- Accueil
- Lutte ouvrière n°2989
- Sahara occidental : l’ONU entérine son annexion par le Maroc
Dans le monde
Sahara occidental : l’ONU entérine son annexion par le Maroc
Vendredi 31 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait une résolution sur le Sahara occidental validant le plan d’autonomie du territoire sous souveraineté marocaine, sans que le peuple sahraoui ait été consulté le moins du monde.

Cette résolution, présentée comme une victoire diplomatique de la monarchie marocaine, a été parrainée par les États-Unis et activement défendue par la France. Elle entérine l’accord conclu, en décembre 2020 à la fin de son premier mandat, par Donald Trump et Mohammed VI, qui prévoit la normalisation des relations du Maroc avec Israël, contre la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette décision a brisé le statu quo dans la région et ravivé les tensions entre l’Algérie et le Maroc, d’autant plus qu’elle a été suivie d’une série de revirements en faveur de la position marocaine, dont ceux de l’Espagne, de la France et du Royaume-Uni.
Jusqu’alors ce territoire, ex-colonie espagnole annexée en 1975 à 80 % par le Maroc, était considérée par les Nations-Unies comme « non autonome » et à décoloniser. En 1991, après quinze ans d’une guerre qui opposa le Maroc et le mouvement indépendantiste sahraoui du Front Polisario, soutenu militairement par l’Algérie, le roi Hassan II dut se résoudre à un cessez-le-feu et accepter le principe d’un référendum d’autodétermination. Mais depuis, il n’a cessé de manœuvrer pour en empêcher la tenue.
Sur le terrain, la mission des Nations- Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso,) s’est révélée impuissante. Elle n’a pas empêché la poursuite de l’annexion de 80 % du territoire qui comprend sa façade atlantique, plus riche. Le Maroc put en toute tranquillité construire un mur de 2 700 km qui coupe le territoire en deux, et ainsi exploiter à sa guise des eaux poissonneuses, des minerais précieux et les gisements de phosphates les plus importants du monde. Pour rendre l’annexion irréversible et diluer le poids numérique des Sahraouis, les 200 000 soldats qui occupaient le Sahara ont été rejoints par 200 000 colons incités financièrement à s’installer.
Aujourd’hui, des grands groupes du monde entier affluent pour exploiter des richesses du sous-sol et investir dans l’éolien, le solaire, l’électrification ou l’agriculture ! Laâyoune, la capitale avec ses constructions modernes, est devenue une vitrine du développement sous l’égide du Maroc, et le complexe portuaire Dakhla Atlantique est présenté comme le futur « hub » de l’Ouest de l’Afrique. Si, dans cette partie annexée, l’essor économique a pu offrir quelques emplois aux Sahraouis, il a d’abord profité aux capitalistes étrangers, aux affairistes marocains et aussi aux notables sahraouis, au mépris du peuple sahraoui dont les droits sont piétinés. En même temps, les 170 000 réfugiés des camps de Tindouf en Algérie vivent difficilement d’une aide alimentaire internationale toujours en baisse.
Plus au nord, le littoral marocain est doté d’infrastructures modernes, mais derrière se cachent la pauvreté, un taux d’analphabétisme de 30 %, un système de santé et des écoles délabrées. C’est contre les inégalités sociales, la corruption, que la jeunesse marocaine vient de se révolter, ce pourquoi elle a été brutalement réprimée.
D’un bout à l’autre du Maghreb, les classes populaires souffrent des mêmes maux, du même mépris. La lutte du peuple sahraoui pour décider de son propre sort doit trouver sa place dans celle de toutes les unions des classes opprimées du Maghreb contre leurs oppresseurs.