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Introduction

Nous publions dans ce numéro trois textes concernant des discussions qui ont lieu au sein du Secrétariat Unifié, discussions liées notamment à la proximité du congrès mondial de cette organisation.

Deux de ces discussions tournent autour de la révision de certaines positions antérieures du SU L'une concerne une modification de l'appréciation que cette organisation porte sur l'État cubain, l'autre concerne le « tournant vers la classe ouvrière » que le SU prétend vouloir faire prendre à ses sections.

Apparemment, rien dans la situation objective, ni internationale, ni cubaine ne justifie le monceau de textes, de projets de résolutions, de bulletins de discussion où le SU reconsidère ses propres positions passées.

Quel serait, par exemple, le fait majeur intervenu à Cuba ou sur la scène politique internationale susceptible de motiver ce grave débat sur la nature de l'État cubain dont l'enjeu se limite d'ailleurs à la question de savoir si dans les textes et résolutions du SU cet État, étiqueté « ouvrier » il y a 20 ans, sera désormais considéré tout à fait dégénéré, à moitié, ou pas du tout ?

On aurait autant de mal à s'expliquer, en partant de faits objectifs, pourquoi donc c'est aujourd'hui que le SU découvre, au moins dans ses projets de résolution, cette évidence que des organisations qui affirment militer pour la révolution prolétarienne, doivent militer dans la classe ouvrière.

S'il y a une explication - ou plusieurs - il est certainement plus utile de la chercher du côté des préoccupations actuelles du microcosme politique constitué par le Secrétariat Unifié lui-même.

N'étant pas dans le secret de tous les déchirements internes du SU et de ses organisations, nous ne savons pas qui défend quoi, et surtout pourquoi. Ce que nous savons par contre c'est que les grands débats dits théoriques du passé dans les milieux du SU n'avaient pas besoin d'avoir le moindre rapport avec l'évolution objective des choses. Comme d'ailleurs, la conclusion de ces débats n'avait pas le moindre besoin de se traduire dans la politique quotidienne de ces organisations.

Alors, faute de se trouver à Cuba, ou dans la situation internationale, les causes du remue-ménage « théorique » actuel ne se trouvent-elles pas tout simplement dans les relations compliquées qu'entretient le SU avec le courant dit du C.O.R.Q.I., incarné en France par l'OCI. ?

Ces deux courants affirment vouloir se rapprocher et certains parlent même de fusion. Comme les uns et les autre ont l'habitude de fustiger les fusions sans principes, eh bien, que l'on adapte les principes... à la fusion (ou du moins au rapprochement). En d'autres termes que l'on rapproche un peu les position politiques là où elles sont par trop contradictoires.

C'est ainsi, par exemple, que le S.U et le C.O.R.Q.I. ont, sur Cuba, des positions diamétralement opposées, du moins dans leur formulation. Le premier parle d'État ouvrier là où le second dit État bourgeois.

Mais il reste une solution : que chacun fasse à sa manière la moitié du chemin sans avoir trop l'air auprès de se militants respectifs de remettre en cause ses analyses passées.

D'un côté, il suffirait que l'OCI. se débrouille pour expliquer que finalement, malgré tout, l'État cubain est un peu plus ouvrier qu'il n'en avait l'air ; de l'autre côté, il suffirait que le S.U découvre, ou invente, des raisons politiques nouvelles pour aboutir à la conclusion que l'État cubain est moins ouvrier qu'il ne l'avait mérité.

Les deux partenaires ayant fait chacun de leur côté un effort méritoire, nul doute qu'ils parviennent ensemble à un point neutre où un État un peu plus bourgeois qu'ouvrier pourrait se confondre avec un État un peu plus ouvrier que bourgeois, pour mettre finalement tout le monde d'accord dans un subtil fondu enchaîné.

Nous l'avouons, ce n'est pas une angoisse particulière au sujet de l'évolution actuelle de Cuba - que, pour notre part, nous avons toujours considéré comme un État bourgeois - qui a attiré notre attention sur le débat en cours au sein du SU Nous n'avons pas non plus exagérément l'espoir que, même si le Secrétariat Unifié vote à son prochain congrès mondial le « tournant ouvrier », cela se traduise par un réel changement dans la pratique de ses sections.

Mais nous préférons discuter sérieusement des positions du Secrétariat Unifié même si nous ne sommes pas bien sûrs que les motivations en soient des préoccupations théoriques ou une réelle volonté de redéfinir les orientations du SU

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