TER Lyon-Saint-Étienne : délabrement programmé17/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2933-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

TER Lyon-Saint-Étienne : délabrement programmé

Mardi 8 octobre, les fortes pluies ont entraîné un éboulement de terrain qui a paralysé la ligne TER Lyon-Saint-Étienne, empruntée chaque jour par 20 000 voyageurs qui subissent régulièrement de telles coupures.

Le trafic n’a partiellement repris que le lendemain de l’éboulement, avant d’être arrêté à nouveau, à cause d’un train en panne puis d’une chute d’arbre et enfin d’un problème de signalisation. Aucun service de bus de substitution n’a été mis en place et les travailleurs des gares comme les usagers ont été laissés à eux-mêmes, sans information.

Les fortes pluies n’expliquent pas tout. Dans le passé, des équipes dédiées suivaient chaque ligne, entretenaient les talus, coupaient les arbres et débroussaillaient les abords des voies, pour éviter les problèmes en amont. Aujourd’hui, ces équipes ont été fortement réduites pour être remplacées, au coup par coup, par des entreprises privées. Celles-ci sont des PME mais aussi de grosses entreprises comme Colas-Rail, filiale du géant du BTP Bouygues. Leurs patrons sont plus prompts à prendre l’argent qu’à réaliser les travaux nécessaires.

La prolifération de la végétation met en danger les travailleurs : ils sont souvent obligés de marcher au milieu des voies, là où les trains roulent à 130 km/h. Sur cette ligne sinueuse, c’est extrêmement dangereux : il y a un mois, un cheminot a failli être heurté par un train. Les travailleurs de la SNCF connaissent les voies et savent ce qu’il faudrait faire mais ils n’ont pas leur mot à dire. Quant à ceux du privé, ils sont le plus souvent en intérim, avec des formations à la sécurité ferroviaire dégradées.

Cette ligne Lyon-Saint-Étienne, instable car environnée de montagnes où les mouvements de terrain sont fréquents, nécessiterait une surveillance assidue et des investissements importants : les derniers gros travaux remontent à une vingtaine d’années. À l’inverse, SNCF Réseau a mis en place un plan dit de robustesse, qui vise à faire des économies, alors que déjà les pièces nécessaires à la maintenance des installations manquent ou arrivent en retard.

Ces maux sont aggravés par une organisation sociale qui oblige des dizaines de milliers d’habitants de l’agglomération de Saint-Étienne, où les loyers sont moins chers, à aller travailler à Lyon où il y a plus d’emplois. Tous passent en voiture ou en train par un goulet d’étranglement. Le résultat est une autoroute et une ligne de TER saturées. Alors, malgré les efforts des cheminots ou des travailleurs de la sous-traitance, lorsqu’il y a un problème sur la ligne, c’est la galère pour tous. Davantage que les pluies et le réchauffement du climat, c’est la recherche du profit qui fait se délabrer la société.

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