La politique de Lutte Ouvrière telle qu'elle a été exposée lors de la fête LO-LCR de mai 198501/07/19851985Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1985/07/118.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

La politique de Lutte Ouvrière telle qu'elle a été exposée lors de la fête LO-LCR de mai 1985

 

La fête organisée en commun par Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire, les 25, 26 et 27 mai à Presles, dans la banlieue parisienne, n'a pas été seulement pour nos deux organisations le moyen d'affirmer publiquement les liens qui nous unissent. Elle a aussi été, pour les militants et les sympathisants des deux courants l'occasion de confronter leurs choix politiques. Car pour des révolutionnaires, développer des relations fraternelles, oeuvrer en commun chaque fois que cela est possible, n'implique pas de masquer ses divergences, bien au contraire.

Lutte Ouvrière s'est donc efforcé au cours de cette fête, dans les expositions qui avaient pris place dans la « Cité politique », comme dans les interventions de ses porte-parole au cours des différents débats et meetings, de préciser ses propres positions, y compris par rapport aux positions des camarades de la LCR, sur un certain nombre de sujets qui sont d'une brûlante actualité pour le mouvement révolutionnaire.

Nous publions ci-après le texte d'une exposition visant à présenter synthétiquement l'ensemble des convergences et des divergences entre Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire et les interventions des orateurs de Lutte Ouvrière au débat sur « quelle alternative pour 1986 ? », au débat sur la Nouvelle-Calédonie et au meeting international.

(texte de l'exposition réalisée à ce sujet pour la fête de Presles)

Cette année, comme en 1983, cette fête est organisée en commun par Lutte Ouvrière et par la Ligue Communiste Révolutionnaire, organisations qui se réclament toutes les deux du trotskysme, et qui - à de nombreuses reprises - sont apparues ensemble lors d'élections ou de manifestations diverses.

Mais pourquoi les militants de LO et ceux de la LCR ne sont-ils pas dans la même organisation (sans compter qu'il existe en France d'autres organisations encore se réclamant du trotskysme) ?

Pourquoi LO et la LCR n'appartiennent-elles pas à la même organisation internationale ?

Pourquoi existe-t-il à travers le monde tant de regroupements qui se proclament la Quatrième Internationale ?

C'est le point de vue de Lutte Ouvrière sur ces questions que nous voulons esquisser ci-après.

 

Ce que les organisations trotskystes ont en commun : le programme de la révolution socialiste mondiale

 

La Ligue Communiste Révolutionnaire, comme Lutte Ouvrière, comme toutes les organisations se réclamant du trotskysme, ont en commun le programme de fondation de la Quatrième Internationale, qui résume les acquis du mouvement révolutionnaire, depuis Marx jusqu'à nos jours.

Cela signifie que tous les militants trotskystes sont convaincus que :

les contradictions qui font que, malgré le progrès scientifique, la pire misère côtoie l'accumulation de richesses, et qui engendrent les guerres, ne pourront être résolues que par la collectivisation des moyens de production.

seule la classe ouvrière peut être le moteur de cette transformation sociale, qui donnera naissance à une société sans classe et sans État.

dans sa lutte pour construire cette nouvelle société, tant que les tenants des classes possédantes n'auront pas désarmé, la classe ouvrière devra instaurer son propre pouvoir, la dictature du prolétariat, qui sera en même temps, pour tous les exploités, le régime le plus démocratique que l'Humanité ait jamais connu.

cette transformation de la société qui supprimera tous les antagonismes nationaux et toutes les frontières nécessite l'union des prolétaires du monde entier.

face à un adversaire qui possède toutes les richesses - la bourgeoisie internationale - la classe ouvrière a besoin pour vaincre d'organisations puissantes, de partis révolutionnaires dans chaque pays, dont l'action soit coordonnée par une Internationale, parti mondial de la révolution socialiste.

 

La question de l'internationale

 

Aujourd'hui, il existe différents regroupements internationaux se réclamant du trotskysme, dont la plupart se considèrent tout simplement comme « la » Quatrième Internationale, et se posent en direction internationale du mouvement trotskyste. Mais il n'existe pas de véritable Internationale, c'est-à-dire d'organisations jouant un rôle réel de direction dans la lutte des classes, ne serait-ce que dans quelques pays, et reconnue de ce fait par la grande majorité du mouvement révolutionnaire.

Le Secrétariat Unifié, le regroupement international auquel appartient la Ligue Communiste Révolutionnaire, est sans doute le plus représentatif de ces regroupements, du point de vue numérique, mais sa direction n'a pas plus que d'autres fait la preuve de sa capacité à diriger avec compétence le mouvement révolutionnaire.

En outre, la caractéristique commune de tous les regroupements internationaux existants, c'est de s'être dotés de statuts, d'un mode de fonctionnement, tels qu'une seule organisation par pays peut y adhérer.

Ce mode de fonctionnement est en fait un obstacle à la collaboration entre les différents groupes et courants révolutionnaires, au niveau où elle pourrait exister aujourd'hui.

Il explique pourquoi Lutte Ouvrière n'a pas pu, jusqu'ici, se retrouver sur un pied d'égalité avec la Ligue Communiste Révolutionnaire dans une même organisation internationale.

 

Pourquoi Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire ne peuvent-elles pas fusionner immédiatement ?

 

Si Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire constituent deux organisations distinctes, c'est bien sûr parce qu'un certain nombre de divergences les séparent.

Dans un même parti révolutionnaire pourront certes coexister des courants et des tendances ayant des points de vue différents sur nombre de problèmes.

Mais les principales divergences qui séparent aujourd'hui LO et la LCR portent sur la manière d'intervenir dans les luttes, dans la vie politique. Et de ce fait, plutôt que de passer notre temps à consumer nos forces en discussion, au sein d'une même organisation, pour essayer de faire prévaloir chacun le mode d'intervention qu'il préconise, il vaut mieux que chaque courant fasse sa propre expérience, et que les leçons de celle-ci profitent aux deux organisations.

 

Un exemple : nos interventions dans les campagnes électorales

 

Durant toutes les campagnes électorales qui ont précédé l'arrivée de la gauche au gouvernement, la Ligue Communiste Révolutionnaire a présenté le vote en faveur de l'Union de la gauche comme un moyen de « battre la droite ».

Lutte Ouvrière mettait au contraire l'accent sur le lait que même avec un gouvernement de gauche, la droite continuerait à tenir en mains l'essentiel : l'appareil d'État. Et que de toute manière ce gouvernement de gauche risquait fort de mener la même politique que la droite.

Pour justifier sa position, la LCR affirmait que la venue au pouvoir de celle-ci, comme en 1936, créerait les conditions d'une mobilisation de la classe ouvrière.

Pour Lutte Ouvrière, c'était un faux calcul, car on ne construit rien de positif sur des illusions.

Au moment de la querelle PCF-PS, la LCR s'est fait le défenseur de « l'unité » en général, reprochant au PCF de saboter celle-ci.

Pour Lutte Ouvrière, les travailleurs n'avaient de toute façon rien à attendre d'une unité purement électorale entre le PS et le PCF.

En mai-juin 1981, Rouge a présenté l'élection de Mitterrand, et la victoire du PS aux élections législatives suivantes, comme un succès pour la classe ouvrière.

Pour Lutte Ouvrière, les travailleurs n'y avaient gagné qu'un espoir... qui fut malheureusement déçu.

Aujourd'hui encore, la LCR se fixe comme objectif, dans l'optique des élections de 1986, de contribuer à empêcher le « retour de la droite ».

Mais donner cela comme objectif aux travailleurs, c'est leur proposer de reconduire la situation actuelle.

 

L'intervention dans les entreprises des divergences moins visibles mais tout aussi réelles

 

De l'activité syndicale...

Lutte Ouvrière comme la Ligue Communiste Révolutionnaire sont convaincues que les militants ouvriers révolutionnaires doivent militer au sein des syndicats.

Mais ils ne conçoivent pas cette activité exactement de la même façon.

Lutte Ouvrière pense que l'essentiel de cette activité est, dans les circonstances présentes, une activité à la base.

La LCR attache au contraire beaucoup de prix à essayer de créer des tendances qualifiées de « lutte de classe » avec des éléments plus ou moins en opposition avec les directions syndicales. Compte tenu des moeurs respectives de la CGT et de la CFDT, une telle activité n'est réellement envisageable que dans cette dernière confédération. Et cela amène la LCR à privilégier en fait l'activité au sein de la CFDT, alors que pour Lutte Ouvrière, les révolutionnaires doivent en priorité militer à la CGT .

...au rôle des comités de grève

Par ailleurs, dans toutes les luttes de la classe ouvrière, grandes ou petites, dans lesquelles ils peuvent jouer un rôle de direction, les militants de Lutte Ouvrière s'efforcent de faire élire des comités de grève, permettant à l'ensemble des travailleurs, syndiqués et non-syndiqués, de participer activement à la direction de leurs propres mouvements. La prise en main par les travailleurs de leurs propres luttes est en effet le meilleur moyen de les préparer à prendre en main la société tout entière.

Les camarades de la LCR ne sont pas, en principe, en désaccord avec cette politique. Mais dans les faits, dans les luttes où des militants de la LCR se sont trouvés engagés en même temps que des militants de Lutte Ouvrière, nos camarades ont souvent vu les militants de la LCR, par souci de ne pas se couper des militants syndicalistes qu'ils espèrent influencer, et sous prétexte de ne pas « évincer les syndicats », en désaccord avec eux sur ce sujet.

 

Deux conceptions différentes de l'évolution du monde depuis quarante ans

 

Le sens différent que la Ligue Communiste Révolutionnaire et Lutte Ouvrière mettent derrière les mots « pouvoir ouvrier », font que nos deux organisations ont une vision différente de l'évolution du monde depuis quarante ans, et des prises de position divergentes sur un certain nombre de problèmes actuels.

Pour Lutte Ouvrière, la seule révolution prolétarienne victorieuse (momentanément) a été la révolution russe, et il ne saurait y avoir d'État ouvrier sans participation consciente de la classe ouvrière à la mise en place de celui-ci. C'est dire que si les révolutionnaires doivent être solidaires de tous les mouvements d'émancipation des peuples coloniaux et semi-coloniaux, face à l'impérialisme, ces mouvements ne font pas automatiquement partie, pour autant, de la révolution socialiste.

Les luttes d'émancipation nationale ne peuvent déboucher sur la prise du pouvoir par les travailleurs que sous la direction d'une organisation prolétarienne, conquérant la direction du mouvement contre les nationalistes bourgeois. Et le devoir des révolutionnaires des métropoles impérialistes est d'aider à la construction d'organisations trotskystes dans tous les pays, en particulier dans ceux dominés par leur propre impérialisme.

Le courant auquel appartient la Ligue Communiste Révolutionnaire a vu au contraire dans nombre de mouvements de libération nationale, dans lesquels le prolétariat n'apparaissait pourtant pas en tant que classe, des révolutions plus ou moins socialistes. Et du coup, a renoncé à la construction d'organisations trotskystes dans ces pays.

C'est ainsi que ce courant se déclare opposé à la construction d'organisations trotskystes à Cuba ou au Nicaragua.

Dans ces deux cas-là, la divergence est essentiellement théorique, car ni la LCR, ni nous-mêmes, n'avons de réelle possibilité d'intervenir aujourd'hui dans ces pays.

 

L'exemple de la Nouvelle-Calédonie

 

Mais cette divergence se retrouve également dans les positions respectives de la Ligue Communiste Révolutionnaire et de Lutte Ouvrière à propos de la Nouvelle-Calédonie. Et là, c'est un problème qui concerne très directement les révolutionnaires français.

Face à l'impérialisme français, Lutte Ouvrière est solidaire de la lutte du peuple kanak, et de la direction qu'il s'est jusqu'ici choisie : le FLNKS, même si ce dernier est une organisation nationaliste petite-bourgeoise.

Mais Lutte Ouvrière considère aussi que le devoir des révolutionnaires est d'offrir au peuple kanak une autre perspective que celle de remplacer les administrateurs français par des notables kanaks. L'expression « indépendance socialiste » ne sera pas un leurre que si les révolutionnaires saisissent toutes les occasions de travailler à la construction d'une organisation prolétarienne, trotskyste, en Nouvelle-Calédonie.

La Ligue Communiste Révolutionnaire, au contraire, a renoncé à toute critique publique de la politique du FLNKS, et de ce fait, à la possibilité de construire une section de la Quatrième Internationale, indépendante du FLNKS, en Nouvelle-Calédonie, sur la base du programme de la révolution prolétarienne.

 

Préparer l'avenir

 

Les divergences qui séparent la Ligue Communiste Révolutionnaire et Lutte Ouvrière sont importantes, et elles ne peuvent pas se résoudre par la seule discussion : seule l'expérience, au cours des luttes à venir, seule la vie, en montrant qui avait raison, et sur quoi, permettra de les surmonter, et permettra à tous les militants trostkystes de se retrouver un jour dans le même parti révolutionnaire.

Mais l'un des points sur lesquels Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire sont d'accord - et ce n'est pas mince - c'est précisément sur cela, et sur la nécessité de préparer l'avenir, en multipliant les contacts, en agissant ensemble à chaque fois que cela est possible, en développant des relations fraternelles en toutes circonstances, non seulement entre LO et la LCR, mais entre toutes les organisations se réclamant du mouvement de la Quatrième Internationale, afin que le jour où l'unification entre nos deux organisations sera politiquement possible, celle-ci se fasse dans les meilleures conditions.

C'est pourquoi cette Pentecôte 85 n'est pas seulement une occasion de faire la fête ensemble. C'est aussi le symbole des relations que nous entendons développer pour préparer le jour où tous les militants trotskystes de ce pays pourront se retrouver ensemble dans le parti ouvrier révolutionnaire qui nous fait tant défaut.

texte de l'intervention de Georges Kaldy au meeting international de la fête

Camarades,

Nous sommes heureux d'accueillir à notre fête commune avec la Ligue Communiste Révolutionnaire, c'est-à-dire à la fête de deux organisations qui se revendiquent de la révolution prolétarienne mondiale, les représentants d'organisations se situant dans de toutes autres perspectives, mais à l'égard desquelles et en particulier à l'égard des représentants de peuples en butte à l'impérialisme, dont le nôtre, nous tenons à affirmer notre solidarité sans condition.

Notre rôle, notre raison d'être, à nous les communistes révolutionnaires, à nous les trotskystes, c'est de défendre et de faire prévaloir au sein de la classe ouvrière de chacun de nos pays, la perspective de la révolution prolétarienne mondiale, de la prise de pouvoir étatique par le prolétariat, du renversement du vieux monde capitaliste, de la destruction de l'impérialisme.

C'est de ce point de vue là que se jugent tous nos actes, toute notre politique, et toutes nos solidarités.

Et si au cours des nombreux débats, forums ou tables rondes de cette fête, l'essentiel des discussions a eu lieu entre différents courants du trotskysme ou proche du trotskysme, et en premier lieu entre nos camarades de la Ligue Communiste ou du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale et notre propre tendance, c'est justement parce que nous nous revendiquons d'un même programme, d'un même héritage laissé par des femmes, des hommes, des militants qui ont lutté dans le passé avec cette conviction fondamentale que cette classe exploitée, opprimée qu'est le prolétariat, que cette classe à la fois crainte et méprisée à commencer en général par ses propres dirigeants, est la seule classe sociale capable de vraiment faire progresser la société humaine.

Notre mérite, à nous le mouvement trotskyste, c'est d'être la seule tendance existante à l'échelle internationale, à ne pas avoir renoncé à cet héritage-là.

Mais nous sommes comptables du capital que représentent ces idées. Nous sommes comptables de ce que nous sommes capables d'en faire ou au contraire, de ne pas en faire.

Or, il faut bien constater que ces idées, les plus révolutionnaires qui soient, les seules qui soient véritablement révolutionnaires de nos jours, n'ont fécondé depuis longtemps, en tous les cas depuis la guerre mondiale, aucun des mouvements de masse, aucun des soulèvements révolutionnaires.

Partout il y en a eu des mouvements, des soulèvements révolutionnaires au cours des dernières décennies ! Et qui ont mis en mouvement tout ou partie de la classe ouvrière des pays concernés. Les travailleurs, les pauvres, les prolétaires ont fourni une partie, parfois l'essentiel, des troupes combattantes des soulèvements qui, depuis la guerre, ébranlent périodiquement les pays pauvres et qui ont conduit à l'écroulement des empires coloniaux.

La classe ouvrière a été encore la principale classe sociale qu'on a vu contester, parfois les armes à la main, la domination de la bureaucratie sur les pays du bloc soviétique... Et puis, dans ces quelques pays de l'occident impérialiste, où la bourgeoisie est assez riche pour s'acheter la paix sociale, surtout assez riche pour s'acheter la complaisance d'organisations ouvrières réformistes, eh bien, même dans ces pays-là, on a vu les travailleurs mener des luttes dures, et on les verra de plus en plus avec la crise et avec les sacrifices qu'elle impose à la classe ouvrière.

Et le drame, c'est que tous ces combats, tous ces soulèvements ont été dirigés par des directions nationalistes, staliniennes, voire religieuses, dont la principale préoccupation était de faire oublier à la classe ouvrière ses intérêts de classe, de l'empêcher et parfois par la violence d'accéder à la conscience qu'elle doit s'organiser à part, qu'elle doit prendre en mains son sort et que c'est de sa lutte de classe à elle que dépend son avenir comme l'avenir de l'humanité.

La politique a horreur du vide : lorsqu'il n'y a pas de dirigeants révolutionnaires prolétariens qui combattent pour la direction du mouvement, il se trouvera toujours des dirigeants pour se mettre à la tête. La petite bourgeoisie en sécrète en permanence, de ces dirigeants qui sont prêts à canaliser, à encadrer les luttes populaires, et lorsque la petite bourgeoisie nationaliste ou réformiste est défaillante, il s'en trouvera ailleurs.

Alors, pour que les idées révolutionnaires prolétariennes puissent prévaloir, il faut que des hommes, des militants, des organisations qui se battent pour et qui ne renoncent pas, même lorsqu'ils sont peu nombreux, et qui ne s'alignent pas sur les vents dominants. Trotsky était seul à défendre pendant des années, face au stalinisme triomphant, dans une période de recul général du mouvement ouvrier, une politique prolétarienne. Et le fait qu'il ait été seul ne l'a jamais conduit à y renoncer au profit d'aucune alliance, au profit d'aucun pas illusoire en avant. Parce qu'il savait qu'il travaillait pour l'avenir et qu'il était essentiel, même dans une période de recul, de préserver au moins les idées de lutte de classe.

Alors oui, c'est là où se situent nos principales divergences avec nos camarades qui se revendiquent du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, dont fait partie la LCR.

Vous êtes la principale organisation trotskyste internationale et vous revendiquez de détenir l'héritage de Trotsky, l'héritage de la Quatrième Internationale. Oui, vous avez reçu en héritage une Internationale, petite sans doute à sa création, mais c'est un capital considérable parce qu'il représentait dans plusieurs dizaines de pays des militants, des organisations qui existaient et qui se revendiquaient de l'internationalisme et du prolétariat.

Mais, camarades, êtes-vous certains d'avoir bien utilisé cet héritage ? Le mouvement trotskyste mondial est aujourd'hui existant, oui. Cela montre la force des idées qu'il incarne, mais la Quatrième Internationale, même sous la forme où elle a existé, n'existe plus. Et surtout, depuis plusieurs décennies, dans aucun pays du monde, aucune des organisations n'a réussi non seulement à diriger des luttes menant au pouvoir la classe ouvrière, mais n'a même pas réussi à diriger des luttes assez importantes, assez significatives pour qu'une fraction au moins de la classe ouvrière se retrouve en elle.

Bien sûr, il y a les conditions objectives. Il y a la crise mondiale du mouvement ouvrier dont - évidemment ! - le Secrétariat Unifié n'est pas responsable. Mais même là où existait une crise révolutionnaire, même là où on a vu des luttes réelles s'engager alors qu'une section de la Quatrième Internationale était présente, ce n'est jamais cette section qui en a pris la tête. Pire : une fois que des nationalistes en ont pris la tête, et parfois après le massacre de trotskystes comme le FNL au Vietnam, eh bien la Quatrième Internationale renonçait à toute critique, renonçait à toute politique autonome pour prétendre que les forces qui ont pris la place du vide laissé par elle sont des forces socialistes, sont des forces prolétariennes.

Les critiques que nous formulons à l'égard du SU, et du SI qui l'a précédé, ne nous empêchent pas de reconnaître aux camarades qui en ont assuré la responsabilité le mérite d'avoir, depuis plus de quarante ans, maintenu un cadre international qui a permis de tenir levé le drapeau du trotskysme dans plusieurs dizaines de pays. D'une certaine manière, notre courant, même s'il a souffert de l'ostracisme maintenu à son encontre par une conception erronée du centralisme, a aussi bénéficié largement de l'existence du mouvement trotskyste organisé à l'échelle internationale et donc du travail des militants du SI et du SU. Ce mérite est partagé évidemment par l'ensemble du mouvement trotskyste, c'est à dire par d'autres organisations internationales que le SU mais, à notre avis, même si la responsabilité de l'éclatement du mouvement trotskyste incombe pour beaucoup à la politique des dirigeants de la tendance dont est issu l'actuel Secrétariat Unifié, c'est quand même le SI, puis le SU, qui ont assumé, sur près d'un demi siècle, la majeure partie sinon l'essentiel des efforts et des réalisations dans ce domaine (G. K.)]]

Les situations révolutionnaires ne dépendent jamais des révolutionnaires ; elles dépendent de la volonté de combat des masses prolétariennes. Seulement, il faut que ces masses prolétariennes aient le choix et que, parmi les choix qui s'offrent à elles, il y ait celui d'une politique prolétarienne internationaliste.

Les organisations du mouvement trotskyste sont numériquement faibles partout, mais en la Ratière les choses peuvent aller très vite. Bien des dirigeants nationalistes sont partis de peu et ce ne sont pas les sandinistes représentés ici qui nous démentiront. Seulement, il faut avoir la volonté de conquérir la direction du mouvement des masses et, pour ce qui nous concerne, pas seulement au nom mais avec le prolétariat lui-même en oeuvrant à lui donner les moyens de décider lui-même de la politique de ceux qui parlent en son nom ; c'est-à-dire en leur donnant les moyens de s'exprimer, de s'organiser, et s'il le faut, de s'armer, pour appliquer la politique qu'ils ont décidée.

Et je voudrais terminer en disant que, étant donné la faiblesse du mouvement trotskyste, il y a un vaste champ pour le développer. Et nous sommes décidés à y prendre notre part. Il y a des organisations révolutionnaires trotskystes à créer dans tous les pays de ce tiers-monde pillé, exploité par l'impérialisme occidental. Parce que dans tous ces pays, sans exception, le développement capitaliste a fait naître un prolétariat. Et même si ce prolétariat n'est pas toujours le prolétariat industriel tel que nous le connaissons dans les pays occidentaux, ce sous-prolétariat qui peuple les taudis de toutes les grandes villes des pays pauvres, représente une force révolutionnaire considérable qui peut jouer un rôle important et - qui sait ? - déterminant dans la révolution prolétarienne internationale si, justement, on lui offre cette politique.

Et puis, oui, il y a un vaste champ d'activité pour créer des organisations trotskystes dans les pays dominés par la bureaucratie et, en particulier, dans le pays de la Révolution d'Octobre, de Lénine, de Trotsky, en Union Soviétique. Parce que le prolétariat des pays sous la domination de la bureaucratie fait partie intégrante du prolétariat mondial.

Et ce serait grave pour le destin du prolétariat dans son ensemble si cette fraction du prolétariat, par haine de la bureaucratie, se tournait vers des forces politiques qui l'enchaîneraient au système occidental impérialiste.

Enfin, oui, nous avons encore un très vaste champ pour nous développer, nous les révolutionnaires, nous les trotskystes, ici, dans le coeur impérialiste du monde capitaliste. Nous avons à apprendre à sortir de notre position d'oppositionnels ou de contestataires parce que nos idées sont faites non pas pour contester le monde capitaliste, pas plus que pour le réformer, mais pour le détruire. Nous devons apprendre à être ambitieux, à diriger les luttes du prolétariat en lui donnant les moyens de diriger lui-même ses propres luttes. Nous devons conquérir une influence réelle sur les masses ouvrières et la conquérir au détriment des grands appareils réformistes.

Alors, cette lutte-là, elle est la nôtre, et à notre avis, c'est par là que nous construirons la Quatrième Internationale qui sera le parti mondial de la révolution.

fs28 (texte de l'intervention de Georges Rassamy, du groupe antillais Combat Ouvrier, au nom de Lutte Ouvrière, lors du débat sur la Nouvelle Calédonie)

Je représente la tendance Lutte Ouvrière, l'une des deux tendances qui organisent cette fête, et c'est pourquoi je peux dire, au nom d'une grande partie du public qui est là aujourd'hui, que nous soutenons sans réserve le droit du peuple kanak de disposer de lui-même, son droit à l'indépendance. Et je le dis d'autant plus aisément que j'appartiens personnellement à une ethnie et à un peuple opprimé par l'impérialisme français.

Mais notre tendance, même si elle ne représente pas tout le prolétariat français (ou antillais) parle au nom du prolétariat français et du prolétariat mondial. Car notre tendance se bat sur le terrain de la révolution sociale, la révolution socialiste, la révolution communiste mondiale.

Si nous soutenons le droit des peuples opprimés par l'impérialisme français à disposer d'eux-mêmes, avec les représentants qu'ils se sont choisis, au jour d'aujourd'hui, à ce moment de leur lutte, nous disons aux prolétaires du monde entier, ceux de France ou ceux d'Amérique, ou ceux de Kanaky, que le seul et unique moyen de se libérer de l'impérialisme est de le détruire.

Aucun peuple n'est actuellement libre à la surface de la planète. Même ceux qui ont sacrifié des dizaines de milliers ou des centaines de milliers de leurs enfants pour se libérer, comme les Algériens ou les Vietnamiens ou les Chinois. Aucun n'est libre car l'hégémonie de l'impérialisme empêche tous les peuples, même ceux qui se sont un peu émancipés de son emprise politique, d'être réellement libres car ils ne le sont pas économiquement. Et ces peuples, pratiquement sans exception, connaissent tous des dictatures politiques dont ils sont les premières victimes.

Nous disons que les prolétaires, les peuples opprimés, ne doivent pas séparer la lutte pour leur indépendance de la révolution sociale, de la lutte pour la destruction de l'impérialisme sur toute la planète.

Le peuple kanak est un petit peuple, en Nouvelle-Calédonie. Je le dis d'autant plus aisément que le peuple guadeloupéen est aussi un petit peuple. Mais les peuples mélanésiens représentent cinq millions d'opprimés dans le Pacifique et les Mélanésiens sont loin d'être les seuls opprimés de cette région du monde. Le peuple kanak n'a malheureusement pas le choix : ou il se considère comme l'avant-garde de la révolution sociale, comme un de ses bataillons et il vise à détruire l'impérialisme, à supprimer le pouvoir de l'argent et de la bourgeoisie partout dans le monde, et en Océanie d'abord mais en Europe et en Amérique aussi ; ou il va se battre, peut-être très durement pour finalement se voir dans deux, trois ou dans dix ans, forger de nouvelles chaînes. Parce que finalement cela n'aura fait ni chaud ni froid à la puissance de l'impérialisme mondial.

Je ne partage pas le point de vue des camarades de la LCR qui, à notre avis, recommencent aujourd'hui l'erreur de leurs aînés de la même tendance, vis-à-vis du FLN algérien. Là aussi, dans les années de la guerre d'Algérie, la tendance internationale représentée aujourd'hui par la LCR nous disait que le FLN était socialiste, ou que la révolution du FLN se transformerait automatiquement en révolution socialiste. Ils disaient qu'il n'y avait pratiquement pas de classes sociales en Algérie, que la bourgeoisie était si faible qu'elle ne comptait pas ; qu'elle était tout entière du côté de l'impérialisme français.

Et on a vu ensuite quel type de régime a été mis en place en Algérie et y est encore aujourd'hui.

Les militants algériens, le peuple algérien, n'auraient pas payé plus cher si leur révolution avait été une révolution communiste, une révolution sociale ; si le prolétariat algérien avait visé à établir son propre pouvoir. Qui peut affirmer que les réactions de l'impérialisme français auraient été plus barbares, plus féroces, plus massives, plus déterminées qu'elles ont été, aussi bien en Algérie que contre les 500 000 travailleurs algériens immigrés en France ?

Le fait d'avoir confiné la lutte sur le terrain national n'a pas économisé un seul mort, une seule minute de torture.

A l'époque, les organisations ouvrières françaises, dans cette période de la fin des années 50 et du début des années 60 étaient réduites à des appareils très minoritaires. Le Parti Socialiste était inexistant. Le Parti Communiste était au moins aussi discrédité dans la classe ouvrière qu'il l'est aujourd'hui. La CGT était, de loin, le syndicat le plus puissant, mais parallèlement au PC, elle voyait ses effectifs militants réduits...

Et les 500 000 travailleurs algériens, disciplinés, efficaces, représentaient une force militante dix fois supérieure au PS, au PC, à la CGT et à la CFTC réunis. Ils auraient pu faire éclater, de l'intérieur comme de l'extérieur, les appareils politiques et syndicaux de la classe ouvrière française dont ils étaient partie prenante. Une politique révolutionnaire, dirigée de l'intérieur, contre l'impérialisme français aurait pu faire voler en éclat les directions réformistes. Et peut-être dans la période critique qui a entouré l'année 1958 aurait pu abattre l'impérialisme français.

N'oublions pas que la jeunesse française en 1956, spontanément, refusait de partir en Algérie.

Bien sûr, le peuple algérien a choisi le FLN. Mais ceux qui disaient représenter une Internationale communiste, la Quatrième Internationale, ne lui ont pas offert un autre choix. Ils lui ont affirmé au contraire que le FLN représentait l'avenir socialiste, tout à la fois l'indépendance nationale et la révolution sociale. Le FLN n'a pas menti au peuple algérien. Il n'a fait que mener son combat sur le terrain nationaliste qu'il s'était choisi, sans s'attaquer à la bourgeoisie mondiale. Mais les camarades de la Quatrième Internationale se sont trompés et ont entraîné dans leur erreur ceux qui peut-être auraient pu faire confiance aux héritiers qu'ils prétendaient représenter. Qui aurait pu offrir une autre option, offrir un autre drapeau, sinon ceux qui se disaient la Quatrième Internationale ?

Aujourd'hui bien sûr le FLNKS ne représente pas la même force que représentait le FLN à l'époque. Mais les camarades de la LCR renouvellent la même erreur. Le problème n'est pas celui de soutenir ou pas la lutte du peuple kanak voire de soutenir dans les actes la lutte du FLNKS Notre tendance soutient autant que la LCR peut le faire Louis Mapou, en tant que représentant du FLNKS et en tant que représentant du peuple kanak.

Il est ici chez lui, et j'ai conscience de parler ici au nom de la majorité des participants à cette fête, en tant que tel. La faible force que nous représentons lui apportera intégralement tout son soutien, mais on ne nous fera pas dire que le FLNKS est socialiste au sens prolétarien du terme, qu'il est communiste, qu'il représente la révolution prolétarienne mondiale, même en Kanaky. Nous ne le dirons pas car le FLNKS ne le dit pas lui-même. Il faut que ce soit la LCR qui le dise. Et la LCR en se trompant elle-même trompe qui d'autre dans cette affaire ? Pas nous, pas Mitterrand, elle ne trompe que ses propres militants et ceux qui lui font confiance, y compris ceux qui, parmi le peuple kanak, pourraient lui faire confiance, pourraient se battre, sous un autre drapeau, et ne le feront pas parce que la LCR les aura convaincus que le FLNKS allait se transformer en parti de la révolution socialiste, qu'il était fondamentalement ce parti qui n'est donc pas à créer.

Nous ne demandons pas mieux que Louis Mapou et d'autres dirigeants du FLNKS soient gagnés aux idées de la révolution prolétarienne. Mais s'ils le sont, ils sauront le dire, eux-mêmes, et cela se verra car leur objectif ne sera plus seulement l'indépendance nationale mais aussi la révolution aussi bien en Océanie qu'ici.

Nous ne leur demandons pas de partager nos idées avant de les soutenir.

Mais ce faisant, nous gardons notre droit, nous, de dire qu'ils ne représentent pas les intérêts du prolétariat mondial, ni même les intérêts bien compris, l'avenir du peuple de Kanaky.

fs28kerning28expnd-2expndtw-6 (texte de l'intervention de François Duburg, au débat : « quelle alternative pour 1986 ? » )

Les élections législatives de 1986, c'est un sujet qui passionne déjà tout ce que l'on appelle d'ordinaire la « classe politique », les partis de droite comme ceux de la gauche réformiste.

Eh bien je voudrais d'abord dire que nous, à Lutte Ouvrière, c'est un sujet qui ne nous excite pas beaucoup.

Pour deux raisons : La première est qu'il s'agit d'un problème électoral, et que nous pensons que c'est, pour des révolutionnaires, un terrain accessoire. La seconde est que compte tenu de la loi électorale dont a accouché le gouvernement Mitterrand-Fabius, loi tout aussi injuste que la précédente, l'extrême-gauche n'a aucune chance d'avoir ne serait-ce qu'un élu au Parlement.

Alors, ceci-dit, nous participerons bien sûr à ces élections. Nous y participerons parce que, par principe, nous sommes partisans d'utiliser toutes les occasions de défendre les idées révolutionnaires devant l'ensemble des travailleurs de ce pays.

Mais créer une « alternative », au sommet, en 1986, nous ne croyons pas cela possible.

Bien sûr, on peut toujours se dire, si différents courants arrivent à trouver un terrain d'accord, pourquoi ne se présenteraient-ils pas ensemble ?

Ce n'est pas une option que nous rejetons a priori.

Nous sommes ouverts sur ce sujet.

Mais par rapport à tout ce qui a été dit précédemment, je dois préciser que, malgré toute la sympathie avec laquelle nous suivons l'action des Verts allemands, nous ne nous sentons pas du tout un courant « alternatif », au sens où les camarades recherchent un « nouveau » programme, de « nouvelles » perspectives, de « nouvelles » formes d'organisation. En fait de courant, plus qu'un courant « alternatif », nous nous sentons un courant continu, dans la continuité du communisme révolutionnaire. Car nous pensons que seule la classe ouvrière pourra transformer la société. Alors, ceci-dit, ce qu'il est important de souligner, c'est que ce n'est pas ce que les révolutionnaires pourront faire en 1986 sur le plan électoral qui pourra être déterminant pour la classe ouvrière, et donc pour l'avenir.

Bien sûr, les résultats qu'un courant politique obtient sur le plan électoral peuvent avoir des répercussions sur le moral et sur la conscience des masses.

Mais dans le contexte actuel, pour regonfler les travailleurs, les militants, qui sont démoralisés par les succès de l'extrême-droite, par le recul du PCF, il faudrait que l'extrême-gauche soit capable de faire aussi bien ou mieux que l'extrême-droite, qu'elle soit capable de dépasser le PC. Or cela, nous le savons tous, c'est hors de nos possibilités, parce que les élections ne peuvent que traduire en résultats électoraux l'influence que l'on a dans le pays. Même si en 1986 nous faisions mieux que les 2 ou 3 % habituels de l'extrême-gauche, même si nous parvenions à faire 4 ou 5 %, cela ne changerait pratiquement rien en ce qui concerne le moral de la classe ouvrière.

Le terrain électoral est pour nous, les révolutionnaires, le terrain où nous sommes les moins crédibles, et ce n'est pas parce que Lutte Ouvrière est, de tous les courants d'extrême gauche, celui qui a réalisé les meilleurs scores électoraux que je dirai le contraire.

Le seul terrain qui peut être déterminant pour la classe ouvrière, c'est le terrain des luttes.

Oui, si nous remportons des succès sur ce terrain-là, si dans un certain nombre de secteurs de la classe ouvrière, nous permettons - par notre intervention - aux travailleurs de prendre leurs luttes en mains, et de ne pas les laisser dévoyer par les appareils réformistes, oui cela peut être déterminant pour changer le rapport de forces entre la bourgeoisie et le prolétariat. En 1953, par exemple, c'est la grève générale des fonctionnaires qui a mis un point d'arrêt au glissement à droite que le pays connaissait depuis quelques années.

Et si remporter des succès électoraux notables n'est pas à la portée de l'extrême-gauche, jouer un rôle réel dans les lutes est à la portée d'un courant qui, comme l'extrême-gauche française, compte des milliers de militants. C'est à sa portée, pour peu que les organisations qui constituent cette extrême-gauche ne se contentent pas d'adresser des conseils aux appareils syndicaux, mais s'emploient, dans chaque lutte, à ce que les travailleurs prennent eux-mêmes en main, à travers des comités de grève élus et représentatifs, la direction de cette lutte.

C'est à la portée des révolutionnaires pour peu qu'ils aient le souci, non seulement de montrer que les syndicats peuvent être des outils pour les travailleurs, mais aussi que les appareils syndicaux peuvent constituer des obstacles qu'il faut savoir surmonter... en se passant d'eux.

Et cela, oui, ouvrirait une véritable « alternative », pour 1986... ou 1987, ou plus tard, mais permettrait de changer les choses en profondeur.

 

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