Soudan : la BNP a du sang sur ses comptes22/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2986-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Soudan : la BNP a du sang sur ses comptes

Un tribunal de New York a reconnu la BNP Paribas complice d’exactions au Soudan et l’a condamnée le 17 octobre à verser 17, 8 millions d’euros de dommages et intérêts à trois plaignants.

Les trois plaignants furent victimes du régime d’Omar Al-Bachir entre 2002 et 2008, alors que ses milices Janjawid mettaient à feu et à sang la région du Darfour. Le Soudan était alors sous embargo américain, ayant été inscrit sur la liste des États terroristes en 1993 alors que son régime abritait le chef d’Al Qaïda Ben Laden. Il n’en fut retiré qu’en 2020, après la chute d’Omar Al-Bachir.

Dans cette période, les banques et les sociétés américaines s’étaient retirées du Soudan mais la BNP, elle, entendait profiter des opportunités. Elle fut la seule banque internationale à rester dans le pays par le biais d’une filiale Suisse. Ses dirigeants ont reconnu lors d’un précédent procès, en 2014, avoir fourni des lettres de crédit pour l’import-export permettant de réaliser les opérations commerciales malgré l’embargo, et même avoir dissimulé que certaines de leurs tractations étaient en fait réalisées pour le Soudan. L’ autre grande société française restée au Soudan fut alors Total, qui possédait une grande partie des champs pétroliers. Elle y continua l’exploitation à côté d’entreprises chinoises, malaises ou indiennes. Tout cela ne put se faire sans participer au financement du régime d’Omar Al-Bachir, de son armée et des milices janjawid. La guerre au Darfour s’est soldée par 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés.

Maintenant, la Bourse s’émeut et l’action de la BNP a chuté de 8 % lundi 20 octobre. Les financiers s’inquiètent de la perspective de procès en cascade, les juges ayant choisi les trois dossiers parmi 25 000 plaignants. Mais on ne verra certainement pas les banques cesser de financer des massacres. Chez ces gens-là, on ne pense pas aux vies humaines, on compte.

Partager