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La conférence internationale de novembre 1972 organisée par Lutte Ouvrière

En novembre 1972 s'est tenue, à l'initiative de Lutte Ouvrière, une Conférence Internationale à laquelle ont pris part seize organisations révolutionnaires venant de dix pays, à savoir : USA (International Socialists, the Spark, National Caucus of Labor Committees), Espagne (Parti Ouvrier d'Unification Marxiste - POUM -, Accion Communista, Jeunesse Communiste Ibérique), Italie (Parti Communiste Internationaliste, la Rivoluzione Comunista), Danemark (Fraction Léniniste, Groupe des Socialistes Prolétariens - PSA. -), Suède (Groupe Ouvrier Communiste - KAG. -), Japon (Ligue Communiste Révolutionnaire - Zenshin -), Grande-Bretagne (International Socialism, Militant), Antilles (Combat Ouvrier), France (Lutte Ouvrière).

Cette participation montrait un progrès sensible par rapport aux deux conférences internationales précédentes, puisqu'en 1970 sept organisations venant de cinq pays avaient pris part aux travaux de la première conférence internationale, chiffres qui étaient passés à treize organisations venant de sept pays lors de la seconde conférence qui s'était déroulée en 1971.

De plus, à la différence de ce qui s'était passé lors des deux premières conférences, Lutte Ouvrière était la seule organisation invitante pour la conférence de 1972 alors que les deux années précédentes International Socialism (Grande Bretagne) et International Socialists (USA) avaient tous deux été co-organisateurs.

Trois sujets ont été au centre des débats : le Marché Commun, le rapprochement sino-soviétique, et l'activité syndicale des militants révolutionnaires.

Le marché commun et les révolutionnaires

Sur le premier thème les divergences qui sont apparues parmi les participants portaient à la fois sur l'analyse du Marché Commun et son avenir et sur la position que les révolutionnaires d'un certain nombre de pays (Grande Bretagne, Suède et Danemark notamment) avaient adoptée face à l'entrée de leur pays dans l'Europe des Six.

Dans le document soumis par Lutte Ouvrière à cette conférence (document repris pour l'essentiel dans le numéro 4 de Lutte de Classe sous le titre «L'Europe unie sera socialiste ou ne sera pas»), nous notions : «Dans le domaine de l'unification pacifique, par simple entente d'en haut, les pays capitalistes ne sont capables que de compromis momentanément avantageux pour chacun d'entre eux. Mais dans ce domaine, il n'y a pas de demi-mesure qui tienne. L'unification économique signifierait une monnaie, un budget, un État uniques ; l'intégration politique complète, l'abandon complet de la souveraineté de chaque État adhérent. En l'absence d'une telle intégration politique complète, et nonobstant tous les traités du monde - quand bien même ils proclameraient l'irréversibilité du processus d'intégration communautaire - personne ne pourrait contraindre un État souverain à respecter l'union dès lors qu'il la considère préjudiciable à ses intérêts».

Nous ajoutions que dans le domaine de l'intégration politique aucun pas en avant déterminant ne pouvait être, et n'avait été, accompli depuis le début du Marché Commun. Et nous concluions :

«Croire que l'Europe capitaliste est capable de surmonter sa division, de créer une entité économique susceptible de bouleverser le rapport des forces interimpérialis tes, en développant les forces productives européennes dans des proportions considérables, est non seulement une utopie ; c'est encore attribuer au capitalisme d'Europe un caractère progressif qu'il n'a plus depuis longtemps.»

La principale objection à cette analyse vint des camarades américains des Labor Committees. Pour eux le Marché Commun est depuis longtemps une réalité tant économique que politique et, bien plus, c'est même une machine de guerre de la bourgeoisie européenne dirigée contre toutes les classes ouvrières du Vieux Continent. Toujours d'après ces camarades, la période actuelle serait celle du fascisme imminent sur l'Europe toute entière et la tâche essentielle de l'heure serait la mise sur pied d'un plan à l'échelle continentale susceptible de mobiliser le prolétariat européen dans son ensemble.

Outre la vision catastrophique à court terme qu'entraîne une telle analyse, analyse que nous ne partageons nullement, les Labor Committees estiment, contre toute évidence, que le Marché Commun est une entité politique et économique complètement élaborée, une sorte de super-État capitaliste européen. C'est faire bon marché de l'analyse marxiste de l'État et ignorer non seulement la persistance des États nationaux dans l'Europe actuelle mais également l'exacerbation des relations entre ces États en période de crise, comme l'ont montré les différentes secousses qui ont ébranlé le Marché Commun depuis sa naissance. De plus, pour que l'analyse avancée par les Labor Committees soit tant soit peu crédible, il aurait fallu montrer que l'intégration politique de l'Europe capitaliste n'était pas un voeu pieux mais était devenue une réalité depuis la signature du Traité de Rome. Or, les camarades des Labor Committees n'ont nullement tenté de faire cette démonstration. Et pour cause. Car depuis la création du Marché Commun, l'intégration politique de l'Europe capitaliste n'a cessé de piétiner. Et cet échec, inscrit dans la logique même du développement du capitalisme, inflige un cinglant démenti à tous les courants pacifistes petits-bourgeois qui déduisent mécaniquement de l'interpénétration croissante des économies européennes la nécessaire émergence d'un État capitaliste européen unifié. En fait, une telle conception, reprise par certains courants qui se réclament du mouvement marxiste révolutionnaire (notamment certaines organisations du Secrétariat Unifié de la IVe Internationale), ignore complètement la nécessité absolue dans laquelle se trouve chaque bourgeoisie de recourir à l'intervention de son propre État national à la fois pour se protéger de la concurrence des autres États capitalistes mais également pour recevoir subsides, commandes et aides étatiques de toutes sortes absolument indispensables à sa survie.

Le second volet de la discussion a porté sur la position que devaient adopter les révolutionnaires face à l'entrée de leur pays dans le Marché Commun. Cette question fut notamment soulevée par les camarades britanniques, danois et suédois. Dans ces trois pays en effet la perspective d'entrée dans le Marché Commun avait provoqué de violents affrontements politiques. En règle générale les syndicats ouvriers et les différents partis communistes (très minoritaires il est vrai) se prononçaient contre l'adhésion au Traité de Rome en démontrant, chiffres à l'appui, que cela signifierait à court terme une hausse du coût de la vie assez considérable pour les masses laborieuses. Quant aux partis sociaux-démocrates ils étaient divisés sur la question. Dans les pays nordiques l'aile gauche les PS était plutôt contre, tandis qu'en Grande-Bretagne seule une petite minorité s'y déclarait favorable.

Dans ces conditions les révolutionnaires devaient-ils s'aligner sur la position des grandes organisations du mouvement ouvrier de ces pays ?

Un camarade britannique souligna les dangers d'une telle attitude en rappelant qu'en Grande-Bretagne, comme dans les pays nordiques, l'extrême droite s'était également prononcée contre l'entrée dans le Marché Commun et l'abandon de toute «souveraineté nationale». Et ce camarade relata qu'on avait pu voir ainsi à Londres les militants du Parti Communiste défiler, derrière l'Union Jack, côte à côte avec les maigres troupes ultra-nationalistes.

Mais dans ce domaine, comme dans bien d'autres, les groupes révolutionnaires ont fait preuve d'une bonne dose d'opportunisme et de suivisme par rapport aux organisations ouvrières réformistes puisque la plupart d'entre eux ont participé dans les pays concernés à la campagne pour le NON.

Les camarades danois notamment justifiaient leur attitude en affirmant que l'unité économique de l'Europe capitaliste au sein du Marché Commun non seulement était parfaitement réalisable mais de plus, représentait des sacrifices supplémentaires pour les travailleurs. C'était à peu de chose près, l'argumentation avancée par les sociauxdémocrates et les staliniens.

Quant aux camarades britanniques, ils expliquaient leur alignement sur le mouvement ouvrier officiel par leur volonté de ne pas se «couper» des militants syndicalistes, staliniens ou sociaux-démocrates de base qui étaient, dans leur très grande majorité, hostiles à l'adhésion de leur pays au Marché Commun.

Mais c'est là à notre avis une argumentation qui ne tient pas. La tâche des révolutionnaires était justement de démontrer aux travailleurs que se prononcer pour ou contre l'entrée dans le Marché Commun était un faux problème. Les travailleurs n'avaient rien à attendre ni de la fraction de la bourgeoisie qui estimait suicidaire l'ouverture des barrières douanières, ni de celle qui voyait dans l'adhésion au Marché Commun un moyen de développer considérablement ses affaires et ses bénéfices.

Le combat des travailleurs était ailleurs. Les ouvriers conscients rejetaient à la fois le nationalisme rétrograde des uns, et le pseudo-européanisme mercantile des autres. A ces deux perspectives différentes de la bourgeoisie qui, toutes deux perpétraient l'exploitation des travailleurs, ils opposaient la perspective des États-Unis socialistes d'Europe, c'est-à-dire d'une Europe des travailleurs débarrassée de l'exploitation et de la misère.

Le rapprochement sino-américain

La discussion sur le rapprochement sino-américain, ses causes et ses conséquences démontre, sans surprise d'ailleurs, que l'ensemble des participants ne parlaient pas le même langage sur ce problème et que des divergences insurmontables existaient. Trois grands courants se firent jour.

Le premier qui comprenait Lutte Ouvrière (France), Combat Ouvrier (Antilles) et Spark (USA) estimait que le rapprochement actuel était inscrit dans la nature de classe bourgeoise de l'État chinois et que l'abandon par l'impérialisme américain de sa politique de «containment» en Asie permettait à Washington de rechercher un accord avec Pékin. Le but de cet accord était, à court terme, la recherche et la garantie d'un statu quo en Asie. Mais rien n'empêchait d'envisager le fait que stratégiquement les USA pourraient rechercher à plus long terme l'appui de la Chine Populaire dans la perspective d'une guerre contre l'URSS.

Le second courant regroupait les militants d'International Socialism (Grande Bretagne), d'International Socialists (USA) et du Parti Communiste Internationaliste (Italie). L'ensemble de ces camarades considèrent, avec quelques variantes importantes dans leur analyse, que la Chine, comme l'URSS, est un État «capitaliste d'État et qu'il est donc impossible de prévoir les alliances futures que de tels États pourraient établir dans l'avenir avec les États capitalistes classiques».

Enfin un troisième groupe, représenté notamment par Militant (Grande-Bretagne), le POUM et la JCI (Espagne) estima que la Chine Populaire était un État ouvrier déformé et excluait à long terme toute perspective d'alliance durable entre elle et les USA La tâche de l'heure, affirmaient ces camarades, était donc de défendre la révolution chinoise, y compris contre sa direction actuelle. Ils ne faisaient en fait que reprendre là les analyses du Secrétariat Unifié et des deux «Comité international» notamment.

Pour nous ces deux conceptions sont finalement symétriques et sont toutes deux inopérantes. L'absence d'une analyse scientifique et sérieuse de la révolution chinoise, de ses racines sociales et de son caractère de classe, conduit objectivement nombre de groupes révolutionnaires à mettre, même lorsqu'ils s'en défendent, un trait d'égalité entre la révolution prolétarienne d'Octobre 1917 en Russie et la révolution bourgeoise à direction jacobine de 1949 en Chine, et partant, entre l'État ouvrier dégénéré qui existe aujourd'hui en URSS et l'État bourgeois créé par MaoTsé-Toung et son armée paysanne.

Que l'on qualifie ces deux États de «capitalisme d'État» ou «d'États ouvriers dégénérés ou déformés» importe finalement assez peu. L'assimilation de l'un à l'autre du fait de ressemblances structurelles (économies planifiées, monopoles du commerce extérieur, contrôle d'un parti «communiste» sur l'État, etc...) interdit toute analyse sérieuse de leurs relations à l'échelle internationale et ne permet pas de dégager les grandes lignes de force de la politique mondiale.

Le fait que les camarades d'International Socialism (Grande-Bretagne) aient admis au cours de la discussion qu'il n'était absolument pas possible de prévoir les alliances futures qui pourraient se nouer entre la Chine Populaire, l'Union Soviétique et les USA est assez symptomatique de «l'à-peu-près» de leur analyse.

Le marxisme n'est pas une boule de cristal et il ne s'agit donc pas de prédire exactement ce qui pourra se passer dans les années à venir.

Mais l'analyse marxiste doit permettre, en analysant les rapports de classes à notre époque, de dégager un certain nombre de directions possibles pour l'évolution future.

Et une analyse de classe de la révolution chinoise en tant que révolution bourgeoise permet justement d'envisager comme parfaitement plausible (sinon obligatoire) une alliance Chine-USA contre l'URSS dans la mesure où nous considérons toujours que le prochain conflit mondial opposera obligatoirement l'impérialisme américain à l'Union Soviétique.

La même incapacité se retrouve d'ailleurs chez les camarades qui considèrent la Chine comme un État ouvrier déformé. Dans leur logique ces camarades admettent qu'il n'y a pas d'opposition fondamentale entre l'URSS et la Chine mais que par contre il y a une contradiction de classe entre la Chine et l'impérialisme américain. La conclusion s'impose alors, disent-ils en substance, que le prochain conflit mondial verra obligatoirement la Chine se ranger tout naturellement dans le camp de l'URSS. Mais dans ces conditions on comprend mal l'inquiétude manifestée par les dirigeants du Kremlin lors du changement de politique de l'impérialisme américain vis-à-vis de la Chine et les mises en garde qu'ils ont adressées aux dirigeants chinois à ce propos.

En résumé, si la discussion n'a pas permis de rapprocher les points de vue elle aura au moins eu le mérite de montrer clairement qu'au delà des discussions académiques les analyses sur la nature de classe de la Chine Populaire et de l'URSS sont d'une importance déterminante pour comprendre et prévoir l'évolution du monde.

Le travail syndical et la construction du parti révolutionnaire

Le troisième et dernier sujet qu'ont abordé les participants a été «le travail syndical des militants révolutionnaires». Mais du fait même que chacun s'accordait à considérer le travail syndical comme une des activités des militants révolutionnaires au sein de la classe ouvrière, du fait aussi que dans certains pays les militants syndicalistes sont, de fait, membres d'un parti politique (notamment le Parti Travailliste en Grande-Bretagne) la discussion a très largement débordé le sujet initial. En fait, elle a porté essentiellement sur le rôle du travail syndical dans la stratégie globale de construction du parti révolutionnaire.

A une exceptions près, tous les participants considéraient le travail syndical comme essentiel et indispensable pour tout militant révolutionnaire au sein de la classe ouvrière. La seule opposition à une telle conception provenait des camarades des Labor Committees (USA) qui considéraient l'activité syndicale comme dépassée et préconisaient à sa place la création de comités regroupant à la fois les travailleurs, les chômeurs, les étudiants, etc..., comités au sein desquels les intellectuels devaient jouer un rôle prépondérant. Il semblait bien d'ailleurs que les camarades des Labor Committees faisaient de nécessité vertu et que, groupe essentiellement étudiant, ils espéraient, en développant une telle «stratégie», sortir du ghetto des universités dans lequel ils se sont essentiellement confinés jusqu'alors.

Lutte Ouvrière, pour sa part, a défendu le point de vue selon lequel le travail syndical du militant révolutionnaire devait être étroitement contrôlé par l'organisation politique et que l'intervention du militant révolutionnaire au sein de l'organisation syndicale devait toujours partir d'une stratégie politique d'ensemble. De ce fait il était indispensable que l'organisation révolutionnaire apparaisse en tant que telle vis-à-vis de l'ensemble des travailleurs, syndiqués ou non, et que la tactique syndicale de tel ou tel militant soit déterminée en fonction de cette intervention plus large.

La discussion qui a suivi a porté sur les problèmes que posait l'intervention syndicale des révolutionnaires dans différents pays.

Un camarade dAccion Communista (Espagne) a critiqué certains militants révolutionnaires espagnols qui considèrent les syndicats comme dépassés et estiment qu'aujourd'hui il s'agit de mettre sur pied des organismes plus larges et plus «politiques». Rappelant l'histoire des Commissions Ouvrières et leur dégénérescence, ce camarade estimait qu'une nouvelle montée de la classe ouvrière espagnole se traduirait certainement par un renforcement des syndicats clandestins et que les militants révolutionnaires devaient rester extrêmement attentifs à tout développement allant dans ce sens en se gardant bien de l'attitude «gauchiste» qui consisterait à ignorer ces organisations élémentaires de lutte.

Un camarade de Combat ouvrier expliqua les problèmes posés par l'activité syndicale aux Antilles, et notamment à la Guadeloupe, du fait de l'éclatement de la CGT en différents tronçons rivaux et de l'apparition de syndicats autonomes, parfois très combatifs. Il devait souligner, pour conclure, l'importance que les révolutionnaires doivent attacher à gagner à eux les militants du PC qui sont souvent parmi les militants ouvriers les plus combatifs.

Le groupe International Socialists (USA) défendit la création de «caucus» (fractions) au sein des organisations syndicales et rapporta quelques succès remportés par son organisation dans cette voie. Mais ces camarades semblent limiter volontairement leur presse d'entreprise au niveau syndical. Les journaux ou les bulletins qu'ils éditent dans telle ou telle entreprise ne sont officiellement que les porte-parole des fractions syndicales qu'ils animent, c'est-à-dire bien évidemment une expression déformée et abâtardie des idées socialistes.

La nécessité dune presse politique d'entreprise parallèlement à un travail syndical au sein de «caucus», fut affirmée par les camarades de Spark (USA), qui firent part de leur expérience dans ce domaine et de l'accueil favorable rencontré par leur presse d'entreprise auprès de nombre de travailleurs du rang.

Enfin les camarades d'international Socialism (Grande-Bretagne) défendirent l'idée que, dans la situation actuelle en Grande-Bretagne, il était possible de gagner à l'organisation révolutionnaire des militants syndicalistes combatifs en mettant en avant quatre ou cinq grands points généraux (lutte contre le racisme, contre les lois anti-grèves, contre les accords de productivité, etc...) qui devenaient, de fait, le programme d'adhésion à l'organisation.

Cette attitude fut combattue par la plupart des groupes présents qui soulignèrent que la tactique préconisée par International Socialism (Grande-Bretagne) en la matière revenait en fait à abandonner toute sélection sérieuse des militants ouvriers. Un camarade de Lutte Ouvrière expliqua que le problème n'était pas tant, comme semblait le penser International Socialism (Grande-Bretagne), d'amalgamer au sein de l'organisation des intellectuels de gauche et des militants syndicalistes combatifs, mais qu'il était indispensable de transformer les uns et les autres en militants révolutionnaires, c'est-à-dire de lutter contre l'éclectisme des uns et les tendances trade-unionistes des autres. Et en fait une telle transformation n'est pas possible sans une sélection rigoureuse des militants, sélection qu'International Socialism (Grande-Bretagne) ne semble pas pratiquer de manière systématique.

En guise de conclusion

D'aucuns, qui préfèrent sans doute l'unité factice à la discussion réelle, reprocheront à cette conférence de n'avoir pas adopté de résolutions finales unanimes sur tel ou tel sujet. Mais tel n'était pas notre but et aucune organisation participante n'aurait accepté une telle unanimité de façade à base de compromissions réciproques.

Nous voulions discuter non seulement des positions politiques de tel ou tel groupe participant mais égaiement des problèmes militants que rencontraient ces groupes dans leur activité quotidienne. Et, pour modeste qu'il soit, ce but a été atteint. En ce sens cette conférence internationale fut un succès.

Plus largement, la tâche que nous nous sommes fixée en organisant de telles conférences est de permettre une discussion internationale fructueuse entre les différentes tendances du mouvement révolutionnaire qui désirent y prendre part.

Il s'agit, en la matière, de rompre avec la pratique instaurée par les différents tronçons qui se proclament IVe Internationale. Cette pratique n'autorise les échanges au sein d'organismes internationaux qu'à la condition de reconnaître comme direction internationale une poignée de militants qui n'ont aucun droit, ni aucune capacité pour se parer de ce titre et, de plus, de se plier à une discipline (d'autant plus stricte qu'elle est complètement artificielle) décidée par une telle «direction internationale».

C'est d'ailleurs pourquoi nous continuerons dans l'avenir à organiser de telles conférences, ouvertes sans exclusive à tous les groupes qui se réclament du marxisme et qui oeuvrent à la construction d'un Parti Ouvrier Révolutionnaire.

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