Le Portugal en liberté surveillée01/06/19741974Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

Le Portugal en liberté surveillée

 

« Portugal : la révolution prolétarienne a commencé » titrait Informations Ouvrières N° 660 en date du 6 au 12 juin 1974. C'était sans doute là un avertissement au lecteur qu'il ne fallait pas trop prendre au sérieux la présentation du texte qui suivait et qui serait, paraît-il, « La résolution commune du groupe trotskyste portugais adhérent au comité d'organisation pour la reconstruction de la IVe Internationale et de l'OCI. ».

Si nous savons, en effet, l'OCI fort capable de croire ou de feindre de croire que la révolution prolétarienne a commencé au Portugal, il semble quand même impossible à un groupe portugais, même chaussé de lunettes lambertistes, d'oser écrire pareilles sornettes.

Ce qui vient de se passer au Portugal, le renversement du régime Caetano, successeur de Salazar, la fin d'une dictature policière vieille de quarante-huit ans, est certes d'une grande importance pour le mouvement ouvrier et révolutionnaire portugais d'abord, bien sûr, mais aussi européen. Cependant, malgré les énormes cortèges du Premier Mai dans Lisbonne en fête, malgré la série de grèves qui ont éclaté durant le mois écoulé, malgré la liberté toute nouvelle qui permet aux partis et aux syndicats de se manifester et de se reconstituer au grand jour, il ne peut être question pour l'instant de parler, fût-ce de l'embryon d'une révolution ouvrière.

 

Un changement décidé et voulu par la bourgeoisie

 

L'éviction de Caetano et la fin du régime salazariste ont été voulues et préparées par la bourgeoisie portugaise elle-même, ou du moins la fraction la plus importante de celle-ci. On n'en voudrait pour preuve que le fait que le livre de Spinola, « Le Portugal et son avenir » , a été publié par une maison d'édition qui appartient au plus important groupe industriel portugais, la C.U.F., Companhia Uniao Fabril, groupe qui rassemble une bonne centaine d'entreprises, qui a des intérêts importants dans les colonies, Angola et Guinée-Bissau par exemple, et qui détient à lui seul plus du dixième du capital social de toutes les sociétés commerciales existant dans le pays. Or c'est ce livre, dans lequel Spinola réclamait une solution « politique » pour mettre fin aux guerres de Guinée, d'Angola et du Mozambique, et à la rédaction duquel un certain nombre d'économistes et de politiciens « Iibéraux » (traduisons: qui avaient pris depuis quelque temps leurs distances d'avec Caetano) auraient collaboré, qui a permis à Spinola de se présenter comme la solution politique de rechange et de rassembler autour de lui tous ceux qui entendaient mettre fin à ce régime.

Autre preuve encore de la volonté des classes dirigeantes portugaises de se débarrasser de Caetano : l'hebdomadaire L'Expresso, qui s'était fait depuis quelque temps l'avocat de la nécessité de réformes et d'une libéralisation, était soutenu par Champalimaud, le second groupe financier portugais par son chiffre d'affaires, possédant lui aussi de grands intérêts en Angola et au Mozambique.

Le régime semblait bien incapable de procéder à la moindre réforme et même de changer quoique ce soit à sa politique, notamment en Afrique. Et il apparaissait de plus en plus, y compris à la bourgeoisie portugaise, que la poursuite indéfinie des guerres coloniales, seules perspectives offertes par le régime, n'était plus une solution.

D'abord ces guerres, qui durent depuis le début des années soixante, n'avaient aucune chance d'être gagnées. Les militaires euxmêmes, qui faisaient ces guerres, étaient de plus en plus nombreux à le penser et à le dire.

D'autre part, elles entraînaient une situation sociale, économique et politique de plus en plus insupportable pour le pays: 43 % du budget de l'État a été officiellement consacré aux guerres africaines en 1973; l'inflation atteignait officiellement 21 % l'année dernière, le taux le plus élevé d'Europe, et promettait d'être encore bien plus élevée cette année; enfin on ne comptait pas moins de seize mille déserteurs et insoumis, enfuis à l'étranger, sur les trente mille jeunes appelés à faire leur service militaire en 1973 ; le nombre total de ces déserteurs ou insoumis, ces dernières années, se monterait d'ailleurs à deux cent mille.

Le Portugal ne pouvait continuer ainsi indéfiniment. La bourgeoisie, y compris celle qui avait des intérêts directs dans les colonies d'Afrique et qui avait certainement approuvé la politique coloniale du régime à ses débuts, ne trouvait plus son compte à la poursuite de la guerre coloniale, à cause de ses conséquences financières, économiques, sociales.

D'autre part, les exemples de la Grande-Bretagne et de la France lui montraient qu'à partir d'un certain moment, il est préférable d'accorder l'indépendance aux anciennes colonies, que cette indépendance n'a pas des conséquences catastrophiques, loin de là, pour la métropole, que même si quelques-uns dont la fortune est uniquement bâtie sur leurs possessions outre-mer peuvent y perdre, les capitalistes en général tirent fort bien leur épingle du jeu, bref, qu'à partir d'un certain moment - celui où les peuples colonisés n'acceptent plus leur esclavage - les colonies ne sont plus qu'une hypothèque à lever.

Comme il ne pouvait être question d'attendre ce renversement complet de politique des dirigeants du régime, et que le caractère dictatorial du régime ne permettait ni de contrôler politiquement ni de changer en douceur ces dirigeants, il ne restait plus qu'à les balayer, eux et leur régime.

Justement, pour ce faire, l'instrument existait: l'armée elle-même. Un mouvement de contestation était né parmi les officiers subalternes à propos des soldes qu'ils estimaient trop maigres. En quelques mois, il était devenu un mouvement de contestation de la politique africaine du régime. Il ne restait plus qu'à lui donner une figure de proue et un chef. C'est, semble-t-il, ce que certains, politiciens et économistes au service de la grande bourgeoisie portugaise, se sont employés à faire depuis quelque temps avec Spinola. D'un ancien combattant volontaire dans les rangs de l'armée de Franco, puis observateur dans l'armée hitlérienne sur le front de l'Est, de l'ancien chef de l'armée portugaise en Guinée, responsable direct d'une politique de répression féroce, on a fait le champion de la libéralisation et de la négociation avec les rebelles africains. Avec l'armée et les capitaines comme instruments du changement, et Spinola comme leader politique, la bourgeoisie portugaise avait toutes les garanties que ce changement ne présentait aucun risque pour elle.

 

L'armée au pouvoir

 

C'est l'armée qui a renversé Caetano et son régime. Seule. En quelques heures, elle a occupé radios, bâtiments officiels, points stratégiques de la capitale, mis Caetano, le chef du gouvernement, et Americo Thomas, le chef de l'État, et leurs ministres, sous surveillance, installé Spinola et sa junte à la tête de lÉtat.

Alors, mais alors seulement, le peuple portugais a été admis à descendre dans la rue, à dire sa joie, à profiter d'une liberté toute nouvelle que les militaires venaient de lui octroyer. Eux, les militaires, étaient installés solidement au pouvoir. Ils permettaient que les masses viennent applaudir à l'exploit qu'ils venaient de réaliser.

Certes, une fois dans la rue, ces masses on sans doute été un peu plus loin que ne l'auraient souhaité les militaires et Spinola. Ou plus exactementpeut-être, elles les ont forcés à aller un peu plus vite en besogne, à dissoudre et mettre sous les verrous la police du régime défunt, la trop célèbre PIDE devenue DGS. (mais n'est-ce pas tout autant pour protéger les policiers, leurs ex-collègues en répression, de la fureur possible de la foule que pour les mettre hors d'état de nuire que les militaires s'y sont résolus ? ), à remplacer à la tête des radios, des journaux, des universités ou des organismes officiels les personnalités trop compromises dans l'ancien régime, à destituer certains maires nommés par l'ancien régime.

Mais si le peuple portugais a certainement .imposé, grâce aux libertés nouvelles, des décisions et un style que les militaires n'auraient certainement pas pris seuls, jamais ceux-ci n'ont été débordés.

L'armée, à tous moments, a toujours eu la situation bien en mains. Et elle l'a toujours..

Malgré la nomination d'un gouvernement provisoire civil, où siègent des ministres socialistes et communistes, c'est toujours Spinola et la junte qui supervisent la situation et décident.

N'a-t-on pas vu, par exemple, le gouvernement provisoire protester devant la décision de laisser partir en exil au Brésil l'ancien chef de l'État, l'amiral Americo Thomas, et l'ancien chef de gouvernement, Marcello Caetano lui-même ? La décision avait été prise par la junte.

N'a-t-on pas vu le Parti Socialiste, un des principaux partis qui participent au gouvernement provisoire, protester contre l'arrestation du leader maoïste Saldanha Sanches ? Cette arrestation est due à une décision de l'armée seule.

N'a-t-on pas vu la plupart des partis, y compris ceux qui forment le gouvernement provisoire, protester contre une décision du délégué du gouvernement à la télévision qui avait interdit la diffusion d'une émission ? Ce délégué du gouvernement est... un militaire, le commandant Mariz Fernandes. Et il lui a suffi d'être assuré de l'appui de la junte.

Ainsi dans les grandes orientations politiques comme dans ce qui peut apparaître comme des détails sans importance, ce sont la junte et l'armée qui finalement contrôlent et décident.

L'armée, c'est-à-dire l'ancien appareil d'État, qui est resté pour l'essentiel intact.

Certes, la police politique a été dissoute et les anciens policiers de la PIDE, nous assure-t-on, mis sous les verrous avant d'être jugés. Certes, des formations para-militaires telles que la Légion portugaise ou les Jeunesses portugaises ont été désarmées. Certes, le parti unique salazariste, l'Action Nationale Populaire, a été dissout. Certes, un certain nombre de dirigeants d'organismes para-étatiques, de recteurs d'université, de directeurs de journaux, de maires, ont été remplacés.

L'éviction et la liquidation de tous ceux-là marquent incontestablement la fin du régime caetaniste. Mais pas de l'État. Pour l'essentiel celui-ci demeure. Bien plus, par l'intermédiaire de l'armée, c'est même l'appareil de l'État qui s'est emparé encore plus directement du pouvoir.

Certes, la fin du régime caetaniste a ouvert aussi pour tout le peuple portugais une période de liberté inconnue jusqu'ici. Mais cette liberté, qui ne gêne guère les maîtres militaires du pouvoir, en grande partie d'ailleurs parce qu'elle a engendré elle-même beaucoup d'illusions sur ces militaires dans les masses portugaises, reste une liberté surveillée. Les mises en garde de Spinola et des militaires contre ceux qui seraient tentés de profiter à fond de cette liberté - les gauchistes qui parlent de socialisme et de révolution, mais aussi les travailleurs qui revendiquent de vivre un peu mieux - mises en garde qui se multiplient alors que cette liberté ne date que de quelques semaines à peine, sont là pour le rappeler. Et pour rappeler aussi que ceux qui, volontairement, à demi-volontairement ou involontairement ont ouvert cette ère de liberté, pourraient demain, si elle les gêne, a voir la tentation d'y mettre fin.

 

Le Parti communiste au gouvernement

 

Les nouveaux maîtres du Portugal se donnent deux buts: mettre en place un nouveau régime, et pour cela ils ont fixé au 31 mars 1975 de nouvelles élections, se donnant ainsi le temps de réfléchir et de voir venir ; régler la question d'Afrique.

A propos de cette dernière, il est hors de doute que Spinola, et ceux qui l'inspirent, sont décidés à mettre un terme aux guerres coloniales. Ce fut la première raison du coup d'État. Les pourparlers officiels déjà entamés par le ministre socialiste Mario Soarès avec le P. A.I.G. C. de Guinée-Bissau et le F.R.E.L.I.M.O. du Mozambique confirment cette volonté. Et mettre fin aux guerres coloniales, cela ne peut que signifier, à brève ou longue échéance, reconnaître l'indépendance des territoires africains.

Mais cela ne signifie pas que cela va se faire dans l'immédiat. L'indépendance, l'impérialisme portugais va certainement chercher à la négocier aux meilleurs termes pour lui.

C'est dire que la longueur des délais dans lesquels cela peut se faire va dépendre de différents facteurs. D'abord, de la force et de la puissance des mouvements d'indépendance. Ce n'est pas un hasard si les négociations de Marie Soarès ont commencé avec le P.A.I.G.C. qui contrôle déjà la majeure partie de la Guinée-Bissau. Ensuite, des possibilités de manœuvres de toute sorte dont peut disposer l'impérialisme portugais. Ainsi les tentatives de dissocier le sort des Iles du Cap Vert de celui de la Guinée-Bissau, dans la mesure où dans ces îles le mouvement d'indépendance est plus faible et la guérilla pratiquement inexistante. Ainsi la tentative de détacher de l'Angola le territoire de Cabinda, où l'on a découvert du pétrole en grande quantité - on parle d'un nouveau Koweit - et à propos duquel le Congo Kinshasha de Mobutu verrait d'un bon œil, paraît-il, la création d'un État indépendant séparé.

En troisième lieu, l'importance du peuplement blanc dans ces différentes colonies.

Ainsi l'Angola, qui compte plus d'un demi-million de colons portugais, et qui est aussi la plus riche des colonies africaines, laisse planer la menace de faire sécession à la rhodésienne, en s'appuyant sur ses voisins d'Afrique du Sud, et le Portugal peut se permettre, dans ce cas-là, d'être bien moins pressé que dans ceux du Mozambique ou de la Guinée, d'entamer des négociations avec les nationalistes.

Enfin, mais ce n'est pas le moindre de ces facteurs, du calme social et politique dont la junte bénéficiera à l'intérieur même du Portugal. En fonction de la pression qu'exerceront ou non la classe ouvrière et le peuple portugais, Spinola et Mario Soarès pourront manœuvrer plus ou moins librement face aux représentants des nationalistes africains.

Et c'est là aussi qu'intervient l'un des changements politiques les plus importants non seulement pour le Portugal, mais probablement pour toute l'Europe, qui se sont produits depuis le 25 avril : l'admission du Parti Communiste dans les rangs du gouvernement.

Les raisons qui ont amené Spinola, au passé de combattant anti-communiste notoire, à accepter, dans les rangs du gouvernement provisoire, des membres du Parti Communiste, sont évidentes.

Le Parti Communiste portugais est le seul parti politique qui a une réelle implantation de masse, notamment dans la classe ouvrière. Alors que le Parti Socialiste était jusque-là un état-major d'intellectuels sans troupe, le Parti Communiste rassemble, lui, de nombreux et authentiques militants ouvriers.

Lui seul est donc capable de tenir en mains une classe ouvrière qui existe, qui est puissante et qui, maintenant que Caetano est tombé, semble bien décidée à réclamer une amélioration de son sort, sinon un changement radical de la société portugaise. Les nombreuses grèves qui ont éclaté un peu partout à travers le pays l'ont prouvé. Comme les innombrables déclarations du Parti Communiste, et le rôle de ses dirigeants et militants pour faire reprendre le travail aux grévistes et leur faire accepter de modérer leurs revendications, ont prouvé que le P. C. était prêt à jouer le rôle que la junte attendait de lui.

Spinola et l'armée n'avaient donc guère qu'un seul choix. Ou bien ils s'opposaient par la force aux revendications de la classe ouvrière, brisaient les grèves en faisant donner la troupe et rétablissaient aussitôt une dictature militaire ouverte, alors qu'ils venaient d'abattre la dictature policière de Caetano. Ou bien ils faisaient appel au Parti Communiste pour contenir le mouvement ouvrier dans les limites assignées et lui faire accepter de patienter au nom des soi-disant intérêts de la classe ouvrière eux-mêmes. C'est ce que les militaires ont choisi.

Mais ils n'ont pas dû choisir tout seuls. Il est impensable que cette décision d'admettre le Parti Communiste au gouvernement ait été prise par Spinola et la junte sans que les alliés et protecteurs du Portugal, les dirigeants des impérialismes anglais et américain n'aient été consultés, ou du moins n'aient fait savoir qu'ils n'y étaient pas formellement opposés.

Est-ce cela qui explique la volonté des dirigeants du Parti Communiste portugais à jouer le rôle qu'on leur a attribué, contribuer à faire tenir tranquille la classe ouvrière, et aussi la hargne, visible dans chacune de leurs déclarations, avec laquelle ils s'attaquent aux trouble-fête, gauchistes ou grévistes ?

En tout cas, l'expérience qui se déroule aujourd'hui sur les bords du Tage peut demain, si elle se révèle concluante, servir de test à d'autres pays. Si le parti stalinien tient au Portugal sa place au gouvernement pour le plus grand profit de la bourgeoisie nationale et avec l'accord de l'impérialisme américain, les bourgeoisies italienne - à qui cela serait si utile pour résoudre la crise actuelle - ou encore française, ne pourront-elles pas en conclure qu'elles ont le feu vert des États-Unis pour réadmettre, en cas de besoin, le parti communiste national au sein d'un gouvernement de coalition ?

Auquel cas l'expérience portugaise aurait effectivement marqué un tournant dans la politique des États capitalistes occidentaux et mis fin à une politique d'ostracisme envers les partis communistes liés à l'URSS, politique qui dure depuis 1947 et l'éviction des partis communistes français, italien et belge des gouvernements de leur pays.

Le pouvoir réel solidement aux mains des généraux et des officiers, un parti communiste, seul véritable parti implanté dans les masses et notamment dans la classe ouvrière, passé sans l'ombre d'une réserve au service de la bourgeoisie, de grandes illusions dans les masses travailleuses sur la volonté des militaires de changer de régime - sinon de société - , l'absence d'un parti révolutionnaire : voilà un bilan qui doit éviter aux révolutionnaires portugais de se leurrer sur la situation véritable. Au Portugal le rapport des forces est loin d'être favorable à la classe ouvrière, même s'il l'est davantage bien évidemment qu'avant le 25 avril.

Aujourd'hui une politique révolutionnaire au Portugal ne consiste certainement pas à proposer des objectifs trop ambitieux à la classe ouvrière, ni à l'engager dans des luttes qu'elle n'a pas les moyens de gagner ni même de mener.

Mais il s'agit de profiter des droits et des libertés nouvellement acquis, droit de réunion, d'organisation, liberté de la presse, liberté syndicale, etc... pour organiser sur le plan syndical comme sur le plan politique la classe ouvrière, élever son niveau de conscience, travailler à l'éduquer politiquement, à lui permettre de reconnaître ses véritables ennemis, et de distinguer ses faux amis.

Cette tâche est non seulement celle qui correspond au rapport des forces actuel au Portugal. Elle est aussi la première étape indispensable pour qu'existe demain un parti ouvrier révolutionnaire et par là pour que, le rapport des forces ainsi changé, la classe ouvrière portugaise puisse engager d'autres combats et les mener à bien.

 

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