Trump et Poutine prêts... à se partager l’Ukraine19/02/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/02/une_2951-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Editorial

Trump et Poutine prêts... à se partager l’Ukraine

Trump a décidé de négocier l’avenir de l’Ukraine avec Poutine sans les dirigeants européens et par-dessus la tête de Zelensky. Ce qui est vécu par Macron, Scholz et compagnie comme un affront et une véritable humiliation.

Trump aurait commencé les discussions avec le Kremlin en acceptant l’amputation du territoire de l’Ukraine et sa non-adhésion à l’Otan. Et il se moque complètement de ce qu’en pensent les Ukrainiens, qui sont quand même les premiers concernés.

Mais ce n’est pas cela qui révulse les dirigeants européens. Ce qui les choque, c’est qu’ils ne sont pas invités autour de la table. Ce qui les choque, c’est que Trump les méprise et qu’ils n’auront peut- être droit à rien dans les négociations. Eh oui, il arrive que le caïd rabaisse le caquet et les prétentions de ses hommes de main !

Pour autant les dirigeants européens, et en particulier Macron, l’un des plus belliqueux, ne renoncent pas à leur part de gâteau. Lundi 17 février, ils se sont réunis pour offrir leurs services aux Américains : ils seraient prêts à envoyer des troupes françaises et britanniques en Ukraine pour surveiller l’application d’un éventuel accord de paix.

Trump, Poutine, Macron, Scholz… sont à mettre dans le même sac : ils ne cherchent qu’à se payer sur la bête. Ils lorgnent les terres fertiles d’Ukraine et les terres rares. Ils lorgnent aussi les milliards que rapportera le marché de la reconstruction.

Pendant trois ans, des centaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes ont été blessés, mutilés ou tués. Toute une jeunesse, mobilisée ou poussée à l’exil, a été sacrifiée. L’est et le sud de l’Ukraine ont été ravagés, des villes et des villages transformés en cités fantômes. Les destructions d’immeubles, de ponts, de routes et de bien d’autres infrastructures ont ramené le pays des années en arrière. Leurs dirigeants ont jeté les Russes et les Ukrainiens dans une haine fratricide.

Tout cela pourquoi ? Pour que les grandes puissances qui se disputaient leur influence sur l’Ukraine finissent par dépecer le pays ensemble ! Pour qu’elles en reviennent à un accord qu’elles auraient pu signer au tout début de la guerre !

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on nous explique qu’il y a le camp du bien et le camp du mal, le camp de la démocratie et celui de la dictature, et qu’il faut serrer les rangs derrière les leaders du monde libre pour défendre un petit pays et son droit à disposer de lui-même. Mais les prétendus démocrates américains et européens ne valent pas mieux que le dictateur Poutine ! S’il s’agit de réaliser de bonnes affaires, ils ne rechignent jamais à faire couler le sang !

Après bien d’autres, les Ukrainiens font l’amère expérience de ce qu’avait dénoncé Anatole France au sortir de la Première Guerre mondiale : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ! ». En l’occurrence, les Ukrainiens se sont battus pour les intérêts de leurs oligarques mais aussi et surtout pour les intérêts des industriels et des financiers occidentaux.

Et c’est peu dire que les États-Unis ont trouvé intérêt à faire durer cette guerre ! Leurs trusts se sont enrichis au travers des fournitures d’armes et de moyens de communication. Ils ont testé leur matériel militaire sans avoir à déplorer un seul mort. Et ils ont affaibli la Russie en lui imposant une série de sanctions économiques.

Mieux, avec ces sanctions ils ont écrasé leurs concurrents européens, écrasé les capitalistes d’Allemagne, dont l’économie, tournée vers l’Est, a été privée du pétrole et du gaz russes. Aujourd’hui, Trump peut se targuer de disposer d’une énergie moins chère qu’en Europe et de remporter haut la main la course à la compétitivité.

Au fond, les États-Unis sont les véritables gagnants de cette guerre. Maintenant que l’armée ukrainienne est à bout, ils peuvent passer à une nouvelle étape. C’est ainsi que Trump peut endosser les habits de négociateur et de pacifiste.

Sans aucun doute, les Ukrainiens comme les Russes aspirent à la paix. Tous ceux qui sont mobilisés et subissent ces combats dans leur chair, comme ceux qui ont pris le chemin de l’exil, ont hâte de voir cette boucherie finir.

Mais comme la répartition du gâteau sera fonction de l’avancée des troupes russes, les armes sont encore loin de se taire. Et si tant est qu’une paix finisse par être signée, elle ne sera qu’une trêve entre deux guerres, le temps que s’établisse un nouveau rapport de force.

Être sacrifiés sur l’autel de la domination impérialiste est le sort de tous les peuples s’ils laissent les Trump, Macron et autres dirigeants impérialistes parler en leur nom.

Bulletins d’entreprise du 17 février 2025

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