La Vème conférence internationale organisée par Lutte Ouvrière01/12/19741974Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

La Vème conférence internationale organisée par Lutte Ouvrière

La Ve Conférence Internationale convoquée à l'initiative de Lutte Ouvrière s'est tenue dans le courant du mois de novembre. Elle réunissait 12 organisations venant de 10 pays : USA (Spark, Class Struggle League), Grande-Bretagne (International Socialism), Danemark (Internationale Socialister), Allemagne (Spartakusbund, Socialistische Arbeiter Gruppe), Italie (Lotta Communista), Antilles (Combat Ouvrier), Afrique (Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes), Japon (Groupe IVe Internationale), Israël (Matzpen), France (Lutte Ouvrière).

Trois sujets figuraient à l'ordre du jour proposé et' présenté par Lutte Ouvrière : les révolutionnaires et les élections présidentielles de mai 1974 en France ; l'évolution des rapports entre les bourgeoisies et les partis staliniens ; les révolutionnaires et le mouvement écologiste. Par ailleurs, le groupe Spartakusbund présentait un texte sur les Fronts populaires.

 

Les révolutionnaires et les élections présidentielles de mai 1974 en France

 

Dans son rapport introductif, le représentant de Lutte Ouvrière rappela les conditions qui avaient présidé à la décision de présenter la candidature d'Arlette Laguiller et le bilan que l'on pouvait tirer de cette campagne (voir Lutte de Classe N° 19).

La discussion qui suivit porta autant sur les élections que sur la question des Fronts populaires prêsentée par Spartakusbund. Ces camarades, tout en reconnaissant que la campagne d'Arlette Laguiller avait su toucher les travailleurs, contrairement à celle des gauchistes qui parlaient à destination d'un public petit-bourgeois, lui reprochait cependant de ne pas avoir proposé de perspectives politiques à la classe ouvrière. Il fallait, disaient-ils, opposer au Programme commun de la gauche un programme révolutionnaire de revendications transitoires dirigé résolument contre les bases mêmes du régime bourgeois. Un programme qui aurait eu comme revendications centrales : l'échelle mobile des salaires et des heures de travail avec l'intégration des chômeurs dans le processus de production ; le contrôle ouvrier sur la production; expropriation de la grande industrie englobant tous les secteurs. L'objectif d'un tel programme étant de faire comprendre aux masses la contradiction entre leurs revendications et leurs espérances et la politique réelle de leurs directions traditionnelles, il débouche sur le mot d'ordre de gouvernement PC-PS sans les radicaux de gauche, qui ouvre une perspective politique à la mobilisation des travailleurs. La dénonciation des radicaux de gauche permettait, selon Spartakusbund, de mettre en évidence le caractère de classe du front PC-PS car, disaient-ils, « les révolutionnaires doivent attaquer d'abord et surtout le point qui exprime le plus nettement la politique de collaboration avec la bourgeoisie et qui est la ligne de moindre résistance pour la critique révolutionnaire » .

Mais, outre le caractère formel de ces reproches, en particulier sur la formulation des revendications caractérisées comme étant transitoires, l'analyse des camarades de Spartakusbund pêche surtout par son appréciation erronée de la situation telle qu'elle existait en France au printemps 1974. Ces camarades écrivent eux-mêmes dans le texte concernant les Fronts Populaires qu'ils ont communiqué à la Conférence, qu'il n'est possible d'avancer le mot d'ordre de gouvernement ouvrier que dans une situation de lutte de classe où la force de combat de la classe ouvrière s'accroît et où la question du pouvoir est posée. Or il est faux de prétendre qu'elle l'était. La mort de Pompidou n'avait nullement ouvert une crise révolutionnaire. Tout au plus offrait-elle l'occasion pour qu'un politicien bourgeois de gauche - Mitterrand - succède à un bourgeois de droite. Encore que cette hypothèse n'était pas la plus probable car rien ne laissait supposer qu'un glissement vers la gauche était en train de s'opérer au sein de la population, glissement qui aurait permis d'espérer la victoire de la gauche. C'est sur la base d'un tel pronostic que le FCR avait défini sa campagne, excluant a priori la victoire de Giscard d'Estaing.

Dès lors, le mot d'ordre de gouvernement PC-PS sans les radicaux de gauche n'avait plus guère d'autre signification qu'un alignement électoraliste à la remorque de l'union de la gauche. D'autant plus formelle apparaissait alors la réserve vis-à-vis des radicaux de gauche. Axer une campagne sur ce thème eut été, en l'occurrence faire la part belle à Mitterrand. C'eut été le dédouaner pour tout son passé de politicien bourgeois. Car, dans l'alliance entre le PC, le PS et les radicaux de gauche, « le point qui exprime le plus nettement la politique de collaboration de classe » , selon la formule des camarades de Spartakusbund eux-mêmes, ce n'est pas tant la présence de quelques politiciens radicaux ralliés au « Programme commun », mais essentiellement le ralliement du PCF à la personne de Mitterrand. Et si la campagne d'Arlette Laguiller eut un tel impact, c'est justement parce qu'elle s'appuyait sur la méfiance réelle qui existait au sein de la classe ouvrière, et plus particulièrement dans la partie de la classe ouvrière qui vote traditionnellement pour le PCF

 

Lotta Communista et la participation des révolutionnaires aux élections

 

Le groupe Lotta Communista, issu de la tradition ultra-gauche italienne, groupe qui se situe sur des positions « capitalistes d'État », intervint quant à lui, pour condamner la participation des révolutionnaires aux élections bourgeoises. Ces camarades développèrent une argumentation qui se situait à deux niveaux. Tout d'abord, discutant des résultats recueillis par Lutte Ouvrière, les camarades de ce groupe déclarèrent qu'il ne fallait pas estimer ces résultats par rapport au reste de l'extrême gauche, mais les comparer au score de Mitterrand. Et le rapport de forces, sur ce terrain, ne peut que souligner l'insignifiance de l'influence des révolutionnaires. C'est ce qui s'est passé en Italie, lorsque le groupe Il Manifesto a présenté des candidats qui ne recueillirent qu'un nombre de voix ridicule. Reprenant les thèses traditionnelles de l'ultra-gauche, ils affirmèrent qu'il ne faut pas participer aux élections car, en aucun cas, les élections ne pouvaient modifier le rapport de forces entre la classe ouvrière et la bourgeoisie. Au contraire, les élections bourgeoises n'étaient qu'un moyen utilisé par l'adversaire de classe pour obscurcir la conscience des travailleurs. Dans ces conditions, il ne pouvait, selon eux, exister que deux situations, qui toutes deux justifiaient une attitude abstentionniste. Ou bien les révolutionnaires sont trop faibles, et alors il valait mieux ne pas révéler cette faiblesse aux yeux de la classe ouvrière en se présentant aux élections, mieux valait alors se cantonner à une intervention exclusivement propagandiste sur les revendications concrètes des travailleurs. Ou bien cette influence était au contraire importante, et alors il fallait user de cette influence pour appeler à l'abstention révolutionnaire.

Certes, aucun marxiste révolutionnaire ne peut prétendre que des élections peuvent modifier en quoi que ce soit le rapport de force en faveur de la classe ouvrière. Mais, ceci étant posé, faut-il pour autant se détourner de la participation électorale ? Lorsque les révolutionnaires sont trop faibles, il faut, disent ces camarades, s'abstenir de révéler cette faiblesse. L'argument est dangereux car, à la limite, il peut s'appliquer à toute intervention qui peut, sur un autre terrain tout aussi bien illustrer la faiblesse de l'extrême-gauche. Mais, n'est-il pas paradoxal de vouloir faire de la Propagande durant les Périodes électorales, en se privant de ce puissant instrument de propagande que fournit la participation aux élections ? N'est-il pas surprenant que des révolutionnaires se privent de façon systématique de l'instrument de mesure du rapport de force que constituent les résultats électoraux ? Il est contradictoire, à ce propos, de prétendre que la faiblesse d'un score électoral peut exprimer la faiblesse d'un courant, sans en conclure par ailleurs qu'il peut, au contraire, en révéler la puissance. Quant à l'affirmation que les élections ne peuvent qu'obscurcir la conscience ouvrière, elle ne tient pas compte de la situation réelle, qui est caractérisée par la prédominance des illusions électoralistes au sein de la classe ouvrière. Ce ne sont pas les révolutionnaires qui les ont créées. Mais elles font que des millions de gens s'intéressent alors aux questions politiques. Faut-il se priver de l'occasion ainsi fournie de s'adresser à des millions de gens pour combattre ces illusions et se réfugier dans une abstention stérile, à l'écart des préoccupations qui se manifestent dans ces périodes ?

 

International Socialism (GB) et les élections britanniques de mars 1974

 

Les camarades de Spartakusbund soulevèrent cette question qui avait été abordée dans un article paru dans le numéro 228 de Lutte Ouvrière, article qui avait provoqué une réponse du Comité Exécutif d'IS (GB) publiée dans le numéro 19 de notre revue. Ils voulaient que les camarades de IS (GB) s'expliquent sur la décision de leur organisation de ne pas présenter de candidats à l'occasion de ces élections, en réponse aux critiques formulées par Lutte Ouvrière.

Les représentants d'IS (GB), bien qu'ils aient estimé avoir déjà répondu et que, dès lors, le débat ne s'imposait plus dans le cadre de la conférence, exposèrent néanmoins les raisons qui avaient motivé les choix de leur organisation en cette circonstance.

Rappelant les conditions qui président à l'organisation des élections en Grande-Bretagne, où il n'existe pas de scrutin à deux tours comme en France, ce qui pose évidemment un problème tactique, les camarades de IS invoquèrent le fait que, selon eux, une intervention télévisée n'aurait pratiquement aucun impact sur l'opinion ouvrière. Reprenant, par ailleurs, l'argument déjà développé par Lotta Communista qui considérait que les révolutionnaires risquaient de se couvrir de ridicule en ne recueillant qu'un nombre infime de suffrages, ils expliquèrent que ce fait était illustré par l'exemple du PC britannique. Les travailleurs les plus avancés, dirent-ils, considèrent la présence de candidats du PC comme une plaisanterie. D'ailleurs, ajoutèrent-ils, le parti travailliste ne prend même pas la peine de parler du PC, car il considère que ce dernier est plus ridicule en se présentant plutôt qu'en ne le faisant pas. Dans ces conditions, un candidat révolutionnaire serait apparu comme diviseur. Or, il était essentiel que, dans ces élections, la classe ouvrière apparaisse unie et forte, face aux conservateurs qui l'attaquaient.

Dans sa réponse, Lutte Ouvrière, rappela la position qu'elle avait déjà développée sur ce problème (voir Lutte de Classe N° 19). Les arguments de IS ne sont pas nouveaux par rapport à ceux présentés dans leur lettre. Ils ne sont pas plus convaincants. Car s'il ne s'agit pas de nier les problèmes tactiques que pose le mode de scrutin en Grande-Bretagne, ces problèmes peuvent trouver une réponse. Se réfugier derrière ces problèmes revient en fait à abdiquer devant le parti travailliste. Certes, les révolutionnaires peuvent s'estimer trop faibles organisationnellement pour s'engager dans la compétition électorale. Mais dès lors qu'ils estiment en avoir la force, ce n'est pas juste de refuser l'épreuve des faits, même si cette épreuve révèle la faiblesse du mouvement révolutionnaire. Invoquer le risque d'apparaître comme des diviseurs, c'est mettre en avant le pire des arguments, celui qui justifie toutes les capitulations opportunistes. En France, le problème existait, d'autant plus que la gauche était sans doute moins discréditée que le parti travailliste, puisque cela fait seize ans qu'elle se trouve dans l'opposition. C'est au nom de ce même argument qu'une partie du mouvement gauchiste s'est ralliée à la candidature de Mitterrand. Les révolutionnaires doivent être capables de refuser le chantage à l'unité, sous peine de devoir disparaître. Ils doivent au contraire profiter de toutes les circonstances qui leur sont fournies pour défendre leur programme.

 

L'évolution de l'attitude de la bourgeoisie vis-a-vis des partis staliniens

 

Cette évolution, rappelait Lutte Ouvrière qui introduisait cette question, est caractérisée avant toute chose par « le changement d'attitude des puissances impérialistes dominantes, et en particulier et surtout par le changement d'attitude du plus puissant d'entre eux : l'impérialisme américain ». Car ce dernier « après l'offensive du Têt, révisant alors la stratégie adoptée depuis le début de la guerre froide, a décidé d'élaborer une nouvelle stratégie globale, plus souple, comportant des règlements partiels - et éventuellement globaux - avec l'URSS, ainsi qu'avec la Chine, acceptant pas avance que les limites des blocs soient plus mouvantes, à condition qu'elles le soient dans les deux sens ». Cette stratégie nouvelle qui implique des relations de négociation et, quand faire se peut de collaboration avec l'URSS, a comme corollaire sur le plan intérieur, l'établissement de relations plus souples avec les PC, et en tout cas la fin de l'ostracisme absolu qui les frappait. « L'impérialisme américain est plus tolérant, laisse davantage les mains libres aux bourgeoisies alliées, pour se servir des PC si elles l'estiment utile jusqu'à et y compris les faire participer aux responsabilités gouvernementales. La bourgeoisie portugaise a saisi cette possibilité » . Toutefois il faut souligner « la prudence avec laquelle ces solutions sont envisagées, les oppositions qu'elles rencontrent » . Et cette prudence exprime que, du point de vue bourgeois, les partis communistes ne sont pas encore des partis « comme les autres », contrairement aux partis sociaux-démocrates.

Lotta Communista contesta cette analyse. Pour cette organisation, les PC sont des partis bourgeois « comme les autres ». Partant de l'exemple du Parti Communiste italien, les camarades de ce groupe expliquèrent que, pour eux, il n'y avait pas de différence entre ce parti et la démocratie chrétienne. Tous deux disposent d'une influence sensible sur la classe ouvrière. Tout au plus représentent-ils des fractions différentes de la bourgeoisie italienne, le PCI représentant les intérêts des secteurs étatisés de l'économie, tel par exemple l'E.N.I. (institut national des hydrocarbures).

Certes, la démocratie chrétienne dispose d'une influence certaine sur la classe ouvrière italienne. Mais il n'est pas juste pour autant de tracer un trait d'égalité entre cette influence et celle du PC Tout d'abord parce que cette influence ne s'exerce pas sur la même fraction de la classe ouvrière. Croire que ces deux fractions sont équivalentes, c'est en rester à une analyse purement sociologique, totalement inopérante pour déterminer la politique des révolutionnaires. Quant à prétendre que le PCI est le représentant des intérêts des sociétés d'État, cela revient à dire, contre toute évidence, que ces' sociétés seraient tenues à l'écart du pouvoir... depuis 1947, date de l'éviction des ministres communistes italiens.

 

Le mouvement écologiste et les révolutionnaires

 

Publié dans le numéro 21 de Lutte de Classe, le rapport sur cette question ne suscita aucune discussion. Les groupes présents affirmèrent en effet qu'ils ne rencontraient pas ce problème dans leur pays.

Pourtant on assiste aujourd'hui dans les pays industrialisés à une offensive de grande envergure menée par des idéologues et des politiciens bourgeois qui développent à grand fracas des thèses néo-malthusiennes. Sous couvert de la lutte pour la défense de l'environnement, cette campagne rencontre un écho certain en France au sein même du mouvement gauchiste, et plus particulièrement au sein de sa composante maoïste anarchisante. Il serait surprenant qu'un tel courant ne se manifeste pas à terme dans les autres pays capitalistes et ne touche pas les mouvements gauchistes qui y existent.

 

L'activité des groupes

 

La dernière partie de la conférence a été consacrée à la présentation de l'activité des groupes présents. Certains se bornèrent à caractériser la situation politique de leur pays. D'autres groupes, par contre, relatèrent leurs interventions durant l'année écoulée.

Pour Lotta Communista la situation en Italie est caractérisée par l'aggravation de la situation de la classe ouvrière, qui nécessite, selon ces camarades, de proposer aux travailleurs une série de revendications économiques destinées à préserver les intérêts ouvriers. Ils préconisent une lutte générale pour l'augmentation des salaires, qui, selon ces camarades débouche sur une lutte politique parce qu'elle se heurte à la position du PC et du PS qui s'oppose à une telle mobilisation. Lotta Communiste appuie son intervention sur les comités qui s'organisent dans différentes villes d'Italie sur les problèmes de logement et de transport.

La situation en Grande-Bretagne, déclare IS (Grande-Bretagne) est caractérisée par l'inflation, le chômage, tandis que le gouvernement veut imposer le blocage des salaires. Selon ces camarades on assiste aujourd'hui dans ce pays à un glissement à gauche au sein du mouvement syndical, exprimé par le fait que plusieurs leaders réputés de gauche ont été élus à la tête de syndicats importants. Les grèves sauvages se généralisent, localement. Dans ces circonstances, l'initiative de IS de convoquer une conférence syndicale de la base syndicale recueille un succès certain, à tel point que le PC a cru nécessaire de mettre en garde ses militants attirés par une telle initiative. Par ailleurs, conséquence de la dégradation de la situation sociale, il se développe aujourd'hui en Grande-Bretagne un courant nationaliste et raciste, contre lequel les gauchistes organisent des actions ponctuelles.

Pour Spartakusbund, la situation en Allemagne est, elle aussi, caractérisée par l'inflation et le chômage. Mais la réaction des travailleurs reste paralysée par l'influence qu'exerce encore sur elle le parti social-démocrate. Il s'agit, pour ces camarades, de proposer une alternative politique à la bourgeoisie, fondée sur un programme de revendications transitoires, en présentant des candidats lors des prochaines élections. Si possible des candidats communs à tous les révolutionnaires.

Spartakusbund intervient au sein de la classe ouvrière en publiant une vingtaine de bulletins d'entreprises.

Le SAG, lui, n'est pas d'accord avec l'analyse que fait le Spartakusbund de la situation allemande. Pour ce groupe, si le chômage s'étend il ne concerne pour le moment que certains secteurs de la classe ouvrière. La chimie et la sidérurgie ne sont pas encore touchées. En ce qui concerne la revendication d'échelle mobile, il se prononce contre, car, selon ce groupe, cette revendication est reprise par la bureaucratie syndicale. La reprendre revient dès lors à cautionner la politique de cette bureaucratie. Quant à l'initiative de présenter des candidats révolutionnaires, le SAG se déclare contre car, dit-il, cela reviendrait à révéler le manque de crédibilité des révolutionnaires.

L'UATCI intervient pour décrire les conditions de son activité. Intervenant pour l'instant exclusivement dans l'émigration en France, le représentant de cette organisation souligne les difficultés de cette intervention. S'adressant à une émigration exclusivement économique, l'UATCI se heurte à de multiples obstacles. Celui de l'analphabétisme, tout d'abord, mais aussi celui constitué par la multiplicité des dialectes, et le poids des traditions tribales qui pèse encore lourdement sur les travailleurs africains. Néanmoins ce groupe intervient sous forme de tracts, au travers aussi de son mensuel politique « Pouvoir aux Travailleurs » dans plusieurs foyers de travailleurs africains.

Combat Ouvrier explique à son tour, son intervention à la Guadeloupe et à la Martinique.

Désormais, l'intervention de Combat Ouvrier ne se cantonne plus sur le terrain propagandiste, mais se traduit par une présence dans les luttes sociales qui se développent aux Antilles. Ce fut le cas par exemple à l'occasion de la grève des ouvriers du bâtiment qui se déroula en février 1974, à la Martinique, grève dans laquelle des camarades de Combat Ouvrier animèrent un comité de grève. Mais, ce n'est pas le seul exemple. L'expérience de Spark montre que l'activité d'un groupe même numériquement faible peut se traduire par des résultats concrets significatifs, dès lors qu'il s'attelle sérieusement aux tâches d'implantation dans les entreprises. Les camarades de ce groupe, présents dans deux villes des USA, interviennent dans dix usines, sous forme de bulletins d'agitation réguliers. Par ailleurs, ils ont animé dans une de ces entreprises une bataille pour imposer la reconnaissance du syndicat. Bataille qui se traduisit par un succès, même si dans un second temps un tribunal fédéral fit casser la décision qui reconnaissait l'existence du syndicat dans l'entreprise.

 

En guise de conclusion

 

Cette fois encore, les divergences qui se sont fait jour entre les différents groupes participant à cette conférence peuvent frapper. Tout comme les années précédentes, les opinions les plus opposées s'y sont affrontées. Et nous n'avons, dans le cadre de ce résumé, signalé que les plus marquantes. Même si la discussion n'a permis d'aboutir à aucun accord elle a néanmoins rendu possible une meilleure compréhension des groupes en présence.

Et cela constitue l'essentiel pour nous, car ce type de conférence reste aujourd'hui le seul cadre qui permette, en l'état actuel du développement du mouvement révolutionnaire international, une discussion réelle, qui ne soit pas limitée a priori par des exclusives formelles, d'autant plus rigoureuses qu'elles ne représentent, chez ceux qui les pratiquent, que le désir de dérober à la discussion leur propre pratique. C'est pourquoi, et quelles que soient les limites que chacun reconnaît à cette formule, nous continuerons d'organiser à l'avenir de telles rencontres, ouvertes sans exclusive à tous les groupes qui se situent sur le terrain du marxisme révolutionnaire, et ces rencontres seront pour nous autant d'occasions de défendre le programme trotskyste.

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