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Russie-États-Unis : marchandages entre brigands
À la suite d’un échange de vingt-quatre prisonniers, intervenu le 1er août, seize opposants politiques russes, journalistes ou espions occidentaux détenus en Russie ont été échangés contre huit Russes, incarcérés aux États-Unis ou en Europe pour espionnage ou meurtres.
Cet échange, le plus spectaculaire depuis des décennies, est le fruit de longues tractations entre les services secrets russes et américains. Pour aboutir à cet accord, l’administration Biden a, par exemple, fait pression sur le chancelier allemand Scholz pour qu’il libère un agent du FSB condamné à la prison à vie pour avoir assassiné un opposant tchétchène en plein centre de Berlin. Pour faire passer cette entorse « à l’état de droit », les négociateurs ont cherché – et trouvé – à échanger un ressortissant allemand, détenu en Biélorussie pour terrorisme.
Au-delà des détails, cet accord montre que, malgré la guerre entre l’OTAN et la Russie, payée avec le sang des peuples ukrainien et russe, les relations entre les États se poursuivent. Les États-Unis et leurs alliés ont exclu la Russie et la Biélorussie du « banc des nations ». Ils les ont placées sous embargo et ont chassé leurs athlètes des JO. Mais quand ils le veulent, ils savent se mettre autour d’une table pour négocier.
Depuis février 2022, la guerre fait rage en Ukraine, des régions entières sont détruites, des centaines de milliers de femmes et d’hommes, russes et ukrainiens, sont morts, blessés, mutilés. Cette guerre, dont la cause profonde est la volonté des États-Unis et de leurs alliés de mettre la main sur le maximum de territoires de l’ancienne Union soviétique, ne se prolonge que grâce au soutien militaire de l’OTAN.
Depuis plus de deux ans, les dirigeants américains ont poussé l’Ukraine à tout sacrifier pour tenter de reconquérir les territoires occupés par la Russie. Cette guerre inégale permet aux marchands d’armes et aux financiers occidentaux de s’enrichir. Elle contribue à affaiblir leurs rivaux, les oligarques russes. C’est pourquoi les dirigeants américains ont tout fait, jusqu’à présent, pour prolonger le massacre.
Tout cela n’empêchait pas les dirigeants des États-Unis de maintenir des relations avec la Russie et aujourd’hui, alors que l’armée ukrainienne est confrontée à des difficultés, le ton change un peu. Le président Zelensky répète depuis quelques semaines que la Russie doit désormais être invitée à des négociations. À des journalistes lui demandant s’il est prêt à abandonner du terrain, il a répondu par la formule ambiguë : « Le pouvoir n’a pas le droit officiellement de renoncer à ses territoires. » Une façon de dire qu’entre le « droit officiel » et la réalité, il peut y avoir une marge...
Les dirigeants des deux bords montrent qu’ils savent très bien ce qu’il faudrait faire pour mettre fin à cette boucherie. En attendant, celle-ci continue… et peut durer encore longtemps.