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- Lutte ouvrière n°2915
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Leur société
RN : plus près du pouvoir et du patronat
Le score du RN aux élections européennes, suivi de la dissolution de l’Assemblée nationale, rend possible l’accès de Bardella à Matignon.
Mais, plus il se rapproche du pouvoir, plus le RN démontre combien il est un parti bourgeois pro-patronal, hostile aux travailleurs.
Le ralliement au RN d’Éric Ciotti, président du parti LR, l’ex- grand parti de la droite gaulliste, le démontre de façon spectaculaire. LR est l’ancien parti de Sarkozy, vomi par les travailleurs après cinq ans à l’Élysée. C’est le parti de Bruno Le Maire, qui met en œuvre les coupes budgétaires antiouvrières pour le compte de Macron, et celui de Gérald Darmanin, qui envoie sa police contre les travailleurs en lutte. Malgré les remous qu’il provoque dans LR, l’accord électoral concocté par Ciotti est un prolongement d’un accord sur les idées, qui est visible depuis des années. Il démontre qu’il n’y a aucune frontière étanche entre les politiciens du RN et ceux de LR, mais aussi ceux du parti de Macron, du PS et finalement du reste de la gauche. De proche en proche, ils sont prêts à tous les retournements d’alliances pour accéder ou rester au pouvoir.
Pendant des années, le RN, fondé par des nostalgiques de Pétain et de l’Algérie française, et dirigé par une riche famille de Saint- Cloud, s’est fait passer pour le « parti du peuple ». Il pouvait d’autant plus passer pour antisystème qu’il était ostracisé par les autres. « Ils lui tapent tous dessus » et « On ne l’a jamais essayé », sont deux arguments souvent répétés par ses électeurs ouvriers. Il a largement bâti son socle électoral en visant les classes populaires en particulier dans les régions frappées par le chômage, la disparition des services publics, des hôpitaux, de la poste, des transports. Il a trouvé une assise dans des villes ou des régions longtemps gérées par les partis de gauche, dont les passages au pouvoir ont écœuré et déboussolé les travailleurs. Il a prospéré sur l’inquiétude et la peur de l’avenir d’une large fraction des classes populaires.
Sans jamais viser le patronat responsable des bas salaires, le RN a prétendu se préoccuper du pouvoir d’achat des salariés. En 2022, Le Pen disait vouloir baisser les cotisations sociales pour augmenter le smic. Pendant la campagne des européennes, Bardella promettait, s’il accédait au pouvoir, d’abroger la réforme des retraites, qu’il qualifiait d’injuste tout en désapprouvant les grèves au printemps 2023. Mais dès le 11 juin sur RMC, il rétropédalait en déclarant : « Nous verrons », et même « La conjoncture économique ne nous le permettra pas. » Le RN n’est pas encore au pouvoir, mais il fait déjà le coup de l’héritage et des comptes publics dégradés par ses prédécesseurs pour justifier l’abandon de ses quelques promesses électorales plus ou moins sociales. Il maîtrise tous les codes des partis de politiciens : faire des promesses pour avoir les voix ouvrières, puis les piétiner sans délai pour servir la bourgeoisie.
Cela doit être un avertissement pour ceux des travailleurs qui ont utilisé le vote RN pour exprimer leur colère devant la dégradation de leur sort et leur révolte face aux injustices qu’ils ressentent. Le RN, outre la xénophobie et le racisme qu’il charrie, est par tous les pores un parti de la bourgeoisie, composé de politiciens arrivistes plein de mépris pour les travailleurs et les pauvres, qu’ils soient français ou étrangers.