- Accueil
- Lutte ouvrière n°2906
- Taxe “lapin” : écran de fumée
Leur société
Taxe “lapin” : écran de fumée
Le Premier ministre est revenu à la charge sur l’instauration d’une taxe « lapin » pour faire payer les patients qui ne se rendraient pas à un rendez-vous chez le médecin. « On ne peut plus se le permettre », a-t-il déclaré dernièrement.
Et Attal d’affirmer sans rire que cette pénalité de cinq euros pour chaque rendez-vous raté permettrait de récupérer quinze millions de rendez-vous médicaux. Qui peut avaler une telle couleuvre ?
Gérard Raymond, président de France Assos Santé qui représente des usagers du système de santé, soulignait qu’il était surtout important de « faire en sorte que chaque citoyen puisse avoir une réponse rapide à ses besoins. Par exemple : comment entrer plus facilement en contact avec un professionnel de santé sur un territoire donné ». En effet, comme l’ont rappelé plusieurs médecins, beaucoup de familles dans les classes populaires ne risquent pas de ne pas honorer un rendez-vous car elles ne parviennent pas à en prendre, faute de médecins. Beaucoup parmi ceux-ci en sont à ne plus prendre de nouveaux patients. Et dans nombre de communes, il n’y a pas de médecin à des kilomètres à la ronde.
« 6,7 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, soit 11 % de la population », rappelaient l’Association des maires de France et la Mutualité Française, lors du congrès des maires de 2023. À Mayotte, dans les départements de l’Eure-et-Loir, de la Seine-et-Marne et de l’Eure, le nombre de médecins ne dépasse pas 90 pour 100 000 habitants, soit un pour 1 100 habitants. Mais la situation n’est pas meilleure dans l’ensemble de l’Île-de-France, et certains départements, comme la Seine-Saint- Denis, concentrent ces problèmes. De plus, les difficultés se cumulent. D’après un rapport du Sénat datant de 2020, 16 % de la population « disposant d’un accès restreint aux médecins généralistes a également un faible accès aux urgences ».
Avec sa chasse aux lapins, le gouvernement se lance dans une opération de diversion qu’il a maintes fois utilisée. Les classes populaires se chaufferaient trop, achèteraient des médicaments dont elles n’ont pas besoin, n’élèveraient pas correctement leurs enfants et n’auraient donc pas la politesse d’annuler leurs rendez-vous médicaux. Ce brassage de vent ne peut faire oublier que ce gouvernement ne fait rien pour remédier aux problèmes rencontrés par les classes populaires, en particulier celui de pouvoir se soigner correctement.