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États-Unis - L'héritage de Clinton : huit ans d'attaques contre la classe ouvrière et les pauvres
Le 7 novembre se déroulera aux États-Unis l'élection présidentielle. Comme d'habitude, les appareils syndicaux se préparent, dans leur écrasante majorité, à soutenir le candidat démocrate, comme si le parti démocrate représentait pour les travailleurs, sinon un mieux, du moins un moindre mal.A ce sujet, nous publions ci-dessous la traduction d'un article paru dans Class Struggle (n° 28 - Août-Septembre 2000), édité par les camarades de Spark.
Dès son congrès d'octobre 1999, la confédération syndicale AFL-CIO, qui compte 13 millions de membres, décidait d'apporter son soutien à Al Gore, le vice-président de Clinton depuis 1992.
Mais ce soutien n'était ni unanime, ni très enthousiaste. Deux des plus importantes fédérations de l'AFL-CIO, celles de l'automobile (UAW) et des transporteurs routiers (teamsters), ont estimé qu'il était trop tôt pour apporter leur soutien à un candidat, en particulier, disaient-elles, au moment où le gouvernement Clinton s'apprêtait à normaliser définitivement les relations commerciales avec la Chine une décision combattue par les appareils syndicaux, qui prétendent que des importations en provenance de Chine risquent de menacer l'emploi aux États-Unis. En mai et juin dernier, ces deux fédérations ont à nouveau pris leurs distances vis-à-vis de Gore, en mettant en avant le nom de Ralph Nader, le candidat des Verts, ou, pour ce qui est des teamsters, celui de Pat Buchanan, qui apparaissait alors comme le futur candidat du Reform Party (le parti de droite du milliardaire Ross Perot).
Evidemment, il ne s'agissait que de manoeuvres d'appareils qui n'indiquaient aucunement un changement de politique de la part des syndicats. Dans le numéro de juin de sa revue Solidarity, l'UAW publia un article comparant Gore et Bush, le candidat du Parti Républicain. Cet article, favorable à Gore, ne mentionnait même pas le nom de Nader.
Les appareils syndicaux ne s'apprêtaient pas à rompre avec le Parti Démocrate. Certains d'entre eux essayaient peut-être de montrer aux Démocrates que le soutien des syndicats ne leur était pas totalement acquis. Mais l'effort consenti par les directions syndicales pour les élections de novembre 2000 montre aux Démocrates qu'ils n'ont vraiment rien à craindre. L'AFL-CIO a prévu en effet de dépenser 46 millions de dollars pour ces élections, soit 10 millions de dollars de plus qu'en 1996, et entend bien faire mieux que lors des élections de 1998, quand elle avait financé l'envoi de 9,5 millions de lettres et 5,5 millions d'appels téléphoniques.
En apportant son soutien aux Démocrates, l'AFL-CIO appelle les travailleurs à voter pour Al Gore et à donner par la même occasion quitus à l'équipe Clinton-Gore. Quel est donc le bilan de cette équipe qui vient de passer huit ans à la Maison Blanche ?
Les promesses électorales sont faites pour être trahies
En 1992, l'équipe Clinton-Gore et un Congrès à majorité démocrate étaient arrivés au pouvoir grâce à une campagne axée sur le changement nécessaire après les douze années du règne Reagan-Bush. Ils avaient promis de créer des emplois, de réduire les impôts des classes moyennes, d'instaurer une couverture médicale universelle, de garantir l'accès à l'université pour tous les diplômés du secondaire et de consacrer 20 milliards de dollars supplémentaires par an au budget des travaux publics. Pour financer le tout, ils proposaient d'accroître les impôts des classes aisées et des entreprises étrangères, et de réduire quelque peu les dépenses militaires (38 milliards de dollars sur cinq ans).
La plupart des Américains ont bien compris que tout cela n'était qu'un conte de fées à usage électoral. Mais, en plus de ces promesses, Clinton et Gore ont pris de façon spectaculaire, lors de leur arrivée en fonction, le contre-pied de certains choix politiques de l'équipe Reagan-Bush.
D'abord, le Congrès a voté et Clinton a contresigné la "Loi sur les congés-maladie et les congés parentaux", à laquelle George Bush avait opposé son veto quand il était au pouvoir. Cette loi permet aux employés d'entreprises de plus de 50 personnes de prendre jusqu'à douze semaines par an de congés-maladie et parentaux. Bien sûr, cette loi a d'importantes limites : les congés en question ne sont pas payés et sont donc entièrement aux frais des employés ; d'autre part, les termes de la loi offrent aux patrons qui le veulent toutes sortes de possibilités pour interdire en fait à leurs employés de prendre ces congés.
Ensuite, Clinton a clairement pris position pour le droit à l'avortement en permettant que la pilule abortive RU-486, la fameuse "pilule du lendemain", soit testée, commercialisée et fabriquée aux États-Unis où elle avait été interdite par le gouvernement Bush alors qu'elle était autorisée en Europe et en Asie depuis des années.
Mais Clinton n'a pas tardé à montrer les limites de son soutien au droit à l'avortement. Bien qu'il ait autorisé l'Agence des aliments et des médicaments, la FDA, à faire des tests cliniques avec la RU-486, tests qui ont prouvé que la pilule était efficace et sûre, son gouvernement n'a jamais donné son accord définitif à la distribution et la commercialisation de cette pilule.
De même, il n'est pas intervenu auprès des Démocrates du Congrès pour les inciter à voter la suppression de l'amendement Hyde, adopté en 1977 sous Jimmy Carter, qui interdit à l'aide médicale pour les pauvres de payer l'avortement d'une femme qui n'en a pas les moyens. Clinton, Gore et les Démocrates prétendent qu'ils sont pour le droit à l'avortement, mais ils refusent ce droit aux femmes pauvres.
L'administration Clinton ne s'est pas non plus appuyée sur les pouvoirs dévolus au gouvernement fédéral pour repousser les attaques de l'extrême droite visant à limiter l'accès à l'avortement, en particulier dans les régions les moins peuplées du pays. Par exemple, une bonne majorité des facultés de médecine et des hôpitaux universitaires ont déjà cédé aux pressions réactionnaires et ne forment plus les médecins à l'avortement. Le gouvernement, qui pourtant a la haute main sur des subventions fédérales indispensables à la quasi-totalité des facultés de médecine, n'a pas utilisé ce pouvoir pour les contraindre à remettre l'avortement au programme.
En d'autres termes, si, dans les premières semaines de son mandat, Clinton a abrogé ou fait mine d'abroger certaines des mesures que les Républicains avaient prises pour plaire à leur base électorale de droite, c'était surtout pour se donner une image populaire, destinée à masquer le vrai cours de sa politique.
Le cours réel suivi par Clinton est apparu quand il s'est mis à expliquer que le déficit budgétaire était beaucoup plus important qu'il ne l'avait cru et qu'il a annoncé, en 1993, un plan d'austérité étalé sur cinq ans, intitulé "Loi de finances pour le rétablissement du budget". Ce plan s'attaquait en particulier aux programmes sociaux dont bénéficiaient les couches populaires, et dont les budgets devaient être gelés ce qui, compte tenu de l'inflation, revenait à les réduire. Le même plan prévoyait une réduction de 56 milliards de dollars du budget alloué au système de soins des retraités et de 8 milliards pour l'aide médicale pour les pauvres.
Simultanément, les taxes sur l'essence étaient augmentées d'un cent par litre (environ 7 centimes), une mesure particulièrement injuste qui frappe les travailleurs ou les milieux populaires plus que les couches aisées. Incluse dans le prix de l'essence, cette augmentation est particulièrement insidieuse car non immédiatement visible.
Les Démocrates ont évidemment expliqué qu'ils augmentaient aussi l'impôt sur les sociétés, qu'ils ont effectivement fait passer de 34 à 35 % soit une prodigieuse augmentation de 1 % ! Les diverses réductions fiscales consenties par ailleurs ont largement compensé cette minuscule hausse. En fait, les impôts acquittés par les entreprises sont passés de 24,5 % de leurs profits déclarés en 1994 à 21,3 % en 1999.
Avec la hausse de l'impôt indirect et la réduction des budgets sociaux, la loi de finances du gouvernement Clinton accroissait la charge fiscale sur la population et transférait les sommes ainsi dégagées aux entreprises. Le gouvernement Clinton s'inscrivait dans la continuité des gouvernements Reagan-Bush.
Il faut rappeler que ce budget a été, de bout en bout, l'oeuvre du Parti Démocrate. Au Congrès, les Républicains, alors minoritaires, se sont payés le luxe de paraître opposés à ces mesures impopulaires et aucun n'a voté pour. Et au Sénat, le budget n'a été voté que grâce au vote décisif du vice-président Al Gore.
Une fois le budget adopté, Clinton a nommé Al Gore à la tête d'une nouvelle commission intitulée "Réinventer le gouvernement" (REGO), prétendument chargée de rendre l'administration plus efficace et donc de faire faire des économies aux contribuables. En fait, la commission REGO a surtout été créée pour faire dans l'administration ce que les patrons du secteur privé avaient déjà entrepris de faire pour leur compte : réduire le personnel, soit en augmentant la charge de travail, soit en sous-traitant à des entreprises embauchant du personnel moins bien payé et ne bénéficiant pas des mêmes avantages sociaux. Sous le règne de la REGO de Gore, plus de 350 000 emplois ont été supprimés dans l'administration et l'un des syndicats de fonctionnaires, l'American Federation of Government Employees, y a perdu 100 000 syndiqués. Mais pas un cent n'a été "économisé" au bénéfice du contribuable.
1994 Faillite de la réforme du système de santé et nouvelles attaques
En 1994, le gouvernement Clinton a entrepris de mettre en oeuvre une "réforme du système de santé", présentée comme devant offrir une sorte de couverture médicale universelle permettant l'accès aux soins des 40 millions de personnes dépourvues d'assurance médicale. En fait, cette réforme était essentiellement destinée à venir en aide aux grandes entreprises qui se plaignaient de l'augmentation des charges représentées par la couverture médicale de leur personnel. Mais une réduction des charges posait des problèmes du côté des entreprises du secteur de la santé qui, elles, profitaient de l'augmentation des dépenses de santé. La "réforme" du gouvernement Clinton n'a pas pesé lourd devant les craintes exprimées par des grandes entreprises aux intérêts contradictoires. Et dès l'automne 1994, elle était morte et enterrée.
Si Clinton avait vraiment voulu étendre la couverture médicale aux 40 millions de personne qui en étaient exclues, il aurait pu financer sa réforme en récupérant une partie des sommes versées aux grandes entreprises. Mais il ne l'a pas fait. Et le nombre de personnes sans couverture médicale a continué de s'accroître en moyenne d'un million par an.
Mettre en oeuvre le type de "réforme" souhaité par la population, c'est-à-dire une assurance médicale bon marché et accessible à tous, aurait nécessité de s'en prendre aux profits des grandes entreprises. C'était le contraire de ce que voulait faire Clinton.
Au moment même de la faillite de sa réforme du système de santé, le gouvernement Clinton présentait un projet de "Loi sur la lutte contre le crime". Ce texte digne de la droite réactionnaire prévoyait une clause dite des "trois fautes" ; une augmentation du nombre de crimes fédéraux passibles de la peine de mort (de deux à soixante) ; un allongement de nombreuses peines, rendues incompressibles, pour faire pièce aux juges considérés comme trop "mous" ; et une aide financière aux États qui contraignent leurs prisonniers à accomplir plus de 85 % de leur peine. Alors qu'il réduisait les programmes sociaux, Clinton trouvait sans problème l'argent nécessaire plus de 30 milliards de dollars pour embaucher des policiers supplémentaires et construire de nouvelles prisons.
La hausse de la criminalité est un problème réel aux États-Unis. Mais le gouvernement n'avait nullement l'intention de s'attaquer aux causes sociales du phénomène, entre autres à l'aggravation de la situation sociale et économique des plus pauvres et des plus désespérés. Au contraire, le gouvernement lui-même contribuait à aggraver la situation en réduisant le nombre d'emplois, les prestations, l'éducation et les soins accessibles aux classes laborieuses. La seule initiative de l'administration Clinton a consisté à raviver, à renforcer dans la population les sentiments les plus réactionnaires, et à accroître le nombre de policiers et de prisons.
Il faut noter enfin que le gouvernement Clinton et le Congrès démocrate ont trahi l'une des principales promesses électorales faites par le Parti Démocrate au mouvement syndical, en n'adoptant pas même une version édulcorée d'un projet de loi limitant la possibilité pour les patrons de remplacer les grévistes lors d'un conflit.
Par contre, l'administration Clinton a bel et bien lancé un avertissement aux appareils syndicaux. Dès la prise de fonctions de Clinton, le ministère de la Justice a soutenu les efforts d'un juge de Virginie pour contraindre le syndicat des mineurs (UMWA) à payer la plus importante amende jamais demandée à un syndicat, soit 60 millions de dollars. Cette condamnation faisait suite à une grève prolongée de 17 000 mineurs de charbon contre la compagnie Pittston Coal en 1989. Les patrons de Pittston avaient pour leur part renoncé à l'amende au cours des négociations des accords de fin de grève, mais le ministère de la Justice avait quand même poursuivi l'action jusqu'en Cour Suprême. L'amende fut finalement annulée par les juges conservateurs de la Cour Suprême, qui débouta le juge de Virginie et le ministère de la Justice. Mais c'était, de la part de l'administration Clinton, un message à l'adresse des directions syndicales qui seraient tentées de se lancer dans des grèves dures.
1995-1996 Le gouvernement Clinton donne toute sa mesure
Les attaques incessantes du gouvernement Clinton et du Parti Démocrate se sont traduites par une désaffection de leur électorat, si bien qu'aux élections de 1994, les Républicains sont redevenus majoritaires dans les deux chambres. Cela n'a pas changé grand-chose, sinon que l'AFL-CIO pouvait maintenant s'en prendre à la majorité républicaine du Congrès pour les mesures anti-ouvrières que continuait à prendre le gouvernement Clinton et qui n'étaient, en fait, que la continuation de la politique menée pendant les deux ans de majorité démocrate.
Au printemps de 1995, à la suite de l'attentat à la bombe d'Oklahoma City, le gouvernement Clinton faisait voter en quatrième vitesse une "Loi générale sur la prévention du terrorisme". Cette loi, composée en fait de dizaines de lois nouvelles, élargissait les pouvoirs de nombreuses agences fédérales de maintien de l'ordre aux dépens de la population dans son ensemble. Les pouvoirs du Service de l'immigration et des naturalisations, l'INS, étaient étendus et lui permettaient d'expulser une personne née à l'étranger et simplement suspectée de terrorisme sur la base de renseignements que l'INS n'a pas à communiquer à l'accusé, qui n'a aucune possibilité d'appel. Le FBI se voyait accorder une plus grande latitude pour ses tâches de surveillance. Ainsi, il peut mettre sur écoutes tout appareil téléphonique susceptible d'être utilisé même occasionnellement par une personne surveillée, ce qui l'autorise à mettre sur écoutes les téléphones de bien d'autres usagers.
D'autre part, cette loi restreint considérablement le droit des prisonniers à l'habeas corpus (c'est-à-dire leur droit de faire appel à des juridictions fédérales) même si les autorités d'un État ou les autorités locales ont de toute évidence outrepassé leurs droits ou s'ils ont été condamnés sans preuve. Cette nouvelle loi supprime une importante possibilité de recours pour tous ceux qui ont été jugés de manière expéditive, qu'il s'agisse de prisonniers politiques, comme Mumia Abu Jamal, ou de prévenus désargentés qui n'ont pas les moyens financiers d'une défense légale correcte.
Un an plus tard, Clinton approuvait un autre projet intitulé "Loi sur la réforme des recours carcéraux". Jusqu'alors, les prisonniers avaient le droit de faire appel devant une cour fédérale des aspects les plus choquants de leurs conditions de détention : surpopulation grave, absence de soins (à l'origine d'épidémies de tuberculose et de SIDA), viol systématique des prisonnières par certains gardes. En leur supprimant ce droit, Clinton donnait son aval à une aggravation continue des conditions de détention, à un moment où la population carcérale s'accroissait de façon vertigineuse.
Puis, le gouvernement Clinton a entrepris de s'en prendre à la fraction organisée de la classe ouvrière. En mai 1996, Clinton s'appuyait sur la "Loi sur le personnel ferroviaire" pour mettre un terme à une grève nationale touchant 50 compagnies de chemin de fer. De toute évidence, la capacité des syndicats de cheminots à bloquer l'ensemble du système ferroviaire était un atout important dans leur lutte contre les sacrifices demandés par les patrons du secteur. Clinton est donc intervenu pour aider les patrons à mettre fin à la grève et à imposer leurs propositions.
Le couronnement de l'action législative de Clinton au cours de ses quatre premières années au pouvoir a été sa loi sur la réforme de la protection sociale, adoptée le 22 août 1996. Cette loi historique était un grand coup porté au filet de protection sociale mis en place par les grandes luttes des années 1930 et 1960. Le but de la "réforme" était tout simplement d'éliminer le maximum de personnes des listes de bénéficiaires et de les contraindre à accepter un travail à n'importe quel salaire. Pour ce faire, tous les arguments et les prétextes étaient bons : durée de travail trop courte, délais non respectés, rendez-vous manqué, papiers égarés. Et tant pis si la personne concernée avait un enfant en bas âge ou plusieurs enfants à charge : il ou elle devait trouver un emploi. En trois ans, le nombre de bénéficiaires fut diminué de moitié et 6 millions de personnes se retrouvèrent sans aucune aide de l'État.
Au moment de présenter sa loi, Clinton l'a baptisée, le plus cyniquement du monde, "Loi sur la réconciliation entre l'offre de travail et la responsabilité personnelle". Mais la seule "offre" qui était faite aux bénéficiaires de l'aide sociale était d'accepter les emplois les plus durs et les plus mal payés et sans pouvoir bénéficier des aides promises pour faciliter la période de transition. Clinton avait en effet parlé de soins gratuits pour les enfants, de bons d'alimentation, d'aide au logement, d'accès aux soins médicaux : autant de mensonges.
Ces personnes ont donc dû accepter ce qui se présentait, c'est-à-dire, le plus souvent, des emplois payés 6 ou 7 dollars de l'heure (35-40 francs), sans aucune prestation sociale. Soit un salaire annuel de 13 290 dollars ce qui représente, dans le cas d'une famille de trois personnes, 60 % du seuil de pauvreté. Quant aux aides promises par Clinton, elles étaient conditionnées par tant de paperasse qu'elles étaient pratiquement impossibles à obtenir.
Mais il y avait pire. Selon les États, de 30 à 50 % des personnes exclues de l'aide sociale ne trouvaient pas d'emploi. D'autres trouvaient un emploi qu'elles perdaient avant le délai de trois mois. Quand ces personnes demandaient à bénéficier de l'aide de l'État, elles étaient, dans le jargon officiel, "détournées" c'est-à-dire renvoyées à la rue. Des millions de personnes se retrouvaient ainsi sans domicile fixe, à vivre d'expédients, avec comme seule perspective de se retrouver tôt ou tard en prison.
Dans l'année qui vient, 7 millions de personnes risquent encore d'être exclues du système d'aide sociale. Face à cette véritable bombe à retardement sur le plan social, les seules mesures prises par l'administration Clinton ont consisté à embaucher des policiers, construire des prisons et aggraver les peines.
Mais ce désastre humain fait l'affaire des employeurs. Il met à leur disposition une importante réserve d'individus sans espoir, qui n'ont pas d'autre choix que d'accepter les salaires les plus bas et les pires conditions de travail. C'est là une des raisons qui expliquent la stagnation et même la chute des salaires de l'ensemble de la classe ouvrière, y compris dans la présente période d'expansion.
Un mois après que le Congrès eut adopté la loi de Clinton destinée à "mettre fin à l'aide sociale telle que nous la connaissons", le président est reparti à l'attaque en proposant une série de lois draconiennes sur l'immigration. Entre autres choses, ces nouvelles lois vidaient de leur contenu les mesures anti-discriminatoires qui protégeaient encore les immigrés sur leur lieu de travail, rendaient plus difficile l'obtention du statut de réfugié, et interdisaient aux immigrés de faire appel des décisions du Service de l'immigration et des naturalisations auprès d'un tribunal. Elles prévoyaient aussi un budget destiné à doubler le nombre d'agents de la police des frontières et à construire de nouveaux centres de rétention pour étrangers.
Clinton a présenté ces lois comme un moyen de protéger les emplois "américains". En réalité, elles n'ont fait qu'augmenter le nombre de travailleurs menacés, vulnérables ou désespérés. Et elles ont donné aux employeurs et au gouvernement des moyens légaux supplémentaires pour se débarrasser de ceux qui, parmi les millions d'immigrés clandestins de ce pays, osaient se défendre ou s'organiser.
Mais 1996 étant une année électorale, il fallait que Clinton et les Démocrates aient quelque chose à offrir à leur électorat traditionnel. Ils ont donc proposé de faire passer le salaire minimum de 4,25 à 5,15 dollars (de 25 à 30 francs) de l'heure sur deux ans. Pour ne pas être en reste, les Républicains se sont déclarés favorables à cette mesure pour laquelle ils ont voté au Congrès. Mais en termes réels, et compte tenu de l'inflation, le nouveau salaire minimum était encore de 20 % inférieur à ce qu'il était dans les années soixante-dix.
Pourtant cela a suffi aux dirigeants de l'AFL-CIO. Ils ont déclaré que Clinton et les Démocrates étaient les amis des travailleurs et se sont lancés dans une grande et coûteuse campagne de soutien. Au cours des quatre premières années de sa présidence, Clinton avait tenté de ruiner le syndicat des mineurs, il avait brisé la grève des cheminots, supprimé les programmes d'aide sociale, augmenté les impôts des travailleurs, réduit les droits des personnes aux prises avec les autorités, et augmenté les subventions aux grandes entreprises. Non, Clinton n'était pas l'ami des travailleurs, mais leur ennemi.
Les attaques de Clinton contre le mouvement syndical
Le soutien apporté par l'AFL-CIO au tandem Clinton-Gore, lors de l'élection de 1996, s'est révélé décisif et lui a permis de l'emporter sur les Républicains. Mais Clinton allait rapidement montrer aux syndicats ce que leur rapportait leur soutien. L'année suivante, il lançait deux offensives majeures contre le mouvement syndical.
En février 1997, le gouvernement Clinton avait à nouveau recours à la "Loi sur le personnel ferroviaire", déjà utilisée contre les syndicats de cheminots l'année précédente, pour empêcher les pilotes d'American Airlines de se mettre en grève. C'était la première fois depuis trente ans qu'un président avait recours à cette loi contre les salariés d'une compagnie aérienne. Clinton créait ainsi un précédent qui allait affecter le rapport de forces dans tout le secteur du transport aérien. Son intervention a en effet aidé les autres compagnies à mettre en échec leurs salariés qui, devant les énormes bénéfices annoncés par les transporteurs aériens, commençaient à se mobiliser pour récupérer une partie des sacrifices consentis au fil des ans.
Dans une autre confrontation avec le mouvement syndical, le gouvernement Clinton s'en est pris au syndicat des transports routiers (teamsters) après la grève victorieuse d'UPS (United Parcel Service) en août 1997. La grève d'UPS se distinguait quelque peu des autres grèves de cette époque, d'une part parce qu'elle avait été un peu mieux organisée, mais aussi parce qu'elle avait réussi à mobiliser une plus grande partie de la base. Et comme les revendications des grévistes tournaient autour de la nécessité de réduire le recours au travail temporaire et au temps partiel, cette grève posait le problème de la lutte contre la généralisation des bas salaires. De ce fait, elle avait un impact qui dépassait les limites du conflit d'UPS.
La grève s'est terminée sur un accord plutôt favorable aux employés d'UPS. Et, dans un premier temps, elle a été vue comme un pas en avant et un encouragement pour d'autres travailleurs à se mettre en grève à leur tour. Cela concernait tout particulièrement les syndicats des teamsters eux-mêmes, qui s'apprêtaient à négocier deux importantes conventions collectives, l'une sur le transport de fret et l'autre sur le transport de voitures.
Mais trois jours après la fin de la grève d'UPS, la personne chargée par le gouvernement de contrôler les activités du syndicat des teamsters annonçait, avec l'accord du ministre de la Justice de Clinton, qu'elle invalidait l'élection du président du syndicat, Ron Carey, dirigeant de la grève d'UPS, accusé de corruption. L'élection en question s'était tenue huit mois plus tôt, mais la représentante du gouvernement n'avait découvert la corruption qu'après la grève victorieuse d'UPS ! Dans cette affaire, Carey n'a pas seulement perdu son poste : il a aussi perdu le droit de se représenter et même celui de faire partie du syndicat des teamsters.
Mais le gouvernement Clinton n'en est pas resté là. Au même moment, le ministère de la Justice annonçait que des enquêtes étaient en cours sur les principaux dirigeants de l'AFL-CIO, y compris le trésorier de la confédération, Richard Trumka. Cette enquête était de toute évidence une menace à l'adresse des principaux responsables syndicaux, qui devaient éviter d'apparaître favorables à une extension de l'action gréviste. On ne sait pas si cette menace a joué ou non un rôle dans leur attitude, mais toujours est-il qu'ils n'ont pas organisé de grèves comme celle d'UPS, et n'ont en fait pratiquement pas organisé de grèves du tout !
Le deuxième mandat de Clinton : au service de la fabuleuse accumulation de richesses de la bourgeoisie
Au cours de cette même année 1997, le Congrès a adopté, avec le nouveau budget de Clinton, de nombreuses mesures lourdes de conséquences.
Tout d'abord, Clinton a proposé de réduire à nouveau les budgets de l'assurance maladie des retraités et de l'aide médicale. Tout au long de la campagne électorale de 1996, Clinton et les Démocrates avaient dénoncé les Républicains qui voulaient, disaient-ils, démanteler le système de santé des personnes âgées. Cet argument avait convaincu de nombreux électeurs, inquiets, de voter pour Clinton et les Démocrates, qui étaient apparus comme les défenseurs de ce système simplement parce qu'ils proposaient de le réduire de façon moins importante que les Républicains. Ils réduiraient son budget, disaient-ils, mais c'était pour le "sauver", alors que les réductions annoncées par les Républicains avaient pour but de le "démanteler". Néanmoins, dès la réélection de Clinton, Démocrates et Républicains s'entendaient pour réduire le budget de l'assurance médicale des personnes âgées de 115 milliards de dollars sur cinq ans. Pour faire bonne mesure, ils réduisaient aussi le budget de l'aide médicale, déjà très insuffisant, de 25 milliards de dollars. Ces nouvelles réductions ont rendu très aléatoire l'accès aux soins des bénéficiaires, car de nombreux médecins, hôpitaux et autres services médicaux ont refusé de continuer à en faire partie.
La réforme de l'aide sociale avait alors un an, et des millions d'enfants se retrouvaient privés de l'aide médicale. La population s'en est indignée et Clinton a proposé une loi destinée, prétendument, à aider les États à réduire le nombre d'enfants sans couverture médicale nombre qui était alors de 10 millions. Mais ce n'était que de la poudre eux yeux et bien peu d'enfants entrèrent finalement dans le cadre défini par cette loi. Les États, qui ont déjà beaucoup travaillé à la suppression de nombreux programmes sociaux, avec la bénédiction de Clinton, n'allaient tout de même pas se mettre à en créer de nouveaux, même pour les enfants !
Pour contrebalancer l'effet de ces réductions budgétaires, qui se traduisaient par de nouveaux sacrifices pour les milieux populaires, Clinton a annoncé une réduction des impôts pour les familles modestes, sous forme d'un abattement supplémentaire de 500 dollars par enfant ce qui signifiait en moyenne une réduction de 200 dollars (1200 francs) de l'impôt sur le revenu.
Ce n'était rien à côté des réductions d'impôts qu'il consentait au même moment aux plus riches, en ramenant l'impôt sur les plus-values de 28 à 20 %. Les plus-values, ce sont les bénéfices réalisés lors de la vente d'actions, d'obligations, de propriétés immobilières, etc. c'est-à-dire, la principale source de revenus des plus riches. Cet impôt était déjà bien inférieur à l'impôt fédéral sur les revenus des salariés. Les dirigeants des grandes entreprises ont dû exulter : si Bill Gates, par exemple, avait réalisé cette année-là ses stock options, il aurait encaissé 200 millions de dollars supplémentaires grâce à la mesure de Clinton.
Cela explique pourquoi, comme l'ont fait remarquer certains observateurs à l'époque, 80 % des réductions d'impôts décidées par Clinton concernaient le 1 % le plus riche de la population.
Cette loi comportait d'autre part des exonérations très discrètes pour certaines grandes entreprises. C'est ainsi qu'Amway aurait bénéficié au total d'une réduction d'impôt de 280 millions de dollars, au titre de la provision C de la section XI, rédigée dans un jargon incompréhensible et intitulée : "Modification des provisions pour investissements passifs à l'étranger, dans le but d'éviter le double-emploi avec la sous-section F, de permettre les échanges de marché à marché, et de modifier le calcul des actifs".
Au cours des deux années qui ont suivi, le gouvernement a continué à puiser dans ses coffres au profit des grandes entreprises. En 1998, il a financé un certain nombre de grands projets, comme par exemple, des travaux d'une valeur de 200 milliards de dollars pour la construction de routes et d'infrastructures, dont ont bénéficié les grandes entreprises de travaux publics. Il y a eu aussi une augmentation de 17 milliards de dollars du budget militaire. Il s'agissait de la plus importante augmentation depuis la fin de la guerre froide et elle a considérablement aidé les grandes entreprises de ce secteur à augmenter leurs ventes et leurs profits. Il y a aussi eu une rallonge de 18 milliards de dollars du budget du FMI, pour qu'il continue à garantir les intérêts financiers américains à travers le monde. Il y a encore eu une intervention "d'urgence" de 20 milliards de dollars en faveur des grandes entreprises de l'agriculture. Enfin, le gouvernement a augmenté les crédits et les abattements consentis aux grandes entreprises au titre de la recherche et du développement, et en a étendu le champ d'application.
La bourgeoisie a donc continué à s'enrichir aux dépens de la population, avec l'aide des budgets du gouvernement Clinton.
Les conséquences sociales
Dans son dernier discours sur l'état de l'Union, le 27 janvier 2000, Clinton affirmait : "Notre révolution économique s'est accompagnée d'une renaissance de l'esprit américain. La criminalité a reculé de 20 % et est à son niveau le plus bas depuis 25 ans. Le taux de grossesses des adolescentes est en recul pour la septième année consécutive et les adoptions ont augmenté de 30 %. Le nombre de personnes assistées a été réduit de moitié et est à son niveau le plus bas depuis 30 ans. Mes chers compatriotes, l'état de notre Union est meilleur qu'il n'a jamais été".
La "révolution économique" de Clinton, c'était la continuation de la politique de ses prédécesseurs, favorisant les riches aux dépens du reste de la population. Il y a peut-être eu une certaine renaissance de l'esprit américain... en tout cas chez les PDG des grandes entreprises dont les revenus, pour 1999, étaient en moyenne 475 fois supérieurs à ceux de l'ouvrier moyen, contre "seulement" 84 fois il y a un peu plus de dix ans.
Le programme de Clinton a réussi à diminuer le nombre de bénéficiaires de l'aide sociale de moitié. Le résultat en est une pauvreté effarante. Selon les chiffres officiels, qui masquent une partie de la réalité, 12,7 % de la population, soit 34,5 millions de personnes, vivaient sous le seuil de pauvreté en 1998. En d'autres termes, après huit années d'expansion économique, le nombre de pauvres est encore supérieur au total de la population de la Californie, l'État le plus peuplé du pays.
Et ces chiffres ne disent pas tout : la grande pauvreté aussi s'aggrave. Le nombre de ceux qui tentent de survivre avec moins de la moitié du seuil de pauvreté c'est-à-dire moins de 6 750 dollars par an (environ 3500 francs par mois) pour une famille de trois personnes est passé de 13,9 millions en 1995 à 14,6 millions en 1997. Dans le cas des familles composées d'une mère et de ses enfants, les 10 % les plus pauvres ont perdu 15,2 % de leurs revenus au cours des deux dernières années.
C'est pourquoi, selon une étude du ministère de l'Agriculture, 10,5 % des foyers américains, c'est-à-dire 31 millions de personnes (19 millions d'adultes et 12 millions d'enfants) n'avaient pas assez à manger pour satisfaire leurs besoins vitaux en 1998.
Il y a, aux États-Unis, une pauvreté endémique dans les villes et certaines régions rurales, et la pauvreté se répand dans les banlieues.
La politique menée par Clinton a contribué à cet état de fait. Sous sa direction, le gouvernement a imposé encore plus de sacrifices à la classe ouvrière et aux pauvres, qui ont été contraints de payer pour la crise, alors que les profits de la bourgeoisie atteignaient des sommets historiques.
Avec un ami comme Clinton, pas besoin d'ennemi
Aujourd'hui que les élections approchent, les appareils syndicaux ne sont pas les seuls à soutenir Al Gore et les Démocrates. Il en va de même de la plupart des organisations noires traditionnelles, des Eglises de toute dénomination à l'Urban League. L'Association nationale pour l'avancement des gens de couleur (NAACP), l'une des plus importantes et influentes organisations noires, ne soutient officiellement aucun candidat. Mais en juillet, elle a offert à Clinton un vibrant dîner d'adieu. Le président de la NAACP, Julian Bond, a déclaré : "Nous savons reconnaître nos amis, et ce président-là est notre ami". Selon les journalistes présents, Clinton aurait même écrasé une larme !
Un ami, celui dont les mesures sont le plus durement ressenties par la classe ouvrière noire et les Noirs les plus pauvres ? Car les ouvriers noirs continuent à être les plus touchés par le chômage, les plus mal payés et représentent une part importante de la population carcérale et des condamnés à mort.
Il n'y a pas de "moindre mal"
Le gouvernement Clinton a poursuivi une politique entièrement au service de la bourgeoisie, comme ceux de Reagan et Bush l'avaient fait avant lui. Il s'est rangé du côté de la bourgeoisie contre la classe ouvrière et les pauvres.
Les appareils syndicaux n'ont de toute évidence pas l'intention de mobiliser les travailleurs et les couches exploitées et opprimées de la population contre cette politique. Ils ne la dénoncent même pas. Au contraire. Ils soutiennent encore une fois Al Gore et les Démocrates. Et ils essaient de convaincre les travailleurs de faire campagne pour leurs ennemis, de les soutenir financièrement et de voter pour eux.
Cela montre à quel point les bureaucrates syndicaux sont intégrés dans l'appareil dirigeant de la bourgeoisie. Sur le plan politique, ils acceptent le choix que leur laisse la bourgeoisie, le choix entre les Démocrates et les Républicains. Ils se contentent de quelques miettes, comme la nomination de l'un d'entre eux à un poste de responsabilité politique ou la possibilité d'être reçus de temps à autre par ceux qui sont au pouvoir.
Voilà ce que les dirigeants syndicaux appellent "le moindre mal". Il s'agit évidemment d'un piège.
Ce dont les travailleurs ont besoin, c'est d'une autre politique, une politique qui vise à rassembler leurs forces, pour se défendre contre les attaques de la bourgeoisie, qu'elles viennent du gouvernement ou des patrons, une politique qui permette aux travailleurs de faire passer leurs intérêts avant ceux des riches.
Les travailleurs doivent s'assurer que les richesses qu'ils ont créées et que le gouvernement utilise pour enrichir encore plus la bourgeoisie servent d'abord à assurer à chacun des conditions de vie et un niveau de vie décents.
Cela devrait être la priorité des priorités.
Qu'est-ce qui nous empêche aujourd'hui d'éliminer le chômage et le sous-emploi ? Qu'est-ce qui nous empêche d'assurer à chacun un travail correct, avec plein salaire et toutes les prestations sociales ? Pourquoi devrions-nous accepter qu'une seule personne soit sans couverture médicale (34 millions d'adultes et 11 millions d'enfants en sont dépourvus aujourd'hui) ? Pourquoi devrions-nous accepter qu'une mère soit séparée de son enfant et contrainte d'aller se faire exploiter par un patron sans vergogne ? Pourquoi devrions-nous accepter qu'une mère soit obligée d'aller travailler alors que rien n'est prévu pour ses enfants ? Et pourquoi devrions-nous accepter que des millions de personnes âgées n'aient pas d'autre choix que de travailler jusqu'à leur mort parce qu'elles n'ont pas travaillé assez longtemps dans la même entreprise pour s'assurer une retraite convenable ?
Nous vivons dans une société où les prisons poussent comme des champignons et des millions de jeunes sont réduits à passer leur vie entourés de gardiens en armes, derrière des murs de béton et d'acier. Une société qui n'a pas d'autre avenir à offrir à toute une partie de sa jeunesse est une société en état de décomposition avancée.
Et pourtant, nous avons aujourd'hui les moyens de mettre fin aux plaies de cette société : l'exploitation, le chômage, les emplois inutiles, la pauvreté et la misère.
Nous en avons les moyens. Les richesses existent. Elles ont été créées par la classe ouvrière. Et à cause de son rôle et de sa place dans la société, la classe ouvrière, et elle seule, a le pouvoir de faire en sorte que ces richesses soient mises à la disposition de tous. Et elle seule a intérêt à le faire.
La priorité consiste donc pour la classe ouvrière à comprendre qu'elle représente une alternative à cette société. La classe ouvrière a besoin de son propre parti.