A nos lecteurs01/01/19871987Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1987/01/LdC_6.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

A nos lecteurs

Cette revue se situe sur le terrain du communisme révolutionnaire, c'est-à-dire du trotskysme.

Elle exprime les analyses et les positions de la tendance internationale qui l'édite, tendance qui comprend les groupes Lutte Ouvrière (France), Combat Ouvrier (Antilles francophones), UATCI (Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes), et The Spark (États-Unis).

Mais nous voulons en même temps en faire l'instrument d'un réel débat avec tous ceux qui ne se satisfont pas de la division actuelle du mouvement trotskyste international, du mouvement communiste révolutionnaire.

Certes, nous savons bien que cette division recouvre des divergences profondes et essentielles, même si par ailleurs elle traduit la cristallisation de particularismes, artificiellement entretenus pour justifier des clivages sectaires.

Nous ne souhaitons nullement gommer ces divergences, mais au contraire nous donner l'occasion, et les moyens, d'en discuter le plus largement possible.

Notre courant milite pour la création de partis de classe, de partis communistes révolutionnaires qui soient garants que le prolétariat ne se trouve pas à la remorque d'autres forces sociales.

Pour ce faire, nous ne pensons pas que le rôle des révolutionnaires soit de faire pression sur des appareils, que ceux-ci soient sociaux-démocrates, staliniens ou nationalistes, dans l'espoir - vain - de les voir se transformer en directions révolutionnaires prolétariennes.

Nous pensons que la pression sur ces appareils doit se faire au niveau des aspirations des masses, et plus particulièrement du prolétariat, en lutte. En s'adressant aux appareils pour les mettre éventuellement au pied du mur, mais en s'adressant aussi directement et, le plus souvent, par dessus la tête des appareils, aux masses elles-mêmes. C'est à elles qu'il faut donner le choix, et pas se contenter de militer à l'intérieur des appareils en attendant, pour s'adresser aux masses, que ceux-ci soient d'accord avec les propositions des révolutionnaires.

Croire ou laisser croire qu'une telle transmutation serait possible, c'est laisser la classe ouvrière sans direction propre. Et, plus grave, c'est la mettre à la remorque de directions non prolétariennes qui se retournent fatalement, à un moment ou à un autre, contre les travailleurs.

Nous ne pensons pas non plus que la place des organisations révolutionnaires soit de se retrouver dans des coalitions, des fronts, qui constituent une autre manière de mettre le prolétariat à la traîne de forces politiques et sociales anti-ouvrières.

L'histoire abonde en exemples de tels fronts qui ont permis, à chaque fois, sans exception, de canaliser et de capter l'énergie et la combativité des masses les plus pauvres, et en particulier du prolétariat, pour l'accomplissement d'objectifs anti-ouvriers.

Cela ne signifie pas que nous rejetions l'idée de toute alliance, et que nous refusions de soutenir des combats qui ne se situeraient pas sur un terrain de classe, ou qui ne se dérouleraient pas sous la direction d'un parti révolutionnaire.

Mais nous pensons que ces alliances et ces soutiens exigent que le prolétariat maintienne son indépendance organisationnelle lorsque c'est possible et politique dans tous les cas.

Nous considérons en conséquence que, dans les pays impérialistes où le poids du réformisme - social-démocrate, stalinien ou autre - est fort, cela implique que les révolutionnaires communistes doivent chercher à entrer en compétition avec les appareils pour diriger les mouvements de la classe ouvrière et ne pas se limiter à un soutien, même critique, à ces appareils. La classe ouvrière doit savoir, et les révolutionnaires doivent le dire et le démonter dans les faits, que les appareils réformistes, politiques ou syndicaux, trahissent la classe ouvrière à un niveau ou à un autre du combat.

Dans les pays arriérés, nous faisons entièrement nôtre, dans le programme comme dans la pratique, l'idée exprimée par le deuxième congrès de l'Internationale Communiste de Lénine et de Trotsky selon laquelle le communisme révolutionnaire « ne doit soutenir les mouvements révolutionnaires dans les colonies et les pays arriérés qu'à la condition que les élément des plus purs partis communistes - et communistes de fait - soient groupés et instruits de heurs tâches particulières, c'est-à-dire de leur mission de combattre le mouvement bourgeois et démocratique ».

Tout en n'ayant pas ouvertement renoncé à ces principes, bien des organisations trotskystes les ont reniés de fait en pratiquant une politique d'alignement derrière des organisations nationalistes-révolutionnaires. Cette revue entend militer contre ce genre de renoncement. Ses rédacteurs souhaitent cependant qu'un débat large, fraternel même s'il est sans concessions, s'établisse, entre autre, sur cette question, une des plus importantes pour l'avenir du courant communiste révolutionnaire et de la révolution socialiste mondiale.

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