Les témoignages de six soldats réservistes israéliens, recueillis après leur démobilisation, ont été publiés début juillet par le site israélo-palestinien Siha Mekomit (« appel local » en hébreu). Risquant la prison pour ces témoignages, cinq de ces soldats ont choisi de rester anonymes et de ne donner que leurs initiales. Ils racontent avoir tiré sur des civils, « des réfugiés, [...] désespérés, [qui] n’ont plus rien », venus récupérer des restes de nourriture. Ils disent aussi avoir tiré dans des quartiers pourtant désignés comme des abris réservés, avoir incendié les logements et, se livrant à une destruction systématique, avoir anéanti « tout ce qu’il était possible d’anéantir ». Les cadavres des Palestiniens sont abandonnés dans les rues, les routes, les champs, livrés aux animaux errants, dissimulés seulement par des bulldozers ou des chars quand des convois humanitaires doivent passer, « pour qu’il n’y ait aucune image de cadavres palestiniens à un stade avancé de décomposition ». Ils dénoncent avoir vu « aplatir des centaines de terroristes supposés, morts ou vivants ». L’un d’entre eux raconte le suicide d’un soldat d’une unité de bulldozers qui avait participé à l’opération. Certains racontent aussi comment leurs officiers les autorisent à tirer sans aucune retenue, « pour se défouler », au point qu’ils en viennent à tirer sur n’importe quoi et sur tous ceux qui passent.

Ces soldats racontent « de l’intérieur » l’horreur de la guerre à Gaza, les atrocités commises contre les Palestiniens et la façon dont de jeunes Israéliens sont ainsi transformés en bourreaux.

Cécile Seyrig