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Dans les entreprises
Stellantis : le scandale des airbags
Lundi 17 février, le groupe Stellantis a annoncé le rappel de plus de 200 000 voitures équipées des airbags de marque Takata. Pourtant, le scandale de ces airbags a éclaté il y a plus de dix ans, en 2014.
Les constructeurs automobiles savaient depuis plus longtemps encore que ces airbags défectueux rendaient dangereux les véhicules qui en sont équipés. En effet, ils peuvent exploser sans véritable raison et la projection de pièces peut alors blesser, voire tuer le conducteur. On dénombre déjà 28 morts aux États-Unis et des centaines de blessés. En France, officiellement, ces airbags ont causé la mort de 12 personnes, et sûrement plus en réalité, bien des cas n’étant pas répertoriés car attribués aux accidents de la route.
À la base de ce problème grave, il y a évidemment des calculs financiers. Au début des années 2000, Takata, un fabriquant japonais pour l’automobile, a eu l’idée de se servir pour ses airbags d’un détonateur à base de nitrate d’ammonium, moins coûteux que les systèmes existants, tout en sachant que ce composé plus sensible à l’humidité les rendait moins fiables. C’est ce même composé qui est à l’origine de l’explosion de l’usine AZF en 2001 et celle qui a détruit le port de Beyrouth en 2020. Des dizaines de millions de voitures ont donc été équipées de ces airbags moins chers, mais susceptibles de se détériorer plus vite. La société a fait faillite mais, entretemps, les bénéfices qu’elle a réalisés sont tombés dans les poches de ses actionnaires… et des groupes clients.
Au fil du temps, les constructeurs ont bien été obligés de remplacer les airbags dangereux. 60 millions de voitures ont ainsi été réparées aux États-Unis à partir de 2014. Mais, en France, PSA, devenu Stellantis, a cherché à gagner le maximum de temps… et d’argent. Le groupe a monté ces airbags dangereux jusqu’en 2017, alors que le problème était connu. Il a donc délibérément choisi de continuer à faire circuler des voitures risquant de tuer ou blesser des personnes. En toute impunité, alors que les pouvoirs publics n’ignoraient rien du danger mortel.
Ce n’est qu’en 2024 que Stellantis a commencé à rappeler des centaines de milliers de voitures C3 et DS3, mais seulement dans certaines régions plus chaudes et humides et donc où le danger était jugé plus grand.
Il a fallu des actions menées par des victimes et leurs avocats – et de nouveaux morts – pour que les autorités imposent enfin en janvier 2025 à Stellantis de rappeler toutes affaires cessantes les véhicules toujours équipés de ces airbags. C’est pourquoi la direction du groupe a fini par demander aux propriétaires de 236 900 voitures de sa gamme (C3, DS3) de les stopper immédiatement, tout en s’engageant à remplacer les airbags dans un temps limité. C’est d’ailleurs un nouveau mensonge car son stock d’airbags utilisables n’est que de 40 000 pour ces 236 900 véhicules.
Le capitalisme tue, mais les pouvoirs publics regardent ailleurs.