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- Lutte ouvrière n°2922
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Editorial
Ceux qui sabotent l’économie, ce sont les capitalistes !
Il n’y a pas que la pluie qui a perturbé le début des Jeux Olympiques en arrosant la coûteuse cérémonie d’ouverture. Sur le réseau ferroviaire, une partie de la circulation des trains et donc des voyageurs a été arrêtée, suite à une « opération de sabotage », selon les termes du ministère des Transports.
Dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 juillet, des cabines d’aiguillage de trois sites de la SNCF ont été incendiées et des câbles de signalisation coupés. Un quatrième site a été visé, mais l’arrivée de cheminots menant des opérations d’entretien pendant la nuit a fait fuir les saboteurs. La localisation des sites visés témoigne d’une connaissance précise des points névralgiques du réseau ferroviaire. Ces opérations ont été menées de façon préparée et coordonnée, et donc certainement mises en œuvre par une même organisation.
S’agit-il de « l’ultragauche », pour reprendre le terme utilisé par les journalistes et la police pour désigner la mouvance anarchiste et les Black Blocs ? Un mail, envoyé à plusieurs médias et dénonçant les JO comme une mise en condition des populations par les États, a revendiqué ces actions. Mais rien ne prouve, selon la police elle- même, que l’origine des sabotages soit à chercher de ce côté-là.
Ceux-ci pourraient-ils avoir été commis par des membres de l’extrême droite ? Beaucoup pourraient avoir les connaissances techniques utiles pour ce genre d’opérations. Leurs liens étroits avec la police et l’armée pourraient leur avoir fourni l’organisation et les réseaux nécessaires. Et on est dans un contexte où, ayant eu le sentiment de s’être fait « voler la victoire » aux élections législatives, certains à l’extrême droite pourraient vouloir peser d’une autre manière.
En tout cas, et quels que soient leurs auteurs, ces sabotages créent une gêne pour les usagers, y compris pour des travailleurs partant en vacances, et une charge de travail supplémentaire pour les cheminots, mobilisés pour réparer. Et qui cela peut-il bien servir alors que le problème d’aujourd’hui est le sabotage à grande échelle de l’économie dû à la domination de la classe des capitalistes ?
Les patrons de Valeo viennent d’annoncer la fermeture de trois de leurs sites et se préparent à priver de leur emploi plusieurs centaines de travailleurs pour augmenter les dividendes versés aux actionnaires. L’État sacrifie les hôpitaux, les Ehpad, l’éducation, le transport et le logement pour pouvoir consacrer une part toujours plus grande de l’argent public à favoriser l’enrichissement d’une minorité de dynasties bourgeoises, comme les Arnault, Mulliez, Dassault, Bouygues. Ce véritable sabotage ruine toute la société et la plonge dans le chaos avec de tout autres conséquences que des pannes dans le réseau ferroviaire !
Le simple fait qu’on ne puisse pas dire pourquoi et par qui ont été commises ces dégradations montre qu’il ne peut rien en sortir de bon pour les travailleurs. Qui la police et la direction de la SNCF vont- elles accuser maintenant ? S’en prendront-elles à des cheminots, à des militants contestant leur politique, sous prétexte que les sabotages nécessitaient une bonne connaissance du réseau de chemins de fer ? De telles actions ont toujours été utilisées dans le passé par les gouvernements pour justifier des mesures arbitraires et le renforcement des lois répressives.
En novembre 2008, des destructions commises là encore contre des infrastructures ferroviaires avaient débouché sur ce qu’on a appelé l’affaire de Tarnac. Le gouvernement de droite de l’époque, dirigé par Sarkozy, avait monté de toutes pièces un prétendu complot de l’ultragauche, entraînant l’arrestation de plusieurs personnes, qui n’ont finalement été mises hors de cause qu’au bout de dix ans de procédure.
Les travailleurs sont les seuls à pouvoir offrir un autre avenir à l’humanité que cette société de crise et de guerres. Ils sont les seuls à pouvoir exproprier les capitalistes, mettre fin à leur domination sur la société, et bâtir une organisation économique rationnelle permettant au plus grand nombre de vivre de leur travail.
« Du pain et des Jeux – voilà ce qu’il faut au peuple pour qu’il soit content », disaient les dignitaires de l’Empire romain, qui avaient le même mépris cynique que les dirigeants du monde d’aujourd’hui rassemblés en bord de Seine à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des JO. Mais dans le passé, cela n’a jamais protégé les classes dominantes des révoltes et des révolutions. Il en sera de même dans l’avenir !
Nathalie Arthaud