Textes des interventions télévisées et radiodiffusées de la campagne officielle01/05/19951995Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1995/05/Mai_95.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Textes des interventions télévisées et radiodiffusées de la campagne officielle

Intervention d'une minute

10 avril 1995

Cette élection se déroule dans le cadre d'une situation dramatique pour trois millions et demi de chômeurs qui vont, inéluctablement, si rien d'urgent n'est fait, passer du chômage à la pauvreté, de la pauvreté à l'exclusion puis à la marginalisation. Lorsqu'on ne peut plus payer son loyer on devient un sans-domicile, un vagabond pour les bien-pensants.

Tous ceux-là ne peuvent pas attendre les dix, voire quinze ans, que les trois principaux candidats ont le cynisme d'envisager, dans le meilleur des cas pour supprimer tout le chômage, si même ils tiennent parole.

C'est maintenant que les chômeurs, les jeunes, les exclus de cette société injuste ont besoin de vivre :

Il faut contre le chômage un plan qui, en particulier, ne respecte pas les énormes profits de toutes les grandes entreprises qui osent licencier alors qu'elles sont bénéficiaires.

Je pourrai, j'espère, vous en reparler plus longuement.

Intervention de cinq minutes

10 avril 1995

Le chômage, les emplois précaires, l'absence d'avenir pour les jeunes, toutes situations qui touchent, non seulement trois millions quatre cent mille chômeurs, mais au total près de cinq millions de personnes, tout cela représente un drame jamais vu dans ce pays, une véritable catastrophe nationale. D'autant que cela a des répercussions dans de nombreux domaines. Et quoi qu'on en dise, cette situation ne va pas s'améliorer.

Même si ce qui semble se passer depuis deux mois continuait, le chômage ne diminuerait que de 100 000 personnes par an. Il faudrait 35 ans pour le supprimer entièrement.

Même les promesses les plus électoralistes, les plans soi-disant les plus audacieux des grands candidats n'envisagent de supprimer que 200 000 chômeurs par an, y compris le programme de Jospin, car la réduction à 37 heures de la semaine de travail n'amènerait que 400 000 emplois supplémentaires en deux ans. Même si l'on multipliait leurs promesses par trois, et à condition qu'ils tiennent parole, il faudrait six ou dix ans pour donner du travail aux chômeurs et aux jeunes.

N'y a-t-il pas là de quoi être indigné ?

Car les chômeurs, les exclus de cette société de rapines, les jeunes, ne peuvent pas attendre ni quinze ans, ni cinq ans, ni même deux ans, car les chômeurs sont menacés, à court terme, de la misère et de l'exclusion, et les exclus sont menacés de la déchéance physique et morale à bien plus brève échéance encore.

Face à cela les scandales ont jeté un rai de lumière encore bien trop faible sur la vie et le luxe de certains hauts personnages de l'État et de certains grands patrons qui parfois sont les mêmes, car ils passent de ministre à PDG ou, quoique plus rarement, de PDG à ministre. Certains, on a pu le voir, touchent des salaires avec lesquels on pourrait faire vivre de quarante à deux cents smicards ou le double de RMIstes.

Des ministres, des maires de grandes villes sont accusés d'utilisation frauduleuse des fonds publics. On voit des patrons de multinationales être menacés des tribunaux, comme le PDG d'Alcatel-Alsthom qui est soupçonné d'avoir surfacturé des centraux téléphoniques à l'État pour, peut-être, un milliard de francs. Surfacturation peut-être permise par quelques pots de vin distribués aux bons endroits.

Eh bien pour lutter d'urgence contre le chômage et l'exclusion il faut éclairer, mais éclairer largement, tout ce qui se passe dans les finances des grandes entreprises et dans les sommets de l'État.

Il faut pouvoir prendre l'argent là où il est. Pour cela, il faut rendre publiques les comptabilités de toutes les grandes entreprises.

Il faut que la presse, y compris la presse syndicale, ait la liberté de publier leurs comptes, afin que tout le monde puisse savoir quelle est la part des profits, celle des salaires, ce qui est payé et à qui.

Que la presse, puisse publier les déclarations d'impôts de tous les hommes politiques qui nous gouvernent, mais aussi - sans être poursuivie comme l'est Le Canard enchaîné - celles de grands patrons qui peuvent décider de fermer une entreprise comme on claque la porte de son réfrigérateur et ruiner du même coup une ville, ou une région tout entière.

Il faut savoir où va l'argent quand ils spéculent au lieu d'investir et, quand ils achètent des entreprises ici ou à l'étranger, que l'on sache pour quoi faire et comment ils vont les utiliser.

Il faut qu'ils soient responsables devant le pays. Prenez l'exemple du Crédit Lyonnais : parce qu'un PDG a agi de façon irresponsable, suivant les dires de son successeur, c'est plusieurs milliers d'employés du Crédit Lyonnais qui risquent de perdre leur emploi ou plusieurs milliers de jeunes qui auraient pu être embauchés et qui ne le seront pas. Même si ce PDG est condamné, est-ce que cela rendra un emploi à ceux qui vont le perdre ?

Oui, il faut rendre tous les comptes publics, tous les comptes en banque, tous les avoirs et les patrimoines de tous ces gens-là.

De l'inquisition cela ? Une atteinte à la liberté ?

Mais un patron n'a qu'à s'adresser au service du personnel pour savoir ce que gagne n'importe lequel de ses salariés, des manoeuvres aux cadres.

Mais lui, quand on publie sa feuille d'impôt, ce serait une atteinte à sa vie privée ?

Les licencieurs, eux, portent atteinte à la vie privée de milliers, voire de dizaines de milliers de travailleurs qu'ils ont eu la liberté de jeter à la rue.

Aujourd'hui il faut que cela change, d'urgence !

Et il faut aussi réquisitionner sans indemnité ni rachat, toutes les grandes entreprises qui osent licencier alors qu'elles font d'énormes bénéfices.

Intervention de deux minutes

11 avril 1995

Les scandales ont jeté un peu de lumière sur la vie de certains hauts personnages de l'État et de certains grands patrons.

On voit des ministres, des maires de grandes villes accusés d'utilisation frauduleuse des fonds publics. On voit des patrons de multinationales menacés des tribunaux, comme le PDG d'Alcatel-Alsthom qui est soupçonné d'avoir surfacturé pour peut-être un milliard de francs de centraux téléphoniques à l'État. Ceux-là touchent des salaires avec lesquels on pourrait faire vivre de quarante à deux cents smicards ou le double de RMIstes.

Eh bien, pour lutter rapidement contre le chômage, il faut d'urgence éclairer tout ce qui se passe dans les finances des grandes entreprises et dans les sommets de l'État et il faut pouvoir prendre l'argent là où il est.

Il faut rendre publiques les comptabilités de toutes les grandes entreprises. Il faut que la presse, y compris syndicale, ait la liberté de publier leurs comptes, que tout le monde puisse savoir quelle est la part des profits, celle des salaires, ce qui est payé et à qui.

Que la presse puisse publier les déclarations d'impôts de tous les hommes politiques qui nous gouvernent, mais aussi - sans être poursuivie comme l'est - Le Canard enchaîné - celles des grands patrons qui peuvent fermer une entreprise comme on claque la porte de son réfrigérateur et ruiner du même coup une ville, ou une région tout entière.

De l'inquisition cela ? Une atteinte à la liberté ?

Mais un patron n'a qu'à s'adresser au service du personnel pour savoir ce que gagnent tous ses salariés. Mais lui, quand on publie sa feuille d'impôt, ce serait une atteinte à sa vie privée ?

Les licencieurs, eux, portent atteinte à la vie privée des milliers, voire des dizaines de milliers de travailleurs qu'ils ont eu la liberté de jeter à la rue.

Eh bien cela doit changer, d'urgence !

Intervention de cinq minutes

12 avril 1995

Soi-disant pour lutter contre le chômage, les trois principaux candidats, ceux qui ont une chance d'être présents au second tour, ont pratiquement le même programme.

En effet, tous les trois mettent la diminution du coût du travail au premier plan des mesures qu'ils compteraient prendre immédiatement.

Pour cela, ils envisagent tous une diminution supplémentaire des charges sociales patronales avec en plus pour certains des subventions de l'État pouvant atteindre 2 000 F par mois par emploi pendant deux ans.

Autrement dit, encore des milliards offerts au patronat, au détriment de la couverture sociale des travailleurs et des chômeurs, ce qui se traduirait en plus, pour les salariés et les retraités, par des cotisations supplémentaires.

Et tout cela en pure perte pour l'emploi. Car chacun sait que depuis quinze ans cette politique a déjà été largement menée par tous les gouvernements successifs. Non seulement elle n'a pas créé un seul emploi, mais elle n'a pas empêché le chômage d'augmenter dans des proportions catastrophiques et y a même contribué. Car ce n'est pas parce que le travail est moins cher que l'on embauche. On gagne plus sur le dos des salariés, c'est tout.

C'est donc cette politique menée depuis déjà quinze ans, qu'ils nous proposent tous les trois de reconduire pour les sept ans à venir, quel que soit celui qui sera élu.

En fait, le coût du travail n'a pas cessé de baisser, et d'une façon considérable, depuis le début de la crise. Pour ne prendre qu'un exemple, le prix du travail aujourd'hui inclus dans le prix d'une voiture est quatre fois moindre qu'il y a douze ans.

Est-ce que cela a diminué le chômage ? Non ! car les licenciements dans l'automobile se sont poursuivis et d'autres sont encore annoncés. Est-ce que cela a diminué le prix des voitures pour les rendre plus concurrentielles ? Non ! leur prix a augmenté de 50 % en sept ans.

Alors, à quoi l'abaissement général du coût du travail a-t-il servi ? car c'est la même chose dans toutes les branches industrielles ou commerciales.

Ne cherchez pas, c'est devenu du profit, c'est devenu des bénéfices fabuleux dont toutes les grandes entreprises se vantent dans les journaux financiers.

Des bénéfices qui font la fortune d'une petite minorité. Mais surtout de l'argent qui n'est pas réinvesti pour créer des emplois car il sert surtout à la spéculation.

Y compris même parfois à spéculer contre le Franc, ce qui appauvrit l'État qui doit soutenir sa monnaie.

Eh bien, il faut cesser toutes les aides de l'État au patronat, aides directes ou indirectes : subventions, cadeaux fiscaux, dégrèvements, qui représentent des centaines de milliards sur 10 ans. Sans parler des cadeaux sans aucune justification économique faits aux classes riches comme la suppression des tranches supérieures de l'impôt sur le revenu, ou tout ce qui aboutit à ce que les plus riches paient proportionnellement bien moins d'impôts que les salariés.

Si on cesse tout cela, le budget de l'État comme celui de la Sécurité sociale pourront redevenir équilibrés.

Et avec cet argent, l'État peut et doit créer directement des emplois. Des emplois dans les services publics utiles à la collectivité, ceux qu'on a sacrifiés dans l'Éducation nationale où l'on surcharge les classes, dans les hôpitaux où l'on manque d'infirmières, ou que l'on ferme, dans les transports en commun qui deviennent de moins en moins sûrs faute d'entretien.

Il faut que l'État investisse lui-même, dans des travaux d'aménagement des banlieues et dans la construction de transports urbains, en particulier de banlieue à banlieue dans les grandes villes. Il faut construire des écoles, des logements populaires et des infrastructures dans les quartiers déshérités.

Tout cela est possible si l'on cesse de subventionner les grandes entreprises et si l'on taxe lourdement les profits spéculatifs, de même que les hauts revenus, et si l'on supprime par exemple la CSG sur les bas salaires et sur les retraites, pour au contraire l'augmenter et la rendre très progressive sur tous les revenus élevés, y compris ceux du capital.

C'est cela qu'il faut faire, et d'urgence. C'est un tel plan que je vous demande d'approuver par votre vote.

Si nous sommes des millions à l'approuver, nous aurons alors les moyens de contraindre celui qui sera élu, quel qu'il soit, à le réaliser.

Intervention de deux minutes

17 avril 1995

Face à la véritable catastrophe sociale qu'est le chômage actuel, que proposent ceux qu'on appelle les trois "grands" candidats et qui monopolisent les médias ?

Balladur se flatte de la minuscule baisse du chômage qu'on vient d'annoncer : 27 000 chômeurs de moins, en deux mois !

Mais à ce rythme, il faudrait six ans pour procurer du travail à un million de chômeurs, et dix-huit ans pour les trois millions et demi de chômeurs actuels.

Chirac dit qu'il veut faire plus, mais ce qu'il propose demanderait aussi des années de patience aux trois quarts des sans travail actuels.

Et la principale proposition de Lionel Jospin, les 37 heures, ne créerait, selon ses propres dires, que 400 000 emplois en deux ans. C'est-à-dire qu'il faudrait là aussi quinze ans pour résorber tout le chômage.

Mais les chômeurs ne peuvent attendre ni quinze ans, ni même deux ans. C'est aujourd'hui qu'ils veulent vivre !

En plus, que ce soit Jospin, Balladur ou Chirac, ils ont comme programme commun d'abaisser encore le coût du travail pour le patronat, en offrant à celui-ci encore plus de dégrèvements sur les charges sociales.

Cette politique n'a créé aucun emploi depuis des années qu'on la mène, et elle n'en créera aucun. Et ils le savent.

Oui, tous les trois envisagent froidement, calculs d'experts en mains, que les millions de chômeurs d'aujourd'hui aient à attendre cinq, dix, voire quinze ans pour sortir de la misère, en réalité pour y sombrer définitivement.

N'y a-t-il pas là de quoi s'indigner ? De quoi se révolter ?

Moi je pense que oui.

Et puisque cette élection ne changera rien, il faut au moins dire, au premier tour, son indignation par le vote qui créera le plus de surprise et fera le plus de bruit.

Intervention de cinq minutes

18 avril 1995

Ceux qu'on appelle les "trois grands candidats" se sont livrés, au cours de cette campagne, à un assaut- de promesses et de mensonges comme on n'en avait peut-être jamais vu, dans aucune autre campagne précédente. Et ce n'est sûrement pas fini.

Tout le monde le sait, et eux les premiers, que celui qui sera élu au soir du deuxième tour trouvera, de toute façon, de bonnes raisons de ne pas tenir parole. Pourtant, aucun ne se risque à chiffrer exactement ses promesses.

De combien, par exemple, voudraient-ils que les salaires augmentent ? Que serait ce qu'ils appellent une meilleure répartition des produits de l'expansion, ou des profits et des salaires ?

Quand ils se disputent sur le chômage, c'est en promettant l'un 100 000 chômeurs de moins par an, l'autre 200 000 et le troisième pareil. Mais ce qu'aucun ne précise, c'est qu'il faudrait à ce rythme et dans le meilleur des cas, au moins quinze ans pour supprimer le chômage.

Ils n'hésitent pas à susciter l'espoir des plus pauvres et n'ont aucun souci des déceptions qu'ils vont entraîner.

Ils voudraient tous apparaître comme des hommes neufs et faire oublier qu'ils se sont partagé le pouvoir depuis quatorze ans. Ils voudraient qu'on oublie que le parti de Lionel Jospin a exercé ce pouvoir dix ans sur quatorze, et que -celui de Balladur et Chirac l'a exercé quatre ans en tout et, surtout, les deux dernières années.

Et pourtant, écoutez-les parler du chômage, comme s'ils en connaissaient quelque chose !

Écoutez-les parler de la misère, comme s'ils l'avaient vue ailleurs qu'à la télévision !

Écoutez-les, surtout, en parler comme s'ils n'étaient pas responsables, tous au même titre, du niveau actuel du chômage et de la misère qui en résulte !

Oh ! Dans leur quête aux voix, ils ont un mot pour tout le monde. Ils en ont pour les retraités par exemple. Mais qui a institué la CSG sur les retraites ? Et qui a instauré les cotisations de Sécurité sociale sur les mêmes retraites ? Ce qui fait qu'un retraité parti à la retraite il y a cinq ans touche moins aujourd'hui qu'alors ! Et qui, dans leurs allées et venues au pouvoir, a maintenu les injustices que l'autre avait créées, ou vice versa

Écoutez-les parler aussi du drame du SIDA, comme si les uns et les autres n'étaient pas responsables de l'indigence des fonds publics consacrés à la santé en général ! Ce sont des associations privées qui doivent prendre le relais de l'État dans ces domaines, pour compenser sa carence.

Aujourd'hui, nouveauté, ils parlent des femmes. Balladur en est à nous promettre dix femmes dans son prochain gouvernement. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait plus tôt ?

Lionel Jospin ou Jacques Chirac envisagent aussi que la loi définisse un quota de femmes au gouvernement, au Parlement et dans les diverses élections.

Mais pourquoi ne donnent-ils pas l'exemple ? Ce serait si simple ! Trop simple peut-être, cela ne peut germer que dans la tête d'une femme !

Dans ces puissants partis, ces grands partis qui ont des dizaines de milliers de membres, il n'y aurait pas eu, depuis des années et des années qu'il y a des élections, une seule femme pour les représenter valablement dans une élection présidentielle ? ou pour les représenter à l'égal des hommes, dans les élections législatives où le scrutin est uninominal. Et cela sans qu'on ait à faire une loi spéciale. D'ailleurs, les lois, ils les font les uns ou les autres depuis quatorze ans. Alors ont-ils honte d'être représentés par des femmes ?

Je peux vous le dire, malheureusement la réponse est oui.

Même le Parti Socialiste, n'a tenté qu'une fois de mettre une femme comme Premier ministre.

Il aurait eu au moins ce mérite, si celle-ci n'avait pas connu bien des déboires au sein de son propre parti. Et il n'a pas recommencé.

Et là, dans cette élection, le Parti Socialiste n'a pas été capable de trouver une seule femme susceptible de porter ses couleurs, alors que pendant des mois il n'arrivait pas à trouver un candidat !

Ces gens-là se moquent des femmes, se moquent des retraités, des jeunes, de la Santé. Ils se moquent de nous tous.

Et bien moi, ce que je souhaite, c'est que les travailleurs, les femmes, les chômeurs, les jeunes, les retraités, prennent au sérieux les promesses de ces trois-là, et leur donnent un contenu précis, à la mesure des espoirs qu'elles auront suscités.

Et qu'au lendemain du deuxième tour ils présentent tous ensemble la facture à celui qui sera élu et lui disent :

Vous avez chanté toute cette campagne, eh bien, dansez maintenant !

Intervention de cinq minutes

19 avril 1995

Dire ce qu'on pense, c'est dimanche qu'on pourra le faire. Après, les dés seront pipés.

Et le problème du premier tour est de savoir si vous allez approuver la politique des partis qui se sont succédé au pouvoir depuis quatorze ans : le Parti Socialiste et le RPR, les partis des trois principaux candidats qui ont personnellement gouverné dans les quatorze dernières années.

Voter pour l'un d'entre eux serait approuver la montée du chômage, ces milliers de familles jetées à la rue, cette montée de la misère, la diminution des moyens de se soigner, le désespoir de la jeunesse dont l'avenir est bouché. De tout cela, ils sont, tous les trois, Chirac, Balladur et Jospin collectivement responsables.

Vous devez donc faire un vote de censure contre leur politique. D'autant plus que c'est exactement la même politique qu'ils se proposent, tous les trois, de mener à l'avenir.

Tant que dure cette campagne électorale, ils ont des trémolos dans la voix pour parler du chômage et de la misère.

Mais ce ne sont que mots vides, creux, vagues. Des engagements précis, ils n'en prennent pas. Par contre, ils savent être rassurants pour le grand patronat.

Un peu plus de la moitié de l'ensemble des profits réalisés par les grandes entreprises en 1994, selon les statistiques de l'INSEE, pourrait permettre de verser un salaire de 8 000 francs par mois pendant un an aux cinq millions de personnes actuellement sans emploi ou avec des emplois précaires.

Et il resterait encore au patronat presque la moitié de ses profits.

Il n'y a donc pas de raisons pour lui offrir encore des subventions, des dégrèvements d'impôts et de charges sociales.

L'État doit se servir de cet argent pour créer lui-même des emplois dans les services publics nécessaires à la collectivité. Il faut aussi relancer la consommation et faire repartir l'économie en augmentant les salaires du retard qu'ils ont pris depuis dix ans.

Mais tout cela resterait sans lendemain si on n'imposait pas la transparence sur la comptabilité des grandes entreprises. Savoir quelle est la part des salaires, la part des profits, ce qu'elles paient et à qui, quelles sont leurs liaisons avec d'autres entreprises ou leurs relations avec les banques.

Cela ne serait rien non plus sans rendre transparents les revenus de tous les hommes politiques et de ceux du grand patronat, leurs avoirs, leur fortune, les mouvements sur leurs comptes en banque et sur ceux de leurs prête-noms.

Ce n'est pas la dictature, c'est au contraire cette transparence qui seule permettrait une démocratie véritable. Quand ces grands patrons ou les gouvernants décident des licenciements ou les acceptent, ils obligent, à grands renforts de CRS, les salariés licenciés et la population, à accepter la ruine de leur région. Leur démocratie, leur liberté à eux, c'est cette liberté-là. Celle du peuple, c'est autre chose.

Alors si vous êtes des millions à approuver ce programme par votre vote sur ma candidature, ce sera, au moins, une façon de dire à celui qui sera finalement élu, ce que vous exigerez de lui.

Après, vous ne pourrez, nous ne pourrons, plus rien faire de notre bulletin de vote.

Même voter pour Robert Hue au premier tour n'aurait pas ce caractère. Car le Parti Communiste, il n'y a pas si longtemps, obtenait 15 ou 20 % des voix de l'électorat. Qu'a-t-il fait de la confiance que lui faisaient alors des millions de travailleurs, de femmes, de jeunes ?

Il l'a gâchée, il l'a galvaudée et il l'a perdue en échange de quatre ministres dans le gouvernement qui bloqua les salaires.

Alors que Robert Hue retrouve les voix perdues par son Parti - et il en est d'ailleurs très loin - cela n'inquiéterait plus personne du côté de la droite et du patronat.

Mais si ma candidature obtenait ne serait-ce que 10 % des voix, eh bien je vous garantis que cela ferait un choc suffisant pour que les travailleurs, les chômeurs, les jeunes puissent vérifier qu'ils seront nombreux à exiger de celui qui sera élu le soir du deuxième tour, de tenir même les promesses qu'il n'a pas faites en plus de celles qu'il a fait semblant de faire.

Intervention de deux minutes

20 avril 1995

La lutte contre le sida semblerait, à les entendre, en tête des préoccupations des principaux hommes politiques.

On ne saurait leur reprocher l'absence de vaccin ou de traitement efficace.

Mais, n'est-il pas choquant que l'on ne puisse trouver les crédits pour créer des structures hospitalières permettant d'accueillir les malades du sida dans de bonnes conditions ? Que l'on ne puisse trouver des financements pour éduquer la population et éviter toutes les craintes irraisonnées, qui isolent les séropositifs et les malades ?

Et ne peut-on trouver les moyens de les maintenir dans leur emploi, dans la vie sociale, aussi longtemps que possible ?

N'est-il pas ignoble que l'affaire du sang contaminé se résume à une sordide affaire d'argent ?

Et il faudrait également parler des autistes, des enfants malentendants, et de bien d'autres encore. Il faudrait parler aussi de la disparition des centres d'IVG et de planning familial, car il vaudrait mieux prévenir des grossesses non désirées que d'avoir à les interrompre.

N'est-il pas choquant que des associations soient contraintes de faire appel au public pour la lutte et la recherche contre le sida, les myopathies, ou le cancer ?

Ne serait-ce pas à l'État de financer cela au lieu de diminuer les crédits de la recherche scientifique ?

Et les économies sur la Sécurité sociale vont exclure des centaines de milliers de gens de tout système de soins.

Pourquoi cette société injuste, inégalitaire ? Car ces problèmes ne se posent pas de la même façon pour les riches et pour les pauvres.

Alors, au moment où l'on parle de reprendre les essais nucléaires français, pourquoi pas un référendum du type : Voulez-vous, oui ou non, que le budget militaire soit affecté à la Santé et qu'on fasse appel à la charité publique pour payer le matériel de guerre ?

Intervention d'une minute

21 avril 1995

Au soir du second tour, quel que soit celui des trois hommes, le socialiste Jospin, ou les RPR Balladur ou Chirac, qui sera élu pour sept ans, il aura gouverné plusieurs années, durant les quatorze années écoulées.

Il aura été, personnellement, co-responsable de la diminution du pouvoir d'achat, de l'augmentation dramatique du chômage et de l'apparition de multiples formes d'exclusion.

Vous tous qui êtes victimes de ces hommes-là, ne votez ni pour l'un d'entre eux, ni pour les hommes de l'extrême droite qui veulent utiliser votre colère pour une aventure totalitaire.

Faites un vote de contestation qui soit un choc.

Si ma candidature recueillait plus que les trois ou cinq pour cent que les sondages m'ont prêtés, mais huit, neuf ou dix pour cent, je vous assure que celui qui sera élu au deuxième tour saura qu'il devra compter avec tous ceux qui auront voté pour le programme que j'ai présenté.

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