Présidentielles : une comédie derrière laquelle se prépare l'aggravation d'une politique anti-ouvrière24/11/19801980Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1980/11/80.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Présidentielles : une comédie derrière laquelle se prépare l'aggravation d'une politique anti-ouvrière

Le texte suivant est l'allocution prononcée par notre camarade Arlette Laguiller lors du meeting organisé par Lutte Ouvrière le 21 novembre à la Mutualité à Paris.

Toute cette agitation autour des Présidentielles, tourne de plus en plus à la comédie, comédie dont tout le monde prétend d'ailleurs connaître la fin, puisqu'on nous dit que Giscard va, de toute façon, l'emporter. Cela ne fait rien, le spectacle continuera pendant cinq mois et sans doute encore après.

On pourrait être tenté d'en rire.

Mais il n'y a pas de quoi rire. Car tout cela a sa raison et sert à dissimuler aux yeux de la population, aux yeux des travailleurs, la gravité de la crise économique et la nature des mesures que les possédants ont prises ou vont prendre, pour faire supporter tout le poids de la crise aux exploités.

Toutes les élections sont une duperie en ce sens qu'elles sont une fiction de démocratie. Le rôle des élections est de donner l'illusion que le pouvoir est dans les urnes, pour mieux cacher q u'il appartient en fait aux conseils d'administration des trusts et des banques. Dans toutes les élections, on fait croire aux travailleurs qu'ils peuvent changer leur sort avec leur bulletin de vote, alors qu'ils ont tout au plus la possibilité de choisir l'homme de la bourgeoisie qui les opprimera à la tête de l'État.

Mais il est des périodes où les possédants font payer particulièrement cher aux exploités leurs illusions. Et les périodes de crises sont de celles-là.

Une crise monétaire qui finit par détraquer le commerce international capitaliste

Car, au-delà de cette nouvelle péripétie électorale dérisoire, le fait marquant demeure la crise économique. Derrière les manoeuvres, les combines électorales des hommes politiques qui n'ont pas plus d'importance que cela n'en a l'air, c'est-à-dire pas grand-chose, c'est la crise qui conditionne ce qui va se passer pendant les mois à venir.

Cette crise, cela fait des années que nous vivons avec. Au point de s'y habituer presque.

Au départ, c'était simplement une crise entre les monnaies. Les trusts internationaux spéculaient sur les monnaies, ils transformaient leurs francs en dollars, ou leurs dollars en marks, suivant ce qui était avantageux. Ça pouvait rapporter gros, plus gros même que de produire.

Seulement voilà, ce petit jeu a fini par détraquer leur commerce international. Oh ! pas de beaucoup dans un premier temps ! Leurs ventes s'accroissaient simplement un peu moins vite qu'avant. La concurrence que les capitalistes se livraient les uns aux autres pour conquérir de nouveaux clients, de nouveaux marchés, était devenue progressivement plus dure.

Alors, ils ont perfectionné, rationalisé, comme ils disent, leur production. Ils ont modernisé leurs usines, changé leurs machines pour produire, les uns plus d'acier, les autres plus d'automobiles, avec le même nombre d'ouvriers. Tout cela n'a pas créé d'emplois nouveaux mais, par contre, a augmenté la productivité de chaque ouvrier.

Des capacités de production en plus, des marchés en moins

Les voilà donc devenus, de la France aux États-Unis, de l'Allemagne au Japon, tous plus productifs les uns que les autres - mais ils le sont tous en même temps. Ils sont capables de produire bien plus : bien plus de voitures, bien plus de frigidaires, bien plus d'acier, mais le nombre des clients n'a pas augmenté en proportion.

On a fermé les aciéries de Lorraine pour construire à Fos. Mais aujourd'hui, à Fos, la formidable aciérie toute neuve reste presque inactive.

Des fabriques d'automobiles dernier cri mettent leurs ouvriers périodiquement en chômage technique, avant de les licencier massivement.

Dans l'impossibilité d'accroître leur marché, les capitalistes en sont maintenant à sauvegarder leurs profits sans augmenter la production, voire en la diminuant. Et, comme la productivité est devenue plus grande, cela veut dire qu'ils mettent des ouvriers à la porte.

Le soutien de l'état aux trusts capitalistes et son prix pour les travailleurs

Mais les travailleurs payent encore d'une autre manière la crise. C'est peu dire que l'État aide les grosses entreprises : de Dassault à Thomson, il en est qui ne vivent que grâce à l'État. Plus la concurrence internationale est dure, plus l'État est sollicité. Il leur accorde des aides, des garanties à l'exportation, des subventions, quand il n'offre pas sa clientèle pour remplacer des marchés défaillants. Et l'argent que l'État consacre aux grosses entreprises capitalistes, il ne le consacre pas aux services publics. Pendant que des milliards sont transférés dans les caisses de Thomson ou de Dassault, l'État pratique ce que Barre et Monory appellent « vérité des prix », pour les transports publics par exemple.

C'est-à-dire que les prix des billets de chemin de fer ou de métro augmentent plus vite que les hausses de prix, afin que l'État puisse consacrer plus d'argent encore aux entreprises capitalistes. Et comme, même en faisant des économies au détriment des usagers des transports publics, comme d'ailleurs des hôpitaux ou des écoles, il n'y a pas assez d'argent dans les caisses de l'État, eh bien, l'État fait marcher la planche à billets, il accroît l'inflation, il rogne encore le pouvoir d'achat des travailleurs.

L'État subventionne les trusts pour créer des emplois, paraît-il. Mais, avec le même argent il pourrait créer dix fois plus d'emplois utiles dans les hôpitaux, les transports ou l'éducation nationale. Tandis qu'au travers des subventions ou des commandes de l'État on n'est sûr que d'une chose : cela crée des profits mais cela ne crée ou ne maintient peut-être pas un seul emploi.

Une crise internationale totalement incontrôlable

Mais le plus grand danger est que la crise devienne de plus en plus grave par le simple fait qu'elle dure. Car, des ouvriers licenciés, c'est peut-être des entreprises momentanément plus compétitives, mais c'est aussi de la consommation en moins. Plus les capitalistes restreignent le pouvoir d'achat des masses laborieuses, plus ils restreignent finalement leurs propres marchés. C'est un cercle vicieux, mais ils n'y peuvent rien, pas plus les capitalistes eux-mêmes que leurs ministres, leurs hommes politiques, ou leurs économistes, gras ou maigres.

C'est toute l'économie capitaliste, toute l'économie où on produit non pour les besoins des hommes, mais pour le profit de quelques-uns, qui est gravement, irrémédiablement, malade.

Les grands partis réformistes, le PC comme le PS, disent tantôt que la crise vient de la volonté des capitalistes de « casser les usines », tantôt de la politique du gouvernement et qu'il suffirait de changer de politique et de gouvernement pour que la crise se résorbe.

Mais il n'y a pas de bonne façon de gérer l'économie capitaliste en crise. A plus forte raison, il n'y a pas de solution nationale à une crise internationale. A quoi servirait de « produire français », par exemple en matière d'automobile, alors que l'industrie automobile française a prospéré grâce à ses exportations, et que ses difficultés actuelles proviennent autant de ses difficultés sur les marchés étrangers, que de la concurrence de voitures étrangères sur le marché français. Car il ne faut pas oublier que les Allemands veulent peut-être aussi produire allemand, les Italiens, italien, les Américains et les Japonais de même !

Les capitalistes ne cherchent pas plus à « casser les usines ». Ils sont simplement guidés par la froide logique de l'économie de profit. Ils font fonctionner leurs entreprises tant qu'elles produisent des marchandises qui se vendent, et qui se vendent avec un profit suffisant. Et lorsqu'ils n'en tirent pas assez de profit, ils les ferment.

C'est une logique révoltante, car il y a des besoins élémentaires à satisfaire et qui ne le sont pas, alors qu'on produit des choses inutiles, voire nuisibles, simplement parce qu'elles rapportent des profits à quelques-uns. Elle est révoltante, car on condamne près de deux millions d'hommes et de femmes au chômage, alors que d'autres par contre font des horaires indignes de notre époque.

Eh bien, l'économie pourrait satisfaire bien plus et bien mieux les besoins de la population, sans travailler plus, au contraire en travaillant moins, avec les usines et avec les machines existantes, simplement en utilisant rationnellement les compétences, simplement en planifiant la production en fonction des besoins réels de la population du pays comme du monde.

Mais demander à un capitaliste de produire, de bon gré, sans profit, c'est vouloir demander du lait à un bouc. Prétendre pouvoir rafistoler le système, sans sortir de la logique capitaliste, c'est tromper les travailleurs. Nier la crise, ou faire croire aux travailleurs que c'est par une meilleure gestion de l'économie capitaliste qu'ils pourront en éviter les effets, c'est les engager sur une voie de garage. Car c'est toute l'économie capitaliste, son système, qui est en cause : on ne peut plus réparer sans risquer l'accident grave, on ne peut que tout changer.

Une aggravation durable de l'exploitation

Les travailleurs ne peuvent plus se permettre de laisser faire les capitalistes, ni de se battre sur de faux problèmes. La simple durée de la crise, et la nécessité pour les capitalistes de s'y adapter, fait qu'ils ne se contenteront pas d'expédients momentanés dans leur recherche de compétitivité au détriment des travailleurs. Ils veulent accroître durablement le degré d'exploitation de la classe ouvrière. Ils veulent transformer durablement la condition ouvrière dans ce pays, comme leurs rivaux d'autres pays cherchent à transformer la condition ouvrière dans les leurs, afin de disposer d'une main-d'oeuvre moins chère, plus malléable, plus disciplinée.

C'est cette entreprise-là que la bourgeoisie et son État avaient engagée, avant même que la crise devienne vraiment grave.

Et c'est déjà plus qu'un simple projet. Par le simple jeu des règles de l'économie capitaliste, comme par des mesures successives, apparemment mineures, mais s'intégrant toutes dans un plan d'ensemble, ils ont déjà imposé une dégradation importante des conditions de vie de la classe ouvrière.

Les années de crise passées : un bilan déjà très lourd pour la classe ouvrière

Car faisons donc le bilan des années passées. Regardons donc tout ce qui apparaissait inacceptable, intolérable il y a quelques années, et que la bourgeoisie a réussi jusqu'à maintenant, à faire accepter insidieusement.

Il y a aujourd'hui un million et demi de chômeurs officiellement, près de deux millions d'après les syndicats. Deux millions de chômeurs, c'est plus d'un salarié sur dix. C'est une famille sur deux directement touchée.

Oh, là encore, parce que la crise n'était pas trop grave, la bourgeoisie a pu procéder sans brutalité trop ouverte, afin d'éviter des réactions ouvrières violentes. Les grandes entreprises, celles dont les profits demeurent florissants dans la crise, proposaient ou proposent encore deux, trois, voire cinq millions anciens à ceux qui quittent leur emploi de plein gré. Les licenciés économiques, ou du moins ceux qui étaient chassés des grandes entreprises, ont longtemps bénéficié de 90 % de leur salaire un an après leur licenciement. Il y avait de quoi, semblait-il, voir venir. Comme il semblait y avoir de quoi voir venir pour un grand nombre d'autres travailleurs sans emploi, dans la mesure où ils touchaient tout de même des indemnités de chômage, où ils gardaient la couverture de la sécurité sociale.

Voir venir quoi ? Qu'un autre emploi se présente, dans des conditions de travail et de salaire à peu près pareilles à celles qu'on avait perdues.

Seulement voilà, ces nouveaux emplois ne se présentent pas. D'année en année, le nombre d'emplois diminue. Et il y a maintenant des chômeurs qui le sont depuis deux, trois ans, voire plus.

Cela ne suffit pas toujours à obliger un travailleur en chômage à accepter un emploi déqualifié, plus difficile et plus mal payé ? Eh bien, le Parlement a voté - et les syndicats ont ratifié - un ensemble de mesures concernant l'indemnisation du chômage parmi lesquelles il y a la suppression de toute indemnité au bout de trois ans de chômage pour les travailleurs de moins de 50 ans, et au bout de cinq ans pour les travailleurs de plus de 50. Résultat : dans la seule première moitié de cette année, et en vertu de cette seule loi, 75 000 travailleurs sont absolument sans ressources et sans protection sociale devant la maladie. Ils viennent s'ajouter à ces centaines de milliers de travailleurs, les jeunes pour la plupart, qui ne bénéficiaient déjà d'aucune indemnité de chômage.

Eh bien, voilà donc une fraction sans cesse croissante de travailleurs qui sont déjà contraints d'accepter n'importe quel travail, à n'importe quelle condition.

Cette dégradation ne concerne pas seulement la nature du travail, ni seulement le montant des salaires.

Un nombre croissant de travailleurs est embauché dans des conditions de plus en plus précaires, sous contrats provisoires ou comme travailleurs intérimaires.

On sait que l'embauche définitive devient l'exception dans les grandes entreprises, l'intérim ou le contrat provisoire, la règle. Mais même être intérimaire dans une grande entreprise est en passe de devenir une manière de privilège. Sur les quelque un million et demi d'intérimaires officiellement recensés, combien il y en a qui travaillent deux jours ici, une semaine là, balayeur un jour, plongeur le lendemain, en fonction des seuls besoins patronaux et quant à la nature de leur travail, et quant à sa durée ? Combien y en a-t-il de ces travailleurs qui ne sont ni tout à fait au travail, ni tout à fait au chômage, avec des ressources dérisoires, pas protégés par aucune convention sociale, à peine par la législation du travail ?

Eh bien, c'est la généralisation de ce genre de situation que les patrons veulent à la faveur du chômage. Pendant longtemps, la fraction la plus vulnérable de la classe ouvrière a été constituée par les travailleurs émigrés. De loi Bonnet en décret Stoléru, le gouvernement a réduit encore un peu plus les droits et les libertés de cette catégorie de travailleurs, afin de les rendre plus vulnérables, plus dépendants. Mais la généralisation de l'intérim contribue à ramener d'autres travailleurs vers des conditions de travailleurs émigrés dans leur propre pays.

Et regardons comment, de nos jours, le capital forme les jeunes travailleurs, c'est-à-dire comment il prépare l'avenir de la classe ouvrière.

En 1974, au début de la crise, et d'après les statistiques officielles, un jeune seulement sur dix ne trouvait pas d'emploi dans les trois mois après sa sortie de l'école. En 1977, un jeune sur cinq. Actuellement, plus d'un jeune sur trois.

Et la plupart de ceux qui trouvent du travail, n'en trouvent aujourd'hui que comme intérimaires ou stagiaires pour les jeunes ouvriers d'industrie, comme vacataires ou contractuels pour les autres.

Eh bien, c'est toute une génération de jeunes travailleurs que l'on dresse, dès le début, à des conditions de travail et de salaire plus mauvaises que celles de leur père ou de leur mère. C'est toute une génération de travailleurs que l'on habitue à se passer de stabilité d'emploi, à se passer de garanties conventionnelles, à changer d'usine et de métier.

Mais que le patronat s'en méfie, car ils forment, aussi, une génération de jeunes qui chercheront d'autant moins de garanties dans un statut qu'ils savent d'expérience qu'ils n'en auront pas.

Le patronat a déjà commencé à rogner sérieusement les avantages même de cette majorité de travailleurs qui ont un emploi, et dont l'emploi n'est pas encore officiellement précaire. Mais il s'agit, justement, de le rendre plus précaire. Ils essayent de supprimer la loi de quarante heures. Ils essayent d'obtenir le droit de modifier l'horaire hebdomadaire pour pouvoir faire 35 heures une semaine, 45 heures la semaine suivante, sans payer d'heures supplémentaires. Ils essayent d'obtenir le pouvoir d'obliger un atelier, ou même un travailleur individuel, à rester plus longtemps le soir, à venir travailler le samedi pour satisfaire une commande pressée.

Les patrons et leur gouvernement s'en sont déjà pris, pêle-mêle, aux remboursements de maladie, ils ont augmenté les cotisations de la Sécurité Sociale, ils ont même imposé une cotisation aux retraités. Ils s'en sont pris au droit de grève, ils ont attaqué des syndicats en dommages et intérêts pour des pertes de profit causées par les grèves.

Il s'agit là de gestes plus symboliques que réels pour l'instant. Mais ils vont tous dans le même sens, dans le sens d'une restriction des libertés des travailleurs, dans leurs entreprises comme en dehors.

Voilà le bilan, pour les travailleurs, des années de crise, modérée parait-il, qui sont derrière nous.

Il faut avoir en vue ce bilan pour aborder les mois à venir.

La menace d'une aggravation brutale de la crise

Car la crise est en train de s'aggraver. Elle a commencé à affecter sérieusement la production elle-même. Pour la première fois depuis 1974, la production globale de la plupart des grands pays industriels a subi un recul. Des industries qui ont été longtemps parmi les moteurs de l'économie capitaliste, en particulier l'automobile, semblent être touchées. A quel point ? Nul ne le sait. Mais si un secteur comme l'automobile s'effondrait, cela entraînerait la chute d'une multitude d'industries sous-traitantes et cela pourrait alors déclencher une réaction en chaîne conduisant tout droit vers un arrêt total de l'économie.

Il ne s'agit pas de jouer les prophètes de malheur. Mais il faut savoir que pour sauver leurs profits, les capitalistes sont prêts à toutes les violences. Ils l'ont montré insidieusement, avec précaution, lorsque leurs profits étaient à peine menacés par la crise. Ils le montreront ouvertement et durement si la crise s'aggrave.

Mascarade électorale sur la scène, durcissement policier dans les coulisses

Voilà la menace qui se dessine, pendant qu'on nous amuse avec les dérisoires rebondissements de la comédie présidentielle.

Les bourgeois, eux, savent que c'est de la comédie. Ce sont eux qui payent les politiciens pour faire le spectacle. Ils savent, eux, que leur économie peut s'effondrer du jour au lendemain. Ils savent qu'ils mettront alors des millions de travailleurs supplémentaires à la rue, sans que plus aucune caisse d'Assedic suffise pour assurer aux chômeurs un minimum pour vivre. Et ils savent qu'alors, ils risquent des émeutes.

Alors, pendant que leurs politiciens jouent leur comédie, les bourgeois et leurs hommes à la tête de la police, de l'armée préparent leurs appareils de répression pour faire face à ce qu'ils appellent « l'ennemi intérieur ». Et ils s'entraînent déjà à impressionner les travailleurs, à essayer de les rendre plus malléables, plus obéissants, plus livrés aux pouvoirs établis, Ils commencent avec les travailleurs émigrés.

C'est le sens de toutes les mesures Stoléru-Barre, c'est encore le sens des agissements de la police à leur encontre dans les quartiers, dans le métro. Mais s'ils croient les émigrés plus vulnérables, c'est l'ensemble de la classe ouvrière qui est visée.

Le fait que le régime s'en prenne aujourd'hui à la presse est aussi à la fois un symbole et une indication. Les travailleurs ne sont peut-être guère concernés aujourd'hui. Mais c'est la liberté d'expression que le régime se prépare à mettre en cause.

Ils se préparent à faire marcher droit les travailleurs, en dehors comme dans les entreprises. Regardez avec quelle envie tous ces bourgeois - ou leurs porte-plumes du genre de Jean-Jacques Servan-Schreiber - citent en exemple les travailleurs japonais, embrigadés, obéissant à une discipline quasi militaire. Qu'ils voudraient bien, dans les ateliers comme dans les bureaux, faire régner une discipline de fer, supprimer les quelques tolérances, faire la chasse aux minutes perdues pour l'exploitation par la résistance quotidienne des travailleurs, rendre absolue l'autorité des chefs.

Qu'ils voudraient bien qu'il n'y ait plus de grèves, plus de travailleurs qui résistent ou qui râlent.

Le temps des illusions est terminé

Voilà ce qu'ils veulent.

Aux travailleurs de savoir s'ils acceptent.

Mais ce qui est sûr, c'est que les travailleurs n'auront plus le choix. Ou ils se battent, pied à pied pour défendre leurs droits, leurs conditions contre la violence patronale, ou il faudra qu'ils se résignent à la déchéance.

En réalité, cela fait un bon bout de temps déjà que les travailleurs n'ont plus d'autre choix. La preuve, c'est tout ce que le patronat a déjà réussi à imposer, à faire rentrer dans les moeurs. Les travailleurs payent déjà cher d'avoir pensé, espéré, qu'ils pouvaient éviter la lutte, en tout cas là où leur emploi n'était pas immédiatement menacé. Les travailleurs payent déjà cher tous les marchands d'illusions qui faisaient miroiter en 1974, puis en 1978, l'espoir d'un changement par les élections. Mais les élections n'ont servi à rien d'autre qu'à donner, dans les coulisses d'une agitation factice, un peu plus de répit aux capitalistes et à leur État pour perpétrer leurs mauvais coups.

Et on veut nous remettre cela une nouvelle fois.

Eh bien, si Lutte Ouvrière me présente aux élections, c'est d'abord justement pour dire que ces élections, c'est de la poudre aux yeux et que s'il faut agir dans le domaine de la politique, agissons sur les politiciens mais pas par de dérisoires bulletins de vote.

Pour dire que le temps des illusions doit être fini pour les travailleurs, et que par contre est venu le temps de la violence pour résister à la violence des capitalistes.

Pour dire que les travailleurs n'ont pas d'autre choix que de se battre s'ils veulent refuser de vivre toujours plus mal, refuser de subir la loi de la chiourme dans l'usine, et celle de la police dans la rue ou dans le métro. Dans une période de crise grave où la bourgeoisie est prête à tout, il ne suffit pas de débrayages symboliques, ni de défilés paisibles de la Nation à la République.

Pour dire qu'il est indispensable que les travailleurs se préparent à des luttes d'ensemble pour imposer les revendications qui intéressent l'ensemble de la classe ouvrière : la garantie du pouvoir d'achat contre les hausses de prix ou la réduction des horaires de travail concerne toute la classe ouvrière. Il faudra les imposer à l'échelle du pays.

Le gouvernement ne cesse pas d'afficher sa volonté de sauvegarder « la rétribution légitime » du capital contre les méfaits de l'inflation. Et encore, il parle de l'intérêt de l'épargne ou de la rétribution des petits capitaux, car le gros capital est autrement plus rétribué que les 13 ou 14 %que l'État lui-même offre dans ses souscriptions. Mais enfin, il n'y a pas de raison que la rétribution du travail ne soit pas autant protégée contre la même inflation !

C'est sur le terrain politique que les travailleurs auront à se battre

Et nous dirons surtout, pendant la campagne électorale comme avant, comme après, que faire face aux conséquences de la crise, c'est un problème politique, qu'il faut que les travailleurs se battent sur le terrain politique. Et d'abord, qu'ils cessent de faire la politique de la bourgeoisie. Croire au bulletin de vote, croire que les élections peuvent changer quelque chose, c'est rester dans le système de la bourgeoisie, c'est accepter sa politique.

Il ne faut pas seulement que les travailleurs soient prêts à des luttes, à des grèves revendicatives. Il faut qu'ils imposent dans la rue les changements politiques nécessaires. Et ils le peuvent, s'ils ne s'occupent justement pas des règles légales qui sont faites contre eux, s'ils ne respectent pas toutes les formalités de cette démocratie parlementaire qui est, en fait, une dictature contre eux. Les travailleurs polonais ont obtenu des changements politiques majeurs sans bulletin de vote et sans doute justement parce qu'aucun faux espoir électoral ne pouvait servir d'ersatz à leur mobilisation.

Que Giscard soit réinvesti par la grâce des urnes, aucune importance. Les travailleurs peuvent le renvoyer, s'ils le veulent, par la force de la rue !

C'est la rue, celle des émeutiers d'Alger, qui avait amené De Gaulle au pouvoir en 1958, et pas le suffrage universel. Et c'est la rue qui a failli le chasser, dix ans après, en 1968, mais ce sont les soucis électoralistes des partis de gauche qui l'y ont maintenu.

Les travailleurs auront à se protéger sur un autre plan encore. Car l'aggravation de la crise aura, inévitablement, des conséquences politiques.

Les conséquences politiques de la crise

Le régime affiche déjà qu'il est prêt à gouverner un peu plus à droite - si toutefois gouverner plus à droite peut signifier quelque chose pour ce régime. Il multiplie les gestes et les déclarations symboliques en direction des forces de répression. Il prend des mesures - comme le projet Sécurité et Liberté - qui restreignent un peu plus les droits et les libertés. Il cherche ostensiblement à plaire à la fraction la plus réactionnaire de l'opinion publique, comme il affiche tout aussi ostensiblement son cynisme anti-ouvrier.

Il se peut que certaines de ces mesures et certains de ces gestes soient purement électoraux. La droite au pouvoir sait qu'elle ne recrute guère son électorat dans la classe ouvrière et qu'elle n'a pas à la ménager, même le temps d'une campagne électorale. Comme elle sait d'ailleurs que la classe ouvrière, composée pour une part importante de ses effectifs, de travailleurs émigrés qui n'ont pas le droit de vote, n'a de toute façon pas la majorité sur le plan électoral.

Là aussi, il y a une logique de la crise. Les élections n'y sont pour rien. Élections ou pas, l'État est là pour servir la bourgeoisie, pour l'aider à franchir la crise dans les conditions les moins dommageables pour elle.

La bourgeoisie qui se prépare à des mesures anti-ouvrières graves, sait qu'elle risque des luttes, des manifestations violentes. Elle sait qu'elle aura besoin de sa police, de ses CRS et, qui sait, de son armée. Cela s'est vu déjà - et pourrait se revoir encore.

Pour l'instant, c'est du côté de la classe ouvrière que la bourgeoisie peut s'attendre à des réactions violentes. La petite bourgeoisie, qui constitue la base électorale de la droite au pouvoir, et surtout la petite bourgeoisie commerçante, est relativement choyée.

Mais elle l'est, parce que cela ne coûte pas cher à l'État, et elle peut l'être parce que la crise n'est pas encore très grave.

En libérant les prix, y compris ceux du commerce de détail, le gouvernement avait fait un geste démagogique en direction de son électorat.

Il l'a fait pour pouvoir dire aux commerçants : « Vous voyez, avec nous, vos revenus sont protégés contre l'inflation, et peut-être accrus au détriment des consommateurs ». Mais la démagogie gouvernementale ne protège pas les commerçants contre la baisse du pouvoir d'achat de leurs clients ouvriers. La diminution brutale de la consommation ouvrière que la bourgeoisie prépare signifiera nécessairement des faillites en série dans le commerce de détail, comme d'ailleurs des problèmes graves également pour les paysans les moins « compétitifs » ou pas.

Tant il est vrai que si la crise s'aggrave, la bourgeoisie sera amenée, pour sauvegarder ses profits, à s'en prendre au niveau de vie de toutes les autres classes sociales que la sienne.

Quel que soit l'élu, il mènera la politique de la bourgeoisie

Pour mener une politique plus dure envers les classes populaires, il leur faudra un régime plus musclé. Et ils se préparent à ce qu'il le soit !

Le fait que le régime soit déconsidéré - et il l'est - , qu'il apparaisse corrompu, n'empêchera pas son évolution dans ce sens. Si la classe ouvrière n'est pas active, combative, si elle n'apparaît pas offrir ses propres perspectives, la corruption du régime renforce, au contraire, ceux qui réclament un homme à poigne au gouvernail.

Jusqu'où cette évolution ira-t-elle ? Cela dépend de la gravité de la crise, et plus encore, de la capacité des ouvriers à se battre.

Aucune espèce d'importance, par contre, quant au nom de celui qui sera élu. Ils sont tous capables de mener la même politique plus musclée contre la classe ouvrière, si les intérêts de la bourgeoisie l'exigent.

Si c'est Giscard qui est réinvesti, il saura y faire face. Derrière les airs libéraux qu'il s'est donné au début de son premier septennat, il n'a jamais cessé d'être l'homme d'un des courants les plus réactionnaires de l'éventail parlementaire.

Si c'est Chirac qui l'emportait, cela signifierait que l'électorat de droite se retrouve plus dans les airs mussoliniens du maire de Paris. Mais il ne mènera pas une politique différente de celle que Giscard mènerait : l'un comme l'autre ferait ce que la bourgeoisie leur demandera de faire.

Maintenant, si c'est Mitterrand qui était élu, cela signifierait évidemment que le nombre de ceux qui votent à gauche a augmenté. Mais Mitterrand est, tout autant que les autres, un homme politique de la bourgeoisie, avec de sérieuses références personnelles en matière de politique anti-ouvrière. Lui-même, tout comme le Parti Socialiste qui n'était pas encore à l'époque son parti, étaient associés à presque toutes les combinaisons gouvernementales de la période musclée des années cinquante.

Évidemment, si c'est lui qui était élu, il présenterait la même politique d'austérité, de répression anti-ouvrière, dans un emballage différent. Il parlerait du cap difficile à passer avant que les ouvriers recueillent les fruits de leur victoire électorale ; il parlerait du sacrifice nécessaire pour briser le mur d'argent ; il dira que si les ouvriers ont à travailler plus et à gagner moins, avec lui, c'est pour la bonne cause, pour l'avenir, etc... Mais il enverra tout aussi facilement la police contre les grévistes. Il fera, comme avaient fait en leur temps ces autres prétendus socialistes de Ramadier, de Jules Moch ou de Guy Mollet, dont il connaît d'autant mieux la façon de faire qu'il avait été ministre avec eux.

Il y a encore une autre éventualité : à savoir que Giscard élu, c'est lui qui fasse appel au Parti Socialiste, dans le cadre par exemple d'un gouvernement d'Union Nationale. Indépendamment même des calculs parlementaires ou de l'attrait de la soupe pour des dirigeants socialistes impatients d'attendre que les élections les favorisent, la bourgeoisie pourrait avoir besoin de l'autorité que peut avoir le Parti Socialiste à gauche, pour gouverner à droite.

Vers une accentuation de l'isolement du pc

Cette solution aggraverait l'isolement du Parti Communiste. D'abord du simple fait qu'il serait le seul parti d'opposition. Mais isoler systématiquement le PCF pourrait, par la suite, devenir une règle de conduite pour tout l'éventail des partis, y compris le PS. Comme cela avait été le cas, pendant longtemps, sous la IVe République.

L'évolution de la situation internationale, à elle seule, pourrait pousser dans ce sens. Si les rapports entre le bloc occidental et l'Union Soviétique se durcissent, comme cela commence à être le cas, la bourgeoisie ne permettra plus à son personnel politique de se commettre avec un parti lié à l'URSS, elle ne pourra surtout pas lui promettre de l'amener un jour au gouvernement.

Mais il y a aussi, et surtout, l'implantation du Parti Communiste dans la classe ouvrière. Par-delà la politique de la direction du PCF, les combats de la classe ouvrière passent, dans une large mesure, par l'intermédiaire de ses militants ou de ceux de la CGT. Et c'est à ce titre-là qu'un durcissement du régime pourrait être lié à une politique se concrétisant non seulement par une mise à l'écart du PCF du jeu parlementaire, mais encore par la répression contre ses militants et contre sa presse.

Les autres partis pourraient évidemment chercher à isoler le Parti Communiste, même en dehors de tout contexte de luttes de la classe ouvrière.

Mais cet isolement pourrait également intervenir dans un contexte de grèves et de luttes, assumées, voire déclenchées par un Parti Communiste désireux de renforcer ses positions dans la classe ouvrière, et tenant un langage radical.

Il pourrait intervenir, si par exemple Marchais devançait Mitterrand au premier tour des Présidentielles et si c'est lui qui était opposé à Giscard au second, avec le langage combatif qui est le sien aujourd'hui. Cette éventualité indiquerait une radicalisation dans la classe ouvrière qui pourrait ne pas se manifester sur le seul terrain électoral.

Dans toutes ces éventualités, les attaques contre le PCF feraient partie des attaques contre la classe ouvrière en général.

Lorsque la bourgeoisie semble répondre favorablement à la revendication permanente du Parti Communiste d'être associé au jeu normal de la vie politique bourgeoise, les travailleurs n'ont certes pas à s'en réjouir, car ce sont eux que l'on cherche à duper. Mais lorsque l'État mène la chasse au Parti Communiste, c'est toujours la classe ouvrière qui est visée.

Les bourgeois mènent la société vers la catastrophe

Peu importe qu'au lendemain des Présidentielles on reprenne les mêmes, qu'on en prenne d'autres, ou qu'on combine ceux-ci avec ceux-là. De toutes façons, celui qui sera élu mènera la politique de la bourgeoisie. Et de toutes façons, cette politique sera plus dure pour les travailleurs. Parce que c'est la crise, et parce que la bourgeoisie a ouvert les hostilités contre les travailleurs.

Et la crise peut aller très vite. On pourrait de nouveau, comme entre les deux guerres, voir les faillites en série, connaître les queues permanentes devant les rares entreprises encore ouvertes pour trouver du travail, connaître l'embauche au jour le jour et peut-être même la soupe populaire.

Les travailleurs pourraient subir tout le poids d'un régime de plus en plus dur, de plus en plus policier.

S'il le faut, pour sauver ses profits, pour sauver son système, la bourgeoisie est prête à entraîner toute l'humanité dans la démence du fascisme et dans l'holocauste d'une troisième guerre mondiale dont nous sommes peut-être plus près qu'il n'y paraît.

Alors, oui, il faut que les travailleurs se battent pendant que leurs forces sont encore intactes.

C'est la lutte, et la lutte seule, qui permettra d'apporter une solution à leurs problèmes, car il n'y a pas d'autre remède que d'opposer la force des travailleurs aux exactions de la bourgeoisie.

La seule lutte efficace, c'est celle qui n'hésitera pas à attaquer l'ordre bourgeois dans ses fondements, qui contestera, par la violence, le droit des bourgeois à diriger une société qu'ils ont conduite à la faillite.

Les travailleurs n'ont d'autre choix que de se battre

La seule lutte efficace, c'est celle qui ne s'arrêtera pas aux limites du système bourgeois, de sa légalité, de sa constitution, de ses mascarades électorales, une lutte qui ne se donnera pas pour objectif de rafistoler le système, mais de le détruire. C'est-à-dire la lutte révolutionnaire.

Une petite minorité de travailleurs seulement partage sans doute ces idées aujourd'hui.

Mais demain, la situation réduira les travailleurs au désespoir. Ou bien ils prendront leur sort en main, et ils exerceront leur propre violence contre les exploiteurs, ou bien ils laisseront les aventuriers fascistes exercer la leur et peut-être même les soutiendront-ils, déçus qu'ils seront par le réformisme des partis de gauche.

Il faut donc qu'il y ait des révolutionnaires pour défendre dès aujourd'hui la gauche auprès des travailleurs. Pour dire et pour démontrer qu'on peut être de gauche sans faire partie du système. Sinon, si seuls des démagogues d'extrême droite osent utiliser la violence, ce seront eux qui détourneront les masses en colère, pour leur faire forger les pires chaînes pour la société.

Alors aujourd'hui, il faut que, même s'ils sont minoritaires, les révolutionnaires lèvent leur drapeau, montrent qu'il y a pour les travailleurs une politique de contestation révolutionnaire de la société.

Se servir de leur tv, de leur radio, pour montrer que leur démocratie, c'est des simagrées pour cacher la dictature du capital

Et voilà pourquoi, et à quoi, nous allons nous servir de leur radio, de leur télévision que leur campagne présidentielle nous entr'ouvrira.

Nous nous en servirons pour dire qu'il ne sert à rien de « chasser Giscard », même si c'était possible. Qu'il ne sert à rien d'espérer dans les partis de gauche traditionnels.

Nous nous en servirons pour y dire que leurs élections, leur démocratie, leur république, sont vermoulues, que tout est à jeter. Nous y refuserons leur respect d'institutions qui n'ont rien de respectable. Nous y dirons que leur farce électorale est ridicule, que leur parlement, leur sénat, toutes ces assemblées impotentes prétendent représenter le pays alors qu'ils ne sont que des pantins inutiles. Comme est ridicule la prétention de tous ceux qui visent le fauteuil présidentiel à diriger le pays et à en définir la politique, alors qu'ils sont tous interchangeables, que l'élu mènera de toute façon la politique des riches, et que son rôle principal sera d'être aux ordres des riches et de faire le commis voyageur aux quatre coins de la planète pour y mendier qu'on achète des armes, des centrales nucléaires ou des ordinateurs aux trusts français.

Et regardez donc cette inquiétude des politiciens face à la possibilité d'une candidature de Coluche. Ils sont tous inquiets, à droite comme à gauche.

Eh oui, ils craignent, et à juste titre, que Coluche à la télévision, lors de la campagne des Présidentielles, ne ridiculise leurs institutions. Et ils ont bien raison de le craindre.

Après ou avant le passage de Coluche, ils apparaîtront eux-mêmes risibles en pérorant sérieusement de choses sur lesquelles ils n'ont pas plus de prise que Coluche. Avec leurs tics, leurs sourires de commande, leurs gestes fabriqués par des officines de marketing politique, ils apparaîtront, aux côtés d'un comédien professionnel, comme les comédiens qu'ils sont, simplement moins doués et moins drôles.

Et si les institutions ne s'en relèvent pas, tant mieux.

Le cirque électoral apparaîtra au moins pour ce qu'il est.

Aux travailleurs de nettoyer l'écurie

Mais à la condition que les travailleurs sachent remplacer la fiction démocratique de la bourgeoisie par leur propre démocratie. A condition qu'ils ne laissent pas d'autres qu'eux-mêmes se lancer à l'assaut de la démocratie tout court, des droits et des libertés qui nous restent pour, au nom du changement, les remplacer par une dictature de l'armée, de la police ou des bandes d'extrême-droite au profit du capital.

Oui, il y a peut-être une course de vitesse à gagner entre la classe ouvrière et le poing de fer du capital.

Nous ne pouvons que nous y préparer et y préparer les travailleurs. Et c'est ce que nous avons l'intention de faire d'ici les élections et au travers de la campagne elle-même. C'est la première fois depuis sept ans que nous pourrons nous servir vraiment de la télévision et de la radio. C'est peut-être la dernière fois où cela nous sera possible avant les échéances décisives.

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