Une société a été montée, composée d’une filiale de Shell et d’un groupement de treize agriculteurs locaux, détenant respectivement 49 et 51 % du capital. Car, pour bénéficier des aides de l’État en matière de transition énergétique, il faut que plus de la moitié des actions soient possédées par des sociétés agricoles.

Un méthaniseur est une usine qui produit du gaz à partir de déchets organiques par fermentation bactérienne. Celle-ci produit aussi un résidu, nommé digestat, qui représente 95 % du volume entré dans le méthaniseur, et qui doit être épandu dans les champs.

Les déchets organiques prévus pour alimenter le méthaniseur de Chaumont seraient pour 23 % des déchets agricoles, les 77 % restants proviendraient de « cultures intermédiaires à valorisation énergétique » (CIVE), c’est-à-dire produites spécialement pour cet usage.

Ce projet a déjà provoqué la colère et une véritable mobilisation d’une partie de la population locale. Un collectif a organisé une réunion et une manifestation réunissant plusieurs centaines de riverains choqués par le côté gigantesque du projet.

Six mille hectares seront en effet consacrés à la production de CIVE, au détriment de cultures alimentaires. La quantité de digestat est estimée à 110 000 tonnes, qui sont des fertilisants plus ou moins azotés qu’il faudra répartir sur 11 000 hectares dans plus de 140 communes de la région Grand-Est.

À cela s’ajoutent l’augmentation de circulation, estimée à 20 000 camions supplémentaires chaque année, mais aussi les risques de pollution des cours d’eau, qui ont été constatés sur d’autres méthaniseurs, les nuisances sonores ou encore les risques d’accidents industriels.

Même le conseil municipal de Chaumont, qui prévoyait de n’émettre qu’un avis réservé, s’est senti obligé de donner un avis défavorable, en constatant la mobilisation.

Le méthaniseur est peut-être considéré comme une solution pour recycler des déchets et produire de l’énergie, mais dans cette société, même ce genre de « bonnes idées » se transforme toujours en une bonne occasion d’enrichir des capitalistes, petits et grands, sans préjuger des conséquences pour les riverains et pour l’environnement.