Venezuela-Colombie : sous la menace américaine22/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2986-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela-Colombie : sous la menace américaine

« Je ne peux pas vous en dire plus mais nous regardons du côté du sol car nous contrôlons très bien la mer », a répondu Trump, interrogé à propos de possibles bombardements américains contre le Venezuela.

En quelques semaines, Trump a ordonné la destruction d’au moins cinq bateaux vénézuéliens, tuant leurs 27 passagers, accusés sans preuve de trafic de drogue, et, de toute façon, sans droit à agir ainsi. Le 15 octobre, suite à des révélations du New York Times, Trump a reconnu qu’il avait autorisé la CIA à mener des opérations secrètes au Venezuela. Il déploie au large de ce pays une armada de quelque 10 000 hommes tandis que des forces américaines, en particulier des avions de guerre, sont positionnées à Porto Rico. Sur le territoire des États-Unis, les émigrés vénézuéliens, 900 000 personnes, sont les principales victimes des rafles et des expulsions réalisées par la police de l’immigration de Trump. En mai, 350 000 d’entre eux ont perdu le statut de protection temporaire que les États-Unis leur accordaient.

Ces manœuvres sont le signe qu’une intervention militaire se prépare pour faire tomber Nicolas Maduro et son régime. La lutte contre le trafic de drogue n’est qu’un prétexte qui camoufle les véritables motivations américaines : abattre le régime « bolivarien », au langage anti-impérialiste, installé en 1998 par Hugo Chavez, prédécesseur de Maduro et bête noire des États- Unis car il refuse de se soumettre à leurs exigences. Aux yeux des États-Unis, le principal crime de Chavez est d’avoir nationalisé l’industrie pétrolière, aux dépens des compagnies américaines.

La même menace pèse sur la Colombie voisine, dirigée depuis 2022 par Gustavo Petro, élu à la présidence sur un programme social et écologiste. Comme Chavez et Maduro, Petro se réclame de l’héritage de Simon Bolivar, héros de la lutte des colonies espagnoles d’Amérique centrale pour leur indépendance, au début du 19e siècle. Petro aussi prétend mener une politique plus favorable aux paysans pauvres et aux travailleurs, même s’il a renoncé par avance à exproprier les grands propriétaires terriens. Ses réformes, si limitées soient-elles, en ont fait un ennemi de Trump. Dès son retour à la Maison Blanche, celui-ci a suspendu les aides versées par les États-Unis à la Colombie, 740 millions de dollars en 2023, destinées justement à combattre les cartels de la drogue et à financer les programmes humanitaires. Trump accuse Petro d’être, comme Maduro, un « baron de la drogue qui encourage fortement la production massive de stupéfiants ». Et il a menacé la Colombie d’une intervention militaire.

En faisant donner sa marine, son armée et ses services secrets pour renverser des gouvernements d’Amérique latine, élus par leur peuple mais pas assez soumis à leur puissant voisin du nord, Trump ne fait que renouer avec une très longue tradition d’interventions et de coups d’État des États-Unis dans une région qu’ils considèrent comme leur pré carré. Avec le coup d’État de 1954 au Guatemala pour sauver les intérêts du trust United Fruit, le débarquement des marines à la Grenade en 1982, en passant par le coup d’État de Pinochet pour renverser le socialiste Salvador Allende au Chili en 1973 et la mise en place de la dictature de Videla en Argentine en 1976, la politique sud-américaine des États-Unis est jalonnée d’interventions militaires, de coups tordus, de meurtres, d’actes de tortures et de dizaines de milliers de morts. Trump s’inscrit dans cette continuité.

Partager