toute la population
La 1ère semaine d’octobre, des grèves éclatent dans des usines de la province de Bouchehr, au sud du pays. C’est la 1ère région économique du pays, là où sont extraits, transformés et acheminés pétrole et gaz et où sont concentrés, le long du golfe persique, d’immenses complexes pétro-chimiques et gaziers. Asalouyeh se trouve près du plus grand champ gazier du monde ; 60 000 ouvriers y ont bâti des dizaines de raffineries et des infrastructures faisant de cette zone la plus vaste du monde. 4000 ouvriers ont participé à la grève ; des vidéos les montrent brûlant des pneus devant l’usine. L’autoroute a été coupée, un poste de vigiles a été incendié. D’autres grèves éclatent à Abadan, Kengan, autres villes portuaires et à Bouchehr, capitale de la province du même nom et 3ème ville d’Iran. Des pancartes : « liberté, pain, travail » sont vues ainsi que : Vive l’Iran ! Vive les Turcs, les Kurdes, les Arabes, les Lors et les Bakhtiari (deux minorités ethniques d’Iran), ce qui va directement à l’encontre du pouvoir qui a pour politique de cibler les minorités pour diviser. Ces grèves ouvrières font dire au journal Les Echos, le 12 octobre, que la révolte a franchi un nouveau palier. Effectivement, l’intervention de la classe ouvrière peut complètement changer la donne comme cela s’est passé en 1979, pour faire chuter le régime du Shah. Les étudiants de toutes les Universités du pays participent, à commencer par celle de Téhéran. Un exemple : le président Raïssi qui avait tenté une sortie officielle dans une fac de filles, réputée sage et apolitique, a dû rebrousser chemin devant leurs doigts d’honneur et sous les cris de « Raïssi, casse-toi ». De proche en proche, le mouvement a gagné les lycées et même les collèges. Des filles se sont filmées, déchirant les photos de Khomeiny de leurs livres de classe ou scandant des slogans, tête dénudée, dans leur cour. Des vidéos montrent des parents défendant leurs enfants contre la police. Des catégories petites bourgeoises se joignent au mouvement : les avocats, par exemple, ont manifesté à Téhéran et ont été réprimés à coups de gaz lacrymogène, le 13 octobre. Des commerçants se seraient mis en grève à Saqqez, la ville natale de Mahsa Amini ainsi qu’à Mahabad dans le Nord. Des « grèves générales » ont lieu dans des villes du Kurdistan, Saqqez, Sanadaj, Divandarreh ainsi qu’à Mahabad dans la province d’Azerbaïdjan occidental. Les commerçants du bazar de Téhéran comme ceux de Shiraz et du Kurdistan se déclarent solidaires du mouvement. A Téhéran et à Naziabad, des policiers ont été vus se joindre aux manifestants ; quant aux bassidjis, des miliciens dépendant des « gardiens de la révolution » qui sont en province, y ont toujours vécu et y ont fait leur carrière, ils ne seraient pas du tout fiables car bien connus de la population… C’est sans doute le signe que ces catégories, qui ont été les piliers du régime qui leur fournissait emploi et position sociale voient le mouvement d’un bon œil car eux-mêmes viennent des classes populaires pauvres.
… Malgré la répression
Le gouvernement fait ce qu’il a toujours fait quand il se retrouve face à une explosion sociale : il réprime le plus férocement possible. Dans les régions les pauvres, souvent celles qui concentrent des minorités comme les Kurdes ou les Baloutches, là, pas de quartier ce sont les tirs à vue, la brutalité la plus crue, les assassinats sans fard et sans hésitation. Au Kurdistan, il envoyé des chars mardi 13 octobre. Les bases des organisations kurdes, réfugiées en Irak, de l’autre côté de la frontière, ont été bombardées. Au Sistan-et-Baloutchistan, la province la plus désolée d’Iran où vivent beaucoup de Baloutches, victimes depuis des lustres du racisme et des discriminations, et notamment dans la ville portuaire de Chabahar, la police a tué au moins cinquante personnes, au cours d’une émeute provoquée par le viol puis l’assassinat d’une adolescente de 15 ans dont le chef de la police locale est accusé. Au 20 octobre, le nombre de morts, sans doute sous-estimé car basé sur ce que les ONG peuvent recueillir comme informations, atteindrait 250 personnes dont une vingtaine d’enfants. Avec, paraît-il cette fois-ci, une sorte de valse-hésitation du pouvoir qui craint que trop de morts ne fasse basculer toute la population dans la révolte. Mais les prisons sont bondées ; les tabassages et les tortures sont la règle. Des adolescents et des enfants sont arrêtés en masse. Le 15 octobre, un incendie a éclaté dans la prison de Téhéran où sont regroupés les opposants sans qu’on en sache les tenants et aboutissants. Mais aussitôt des manifestants s’y sont précipités, accusant le gouvernement. Des émeutes ont éclaté dans d’autres prisons. Pour tenter de se protéger, à Téhéran, depuis fin septembre, les gens manifestent en klaxonnant depuis leur voiture plutôt qu’à pied. D’autres régions reprennent cette façon de faire, ce qui n’a pas empêché la police de tuer un manifestant directement dans sa voiture et les policiers d’arracher les plaques d’immatriculation pour retrouver les propriétaires. Est-ce que cela signifie que le mouvement est sur sa pente descendante ? C’est difficile à dire d’autant plus que les manifestations continuent et que le samedi 15 octobre, elles auraient été les plus importantes depuis le début, touchant y compris des quartiers populaires. Sans compter que des Iraniens s’en donnent à cœur joie pour trouver mille et un moyens : teindre les fontaines en rouge-sang, pirater une émission du guide suprême et même accrocher une banderole sur le viaduc de l’autoroute Modares qui traverse le centre de Téhéran, proclamant « Nous n’avons plus peur. Nous allons nous battre ».
Qui organise ?
Apparemment personne dans la mesure où toute opposition, politique, syndicale, voire associative est interdite. Mais visiblement les Iraniens ont trouvé leurs canaux, leurs moyens, avec ou sans internet et malgré la répression, ne veulent pas lâcher. On ne peut pas savoir jusqu’où ira ce mouvement mais en 1979, la population a réussi à faire tomber le Shah, et mettre fin à une dictature qui n’avait pas moins de moyens que les mollahs aujourd’hui. Un régime déconsidéré et haï Raïssi, le président actuel, est arrivé au pouvoir en 2021, juste après la pandémie, dans une situation où la misère explosait. C’est un ultra-conservateur, connu sous le nom de « boucher de Téhéran » pour avoir fait exécuter 30 000 opposants politiques après l’instauration de la république islamique, il est aussi réputé avoir été le maire de Téhéran le plus corrompu que la ville ait connu. Sa politique face à l’inflation le chômage et la misère que l’Iran connaissait a été de chercher à détourner la colère sur des boucs émissaires, une politique bien connue… Ce sont les femmes qui ont été ciblées avec un retour musclé de tous les règlements moyenâgeux que le pouvoir avait inventé. Au travail, elles étaient poussées vers la sortie ou mises en retraite. Dès sa prise de fonction, « à titre préventif » comme il a dit, il a donné pleins pouvoirs à la police des mœurs, autant dire un permis de tuer. Les rondes de la police des mœurs ont été multipliées, notamment sur les grands boulevards et devant les centres commerciaux. Il était même question de leur interdire les transports en commun si elles étaient « mal voilées » et d’augmenter le nombre de caméras pour vérifier si elles n’étaient pas « trop maquillées ». Peine perdue. C’est comme si la peur avait reculé ; l’ambiance avait changé par rapport aux années 2020, pendant et après la pandémie. Depuis un certain temps, on pouvait voir à Téhéran des filles, circulant en scooter, cheveux au vent ; les femmes rusaient : voile quasi transparent, voile qu’elles pouvaient ôter et remettre facilement, en cas de danger, ce qu’elles appellent des « décapotables », application sur le smartphone localisant les voitures de la police des mœurs… Dans les taxis, moyen de transport bien moins cher et bien plus utilisé dans les villes iraniennes qu’en France, les chauffeurs critiquaient ouvertement le régime devant leurs clients, sans crainte d’être dénoncés… Et absolument plus personne ne regarde la TV officielle, chacun cherchant des informations sur le câble. Cette attitude hostile de la population est concrétisée par les chiffres d’un sondage de juin dernier, réalisé à la demande du gouvernement mais dont les résultats ont fuité : seulement 13 % des sondés déclarent être pour le gouvernement, ce qui compte tenu du nombre important de forces policières, armées, forces de l’ordre en civil ne doit représenter qu’elles-mêmes, leurs familles et ceux qui en dépendent à un titre à un autre. Pire encore pour le pouvoir : 50 % des sondés déclaraient qu’il fallait le renverser.
C’est comme si le gouvernement avait déjà perdu toute légitimité et que le régime n’avait plus cette base sociale acquise pour avoir pris la tête du mouvement contre la dictature du Shah, en 1979 ; ce soutien populaire lui a permis de tenir 40 ans, y compris malgré la terrible guerre contre l’Irak pour la suprématie dans le golfe persique, de 1980 à 1988, qui a fait 1,2 million de morts et a laissé les deux pays exsangues. Mais le mouvement actuel, tout en étant moins massif qu’à l’époque semble montrer qu’il est en train de le perdre.
L’impérialisme, premier responsable de l’asphyxie économique du pays et de la crise économique et sociale.
Depuis l’instauration du régime islamique, le pays est pris à la gorge par les sanctions économiques des pays impérialistes, sous l’égide des USA. Pour les États-Unis, le renversement du régime était la perte d’un bastion de l’ordre impérialiste, une remise en cause de son pouvoir dans toute cette région du monde qu’il ne pouvait accepter. Depuis 40 ans, les USA se battent pour le faire plier. Dans un premier temps, sous prétexte de la prise d’otages à l’ambassade américaine,tous les avoirs iraniens dans les banques US ont été gelés. En 1984-85, ils interdisent à leurs banques, tout prêt à l’Iran. En 1995, ils mettent un embargo sur le pétrole iranien et ensuite sur tout son commerce. En réalité, ces sanctions sont appliquées avec beaucoup moins de méticulosité et de sévérité aux entreprises américaines qu’aux entreprises européennes ; en clair, elles visent à les éliminer d’Iran, tout en permettant à terme aux USA de se réserver certains marchés. Un exemple concret : Azoulayeh est une zone économique spéciale, un des plus grands sites industriels du monde avec 28 raffineries, terminaux gaziers, 25 usines chimiques ; les infrastructures ont été construites par des entreprises comme Agip, Gazprom, Total… Un marché gigantesque dont les USA sont exclus. Grâce aux sanctions, les USA pourront s’y installer par le biais de sous-traitants. Les entreprises européennes évidemment vont rechigner à quitter ce marché iranien. Les USA répliquent en leur appliquant des amendes. Elles vont ainsi payer plus de 40 milliards de $ pour avoir continuer à commercer avec l’Iran, Total par exemple va en payer 300 millions, après négociation « à l’amiable » et BNP Paribas 9 milliards. Sous la pression américaine, en 2010, l’Union européenne se résout à interdire toute importation de pétrole iranien.
Les sanctions et interdictions se suivent, interdiction de prêter à l’Iran, interdiction de vendre à l’Iran, interdiction d’acheter à l’Iran… la liste est longue… Pour les couches populaires, c’est la catastrophe. Par exemple, en 2012, l’inflation bondit à 40 % ; des banques font faillite, des milliers de titulaires de compte ont perdu leur épargne, sans qu’aucune compensation ne leur ait été versée. Les pièces détachées pour les réparations des machines, des infrastructures manquent, des usines ferment... En 2016, les sanctions sont allégées pour le pétrole, les banques et l’armement. Les exportations de pétrole repartent à la hausse, les devises rentrent, mais c’est sans aucun effet pour la population. Les sanctions sont rétablies en 2018 et même durcies. Elles visent à étouffer l’économie iranienne en bloquant ses échanges avec le reste du monde. La mesure phare en est l’interdiction de commercer avec les USA pour toute entreprise qui commercerait avec l’Iran.
Quand arrive la pandémie, l’Iran demande un allègement des sanctions afin de se fournir en matériel et médicaments, ce que les USA refusent. C’est ainsi qu’un trust pharmaceutique comme l’allemand Bayer est éliminé du marché iranien. Pour desserrer le garrot des sanctions, le pouvoir cherche à s’allier à l’Inde, à la Chine et surtout à la Russie. L’apparition des drones iraniens dans le conflit en Ukraine en est un des aspects. Les États-Unis promettent de nouvelles sanctions, ce que l’Union européenne vient d’acter, sous le prétexte des violences faites aux femmes. C’est dans ce cadre que Biden s’est mis, tout à coup, à défendre les « courageuses femmes iraniennes » du haut de la tribune de l’ONU. Une intervention très mal prise par la population iranienne qui sait à quoi s’en tenir concernant tout ce qui vient de l’impérialisme américain après 40 ans de sanctions. En réalité, tout cela est le résultat de la guerre économique que l’impérialisme, États-Unis en tête et pays riches européens à leur suite, mènent contre les pays qui d’une façon ou d’une autre ne sont pas complètement passés sous sa coupe ; ils le font avec la peau des populations qui en paient encore et toujours le prix fort, comme on le voit en Iran. Et le soutien affiché de ces pays impérialistes aux Iraniennes, suivi en cela par les médias, ne doit pas faire oublier que jamais, ils ne soutiendront la classe ouvrière si elle se décide à intervenir. Au contraire, ils se retrouveront toujours du côté des tortionnaires et massacreurs au pouvoir en Iran, les soutiendront, voire les remplaceront s’ils n’y arrivent pas. Ils l’ont toujours fait dans le passé et le referont. Ils savent qu’elle représente un danger mortel pour eux car elle est la seule force sociale, avec l’appui de toute la population à avoir les moyens à la fois d’abattre ses propres ennemis à l’intérieur du pays mais aussi de s’en prendre aux impérialistes.