Ukraine : Zelensky s’en prend aux internationalistes05/02/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/02/Guerre-en-Ukraine-le-nombre-de-deserteurs-ukrainiens-augmente-constamment-2004241.jpg.420x236_q85_box-46%2C23%2C1244%2C698_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : Zelensky s’en prend aux internationalistes

Voici quelques jours, l’héritier du KGB en Ukraine, le SBU, a mené une « opération spéciale » dans les régions de Kiev, Dnipro, Odessa, Poltava et Kharkiv.

Illustration - Zelensky s’en prend aux internationalistes

Il s’agissait, à l’en croire, d’arrêter des individus voulant mettre sur pied « un mouvement insurrectionnel » et des « comités de soldats » pour organiser, parmi les hommes mobilisés et parmi ceux qui pourraient l’être, un refus collectif de participer aux combats.

Dans un communiqué, le SBU a fait savoir qu’il avait notamment arrêté cinq militants du Front ouvrier d’Ukraine (RFU), un groupe d’extrême gauche connu pour défendre des idées communistes et internationalistes. Ils auraient agi, selon les enquêteurs, pour le compte de la Fédération de Russie en appelant la population à « se soulever contre les autorités et à baisser les armes ». Le SBU les accuse d’avoir poussé les mobilisables à refuser la conscription, et les soldats à ne pas exécuter les ordres du commandement et à déserter.

Ces accusés, qui ont entre 20 et 32 ans, ont été incarcérés ou assignés à résidence sous surveillance électronique. Mais, malgré ce que prétendent les services spéciaux ukrainiens, ils ne semblent pas appartenir au RFU.

En revanche, il est évident que le pouvoir ukrainien a monté cette affaire dans le but d’effrayer l’opinion, alors que le rejet de sa politique guerrière gagne du terrain en son sein. Les conséquences en sont très concrètes pour Zelensky quand, chaque jour ou presque, ses troupes doivent abandonner des localités au camp adverse. Le cas de la 155e brigade mécanisée, dite Anne de Kiev, est symptomatique. Déployée sur le point du front le plus disputé, à Pokrovsk, et dotée d’engins de guerre dernier cri, elle devait aligner 2 000 hommes, pour la plupart formés en France. Or, entre ceux qui n’ont pas regagné l’Ukraine et ceux qui, sur place, refusent d’aller au combat, elle a perdu plus de la moitié de ses effectifs, a-t-on appris récemment.

À ce rythme, alors que depuis des semaines il n’est plus question que de négociations autour d’un éventuel cessez-le-feu, Zelensky pourrait se trouver en situation de ne plus avoir grand-chose à négocier face à Poutine. Même si Trump ne fanfaronne plus qu’il va « faire la paix en 24 heures », quitte à forcer la main à Zelensky, et si la guerre s’éternise, allongeant son cortège d’horreurs, de morts et de destructions de part et d’autre, cela ne fait pas forcément l’affaire du pouvoir à Kiev. Il en est même fragilisé, car l’OTAN peut bien l’inonder d’armes, il faut quand même trouver les hommes pour s’en servir. Et pour que ceux-ci l’acceptent, ils doivent au moins sentir un fort soutien populaire derrière eux. Et ce n’est plus le cas.

Zelensky tente donc de donner le change. Recourant à une ficelle dont il use et abuse depuis trois ans que dure cette guerre, il vient encore de limoger une brochette de généraux. Et comme il ne semble guère croire que la population les tiendra pour responsables de la situation, il s’en prend à « l’ennemi de l’intérieur ». En l’occurrence, le RFU, qui disait fin février 2022 : « Quels que soient les oligarques qui gagneront cette guerre, la classe ouvrière n’a en tout cas rien à y gagner. »

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