Textes de la Conférence nationale de Lutte Ouvrière - La crise du Golfe01/10/19901990Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1990/11/35.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Textes de la Conférence nationale de Lutte Ouvrière - La crise du Golfe

 

L'impérialisme américain est intervenu dans le Golfe pour tenter de reprendre le contrôle d'une situation qui remettait en cause ses intérêts économiques dans cette région mais, aussi, pour des raisons politiques plus générales: c'est un geste destiné à signifier aux peuples et aux dirigeants des pays du Tiers Monde qu'il reste le gendarme de la planète et qu'il n'acceptera pas de se laisser forcer la main.

Secondairement, les USA ont saisi l'occasion de réaffirmer leur position dominante et leur supériorité militaire vis-à-vis du reste des puissances impérialistes, malgré tout ce qu'on peut dire sur leur affaiblissement économique par rapport à leurs concurrents.

Mais le gouvernement US s'est refusé, jusqu'à présent, à s'engager dans une véritable intervention militaire, même ponctuelle et limitée, parce qu'il craint avant tout l'opinion de la population américaine qui, dans sa majorité, se range derrière la politique actuelle de son gouvernement mais qui accepterait sans doute bien moins facilement les sacrifices humains et matériels d'un conflit prolongé. Il craint, par ailleurs, en cas de conflit, une réaction des populations de tous les pays arabes, du Moyen-Orient au Maghreb.

On ne peut cependant pas exclure le déclenchement d'un conflit ouvert.

Pour le moment, I'impérialisme maintient un blocus économique autour de l'lrak, blocus qui ne peut être sans conséquences majeures pour la population de ce pays. Toutes les importations sont paralysées et, ne pouvant exporter son pétrole, I'lrak ne peut de toute façon pas les payer. Est-ce une mesure suffisante pour amener Saddam Hussein à céder au moins en partie, il est difficile de le prévoir.

La politique de Saddam Hussein lui a été dictée par des nécessités immédiates et internes : faire face à la situation dramatique créée à l'intérieur du pays par la guerre Iran-lrak, aggravée par la faiblesse du prix du pétrole.

Mais elle constitue aussi un des épisodes dans la compétition entre les nations du Moyen Orient pour tenter de constituer de grands ensembles territoriaux et économiques, comme, par exemple, I'a tenté en son temps l'Egyptien Nasser. Une telle perspective recueille incontestablement un écho favorable dans une fraction de la population de la région, mais se heurte aux intérêts des féodalités, des bourgeoisies et des appareils d'État nationaux. Elle se heurte aussi à l'opposition de l'impérialisme qui a tout intérêt à maintenir et même à cultiver les antagonismes existants.

Une telle politique panarabe a échoué dans le passé car elle ne représentait que les intérêts particuliers d'un seul pays, à un moment ou à un autre. Celle de Saddam Hussein est tout aussi hypocrite que celle de ses prédécesseurs et, surtout si elle trouvait des échos dans les masses, verrait Saddam Hussein lui-même abandonner bien vite ce terrain. Dans ce conflit, nous sommes contre l'impérialisme et pour sa défaite, que son drapeau soit américain ou français, et pour la victoire de l'lrak. Il n'y a pas d'autre position possible pour des révolutionnaires et nous devons l'affirmer, même si nous ne sommes pas en mesure d'apporter un soutien plus concret aux peuples victimes de l'impérialisme.

21 octobre 1990

 

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