La construction du parti révolutionnaire et la tactique entriste01/02/19681968Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

La construction du parti révolutionnaire et la tactique entriste

Depuis 1933, c'est-à-dire depuis la faillite du PC allemand et de l'Internationale Communiste toute entière, le but que se sont assigné les militants trotskystes dans les différents pays du monde est la construction de partis ouvriers révolutionnaires capables de mener la classe ouvrière à la révolution socialiste.

Mais, coupés du prolétariat dès sa naissance, pour des raisons historiques que nous ne pouvons aborder ici, le mouvement trotskyste se trouva, selon un mot de Victor Serge « en exil dans sa propre classe ».

Le problème primordial pour lui était, et est toujours, de gagner au programme marxiste les éléments les plus conscients de la classe ouvrière et notamment ceux qui se trouvent dans les différents partis socialistes et communistes ou qui y viennent.

Tant que cette avant-garde ne se battra pas sous le drapeau du trotskysme, la construction d'une nouvelle Internationale s'avérera impossible.

Abordant ce problème Trotsky écrivait en août 1934 : « Celui qui affirme 'La IIe et la IIIe Internationale sont condamnées ; l'avenir est à la IVe Internationale ' exprime une idée dont la justesse est à nouveau confirmée par la situation actuelle en France. Mais cette idée juste en elle-même, ne révèle encore rien, ni comment, ni dans quelles circonstances et délais la IVe Internationale sera constituée. Elle peut naître théoriquement - ce n'est pas exclu - de l'unification de la IIe et de la IIIe Internationale, d'un regroupement des éléments épurés et trempés de leurs rangs dans le feu de la lutte. Elle peut se former aussi à travers la radicalisation du noyau prolétarien du Parti Socialiste et de la décomposition de l'organisation stalinienne. Elle peut se constituer dans le processus de la lutte contre le fascisme et de la victoire sur lui. Mais elle peut se former aussi beaucoup plus tard, dans de nombreuses années, au milieu des décombres et des ruines accumulées à la suite de la victoire du fascisme et de la guerre ».

C'est cette dernière hypothèse qui s'est malheureusement avérée la plus réaliste. Ni les ouvriers socialistes, ni les prolétaires communistes n'ont été capables de rompre avec leurs organisations et leurs programmes opportunistes. Aujourd'hui, vingt-trois ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, alors que l'impérialisme commence ses préparatifs pour la troisième, l'Internationale Révolutionnaire n'existe toujours pas.

Et s'il est toujours impossible de définir par quel processus précis passera sa construction, on peut malgré tout affirmer que s'ils continuent à mener la politique qui est la leur depuis plus de vingt ans, les différents centres internationaux du mouvement trotskyste s'avéreront toujours incapables de réaliser le but qu'ils se sont donné.

Pour nous, en France par exemple, le problème essentiel est de gagner à nos idées, à notre programme, les éléments révolutionnaires de la classe ouvrière et notamment ceux qui se trouvent au sein du Parti Communiste Français. La section française du Secrétariat Unifié (le Parti Communiste Internationaliste) préconise pour construire le parti révolutionnaire, l'entrée d'une partie de ses militants, à ses propres dires de l'essentiel de ses forces, au sein du PCF afin de développer, ou de profiter du développement, de courants centristes à l'intérieur du parti stalinien.

Dans sa brochure « Construire le Parti Révolutionnaire », publiée en 1965, Pierre Frank écrit à propos de cette tactique : « L'entrée dans le parti socialiste (en 1934) souleva à l'époque de grandes luttes au sein de l'organisation trotskyste internationale où nombreux étaient ceux qui y voyaient un abandon de notre principe fondamental du parti marxiste révolutionnaire indépendant. Depuis lors la question a été clarifiée et, à l'exception de quelques éléments sectaires, les trotskystes considèrent comme un acquis que, pour ouvrer à la construction de ce parti révolutionnaire indépendant, des formations aux forces limitées doivent pratiquer dans certains cas l'entrée dans un autre parti... ».

Or, entre la tactique des trotskystes français, puis belges, en 1934 dans les partis socialistes et celle préconisée dans les années 1952-1953 par le Secrétariat International il y a, derrière l'identité de formulation qu'emploie Frank, une différence qualitative profonde.

 

L'entrisme de 1934

 

Il faut replacer l'entrée des trotskystes français à la SFIO (parti socialiste français) en 1934 dans son contexte. Les manifestations d'extrême droite du 6 février 1934 servirent de catalyseur à une radicalisation de la classe ouvrière due, en grande partie, à une situation sociale et économique grave. La grève générale du 12 février 1934 à Paris, à laquelle participèrent au coude à coude militants socialistes et communistes, fut le signe avant-coureur des grands mouvements de grève qui culminèrent en juin 1936. Devant cette situation Trotsky demanda aux militants du mouvement français d'entrer à la SFIO en tant que tendance. Ce qui se réalisa en juin 1934. Le choix de la SFIO comme milieu de travail s'expliquait par plusieurs raisons tactiques.

D'une part la majorité de la classe ouvrière était encore sous la coupe du parti socialiste et il était prévisible qu'en cas de montée ouvrière un afflux d'ouvriers révolutionnaires rejoindrait ses rangs.

D'autre part la SFIO n'était pas un parti centralisé mais une fédération de groupes et de tendances. Le régime intérieur, à la différence de celui du Parti Communiste permettait donc, jusqu'à une certaine limite, l'organisation d'une tendance révolutionnaire en son sein.

Mais la raison profonde qui a poussé Trotsky à prendre cette orientation est le fait que les trotskystes français, dont un grand nombre était des intellectuels de valeur, n'avaient pas eu pendant les années 1928-1933, la possibilité de militer sur le terrain des luttes ouvrières et, sans formation ni tradition véritablement communistes, se trouvaient complètement coupés des masses. La formation d'une tendance au sein du PS leur permettrait de se plonger dans un milieu frais d'ouvriers.

Mais cette entrée se fit drapeau déployé. Le programme qui servait de base à l'adhésion du groupe bolchevik-léniniste (trotskyste) à la SFIO stipulait :

« Lutte acharnée contre les idées et les méthodes du réformisme, rupture organique complète et définitive avec les partisans de la collaboration avec les partis bourgeois » (point 1).

« Nécessité de la lutte révolutionnaire pour le pouvoir, de l'insurrection armée pour instaurer la dictature du prolétariat, comme unique voie pour transformer la société capitaliste en société socialiste » (point 2).

« Nécessité de mener la lutte pour le regroupement révolutionnaire du prolétariat à l'échelle internationale, c'est-à-dire par suite de la faillite de la IIe et de la IIIe Internationale, de l'édification d'une IVe Internationale reposant sur les principes théoriques et stratégiques élaborés par Marx et Lénine » (point 14).

En outre Trotsky insistait sur la nécessité de ne faire aucun compromis sur ce programme même dans le but d'alliances avec des tendances « socialistes de gauche ». A propos du Congrès de Mulhouse du PS il écrivait : « Dans tous les départements où nos camarades, si faibles qu'ils soient numériquement, ont opposé irréductiblement notre texte aux autres, ils ont gagné des voix et des sympathies et, en même temps, ont forcé les centristes à se détacher un peu plus de la droite pour ne pas perdre toute influence. Et au contraire, dans quelques cas où nos camarades ont commis la grave faute d'entrer dans une combinaison avec les centristes, ils n'ont rien gagné pour notre tendance et en même temps ont poussé les centristes vers la droite ».

Et il répondait à ceux qui avaient tendance à idéaliser le caractère « ouvrier » de la SFIO :

« La SFIO non seulement n'est plus un parti révolutionnaire, mais elle n'est même pas un parti prolétarien. Elle est petite-bourgeoise non seulement par sa politique mais aussi par sa composition sociale. Ce parti nous a ouvert certaines possibilités et il était juste de les avoir constatées et utilisées » ( « Un nouveau tournant est nécessaire », 10 juin 1935).

Toutes ces précautions ne suffirent pourtant pas. Lors de l'exclusion des trotskystes de la SFIO une partie importante d'entre eux se déclara disposée, pour demeurer au sein du PS, à capituler devant les exigences de la bureaucratie et à mettre de l'eau dans son vin... et dans son programme. Par la suite d'ailleurs ces militants laissèrent de côté le programme trotskyste en faveur d'un programme en cinq points, plus « ouvert », afin de permettre l'unité avec des militants socialistes de gauche. Comme nous le verrons « l'entrisme sui generis » ne fut que la théorisation de cette pratique opportuniste.

On peut aujourd'hui se demander, avec plus de trente ans de recul, si les avantages que tira le mouvement trotskyste de l'entrée de ses membres à la SFIO (notamment le ralliement d'une partie importante des Jeunesses Socialistes à son programme) ne furent pas largement contrebalancés par de graves inconvénients : d'une part la scission de la section française et d'autre part l'aggravation de déformations antérieures (formation et comportement non bolchevique) due à la pression du milieu social-démocrate.

« L'entrée dans des organisations étrangères et même ennemies » écrivait Trotsky le 7 juin 1936, « n'ouvre pas seulement des possibilités nais recèle aussi des dangers. Seuls les entêtés foncièrement conservateurs peuvent affirmer que l'entrée est inadmissible en tout état de cause. Mais tenter de faire de l'entrée un remède contre tous les maux mène inévitablement à la limite de la trahison, comme l'exemple français en donne précisément l'occasion de l'observer et de le vivre » ( « Après la crise des bolchéviks-léninistes »).

 

L'entrisme suis generis

 

C'est dans les années 1952-1954 qu'une partie du mouvement trotskyste, en fait la majorité, remit au premier plan l'entrée dans les partis socialistes ou communistes en préconisant un entrisme d'un type nouveau baptisé « sui generis ». Cette nouvelle conception partait de l'idée que la guerre de Corée étant la première bataille de la Troisième Guerre mondiale, qui dans un avenir proche opposerait l'URSS aux impérialistes, les révolutionnaires n'avaient plus le temps de construire des partis révolutionnaires et qu'il s'agissait donc de s'intégrer aux partis « ouvriers », PS ou PC, et d'y demeurer coûte que coûte. Il n'était plus question de déployer son drapeau, ce qui aurait amené une exclusion (à court terme dans les PS, immédiate dans les PC) et donc, selon la conception de ses auteurs, une coupure avec le mouvement réel des masses. Cette tactique était modestement considérée comme une « compréhension jamais égalée dans l'histoire du mouvement ouvrier de s'intégrer au mouvement réel des masses » ( « IVe Internationale », janvier-février 1954).

a) Dans la social-démocratie

L'entrée dans les organisations réformistes, par rapport à celle de 1934, avait un caractère tout différent.

« Aujourd'hui, lisait-on dans le numéro déjà cité de « IVe Internationale », il ne s'agit pas exactement du même genre d'entrisme. Nous n'entrons pas dans ces partis pour en sortir bientôt. Nous entrons pour y rester longtemps, misant sur la très grande possibilité qui existe de voir ces partis placés dans des conditions nouvelles, développer des tendances centristes qui dirigeront toute une étape de la radicalisation des masses et du processus objectif révolutionnaire dans leurs pays respectifs... ».

L'emploi de cette tactique par les camarades belges, pays où la social-démocratie est majoritaire et de loin dans la classe ouvrière, a abouti à la liquidation politique du mouvement trotskyste en tant que tel, puis à un appui aux « socialistes de gauche » qui, au même titre que le Parti Socialiste Belge, participèrent à la trahison de la grève générale de 1960. Enfin, après l'exclusion de l'aile gauche du Parti Socialiste en décembre 1964, les trotskystes belges se lancèrent dans l'aventure de la formation d'un nouveau parti socialiste en compagnie d'opportunistes notoires et de nationalistes wallons.

En fait, l'adoption d'une tactique que Trotsky dénonçait déjà en son temps n'a servi qu'à faire disparaître complètement de la scène politique le mouvement trotskyste belge.

b) Dans les partis staliniens

La même tactique fut employée par rapport aux partis communistes avec cette différence importante que, vu leur régime intérieur, non seulement il n'était pas possible de former des tendances mais que de plus le seul camouflage dont pouvaient se servir les éléments entristes était celui d'éléments staliniens bon teint.

En théorie un secteur de travail indépendant subsistait hors du PC qui se chargeait essentiellement « de l'activité publicitaire de nos organisations par l'édition aussi fréquente que possible de journaux et de revues intégralement trotskystes, l'édition de livres et de brochures de la littérature trotskyste, ainsi que leur diffusion la plus complète possible ».

Après plus de quinze ans on peut dire que cette tactique n'a rien donné car, par sa nature même, elle était vouée à l'échec.

Compter, pour former le parti révolutionnaire, sur l'apparition de tendances centristes ou révolutionnaires au sein du mouvement stalinien, était en fait un abandon des véritables tâches de la construction du parti.

Et si ces tendances ne sont pas apparues au sein du mouvement stalinien c'est qu'elles ne peuvent pas y apparaître. Car la condition que suppose la création de tendances de ce type parmi les ouvriers staliniens, est l'existence de militants ayant les bases théoriques et politiques suffisantes pour regrouper leurs camarades de parti autour d'un programme révolutionnaire.

Et au sein du mouvement stalinien ces hommes n'existent pas ou plutôt n'existent plus. C'est justement sur le sursaut de tels militants que l'Opposition de Gauche Internationale comptait pour redresser l'Internationale Communiste. L'histoire a montré, dès les années 30, que ce type de militants n'existait pratiquement plus.

En août 1934, Trotsky notait : « Dans le parti (communiste) il y a indubitablement des milliers d'ouvriers combatifs. Mais, ils sont désespérément confus. Hier ils étaient prêts à se battre sur les barricades à côté d'authentiques fascistes contre le gouvernement Daladier. Aujourd'hui ils cèdent sans mot dire devant les mots d'ordre de la social-démocratie (après le tournant à droite de l'IC, note de L. de C.). L'organisation prolétarienne de Saint-Denis, éduquée par les staliniens, capitule avec résignation devant le pupisme (organisation centriste de droite, note de L. de C.) ».

Si l'on ajoute que le rayon de Saint-Denis du PCF devait suivre son chef Doriot jusqu'à la création d'un parti fasciste, le Parti du Peuple Français (P.P.F.), on se rend compte de la décomposition de la conscience politique qu'engendrait la formation stalinienne dans un secteur ouvrier traditionnellement combatif.

Et pourtant il y a un monde entre le militant communiste de 1934, venu au parti pendant la troisième période de l'Internationale Communiste, sur des mots d'ordre tels que « les soviets partout » et le militant communiste d'aujourd'hui gavé de patriotisme, et de démocratie moderne, nouvelle ou rénovée. Et la comparaison n'est pas à l'avantage de ce dernier. Le stalinisme, cette syphilis du mouvement ouvrier, a mené jusqu'au bout son ouvre dévastatrice.

L'entrée d'une poignée de militants trotskystes, politiquement et théoriquement armés d'une conception révolutionnaire, ne change rien à ces conditions. Isolés dans des cellules de quelques membres, leur activité essentielle consiste à garder le contact avec un ou deux militants staliniens à qui ils sont obligés de cacher leur programme. Les gains qu'ils retirent de ce genre de travail, dans le meilleur des cas, est de gagner un ou deux militants. Mais cette activité ne peut dépasser un cadre étroit sous peine d'exclusion. Mais à aucun moment on ne voit apparaître ces fameuses tendances centristes même dans les époques de crises politiques (guerre d'Algérie, venue au pouvoir de de Gaulle etc.).

Bien sûr il arrive que des militants ouvriers du PCF perçoivent, lors d'un événement quelconque, la contradiction qui existe entre les intérêts de leur classe et la politique de leur parti qui prétend les défendre. Mais ils ne sont jamais capables de formuler une critique étendue et cohérente du stalinisme, de part leur formation même. Après quelques velléités d'opposition ils rentrent dans le rang ou manifestent leur désaccord avec leurs pieds en quittant le parti et en ne participant plus à ses activités. Et tant qu'il n'y aura pas à côté du PCF une autre organisation communiste révolutionnaire capable de leur offrir des perspectives de lutte ils sont perdus, pour un temps du moins, pour le mouvement révolutionnaire.

 

Les révolutionnaires et le PCF

 

Il résulte de la tactique entriste une conséquence bien plus catastrophique que l'illusion trompeuse vis-à-vis de l'évolution du PCF.

En cantonnant uniquement leurs activités au travail au soin du PCF les camarades « entristes » se refusent à toute propagande vis-à-vis de l'immense majorité de la classe ouvrière qui elle n'est pas organisée au PCF ou dans ses organisations satellites.

Et de ce refus découle logiquement l'impossibilité de former des militants révolutionnaires de type bolchevik, c'est-à-dire l'impossibilité de former un parti révolutionnaire.

Car en fait tout le problème est là. Est-il possible ou non de construire un tel parti aujourd'hui ?

« Non », répondaient Pablo et la direction du Secrétariat International en 1952. « Nous n'avons plus le temps vu la proximité de la guerre ». Il y a seize ans que ce pronostic a été formulé et les organisations du Secrétariat Unifié, qui ne semblent plus partager ce point de vue vis-à-vis de la guerre n'en continuent pas moins à préconiser la même tactique.

L'impérialisme laissera-t-il encore au mouvement trotskyste un nouveau répit de seize années d'erreurs ? C'est pour le moins douteux.

En fait, aujourd'hui pas plus que dans les années 1950, le problème n'est pas de savoir si nous avons le temps de construire ou pas de tels partis. Nous n'avons pas d'autre choix que de nous atteler à leur construction. Et il faut bien comprendre que la tactique de l'« entrisme sui generis » est un abandon de cette tâche, quelle que soit par ailleurs la sincérité des militants qui la pratiquent. La formation de militants révolutionnaires ne peut se concevoir que par la lutte des militants trotskystes sur leur propre programme. Et il faut que ces militants et leurs idées soient non seulement connus du plus grand nombre d'ouvriers possible, mais que, quotidiennement, dans le feu de chaque lutte, de chaque bataille, sur chaque problème, ils confrontent leurs idées à celles des staliniens et permettent ainsi à la classe ouvrière de juger de leur validité.

C'est comme cela que nous serons capables de former des militants révolutionnaires, non seulement sur le plan de la formation théorique, mais aussi sur le plan du comportement quotidien. C'est pour cela qu'une organisation militante, et non un service de librairie, indépendante du PCF nous est absolument nécessaire.

« Mais - pourront nous rétorquer les camarades du PCI - avec une telle méthode vous ne gagnerez jamais les militants et sympathisants communistes chez qui existe « un patriotisme de parti » et qui ne prêteront jamais l'oreille à une critique externe du stalinisme ».

En fait, cette objection ne résiste pas à une analyse sérieuse.

Pour avoir la possibilité de gagner à soi les militants et les sympathisants staliniens, il faut d'abord exister et être connu en tant qu'organisation.

La condition préalable pour que les militants ouvriers sincères du PCF quittent un jour ce parti, est qu'il existe à côté d'eux un centre de ralliement possible. Le « patriotisme de parti » des militants staliniens n'est qu'une forme de la confiance que ceux-ci accordent à leur organisation et, à un degré différent, une forme de la confiance que la classe ouvrière n'accorde pas aux organisations trotskystes. Mais cela n'a rien d'étonnant, puisque jusqu'à présent les organisations trotskystes n'ont encore rien fait pour la mériter.

Et le seul moyen de gagner cette confiance, tant celle des ouvriers du rang que des militants staliniens, est de montrer dans la pratique à chaque occasion la justesse de nos idées. Et là aussi, cela suppose une organisation qui puisse se tremper dans les luttes.

Mais, à la différence de la masse des travailleurs, les militants du PCF se consacrent à une certaine activité politique et entrevoient la réalité politique et sociale au travers du prisme déformant des idées et de la presse de leur parti.

Une propagande spéciale, notamment l'édition d'un matériel spécial, doit donc être envisagée vis-à-vis des travailleurs staliniens. Il s'agit de s'adresser à eux dans des termes qui leur soient familiers et de leur exposer, sous une forme particulière, la tactique et les buts du mouvement révolutionnaire. Par des contacts étroits avec le milieu stalinien, les révolutionnaires doivent s'efforcer à chaque occasion de démontrer l'efficacité plus grande du militant révolutionnaire trotskyste du fait de la justesse de ses idées, même s'il appartient à une petite organisation.

Ce travail n'est donc nullement un travail entriste. Et s'il est souvent utile à des militants révolutionnaires d'entrer dans des mouvements staliniens pour apprendre à les mieux connaître et à savoir par la suite les toucher plus efficacement, cette activité n'a rien à voir avec la création de tendances au sein du PCF.

Mais cantonner ses forces uniquement à ce travail, serait renoncer à la construction du parti ouvrier révolutionnaire.

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