La conférence internationale de novembre 197301/12/19731973Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

La conférence internationale de novembre 1973

 

En novembre 1973, s'est tenue, pour la quatrième fois, une conférence internationale organisée par Lutte Ouvrière et à laquelle ont pris part quatorze organisations révolutionnaires venant de dix pays : USA (Spark, Revolutionary Socialist League, International Socialists), Grande-Bretagne (International Socialism, Workers'Fight), Irlande (Socialist Workers Movement), Italie (Lotta Comunista, Iniziativa Comunista), Espagne (Accion Comunista), Antilles (Combat Ouvrier), Afrique (Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes), Australie (Socialist Worker Action Group), Danemark (Internationale Socialister), France (Lutte Ouvrière).

D'autre part les camarades du SAG (Socialistische Arbeiter Gruppe) d'Allemagne Fédérale, n'ont pu, pour des raisons techniques de dernière heure, participer à la conférence, et quatre organisations - Parti Ouvrier d'Unification Marxiste (POUM - Espagne), le KAG (Groupe Ouvrier Communiste - Suède), Socialist Forum (USA), Fédération Rouge (Red Federation - Nouvelle Zélande) - se sont excusées de ne pas pouvoir suivre les travaux de la conférence et ont demandé à recevoir les textes de la conférence et un compte rendu de ses discussions.

Les cinq sujets débattus ont été, outre quatre sujets présentés par Lutte Ouvrière - L'opposition intérieure en URSS, la politique frontiste au Chili, en Bolivie, en Argentine et l'attitude des révolutionnaires, la crise monétaire et ses conséquences, la guerre du Moyen-Orient - un cinquième sujet présenté par IS (Grande-Bretagne) : la construction de l'organisation révolutionnaire et son implantation dans la classe ouvrière.

 

L'opposition intérieure en URSS

 

Le premier texte soumis à la discussion fut un texte de Lutte Ouvrière (publié dans Lutte de Classe N° 14) sur la nature de l'opposition intérieure en URSS

Les camarades du Workers'Fight (Grande-Bretagne) furent les seuls à soutenir que les courants les plus radicaux de l'opposition intérieure en URSS, ceux représentés par lakir et Grigorenko, témoignaient d'un renouveau de l'opposition communiste en URSS. Faute de pouvoir discerner dans ces courants la traduction des aspirations de telle ou telle couche sociale privilégiée, il fallait donc les considérer comme des représentants des intérêts du prolétariat « à moins d'admettre que les idées qu'ils expriment sont complètement désincarnées ».

L'ensemble des autres organisations au contraire était d'accord avec LO pour se refuser à considérer les différents courants d'opposition en URSS comme une opposition prolétarienne et communiste. Mais alors que IS (USA) lie le développement de ces courants à des contradictions nationales qui existeraient aussi bien à l'intérieur de l'URSS que dans les Démocraties Populaires, IS (Grande-Bretagne) y voit « une réponse à l'irrationalité du système russe, au fait que l'économie n'est pas en fait planifiée, au fait que les différentes fractions de la bureaucratie ont des stratégies différentes pour exploiter la classe ouvrière ». Il est donc logique que ces courants ne s'adressent pas à la classe ouvrière car ils représentent des dissensions internes à la bureaucratie sur la meilleure façon de préserver ses intérêts, et ces courants craignent le prolétariat par dessus tout.

Lutte Ouvrière, pour sa part, rappela que tous les courants d'idées ne représentent pas forcément une couche sociale déterminée et que si la bureaucratie est constituée par l'ensemble des privilégiés du régime, les privilèges sont bien différents du sommet à la base et cela explique que la bureaucratie puisse être traversée par des courants politiques très divers. Si la dictature est le prix payé pour la conservation des privilèges, Brejnev, qui ne souffre pas trop de la dictature de Brejnev tout en jouissant d'immenses privilèges, le directeur d'usine qui, lui, en souffre déjà plus mais dont les privilèges sont encore conséquents, et l'ouvrier stakhanoviste, par exemple, qui en souffre beaucoup pour bénéficier de privilèges minimes, n'auront de toute évidence pas la même attitude face aux mouvements pour les droits démocratiques ou même face à une éventuelle montée ouvrière.

En fait, cette discussion sur l'opposition intérieure en U.RS.S. aboutit finalement à rediscuter des divergences fondamentales concernant l'appréciation même de la nature de l'URSS et de la bureaucratie (simple appendice de la bourgeoisie pour les uns, nouvelle classe pour les autres, caste parasitaire pour les groupes se réclamant du trotskysme).

 

La politique frontiste et l'attitude des révolutionnaires

 

Malgré les affirmations d'un certain nombre de groupes dont IS (Grande-Bretagne) et le SWM (Irlande) qui jugeaient absolument inutile de discuter sur le texte présenté par LO (cf. Lutte de Classe N° 13) dans la mesure où ils estimaient que tout le monde ne pouvait qu'être d'accord, il s'avéra que les critiques adressées par LO dans ce texte au SU et à l'OCI s'appliquaient fort bien à nombre de groupes présents à la conférence. La discussion qui porta d'une part sur l'appréciation du régime d'Allende, et d'autre part sur le MIR et sa politique, ne fut donc pas du tout superflue.

Sur le premier point IS (Grande-Bretagne) affirma qu'Allende ne pouvait être purement et simplement un agent de la bourgeoisie car alors on ne comprendrait plus que les militaires aient été obligés d'intervenir contre lui. L'arrivée d'Allende au pouvoir d'autre part aurait eu un effet positif important sur la conscience de la classe ouvrière (similaire à l'effet produit par l'arrivée de Blum au pouvoir en 1936 en France). En conclusion, aussi bien IS (Grande-Bretagne) qu'IS (USA) et que le SWM (Irlande) insistèrent sur la nécessité pour les révolutionnaires d'apporter leur « soutien critique » à ce type de gouvernement.

Lutte Ouvrière fit alors remarquer que si l'on pense que le fait qu'un gouvernement de gauche se retrouve au pouvoir est positif pour les travailleurs, alors il faut oeuvrer de toutes ses forces pour la victoire électorale de la gauche. Le « soutien critique » dans ces conditions est, comme l'a noté également la R.S.L., avant tout un, soutien qui ne fait que contribuer à renforcer les illusions des travailleurs envers les partis réformistes.

Les organisations centristes, elles aussi, prétendent apporter leur « soutien critique » à ce type de gouvernement alors qu'elles ne font que capituler devant lui. Et si les révolutionnaires doivent être aux côtés des travailleurs même lorsque ces derniers se laissent guider par leurs illusions, leur rôle est justement de combattre ces illusions et non pas de les renforcer.

L'appréciation de la politique des organisations centristes a donc constitué logiquement le deuxième grand point des débats.

IS (Grande-Bretagne), IS (USA), le SWM (Irlande) nous reprochèrent de critiquer globalement la politique du MIR alors que, d'après ces camarades, s'il y avait certes des aspects négatifs dans sa politique, il y avait aussi des aspects positifs qu'on ne pouvait passer sous silence, en particulier le fait que le MIR ait contribué à organiser la classe ouvrière et la paysannerie, à répandre les idées socialistes.

La position de ces camarades se résumait ainsi : « Les révolutionnaires doivent s'abstenir de tout critiquer ; ils doivent s'efforcer de multiplier les actions communes et tenter de faire éclater ce type d'organisation ». Accion Comunista (Espagne) considère même qu'il fallait être au sein du MIR pour aider les éléments révolutionnaires à combattre les tendances centristes et réformistes.

Combat Ouvrier (Antilles), en prenant l'exemple des Antilles, a montré comment, pour eux, le problème se posait concrètement. Il existe en effet aux Antilles des tendances nationalistes qui se réclament de la classe ouvrière, qui travaillent dans les syndicats, qui organisent des ouvriers et mettent sur pied des syndicats paysans, qui mènent des luttes très radicales. Il s'agit pour Combat Ouvrier d'essayer de gagner politiquement les militants honnêtes qui se trouvent au sein de ces organisations. Mais pour des révolutionnaires cela ne peut se faire qu'en critiquant sans concession leur politique nationaliste tout en proposant des actions communes à ces organisations chaque fois que cela est possible.

La RSL (USA) affirme également que le propre du centrisme étant d'osciller de droite à gauche, c'est bien l'ensemble de cette politique qu'il s'agit de critiquer au lieu de s'efforcer d'y trouver des aspects positifs et d'entretenir des illusions à l'égard de ce type d'organisation.

Lutte Ouvrière intervint dans le même sens, rappelant que si Trotsky considérait l'existence de ce type d'organisation comme le principal obstacle à la construction d'un parti révolutionnaire, c'est bien parce que dans leurs rangs, des militants sincèrement révolutionnaires se laissaient dévoyer par leur politique. Mais il ne s'agit pas pour autant de faire des concessions politiques à ces éléments ; il faut au contraire leur montrer en quoi la politique de leur direction est fondamentalement la même que celle des partis réformistes, c'est-à-dire une politique de trahison des intérêts de la classe ouvrière. Parler de leur « politique double » est un non sens car suivre les réformistes, même avec des hésitations, des arrières pensées, voire des critiques, revient finalement à désarmer les travailleurs face à eux. Et ce n'est pas là une politique « à moitié révolutionnaire ». C'est une politique réformiste, cachée sous un vocabulaire « révolutionnaire ».

 

La crise monétaire et ses conséquences

 

Après avoir rappelé que : « La crise monétaire présente est certainement l'expression de l'incapacité de l'économie capitaliste à se passer de la seule forme de régulation qui puisse être la sienne, la crise économique. Et elle est peut-être la forme revêtue par la prochaine crise de l'économie mondiale dans sa phase initiale », le texte présenté par Lutte Ouvrière à la conférence affirmait notamment : « Le dollar étant la clef de voûte de l'édifice monétaire international - rôle privilégié qui exprime sur le plan monétaire la prédominance économique de l'impérialisme américain - la crise de l'ensemble du système monétaire apparaît avant tout comme la crise du dollar.

Il est cependant parfaitement stupide d'en déduire, comme le font en particulier certains courants du marxisme révolutionnaire, que l'effondrement de la monnaie américaine exprime l'écroulement de la prédominance économique de l'impérialisme américain par rapport à ses concurrents, japonais et européens en particulier. » (...)

« La crise monétaire, non seulement ne reflète pas un changement fondamental des rapports de forces entre les puissances impérialistes, mais la prédominance de l'impérialisme américain apparaît de façon plus nette au fur et à mesure que les difficultés commerciales liées à la crise monétaire, rendent les affrontements entre puissances concurrentes moins feutrés ».

Les camarades d'Accion Comunista (Espagne) récusèrent complètement notre analyse qu'ils considèrent comme « catastrophique ». Pour ces camarades en effet, il n'existe pas vraiment de crise monétaire aux USA pour la simple raison que la production des USA reste considérable. Ils se refusent donc à envisager que la crise monétaire puisse, à l'heure actuelle, mener à une crise économique mondiale.

Lotta Comunista (Italie), pour sa part, voit à la base de la crise monétaire un changement de rapport de forces entre les différents pays capitalistes. Ces camarades constatent un développement impérialiste très rapide de l'Europe et du Japon. La productivité de ces derniers croît plus vite que celle des USA et c'est là, pour eux, la cause de la dévaluation du dollar.

Lutte Ouvrière s'inscrivit en faux contre cette analyse. D'une part parce que le développement industriel rapide du Japon est lié à son arriération dans bien des domaines, arriération qu'il est loin d'avoir comblée. Quant à l'Europe, elle n'est pas une puissance impérialiste par elle-même, et on ne peut additionner les possibilités économiques des pays qui la composent pour les comparer aux USA. Ensuite, le développement de la productivité de ces pays ces dernières années est dû en partie à la diminution relative du poids de l'agriculture qui représentait encore un important secteur retardataire. Enfin, le relatif développement industriel en Europe est dû dans une large part à l'impérialisme américain !

Par contre il y eut accord quasi-unanime sur la contribution faite par LO sur la crise de l'énergie (dont le texte est publié dans ce numéro).

 

La guerre du Moyen-Orient

 

La discussion sur le Moyen-Orient mit nettement en lumière les divergences entre les organisations présentes à la conférence. Alors que LO, C.O. (Antilles), Spark (U. S. A.), UATCI (Afrique), IS (Grande-Bretagne), SWM (Irlande) et Accion Comunista (Espagne) soutenaient tes peuples arabes contre Israël, l'impérialisme américain et leurs propres dirigeants, Lotta Comunista (Italie), IS (USA), RSL (USA) prônaient le défaitisme révolutionnaire dans les deux camps.

Les raisons invoquées pour défendre le défaitisme révolutionnaire étaient cependant quelque peu différentes.

Lotta Comunista, dans la tradition de la « gauche économiste » italienne, analyse le conflit d'une part comme « parfaitement bourgeois, entre États bourgeois de la région », d'autre part comme un conflit inter-impérialistes, avec d'un côté les USA et de l'autre, les pays européens et l'URSS Mais, même en admettant, comme ces camarades, que l'URSS soit un impérialisme (ce que nous ne pensons pas), on peut difficilement prétendre que les États arabes défendent les intérêts de l'URSS ou des pays européens, alors qu'Israël, lui, se fait bel et bien le gendarme de l'impérialisme américain. On ne peut donc, comme le fait Lotta Comunista, renvoyer dos-à-dos les deux camps.

La RS. (USA), quant à elle, se refuse à soutenir le camp arabe car les dirigeants arabes ne mènent pas vraiment une lutte anti-impérialiste et recherchent au contraire un compromis avec celuici. D'après la R.S.L., le but de guerre des États arabes serait, en obtenant une victoire militaire, même partielle, de faire avaler aux masses arabes ta pilule de la reconnaissance d'Israël et donc l'impossibilité de réinstaller les Palestiniens dans leur propre État, ce qui est en partie vrai. Mais la R.S.L. ne reproche pas tant aux pays arabes de ne pas être anti-impérialistes (car seule la classe ouvrière peut être anti-impérialiste de façon conséquente, c'est-à-dire oeuvrer à la destruction de l'impérialisme), mais plutôt de ne pas être assez nationalistes, de ne pas poursuivre la guerre jusqu'au bout, jusqu'à la destruction de l'État d'Israël. Position qui rejoint d'ailleurs celle de nombre de sections du Secrétariat Unifié.

Enfin, IS (USA) argumente sur deux : plans d'une part aucun des deux camps ne soutient la lutte nationale des Palestiniens pour leur libération ; d'autre part, cette guerre est une guerre impérialiste avec d'un côté l'impérialisme américain et l'impérialisme israélien, et de l'autre des régimes réactionnaires qui font appel, eux-aussi, à l'impérialisme russe.

Le deuxième volet de la discussion vit l'ensemble des organisations présentes à la conférence, à l'exception de LO, Combat Ouvrier, Spark et l'UTACI, s'élever contre le droit des Juifs à avoir leur propre État, opposant à cela la nécessité d'un État binational en Palestine. Deux raisons essentielles furent invoquées à l'appui de cette thèse. Premièrement l'État d'Israël est un État impérialiste qui doit être détruit, deuxièmement le droit des Juifs et le droit des Palestiniens à avoir chacun leur État en Palestine est inconciliable, la seule solution est donc l'État binational.

LO s'affirma pour la destruction de l'État israélien, comme d'ailleurs pour celle de l'État français et de tous les États bourgeois, mais par la classe ouvrière !

Pour être un pas en avant, la destruction de l'État sioniste ne peut être le fait que des prolétariats juif et arabe et nous nous refusons à prêcher aux prolétaires arabes la croisade nationaliste contre Israël. La victoire militaire des États arabes ne ferait pas avancer d'un pas la libération des masses arabes. Et si, contre l'impérialisme américain, nous sommes dans le camp des pays arabes, y compris si la victoire de ce camp signifie la destruction de l'État d'Israël, nous ne pensons absolument pas que cette destruction serait en soi positive. Nous pensons, au contraire, que la classe ouvrière arabe doit avoir une stratégie vis-à-vis de la classe ouvrière israélienne pour la détacher du sionisme et la rallier à son combat, c'est-à-dire qu'elle doit lui garantir tous les droits nationaux, y compris celui d'avoir son propre État. Cela ne signifie pas qu'un État juif séparé serait souhaitable. Un État binational au sein duquel Juifs et Arabes vivraient ensemble, aurait des avantages considérables, et politiques et économiques, pour tous les habitants de la Palestine. Mais cet État ne peut se décréter par en haut. Il doit correspondre aux voex des pays qui le construiront. Et, dans ces conditions, opposer l'État binational au droit des Juifs à avoir leur propre État, c'est finalement refuser les droits nationaux aux Juifs, c'est se faire l'avocat du nationalisme arabe.

 

La construction de l'organisation révolutionnaire et son implantation dans la classe ouvrière

 

IS (Grande-Bretagne) qui présentait ce sujet à la discussion a développé les thèmes qu'elle avait déjà abordés il y a un an lors de la troisième conférence.

La montée des luttes en Grande-Bretagne a permis à IS de dégager une stratégie particulière de construction du parti révolutionnaire : d'une part recruter plus largement des travailleurs sur un programme minimum, d'autre part organiser une tendance à la base des syndicats permettant d'offrir des perspectives à de plus larges couches de travailleurs et d'intervenir plus activement dans la lutte de classe.

Les camarades australiens se déclarèrent solidaires de la conception d'IS (Grande-Bretagne) dans la mesure où l'essentiel à leurs yeux est de, s'engager dans la lutte de classe et non de discuter sur le programme.

Mais la plupart des autres organisations se déclarèrent en désaccord avec IS

La RSL (USA) insista sur le danger d'organiser les travailleurs sans élever leur niveau de conscience, organisant ainsi des secteurs de la classe ouvrière autour de revendications sectorielles et remettant finalement à plus tard la construction d'un parti révolutionnaire. Pour la RSL (USA) c'est justement au travers du programme que le caractère prolétarien d'une organisation s'affirme, et là tâche de l'heure c'est de se battre sur le Programme de transition.

Lotte Cornunista insista sur la priorité à donner à l'implantation dans la classe ouvrière avec, pour objectif, la formation de cadres ouvriers.

Lutte Ouvrière enfin souligna les dangers de la conception de construction du parti révolutionnaire développée par IS (Grande-Bretagne), L'intégration, sans sélection sérieuse, de militants ouvriers au sein de l'organisation révolutionnaire, les concessions faites aux éléments syndicalistes actifs, dont le travail quotidien n'est pas tout entier et systématiquement sous le contrôle de l'organisation, l'affadissement du programme révolutionnaire remplacé par quatre ou cinq grands points avec lesquels les nouveaux adhérents doivent se déclarer d'accord, tout cela conduit à une adaptation passive de l'organisation révolutionnaire au milieu syndical. Et derrière l'accroissement numérique, se profile en fait l'abandon de la construction du parti de type léniniste au profit d'un rassemblement large constitué pêle-mêle d'ouvriers combatifs, de syndicalistes de base, de socialistes de gauche et de militants révolutionnaires. Mais en aucun cas, quel que soit son développement, une organisation de ce type ne pourra jouer le rôle d'un parti révolutionnaire.

LO a rappelé que, pour sa part, elle recrutait sur la base du programme trotskyste, sans concessions au milieu - qu'il soit syndical ou petit-bourgeois - et que c'était là la seule façon de résister aux pressions.

 

En guise de conclusion

 

Encore une fois, les divergences entre les positions des différents participants à cette quatrième conférence peuvent frapper. Sur tous les sujets, des opinions tout-à-fait opposées se sont affrontées et la discussion n'a pas plus permis d'aboutir à un accord que les années précédentes, même si souvent elle a rendu possible une meilleure compréhension de la politique suivie par les groupes en présence.

Mais, dans ces conférences, il ne s'agit en aucun cas de parvenir, gràce à des compromis réciproques, à des déclarations communes.

Il s'agit tout simplement de permettre la confrontation des idées et l'échange d'expériences entre les différentes organisations. Et le point commun qui réunit toutes les organisations participantes, c'est justement leur volonté de se rencontrer, d'engager librement la discussion avec les autres tendances, de renforcer si possible leur collaboration.

Cette conférence annuelle, organisée par Lutte Ouvrière, est apparue encore une fois comme le seul cadre de discussion possible à l'échelle internationale pour tous les groupes qui le désirent. C'est pourquoi nous continuerons à organiser à l'avenir de telles réunions ouvertes sans exclusive à tous les groupes se réclamant du marxisme révolutionnaire et où nous défendons quant à nous, le drapeau du trotskysme.

Partager